Chapitre 1
Je n'ai jamais vraiment compris l'intérêt que les âmes sœurs revêtent et encore moins pourquoi les gens s'intéressent autant à l'amour. Quel plaisir y a-t-il à faire sa vie avec une seule et même personne, du début à la fin ?
Ne préféreraient-ils pas se laisser toucher par cent mains différentes, offrir à leur corps le plaisir de sentir la peau de mille personnes tout contre la leur, permettre à leurs lèvres de goûter à un million de saveurs explosives ?
L'idée de n'être liée qu'à une seule et même personne pour le reste de ma vie me fait frissonner. La saveur des autres corps me manquerait beaucoup trop vite, j'en suis certaine.
J'en suis là dans mes réflexions lorsque la porte s'ouvre sur Mayleen, ma meilleure amie. Les cheveux ébouriffés, elle me jette un coup d'œil hagard avant de pousser la porte du pied et de s'affaler sur le canapé à côté de moi.
J'affiche un sourire sarcastique.
— Tu as encore batifolé avec la fille de la patronne ?
Mayleen soupire théâtralement avant d'appuyer sa tête sur mon épaule. Des mèches de ses cheveux violets viennent chatouiller mon ventre.
— Si seulement... Devine quoi ? Elle a trouvé son âme sœur.
Je grimace. Non, décidément, je ne comprends pas ce que cette idée a de grisant.
— C'est con, je commençais à vraiment l'apprécier.
Je tourne la tête vers elle et lui adresse un sourire en coin.
— Elle ou son corps de rêve ? Ses cheveux soyeux, son visage angélique, ses lèvres roses et pulpeuses, ses seins...
Elle m'arrête en me donnant un grand coup de poing dans le bras et j'éclate de rire. Elle en profite pour se redresser et semble remarquer au même instant mon corps à moitié dénudé. Ses yeux s'attardent sur le haut de mes hanches et le fin bandeau qui enserre ma poitrine. Nos regards se croisent et elle se lève sans me quitter des yeux.
— Un verre d'eau ?
Mayleen n'attend pas ma réponse et je sais très bien à quoi tient vraiment sa proposition. D'un autre côté, vu la chaleur qui règne, un peu d'eau ne serait pas de refus.
Je me lève à mon tour et la suis. Je n'ai pas le temps d'entrer dans la cuisine que son corps se presse contre le mien et m'accole au mur voisin.
Ses mains se posent sur mes hanches et son souffle se colle au mien. Nos regards s'explorent, mes yeux gris plongent dans ses iris bleutés avant que mes lèvres ne fondent sur les siennes. Je sais qu'elle hésite toujours avant de poser ses lèvres sur celles de quelqu'un d'autre, mais je n'ai pas autant de scrupules.
Ses mains remontent dans mon dos et déclenchent de légers frissons le long de ma colonne vertébrale. Mayleen et moi nous connaissons depuis l'enfance. Nous avons fait nos premières expériences sexuelles ensemble, découvert nos corps à deux, si bien qu'aujourd'hui, elle connaît mes habitudes et mon corps presque mieux que moi. Raison pour laquelle elle ne met que quelques secondes à défaire le bandeau qu'un autre aurait mis plusieurs minutes à défaire et dégage ma poitrine.
Son corps se presse un peu plus contre le mien, puis ses lèvres descendent vers mon cou, comme par habitude, et s'arrêtent alors que je glisse mes mains sous son haut. Je n'ai pas le temps de me poser plus de questions sur son comportement qu'elle se recule brutalement.
— Merde ! Je viens de me rappeler que j'ai un rendez-vous avec No' !
Je soupire bruyamment et me penche pour ramasser le morceau de tissu que Mayleen a détaché. Elle est comme ça : à commencer des choses puis à partir précipitamment parce qu'elle a oublié un truc. J'ai fini par m'habituer à sa mauvaise mémoire, n'empêche que mon corps, lui, a un peu plus de mal.
— No ?
— Novan. Je l'ai rencontré·e ce matin à la boutique. J'avais complètement oublié !
Je ricane méchamment.
— Ouais, c'est ça. C'est toi la boulangère mais c'est toi qui vas bouffer sa baguette.
Mayleen me jette un regard offusqué.
— Aaliyah !
Je hausse les épaules négligemment et remets mon bandeau.
— Je suis de service au bar ce soir. Passe me voir si tu as encore une petite faim...
Je lui lance un clin d'œil vulgaire et elle s'échappe en soupirant.
Une fois la porte fermée, je vérifie que mon bandeau tient bien et j'attrape le long bâton avec lequel je m'entraîne habituellement avant de faire quelques mouvements d'échauffement pour détendre mon corps. Je n'ai jamais vraiment été une adepte de sport, mais j'ai une fois rencontré un ancien soldat qui m'a appris l'importance de maintenir son corps à flot. Depuis quelques années maintenant, j'ai pris l'habitude de réaliser de petits exercices journaliers qu'il m'avait indiqués.
J'ignore si c'est vraiment utile et si mon corps en est vraiment devenu plus compétent, mais ce ne sont pas mes partenaires qui s'en plaignent...
Je guette les coups de l'horloge de la place au loin et me prépare à sortir alors que le décompte des carillons résonne dans ma tête. Dix-huit, dix-neuf...
Je pousse la porte et me hâte à l'extérieur. Je dois encore me changer et si j'arrive trop tard, le patron va m'en vouloir. Enfin, ce n'est pas comme s'il avait beaucoup de possibilités pour me remplacer de toute façon.
Je parcours les quelques rues qui me séparent de ma destination en longeant les murs, là où l'ombre s'étend le plus. Puis, je me glisse par la porte arrière de l'auberge. Je n'ai marché qu'une dizaine de minutes, pourtant la chaleur a déjà transformé mon corps en fontaine.
J'attrape rapidement un uniforme et me faufile derrière le comptoir. Mes collègues me saluent d'un hochement de tête poli et je me retrouve aussitôt avec un plateau dans les mains.
— Table 4.
L'ambiance ici est à la fois agréable et détestable. Ce que je supporte le moins, ce sont toutes ces odeurs infectes qui se mélangent : sueur, boisson, haleines alcoolisées... En revanche, j'adore sentir tous ces corps contre ma peau, ces regards qui se posent sur ma chair comme si c'était un cadeau du ciel et l'atmosphère qui se dégage des discussions trop fortes. Je l'avoue, je prends souvent plaisir à me frotter aux clients un peu plus que nécessaire...
Les réactions que je suscite m'arrachent toujours un sourire satisfait. Parfois, quelques pièces supplémentaires tombent dans ma poche et dans le meilleur des cas, un nouveau corps dans mes draps.
Je me glisse entre les tables, accompagnée par les rires gras et les travailleurs éreintés. Tout cela pour livrer à bon port les chopes des assoiffés qu'il me faudra virer de l'établissement plus tard. Mayleen m'a souvent demandé ce que j'aimais tant dans ce boulot et je n'ai jamais su lui répondre. Pourtant, quand je me retrouve là, au milieu de tous ces gens, les vêtements tachés d'alcool ou de traces de mains, je sais que ça me plaît.
La plupart des employés du bar font ce boulot en attendant des jours meilleurs, ou simplement parce qu'ils en ont besoin. Ils ne comprennent pas pourquoi je reviens ici, soir après soir, alors que rien ne m'y oblige. Je n'ai besoin de rien, sinon d'un peu de chaleur humaine.
Alors que le bar se vide un peu, je prends le temps de souffler derrière le comptoir. L'un des autres serveurs s'approche de moi en secouant la tête. Il a l'air épuisé. Je prends le temps de le détailler un instant. Assez grand, des mains larges et fermes, des lèvres fines... Je me demande ce qu'il fait ce soir.
— Franchement Aaliyah, je ne comprends pas ce qui te plaît là-dedans.
Il s'appuie contre le mur, comme si ses propres jambes ne pouvaient plus le maintenir debout. Finalement, il ne sera probablement pas assez en forme pour me raccompagner.
— Ce ne serait pas plus simple de faire payer tes admirateurs que de venir bosser dans une porcherie pareille ?
Vu son ton, je devine qu'on a déjà parlé plusieurs fois, mais je suis bien incapable de remettre un nom sur son joli visage. Je lui adresse un grand sourire.
— Si je les faisais payer, ils considèreraient que mon corps leur appartient, au moins pour quelques instants. Il est tout à fait hors de question que je renonce à mon plaisir personnel pour trois pièces et un gros lard qui n'a pas touché le corps d'une femme depuis 3 mois parce qu'il sent trop l'alcool.
Mon interlocuteur hausse les sourcils et ses lèvres s'étirent en un léger sourire.
— Les autres filles avaient raison, tu ne penses vraiment qu'à toi.
Je penche la tête et me rapproche lentement de lui, jusqu'à ce que mon corps frôle le sien, puis je m'incline et lui glisse à l'oreille :
— Plus qu'elles ne le croient... Et toi ? Tu fais quoi après le service ?
Je commence à reculer lorsqu'une de ses mains se pose sur ma hanche. De l'autre, il attrape l'une des longues mèches blanches qui s'est échappée de mon chignon et susurre :
— Ça dépend ce que tu proposes, Aaliyah.
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Coucou chers lecteurs !
J'espère que vous allez tous bien en ce premier samedi de juillet 🥰
Je suis super contente de vous faire plonger avec moi dans ce nouvel univers à travers ce premier chapitre ! J'espère que vous aimerez mes personnages autant que moi !
Comme vous l'avez remarqué, Aaliyah est très portée sur... le sport disons 😂
Vous comprendrez sans doute plus tard pourquoi c'est cette part de sa personnalité qui ressort le plus 👀
En attendant, j'espère que ce début vous a plu et qu'il vous a donné envie de lire la suite !
Petit guide de prononciation des prénoms des personnages :
Aaliyah : "Alia" ou "A-alia" en fonction de votre préférence, les deux conviennent !
Mayleen : "Mèiline" (May, comme le mois en anglais, puis Line)
Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour le chapitre 2 ! 🌻
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