chapitre 24
Assises l'une en face de l'autre, Maria se tenait bien droite, attendant patiemment les questions de la jeune journaliste qui visiblement était plus intéressée par le prince que par la belle princesse.
- Le pays ne parle que de vous ! s'exclama la journaliste enjouée.
Maria se mit à rougir gênée d'être le centre d'attention.
- Pouvez-vous nous parler de vos projets ?
- Oui bien sûr, dit-elle en mettant une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Une grande soirée est prévue en l'honneur de Farès qui deviendra bientôt le nouveau le Cheikh de ce pays, révéla Maria avec fierté.
- Oui nous le savons déjà, rétorqua-t-elle d'un air hautain.
Maria ne dit rien mais très vite son sang se mit à bouillir dans ses veines, cette femme posait son regard sans scrupule sur son mari et prenait un plaisir à la mettre mal à l'aise.
- Posez vos questions plus précisément si vous voulez que je sois plus précise à mon tour, lui dit sèchement Maria en se redressant sur sa chaise.
Farès esquissa un sourire en coin en voyant la journaliste reprendre une posture plus professionnelle.
- Très bien, allez-vous vous marier prochainement ou comptez-vous prendre du temps avant de passer un tel engagement ?
- Je compte faire ma demande très bientôt, répondit Farès en saisissant la main de sa belle.
La coeur de Maria s'emballa si rapidement qu'elle crut faire un malaise. Le mariage était l'un de ses rêves mais maintenant qu'elle était enceinte, elle avait mis cette idée dans un coin de sa tête, se préoccupant surtout de sa grossesse et ses futurs bébés.
La belle villageoise ne put s'empêcher de sourire lorsqu'elle vit la journaliste perdre son sourire.
- Pensez-vous avoir les qualités requises pour devenir reine ? demanda-t-elle avec assurance sachant que sa question pouvait mettre Maria mal à l'aise.
- Que voulez-vous dire?
- Eh bien, vous êtes née dans un village et je suppose que...
- Ma mère était espagnole et a étudié en Espagne, grâce à elle je sais lire, écrire, et je parle deux langues.
Les joues de la journaliste s'empourprèrent d'agacement, un agacement qu’elle peinait à dissimuler sous le regard malicieux de Farès qui trouvait cet échange plutôt distrayant.
- Auriez-vous aimé continuer vos études et partir vivre en Espagne?
Maria perdit un peu de son assurance car effectivement, elle avait trouvé son point faible. Elle aimait son pays mais elle aurait voulu découvrir le pays de sa mère, de ses ancêtres et y étudier.
Le prince ne dit rien mais sentit néanmoins son coeur se serrer, il avait privé sa femme d'une partie de ses rêves et le savait parfaitement.
- Oui et si vous voulez tout savoir c'était l'un de mes rêves.
Maria se tourna ensuite vers son prince, arrimant son regard au sien.
- Puis j'ai rencontré un homme exceptionnel, un homme qui me fait rêver et qui me montre tous les jours l'amour qu'il me porte, un amour puissant et sincère comme il en existe peu. Croyez-moi madame, dit-elle en tournant sa tête vers elle, cet amour vaut tout l'or du monde, je ne regrette rien.
La journaliste ne dit rien et fit mine de regarder ses feuilles pour passer à la prochaine question.
- Justement, vous parlez de votre famille est-ce que...
- J'ai dit aucune question sur sa famille puisque vous savez très bien qu'ils ne sont plus de ce monde, intervient Farès en la fusillant du regard.
Maria posa sa main sur son bras en lui faisant un signe de tête, pour le rassurer.
- Ma famille me manque, mais il sont dans mon coeur et je ne les oublie pas.
Bashir entra dans la pièce et annonça la fin de cette entrevue. Farès serra la main à la journaliste qui avait cessé de jouer de ses charmes voyant que ça ne lui menait à rien. La prince fut le premier à quitter les lieux, bientôt suivi par Maria qui fut arrêtée par la journaliste qui lui avait saisi le bras.
Maria la regarda confuse et la jeune femme s'approcha d'elle.
- J'ai des informations sur votre père, il est toujours en vie et si vous voulez savoir où il se trouve, rejoignez-moi ce soir derrière les portes du palais. Ne dites rien à Farès et venez seule, si vous êtes accompagnée je ne vous dirai rien.
Maria en avait le souffle coupé, cette femme disait-elle vrai ? Son père, cet homme si cher à ses yeux était-il toujours en vie ?
- Je suppose que vous ne faites pas ça par gaieté de coeur, que voulez-vous en échange ?
- Je veux avoir tous vos scoops, lorsque vous serez enceinte je dois être la première à le savoir, lorsqu'il fera sa demande je dois être la première à le savoir aussi. Tout Maria, je veux tout savoir.
La journaliste parlait froidement et esquissa un sourire malicieux à la fin de sa phrase.
- Pourquoi Farès ne doit rien savoir ?
- Allons Maria, vous êtes intelligente, ce que je fais est du chantage et si jamais le prince l'apprend, je serai très sévèrement punie.
Maria l'observa avec dégoût, cette femme avait dû faire bien des choses peu valorisantes dans sa vie et elle était prête à tout pour obtenir des scoops comme elle le disait.
- Très bien mais une dernière chose, je ne vous permets pas de m'appeler Maria. Je suis votre future reine, ne l'oubliez pas.
La journaliste acquiesça d'un signe de tête et partit rapidement.
Maria mit ses deux mains à plat sur le bureau et se pencha légèrement en avant, son ventre se contracta à plusieurs reprises et elle se mit à inspirer et expirer pour calmer son corps sous tension.
Deux bras puissants l'enlacèrent et la retournèrent, Maria croisa les deux pupilles noires de son futur mari qui était visiblement inquiet.
- Tout va bien ?
- Oui, mentit-elle, ça doit être l'évacuation du stress qui me donne un peu le tourni.
Farès se mit à rire et l'embrassa tendrement.
- Tu as été parfaite Habibti. Suis-moi nous allons manger et tu vas ensuite te reposer.
- Très bien.
Maria le suivit en réprimant ses larmes qui menaçaient de couler, elle se haïssait de lui mentir de la sorte et espérait avoir fait le bon choix.
Malheureusement, elle comprendrait rapidement que ce choix serait le plus regrettable de sa vie.
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