chapitre 22

Maria laissa la femme médecin sortir de la chambre, celle-ci lui adressa un sourire compatissant et quitta la pièce laissant Farès confus et inquiet entrer à son tour. Maria qui était face à la fenêtre sentit les bras de son prince l'entourer et la retourner contre lui.

- Tu sais que tu peux tout me dire, murmura-t-il en lui relevant le menton.

- Je n'ai rien de grave Farès ne t'inquiète pas.

- Alors pourquoi parais-tu aussi inquiète ?

Que devait-elle faire, lui dire la vérité  ? Mentir ? Le regard absent, elle se tut tout simplement.

- Tu veux en reparler plus tard ? Tu me promets que ça ne concerne pas ta santé ?

- Oui, souffla-t-elle.

Farès la considéra quelques secondes, se demandant ce que sa belle pouvait bien lui cacher. Il aurait voulu lui poser des questions et lui obliger à lui dire la vérité mais il ne voulait pas la brusquer, Maria restait toujours une femme fragile malgré son apparence de femme forte.

Saliha entra timidement dans la chambre.

- Le Cheikh vous attend pour le repas.

Farès mit la paume de sa main contre son front et ferma brièvement les yeux sous le regard amusé de Maria.

- Tu as oublié d'annuler ?

- Oui, avec l'arrivée du médecin et ton malaise j'ai complètement oublié mon père.

- Alors ne le faisons pas attendre plus longtemps, dit-elle en souriant légèrement.

- Nous ne sommes pas obligés d'y aller, rétorqua-t-il inquiet.

- Je serais heureuse de partager un repas avec ton père, j'aimerais seulement que ça ne dure pas trop longtemps.

- Très bien.

Il posa un baiser sur son front et ensemble ils partirent rejoindre le roi dans ses appartements privés.

Saliha croisa le regard de Maria qui lui adressa un petit sourire pour ne pas qu'elle s'inquiète, Saliha agissait comme sa eima qu'elle aimait tant et Maria était infiniment reconnaissante envers cette femme qui lui était d'un grand soutien.

Farès entra dans une grande salle où était dressée une grande tajine où les odeurs de poulet et d'épices flottaient dans les airs. Maria qui n'avait rien avalé depuis la veille, entendit son ventre faire du bruit sous le regard amusé du prince. Il plaça une main au creux de ses reins, ce qui lui provoqua mille frissons et avança en direction du Cheikh qui l'accueillit le sourire aux lèvres.

- Asseyez-vous mes enfants, les invita le roi d'un geste de la main.

Assis à même le sol sur de magnifiques tapis aux différentes couleurs, Maria se fit soudainement toute petite, intimidée de se retrouver à la table de son roi.

- Vous allez bien Maria ? On m'a rapporté que vous aviez fait un malaise, le médecin est-il passé ?

Les joues cramoisies, la jeune brune refoula ses larmes qui menaçaient de couler et plaça discrètement une main sur son ventre.

- Tout va bien, c'était un petit malaise car je n'ai rien mangé depuis hier mais tout est rentré dans l'ordre.

- Je suis heureux de l'apprendre mais si vous avez besoin de repos il ne faut pas hésiter car une grande journée vous attend très bientôt.

- Père... gronda Farès.  

- Tu ne lui en as pas parlé ? s'étonna le roi.

Farès soupira pour seule réponse.

- Que dois-je savoir ? demanda Maria confuse.

Voyant que son fils ne prenait pas la parole, son père le fit à sa place.

- Je vais prochainement céder ma place à mon fils, maintenant qu'il a trouvé la femme qu'il aime il est temps pour lui de reprendre le flambeau.

- Mais pourquoi ne pas m'en avoir parlé ? demanda-t-elle en plein désarroi.

Farès foudroya son père du regard et quitta précipitamment la pièce à présent devenue froide.

Maria le regarda partir, inquiète, et posa instinctivement une main sur son ventre. Le roi suivit son geste avec intérêt puisque plusieurs fois elle avait effectué ce mouvement sans s'en rendre compte.

- Je suppose que vous ne savez pas pourquoi mon fils réagit ainsi ?

Maria releva son beau regard émeraude vers son roi attendant patiemment la réponse.

- Le père de mon père, mon père et moi-même avons enfanté la première année de notre règne, c'est devenu une coutume à laquelle notre peuple tient et ils attendent exactement la même chose de Farès.

Maria devint subitement pâle, elle sentit une chaleur étouffante s'emparer de son corps et elle se demanda si elle n'allait pas faire un malaise sous les yeux de son roi. Les larmes lui montèrent aux yeux tel un torrent et sans qu'elle ne puisse les retenir vinrent s'échouer le long de ses joues.

- Pourquoi ses larmes mon enfant ?

Peinant à se ressaisir Maria essuya ses larmes avec tristesse.

- Je suppose que s’il ne m’a rien dit c'est parce qu'il ne veut pas d'enfant de moi, balbutia-t-elle difficilement.

Le roi essuya de son pouce l'une de ses larmes, Maria le regardait sans savoir comment réagir mais elle le laissa faire.

- Sache que tu suppose très mal, Farès a simplement peur que tu le quittes, que tu prennes peur, tu es plus jeune que lui et il craint que tu ne le quittes à cause de cette tradition.

- Mais c'est tellement ridicule, réussit à articuler Maria, je l'aime tellement, avoir un enfant de lui serait mon plus grand bonheur.

- Surtout que tu portes déjà son enfant mais qu'il ne le sait pas, sourit le Cheikh visiblement ému.

Maria releva vivement la tête et se mit à sourire en voyant le visage enjoué du roi.

- Ce soir je suis le deuxième homme le plus heureux du monde car le premier, sera mon fils.

- Vous êtes sûr ? demanda Maria incertaine.

- Je connais mon fils Maria et il serait prêt à tuer pour toi, tu es celle qui fait battre son coeur alors s'il te plait, rejoins-le et annonce lui cette nouvelle qui va remplir son coeur de bonheur, fais-moi confiance.

Maria se leva d'un bond sachant que le roi avait raison, l'amour qu'ils se portaient était unique et Farès le lui avait prouvé bien des fois.  Elle portait le fruit de leur amour et comptait bien le lui faire savoir.

- Merci, dit-elle dans un souffle sous le regard larmoyant de bonheur du roi.

Elle se mit à courir dans les couloirs qui lui parurent soudainement plus longs, son coeur battait à tout rompre et c'est sans aucune hésitation qu’elle se rendit dans les jardins privés du jeune prince.

Il était debout face à la fontaine et se retourna en entendant Maria arriver. Il vit dans son regard qu'elle avait pleuré et cela lui déchira le coeur.

- Maria tu n'es pas obligée de tomber enceinte jamais je ne te forcerais à le...

Maria lui mit sa main sur les lèvres pour qu'il se taise et elle esquissa un joyeux sourire que le prince ne comprit pas.

- Il est trop tard Farès.

- Je ne comprend pas... rétorqua-t-il confus à son tour.

Elle prit sa main et la posa en douceur sur son ventre

- Houbi, je porte ton enfant.

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