Bon, finalement après toutes ces galères, rien n'est impossible et je suis prête à repartir à l'aventure. Et quelle aventure ! Depuis mon arrivée au Canada, je suis sans cesse en rush, pas facile de voyager seule sans que tout soit organisé. Alors oui, les imprévus vont bon train mais franchement qu'est-ce que ça vaut le coup quand même. En résumé, depuis Nelson, la pluie à Vancouver était de mise. J'ai rencontré une fille très sympa qui venait de Hong Kong. Et qu'elle ne fut pas ma surprise lorsqu'en plein déjeuner avec elle, mon téléphone me prévint d'un refus de retrait de trois cents euros en Dominique... Alors oui, je voyage mais à ce que je sache je n'ai jamais prévu de me rendre là-bas et de retirer une aussi grosse somme. Et puis, complique de se diviser en deux. A moins que j'aie une sœur jumelle cachée qui m'a retrouvée et qui a subitement décidée que ce serait une bonne idée de me voler... Très peu probable. Donc, oui, ma carte a été piratée. Heureusement, ça n'a pu entraîner aucune conséquence financière. Difficile de voler de l'argent à quelqu'un qui n'en a pas des masses.

Evidemment, ce serait trop beau si ça s'arrêtait là. J'ai également fait la connerie d'acheter mon billet d'avion pour Lisbonne aux mauvaises dates, fais un hors forfait de plus de cinquante euros et pour finir, eu des problèmes de plafond de paiement pour mon billet de train. Elle n'est pas facile la vie d'artiste voyageuse...

Mais bon, en dehors de tout ça, me voilà enfin dans le train prête à vivre, cette fois, une expérience de quatre jours avec moi-même, le train, ainsi que des paysages à couper le souffle. Tout ce qu'il faut pour pouvoir se recentrer sur soi-même en toute tranquillité. Et puis, quelle sérénité d'esprit. Dans ce train quasi vide, je me retrouve balancée par ses mouvements. Ayant assez de place pour deux personnes et pour mes jambes, je ne tarde pas à demander le kit confort qui comprend une couverture et un coussin pour bien dormir et surtout être à l'aise. Après avoir retiré mes chaussures, je suis installée presque comme une reine et prête à profiter du spectacle des paysages.

Derrière moi, un voyageur plutôt âgé discute avec une jeune femme et je ne peux m'empêcher d'être soulagée que ce ne soit pas moi. La compagnie des gens ne me dérange pas mais j'aime bien être parfois seule avec moi-même. Et puis, après cette expérience quelque peu dangereuse à Nelson, je ne suis pas sûre de vouloir être accompagnée de n'importe qui.

Je tourne ma tête vers la fenêtre où la pluie de Vancouver n'a pas fini de tomber et rapidement, mes pensées alimentent le paysage comme souvent. Le voyage solitaire apporte son lot de galère mais il ne vient pas seul. Souvent, l'imaginaire et l'inspiration m'accompagne aussi et quel bonheur que de pouvoir laisser son imaginaire voyager en même temps que le corps. Malheureusement, la pièce est souvent à double face et l'un peut aussi aller avec les pensées néfastes. Finalement, tout dépend à quoi tu penses. Et ces pensées ne sont pas forcément une mauvaise chose. S'ouvrir à elles permet aussi d'ouvrir d'autres questionnements sur soi-même et de se remettre en question. En les écoutant, on peut aussi s'aider soi-même. Les ignorer, en revanche, peut nous condamner.