Chapitre 3 - Mal Du Pays
Hello tout le monde ! Nouveau chapitre, j'espère qu'il vous plaira, il y a pas mal d'émotion à la fin, enfin je vous laisse découvrir !
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Love U
- Alexandre est-il de la police lui aussi ?
- Non c'est un civil, mais il nous donne régulièrement un coup de main. C'est ce qu'on appelle un consultant.
- J'ai la sensation de l'avoir déjà vu.
Je regarde défiler le paysage à travers la vitre de la voiture de Conor. J'ai dû insister pour qu'il ne m'emmène pas dans sa voiture de fonction, arriver en camionnette au lycée ne manquerait pas de m'attirer des moqueries.
- Oui, c'est l'effet qu'il provoque chez les femmes en général, me répond-il sur un ton sarcastique.
- Non, ce n'est pas ce que je veux dire. J'ai l'impression de le connaître, ou plutôt de l'avoir connu. Comme un visage qui faisait partie de ma vie autrefois. Pourtant je n'ai aucun souvenir de lui.
Pendant que je formule cette idée à voix haute, j'en suis convaincue. J'ai déjà rencontré cet homme mais je ne parviens pas à me rappeler quand et où. Accoudée à la portière, j'aperçois par la fenêtre le lac Michigan. Les voiliers amarrés au ponton qui flottent au rythme de la houle me ramènent l'espace d'un instant à Aix. Je revois le vieux Marius et son bolincheur, déchargeant ses sardines fraichement pêchées alors que le soleil se réveille à peine. Je me souviens des traversées à l'aube qu'il m'offrait en échange de mon aide pour porter ses caisses de poissons. L'air éphémèrement doux était alors un délice. Les rayons du soleil se reflétaient dans l'eau et rendaient la frontière entre le ciel et la mer pratiquement imperceptible. Je comprends Turner d'avoir peint des dizaines de toiles de port à l'aube ou au crépuscule. De loin chaque tableau se ressemble, mais si l'on vit autant de levers de soleil on sait que tous sont uniques.
- Au fait, la voix de Conor me tire de ma rêverie, il est évident que ce que tu as lu dans le dossier de Diez doit rester confidentiel, autant pour le bon déroulement de l'enquête que pour ta propre sécurité.
Il me regarde dans le rétroviseur.
- Si vous acceptez Alexandre comme assistant, pourquoi ne ferais-je pas de même ?
- Tu as un casier, c'est interdit par le règlement.
- Je pourrais me montrer très discrète.
- Je n'ai pas l'autorisation de révéler des informations concernant une enquête à une personne extérieure au service.
Je croise les bras sur ma poitrine. Il est vraiment inflexible !
- Si j'avais un casier vierge, est-ce que vous m'engageriez ?
Il ne répond pas mais esquisse un demi sourire. Quelques minutes plus tard il arrête sa voiture sur le parking du lycée.
- Merci de m'avoir conduite, je dis en me détachant.
J'ouvre la portière passager et sors de la voiture en la claquant derrière moi. Conor abaisse la vitre et se penche pour que je puisse le voir.
- Tâche de rester loin des moteurs de voitures d'accord ? Je ne veux plus te revoir au poste dans les griffes de Rivers.
Je lui réponds par un geste militaire de la main, copiant les soldats qui saluent leur supérieur. Il remonte sa vitre et fait demi tour pour sortir du parking. Une fois sa voiture hors de vue, je sors un morceau de papier froissé de mon sac.
« Physique, math... »
Pas de cours de littérature aujourd'hui, je peux donc rentrer. Je sors mes écouteurs et Ella dans les oreilles je rebrousse chemin. L'air est glacial comme souvent ici. Je mets ma capuche et remonte mon écharpe jusque sous mes yeux.
« Je dois ressembler à un gangster de western comme ça ».
Je souris sous mon cache-nez.
« Birds singing in the sycomore trees, dream a little dream of me. »
Tout à l'air facile quand c'est elle qui le dit. Je remonte l'allée bordée de pins immenses jusqu'à une imposante maison de briques rouges. Je pousse le portillon en bois et pénètre dans un jardinet tristement vide de fleurs. Caroline fait des merveilles avec son jardin, mais elle n'a pas encore trouvé le remède pour rayer l'hiver du calendrier. Lorsque je referme le portillon dans un grincement de charnières, un gros husky accourt. Il me fait la fête en aboyant et en sautillant autour de moi, je m'agenouille pour lui rendre son enthousiasme en le cajolant.
« Ça va mon gros ? Je t'ai manqué depuis ce matin ? »
Il me lèche le visage pour toute réponse. Je fini par me lever et me dirige vers la lourde porte de chêne massif, mon chien sur les talons. Sur un panneau surplombant l'entrée, je peux lire l'inscription gravée « Les Héritiers vous saluent ».
Je tourne la poignée, elle n'est pas verrouillée. A peine entrée dans le hall, la chaleur m'enveloppe comme l'étreinte d'une grand-mère. Lorsque j'ai emménagé ici, j'ai imposé un chauffage minimal à vingt-deux degrés Celsius. Tant pis pour les nordiques. Je pose mon sac ey me déchausse en jouant des pieds. Je me baisse ensuite pour porter la bête sagement assise derrière moi.
« Si tu laisses des traces de pattes, Shay te disputera encore. »
Je passe devant la porte de la cuisine où un jeune homme blond est en train de passer un coup de fil. Il est grand, silhouette dessinée en V, le visage fin et les cheveux descendant sur sa nuque et ses tempes. C'est August, le fils d'un riche homme d'affaire suédois. Il habite Chicago depuis maintenant trois ans et étudie à la University of Chicago Law School. Il est un peu plus âgé que moi du haut de ses vingt deux printemps. Je le salue d'un signe de la tête auquel il répond par un sourire et me dirige vers l'escalier.
Ma chambre est au deuxième étage, dans les combles. Je suis la seule à occuper cet étage constitué de deux chambres et une salle de bain. J'ai choisi de m'installer ici car j'aime la tranquillité et la vue est magnifique. Lorsque j'y monte, je peux voir toute la ville. Le lycée, le poste de police. Même la Willis Tower. Et puis j'aime aussi cet étage grâce à son plafond se rapprochant du sol à mesure qu'on s'avance vers les murs. J'entre dans la salle d'eau pour donner un bain à Eggle. Mon husky, de son nom complet Eggleston, est un hommage vivant au photographe américain de la seconde moitié du vingtième siècle. Il est tout ce que j'ai pris avec moi de France en venant ici. Je regarde ma montre, il est dix heures et quart. Chez il ne doit pas être loin de seize heures trente, Cosme doit être rentré de l'école. Je m'installe à mon bureau, allume mon ordinateur et lance un appel à la mama.
Après quelques sonneries, une femme apparaît à l'écran c'est une magnifique métisse aux yeux verts et aux cheveux crépus. Les signes de l'âgee ont commencé à marquer son visage mais ne parviennent pas à entacher sa beauté intemporelle.
- Alice ! Crie-t-elle lorsqu'elle me voit, faisant grésiller le son médiocre de l'ordinateur. Comment tu vas ma belle ?
- Ça va bien Mama et toi ?
Je n'ai surement pas l'intention de lui raconter mon excursion au poste.
- Tout va bien ici. Tu viens de rater le Roland, il est parti pêcher il y a à peine dix minutes !
- Zut ! Et Co, est-ce qu'il est là ?
- Oui bien sûr je vais te le chercher.
J'entends la voix perçante de ma grand-mère appeler mon petit frère à travers la maison. Quelques secondes plus tard, ses boucles châtaignes apparaissent à l'écran.
- Salut fripouille !
- Salut Ali !
Il a les yeux bleus de notre mère et les boucles de notre père, un petit garçon plein de vitalité.
- ça s'est bien passé à l'école ?
- Ouais, il recommence à faire lourd ici. Le printemps est proche ça fait trois jours que l'orage dure !
- Quel chance, il fait un froid de canard à Chicago.
- Quand est-ce que tu reviens ?
Cosme fait une petite moue suppliante. Il me fend le coeur lorsqu'il fait ça, et je sais que je ne peux lui refuser grand chose dans ces moments là. Seulement il m'est impossible de rentrer.
- Tu sais bien que je ne peux pas pour l'instant.
Ses sourcils se froncent.
- C'est à cause de maman ?
Je ne sais quoi lui répondre. Je ne peux pas lui avouer que notre mère m'a chassé du pays avant de l'abandonner chez mes grands-parents pour aller vivre ses rêves de grandeur à la capitale. Si je le leur demandais, la Mama et Roland m'accueillerais sûrement chez eux mais un seul enfant à s'occuper leur suffit largement à leur âge.
- Non mon Coco, c'est à cause de mes études.
- Et moi je pourrais venir te voir ?
- Si Mama est d'accord tu pourras venir pendant les prochaines vacances.
- Mais les prochaines vacances sont dans deux mois !
Il a une mine triste, je donnerais tout pour le prendre dans mes bras et le consoler.
- Il faut que tu sois courageux Co, d'accord ?
Il hoche doucement la tête.
- Je suis fière de toi tu sais, on se retrouvera bientôt. Aller, il faut que j'y aille, embrasse fort Roland pour moi d'accord ?
- D'accord.
- Tu me manques beaucoup tu sais ?
- Tu me manques aussi.
Je coupe la communication. C'est si dur d'être loin de chez soi et de ceux qu'on aime, plus dur que je ne l'avais imaginé.
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