Chapitre 16 - Ménage à trois

J'essaie d'enfiler mon jean en me dandinant sur place. Après que j'ai raconté toute l'histoire à Conor, il est parti écrire son rapport. Lorsqu'il a su que mon agresseur était venu au poste la veille, il est parti interroger tous ces collègues pour l'identifier. Quant à moi, je suis restée toute la journée au lit pour faire plaisir à Kate, mais maintenant il faut que je rentre. On toque deux petits coups à la porte du cabinet. Je finis de remonter mon pantalon avant de lancer un « oui ». La porte s'ouvre et le carré long de Shay apparait. Elle s'avance avec un petit sourire, mais aussitôt elle est comme stoppé d'horreur.

- Oh mon dieu Alice !

Lorsque je comprend l'objet de cette bouche béante et de ces yeux écarquillés - mon bandage autour de la tête, je lui donne un sourire rassurant.

- Oh ça, ce n'est rien ne t'inquiète pas.

J'attrape l'extrémité de la bande et commence à la dérouler.

- Attends, tu es sûre d'avoir le droit de l'enlever ? Me demande Shay, visiblement inquiète.

- Mais oui, mes points de suture ont dû cicatriser.

Pendant que je fini de m'habiller, à la demande de Shay, je lui raconte ce qui m'est arrivé. En vérité, je lui avoue seulement avoir reçu un coup sur la tête pendant ma promenade, passant sous silence mon enlèvement.

- Oh mon dieu ma pauvre chérie !

Le regard compatissant de mon amie se transforme soudainement en regard vide, comme si elle pensait à quelque chose.

- Shay ?

Elle reviens sur terre lorsque je l'appelle.

- Quoi ?À quoi tu penses ?

Elle hésite, joue avec sa chaussure sur le sol.

- Aller crache le morceau.

- Je dit ça comme ça mais est-ce que tu penses que ça pourrait avoir un lien avec notre agression de l'autre soir ? Comme une vengeance tu vois.

Je ne sais même pas pourquoi j'essaie encore de cacher des choses à Shay, elle est beaucoup trop maline. Je ne réponds pas, je veux l'impliquer le moins possible.

- Bon on y va ? Les murs blancs du cabinet commence à me rendre folle.

Shay esquisse un sourire, sentant que ce n'est pas le moment d'insister. Elle attrape mon sac d'une main, mon bras de l'autre et nous sortons du cabinet. Pour éviter la cohue du hall de police, nous sortons par la porte de secours à l'arrière.

- Tu veux que j'appelle un taxi ? Me propose Shay.

- Non ça va, j'ai besoin d'air.

- Comme tu veux. Au fait, Josh m'a appelé hier, il était très énervé. Et puis je lui ai dit que tu étais à l'hôpital parce que tu étais tombé à vélo alors il a été compréhensif.

- Merci.

Nous rentrons à pied, bras dessus, bras dessous. J'ai hâte de rentrer et de manger un plat de Caroline, mon ventre crie famine. Mais le repos fut de courte durée car bientôt j'aperçois la maison, avec deux bruns en colère sur le seuil.

- Non pas ça...

Je mets une main devant mes yeux, espérant que tout rentre dans l'ordre lorsque je l'enlève. Mais Josh et Alexandre sont toujours là, les bras croisés, silencieux.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? Je lance à Alexandre.

- Salut Ali, moi aussi je suis content de te revoir après un mois de séparation.

Josh a parlé dans mon dos. Je me tourne vers lui et lui adresse le meilleur sourire que je puisse élaborer dans mon état.

- Salut Josh.

- Salut ? C'est tout ce que tu as à me dire ? Salut ?

- Écoute, c'est une situation un peu compliquée. Je...

- Pas si compliquée que ça apparement, je vois que tu m'as vite remplacé pendant que j'étais parti, répond-il en désignant avec mépris Alexandre d'un signe de tête.

- Quoi ? Qu'est-ce que tu raconte ? Qu'est ce que tu lui as dit, je demande en me tournant vers Alexandre.

Égal à lui même il ne répond pas, il me tends simplement un livre. Je le prends, et alors je reconnais celui que je lisais dans la clairière avant d'être agressée.

- Il était au poste, tu es partie sans le récupérer.

- Depuis quand tu fais le déplacement pour venir me rendre un livre ?

- Conor m'a forcé, répond-il en levant les yeux au ciel.

- Ce n'est pas possible que tu sois arrivé avant nous si tu es parti après.

- Tu m'accuse d'être plus lent qu'une handicapée ?

Cette situation semble l'amuser, moi pas.

- Ça va je ne vous dérange pas ? Lance Josh avant même que j'ai pu répondre à Alexandre.

- Écoute Josh, je dis en me tournant vers lui, ça me fait plaisir que tu sois rentré, mais j'ai quelques détails à régler. On se voit demain ?

Josh tourne les talons sans même un mot et s'éloigne, du pas rapide qu'il prend lorsqu'il est énervé.

« Il ne manquait plus qu'une scène de ménage pour parfaire le pathétique de cette situation. »

- Bon je vous laisse.

Shay, qui étais restée effacée depuis que nous étions arrivées devant chez nous, me pose une main de soutien sur l'épaule et contourne Alexandre pour entrer dans la maison.

- Par contre si tu as l'intention de m'avouer que tu es secrètement amoureuse de moi je préfère partir tout de suite.

Je soupire. Il est vraiment insupportable.

- Ecoute, dis moi si je me trompe, mais j'ai l'impression qu'il y a un quelque chose que tu ne me dis pas, je lui répond sans tenir compte de sa remarque.

- Je pourrais en dire de même pour toi.

- Ah oui et qu'est-ce qui te fait dire ça ? Je lui répond, irritée.

- Tu es le fille du très grand chirurgien Durero, mais tu viens te terrer ici à Chicago, à des kilomètres de ta famille. Tu te fais arrêter, puis enlever, en moins d'une semaine. Excuse moi mais si quelqu'un a quelque chose à avouer ici, c'est toi.

Surpise qu'Alexandre possède cette information, je décide de passer outre la référence à mon père et l'interroge sur ce qu'il sait à propos de mon enlèvement.

- Tu as parlé à Conor ?

- Il m'a dit ce qui t'es arrivé, oui. Je voulais te poser quelques questions mais tu avais filé, alors Conor m'a envoyé te rendre ton livre. J'avoue que j'ai accepté uniquement parce que j'avais besoin d'informations.

- Qu'est-ce que tu veux savoir ?

- L'homme que tu as décrit comme «Le Professeur », à quoi il ressemblait ?

- Grand, blond, légère barbe et élégant costume. Mais tu dois l'avoir aperçu hier, je l'ai croisé sortant du commissariat.

Alexandre abandonne soudain son air hautain et sûr de lui contre un visage stupéfait.

- Tu l'as vu sortir du commissariat ?

- Et bien oui, pourquoi ça t'étonne ?

Il reste encore quelque secondes pensif, puis passe à côté de moi et commence à marcher en direction du commissariat. C'est la goutte de trop, j'en ai assez d'être tenue à l'écart et de subir toute cette histoire. Ni une ni deux, je m'élance à sa suite.

- Attends !

Il ne se retourne même pas et continue à marcher. Je le suis alors jusqu'au commissariat, deux mètres derrière lui car il marche si vite que même en courant je ne peux le rattraper. Devant le commissariat, je découvre Rivers, fumant une cigarette. Quand il me voit, il s'approche d'un air menaçant.

- J'étais sûr que c'était toi, la gamine qui a été agressée. C'est plus fort que toi, il faut toujours que tu attire les ennuis partout où tu passes.

Je ne m'arrête pas et fais mine de ne pas lui prêter attention. Il se plante alors devant moi du haut de son mètre quatre-vingt quinze et de ses cent kilos, constituant un mur infranchissable entre le commissariat et moi.

- Où tu crois aller comme ça ? Tu penses que je vais laisser entrer une criminelle dans un commissariat autrement que menottée ?

Il tire ses menottes de sa poche d'une main, m'attrapant le bras de l'autre. Je commence à me débattre lorsqu'une main puissante se pose sur le bras de Rivers.

- Je ne ferais pas cela si j'étais toi.

Alexandre se tient près de nous.

- Tu ne voudrais quand même pas que je fasse remonter un cas de violence sur témoin au commissaire ? Tu sais bien que trois blâmes entrainent une suspension.

Les deux hommes se dévisagent, menant le combat silencieux de leurs égaux surdimensionnés. Rivers finit par relâcher son étreinte et nous tourne le dos pour monter dans sa voiture de fonction. Il démarre le moteur et quitte le parking en dérapant.

- Allez dépêche toi sinon tu vas encore attirer les problèmes.

Salut tout le monde j'espère que vous passez une bonne fin de week end. Moi un week end de trois jours ça m'a fait beaucoup de bien et pour la peine je vous ai posté deux nouveaux chapitres ;)

Alors pensez-vous qu'Alexandre et Alice parviendront à mettre la main sur le professeur ?

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top