Je me remémorerai.
Les souvenirs se succédaient, flous et insaisissables. Comme si Aoïse, dans sa quête de comprendre ce qui avait mal tourné, se noyait dans un océan d'émotions passées. Chaque scène, chaque mot échangé, chaque souffle partagé semblait la hanter davantage. Et pourtant, un silence pesant, plus lourd que tout, l'enveloppait désormais.
Elle se leva brusquement, les mains tremblantes, et tourna le dos à la fontaine. Le banc froid, la lettre froissée encore entre ses doigts, tout cela la maintenait figée dans un passé qui refusait de mourir. Elle se rendit chez lui, la ville semblait lointaine, presque étrangère à ses pas. Mais elle savait où elle devait aller, elle savait qu'il fallait qu'elle obtienne des réponses, qu'elle puisse comprendre.
En arrivant devant la porte de son appartement, son cœur battait plus fort. Tout semblait calme, presque trop calme. Elle frappa, puis attendit, l'esprit empli de questions.
Rien.
Elle frappa à nouveau, plus fort, l'angoisse la rongeant. Un sentiment étrange, comme si quelque chose de terrible se cachait derrière ce silence, quelque chose qu'elle n'était pas prête à entendre.
La porte s'ouvrit soudainement. L'odeur de vieux livres et de poussière emplit ses narines. Tout était figé. Gabriel ne se trouvait pas là. Mais un autre objet, qu'elle reconnut immédiatement, attira son attention.
Un carnet. Son carnet. Le carnet de Gabriel, laissé là, ouvert, comme s'il attendait que quelqu'un le lise.
Avec hésitation, Aoïse s'approcha et tourna les pages, découvrant des notes, des pensées griffonnées à la hâte, des poèmes où il s'était toujours caché. Puis, une page se détacha du carnet, un morceau de papier légèrement froissé, le même que celui qu'il lui avait donné. Elle le prit dans ses mains et lut les mots qui s'y trouvaient, des mots qui déchiraient l'âme, le cœur, et l'espoir.
« Je suis fatigué. Fatigué de tout. Tu étais ma bouée, mais les flots ont quand même réussi à me faire dériver. J'ai toujours essayé de paraître fort, de te soutenir, mais sans toi je ne tiens pas. Merci pour toi, Aloïse.. »
Son cœur se serra. La lettre, les mots, l'écriture tremblante. Elle avait déjà vu cette souffrance dans ses yeux, mais elle n'avait pas voulu la voir. Elle n'avait pas voulu comprendre. Elle avait trop cru à leur amour, trop cru qu'ils pouvaient tout surmonter ensemble.
Le monde autour d'elle se mit à tourner lentement, comme si tout était devenu irréel, flou. Ses jambes se dérobèrent sous elle. Elle s'effondra, laissant les larmes couler sans fin.
Gabriel. Il n'était plus là. Il s'était échappé, dans l'ombre de la nuit, seul avec ses démons.
La douleur d'une absence définitive la submergea. Comment avait-elle pu ne rien voir ? Comment avait-elle pu penser que tout allait bien, qu'il suffisait d'un sourire pour tout effacer ? Elle s'était laissée emporter par la beauté de leur amour, sans réaliser que la tristesse dans ses yeux n'était pas juste passagère. Il l'avait aimée, mais le poids du monde l'avait broyé.
Elle se leva lentement, les mains tremblantes, tenant toujours la lettre. Il était trop tard. Trop tard pour les regrets, trop tard pour comprendre pourquoi. Tout ce qu'il restait, c'était la douleur. Cette douleur vive et tranchante, plus grande que tout ce qu'elle avait pu imaginer.
Elle se dirigea vers la fenêtre, le soleil se couchant à l'horizon, emportant avec lui les dernières traces d'une journée qu'elle aurait voulu effacer. La ville, paisible et insouciante, s'étendait devant elle, comme si de rien n'était. Mais pour Aoïse, rien ne serait plus jamais pareil. Elle avait perdu Gabriel, et avec lui, une part d'elle-même.
Elle laissa la lettre glisser entre ses doigts, la regardant tomber lentement au sol. Il n'y avait plus de retour en arrière, plus de second souffle. Il n'y avait que cette immense douleur, cette impossibilité d'accepter la réalité.
Elle ferma les yeux, puis se réveilla de sa torpeur pour s'activer, sûrement sous le choc. Elle ouvrit différentes boites, et y trouva un objet vert, plastifié. Un vêtement.
La dernière chose qu'elle possédait en rapport avec lui, c'était son tablier.
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