Convaincs-moi

Shikamaru l'observait de loin. Il la voyait évoluer, voyait les hommes tomber à ses pieds comme s'ils la priaient. Un tapis de ses conquêtes lui permettait de passer par-dessus toute rivière lui encombrant le chemin.

La main d'un énième homme était posée sur la taille de la médecin. Les yeux verts pétillants de malice regardaient Shikamaru comme s'ils avaient connaissance de la jalousie bouillonnant dans le ventre du vingtenaire. Une malice que ses yeux exprimeraient encore ce soir quand il se plierait à ses moindres désirs.

Les lèvres pulpeuses de Sakura murmuraient quelque chose à l'oreille de sa conquête. Les prunelles de Shikamaru fusillaient la proximité de cette bouche qui serait sienne dans quelques heures. Il voulait l'envelopper avec son ombre pour l'amener là où elle lui offrait l'espoir d'une quelconque relation. Le Nara n'en fit rien. Il savait qu'elle jouait avec lui. Il était hors de question de renforcer le petit sourire suffisant que la femme arborait.

La sueur coulait de leur échine. Les draps étaient enroulés négligemment autour de leur corps fatigué. Malgré sa fatigue apparente, Sakura se leva, souriant. Il savait quels seraient ses prochains mots. Ce seraient les mêmes que ceux qu'elle lui offrait depuis une semaine.

-À demain, Shikamaru.

La façon dont son prénom roula sur sa langue fit briller une lueur dans le regard de l'homme de vingt-deux ans. Le sourire de la femme s'agrandit. Elle se pencha au-dessus de sa forme avachie. Ils étaient à quelques centimètres, l'uns de l'autre. Leurs respirations se mélangeaient. Shikamaru s'approcha inconsciemment. Il voulait ces lèvres une ultime fois avant le prochain soir. Elle s'éloigna, victorieuse. Sakura l'avait enroulé de son doigt et elle le savait.

Le bruit de ses pas était étouffé par l'épaisse moquette couvrant le sol de la tour de l'Hokage. Tandis qu'il dépassait le bureau de Kakashi, Sakura en sortit, un Genma fasciné sur ses talons. Dès qu'elle le vit, elle le salua comme si de rien n'était, comme si elle ne venait pas chercher sa paix d'esprit le soir dans ses bras. Une émotion semblable à la jalousie rongea son estomac. Ils pouvaient être deux à jouer à ce petit jeu.

La main de Shiho caressait son bras ce soir-là alors que le duo se dirigeait vers le bar où les amis de Shikamaru les attendaient.

Ino fit remarquer la femme l'accompagnant si fortement que toutes les têtes aux alentours se tournèrent vers eux. Il se fichait de tous les murmures surpris qui traversèrent son groupe d'amis, seule la réaction d'une personne l'importait. Le visage qu'il voyait dans ses rêves ne fit que sourire en haussant les sourcils, amusé. La frustration de l'homme grandit tandis qu'il se laissait porter par son accompagnatrice sur la piste de danse.

Les lumières tamisées projetaient des ombres sur le visage de Sakura alors qu'elle se glissait sur la chaise à côté de Shikamaru. Shiho était partie une heure plus tôt. Le stratège n'était resté que pour pouvoir continuer à se délecter des mouvements de danse de Sakura. Cette dernière saisit son verre en souriant narquoisement. Ses mots se mêlèrent si bien à la musique que Shikamaru faillit ne pas les saisir. Ils s'imprimèrent dans son esprit, se gravant au fer rouge.

-Croyais-tu une seule seconde que je croirais ton petit cinéma ? Je ne suis pas une Nara, mais ne me prends pas pour une idiote.

La femme se pencha pour mordiller le lobe de l'homme.

-Je m'attendais à mieux de ta part, Shikamaru.

Elle se leva, la tête tournée vers lui en une invitation silencieuse. Cela lui prit quelques instants à comprendre en raison de l'enivrement qu'elle lui causait.

Cette nuit-là, Sakura ne se leva pas pour quitter l'appartement de Shikamaru comme elle l'aurait fait. Sa forme endormie accompagna celle de l'homme jusqu'au matin avant qu'elle ne s'échappa des bras entourant sa taille aux lueurs de l'aube.

Une nuit où l'esprit de Shikamaru était embrumé par la femme à ses côtés, il lui prit les poignets pour les mettre au-dessus de la tête. Aucune réflexion ne traversa son esprit alors que les mots s'écoulèrent de sa bouche.

-Accompagne-moi au dîner chez Chouji samedi.

Sakura lui lança un regard de défi.

-Convaincs-moi, Nara.

Pour la première fois, elle le laissa couvrir son corps de marques possessives.

La forme nue de Sakura se leva alors que les rayons de soleil commencèrent à caresser Konoha. Un bras s'enroula autour de sa taille, la retenant. Sa bouche se déforma pour parler avant de se faire devancer.

-Est-ce un oui pour samedi ?

Elle se défit de sa prise en souriant.

-Je n'aurais manqué pour rien au monde la tête d'Ino, Nara.

Sakura enfila ses vêtement sous le regard de Shikamaru. Il soupira dès qu'elle eut disparut. Il prouvait tous les jours que le Shikamaru de douze ans avait raison, les femmes étaient une galère.

La main de l'homme était posée dans le creux des reins de Sakura. Malgré la satisfaction que le contact lui apportait, une peur relative l'habitait. Il était terrifié qu'il ne soit qu'un autre pion dont elle se débarrasserait sans ménagement.

Les jointures de Sakura frappèrent sur le bois franc de la porte des Akimichi. Des pas lourds se firent entendre avant que le panneau ne s'ouvrit pour révéler la mère de Chouji. Cette dernière leur adressa un sourire en les laissant passer.

Des enfants couraient dans le jardin emplissant l'espace de cris. Les adultes se cachaient de ce raffut dans la salle à manger où des plats décoraient la table. Le calme fut de courte durée, Ino en cause.

-Sérieux, gros front ?

La blonde s'approcha avec un air dégoûté.

-Tout ce dont tu m'as parlé le concernait ? Je crois que je vais être malade.

Un rire échappa à la concernée.

-Tu as demandé les détails, Ino-pig.

Le teint de la blonde pâlit face aux souvenirs remontant.

Une part de tarte au chocolat était posée dans la main du garçon, l'ayant emportée avec lui. Tandis que Shikamaru enfournait une bouchée de la pâtisserie, il sentit le regard de Sakura sur lui. L'homme releva les yeux pour le croiser, curieux. Une affection pure brillait dans les mers vertes. Un sentiment qu'elle n'avait jamais affiché auparavant.

-Marie-moi.

Deux mots et il s'étouffa. Shikamaru tenta de reprendre son souffle devant son regard sérieux.

-Est-ce que tu demandes ça à tous les garçons avec lesquels tu couches ?

Un air de surprise couvrit les traits de la médecin.

-Non, rigola-t-elle, jaloux ?

-Pas comme si tu m'avais donné des raisons de l'être, ironisa l'homme.

Elle empoigna sa cravate, tirant dessus pour amener leur visage face à face. Ses yeux parlaient pour elle. Pourtant, Shikamaru ne voyait que deux prunelles qui avaient été dures à son égard.

-Prouve-moi que je suis plus qu'un plan-cul, Sakura. Convaincs-moi que je vaux plus à tes yeux que ce que j'ai dans le pantalon, souffla-t-il à son oreille.

Il empoigna sa natte, tirant dessus. Ses lèvres tracèrent leur chemin sur la gorge exposée de la femme, laissant des traces violacées. Sakura l'attrapa à nouveau par la cravate pour l'amener à la hauteur de ses yeux. Ces derniers brillaient. De quoi ? Shikamaru n'aurait su le définir à cet instant.

-Shogi ?

Les mots de la femme flottèrent jusqu'aux lèvres du Nara. Il posa sa tête sur la sienne.

-Sûr.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top