Chapitre 22


Attention ! À partir de ce chapitre, je vais décrire quelques séances mettant en scène un psychologue. N'ayant jamais assistée à une séance, et ne connaissant presque rien à la psychologie, ces scènes ne seront sûrement pas fidèles à la réalité. Mon but est simplement de vous faire comprendre l'impact psychologique de Hanako et à quel point elle a besoin d'aide d'un professionnel de la santé. Je suis bien entendue ouverte à toutes formes de critiques, tant qu'elle est constructive <3

Bonne lecture !

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« Assieds-toi, je t'en prie. »

Hanako détailla la pièce d'un rapide coup d'oeil avant de s'installer sur le fauteuil, devant un bureau en bois. La pièce était plus lumineuse que la salle d'attente. L'odeur de l'encens régnait toujours. Un petit canapé se situait au fond, avec une table basse et divers objets, tels que des feuilles de papier ou des crayons. Sans dire un mot, le docteur Kawasaki servit un verre d'eau et le tendit à sa patiente.

« Bien, pour commencer, peux-tu te présenter ?

- Pourquoi faire ? J'ai déjà été suivi par une psychologue. On a dû vous transmettre mon dossier non ? »

Kawasaki ne dit rien, reposant simplement sa tête sur le dos de sa main, accoudé à son bureau. Hanako se mordit inconsciemment sa lèvre inférieure. Elle ne voulait pas se montrer autant sur la défensive mais c'était plus fort qu'elle. Elle était terrifiée et cherchait à fuir d'une quelconque manière.

« En effet, répondit-il. J'ai reçu ton dossier. Mais je ne l'ai pas encore ouvert. En général, j'attends le premier ou le deuxième rendez-vous avant de le faire. J'aime me faire une idée de mes patients sans être influencé par des mots écrits noirs sur blanc. C'est ainsi que je procède.

- Et les infos ? Ne me dites pas que vous ignorez les médias également ?

- Insinues-tu que ce que racontent ces gens te définis ?

- Non ! »

Kawasaki eut un sourire presque imperceptible alors que la jeune fille baissa les yeux. Il venait de la piéger sans même qu'elle ne le voit venir.

« Je t'écoute, reprit-il.

- Je m'appelle Otsuka Hanako, j'ai 15 ans. Ma date d'anniversaire est le 2 décembre. J'ai un frère de 5 ans mon ainée. Il est en études supérieures de médecine. Apparemment, il est doué. Je ne sais pas trop, je n'ai plus de contact avec lui. Je n'ai pas non plus de contacts avec le reste de ma famille. Ma soeur et ma mère ont été tué par Otsuka Akira. C'est tout ce que j'ai à dire.

- Ah oui ? »

Elle quitta des yeux le sol pour regarder de nouveau le psychologue, surprise par cette réaction.

« C'est tout ce que tu as à me dire ?

- Que voulez-vous que je vous dise de plus ? L'essentiel est là... Ah... Peut-être aurais-je dû préciser que j'ai assisté aux deux meurtres ? »

Kawasaki hocha négativement la tête avant de planter son regard sombre dans celui de la jeune fille.

« Parle-moi de tes passions, de ce que tu aimes faire, de tes rêves, de tes amis... Parle-moi de toute ces choses.

- En quoi... En quoi est-ce intéressant pour vous ?

- Il est important pour moi de te connaître. Me raconter tous les événements traumatiques et néfastes de ta vie ne m'aide pas à savoir qui tu es. »

Hanako ne répondit pas tout de suite, cherchant à son tour à cerner ce psychologue qui commençait à l'intriguer. La femme qu'elle voyait auparavant ne s'intéressait pas à ce genre de chose. Son but était de comprendre son traumatisme, puis de le soigner. Mais peut-être... Peut-être qu'elle n'avait rien soigné au final.

« Je... J'ai un très bon ami ! Mais... J'ai rompu contact avec lui... temporairement. Je ne veux pas lui attirer d'ennui. »

Elle se sentit défaillir en repensant à Takeo mais continua de parler.

« Je suis rentrée à Yuei parce que j'aspire à devenir héroïne. J'ai mis du temps à m'intégrer à la classe parce que vous savez... Enfin... J'étais harcelée au collège, alors j'avais peur. Mais l'un de mes camarades m'a prouvé que je pouvais leur faire confiance. Je les aime tous, je veux qu'on devienne tous des héros. »

L'image de Shoto et de quelques-uns d'autres apparurent dans son esprit. Les larmes lui montaient aux yeux mais elle les retint encore.

« Je n'aime pas me battre, je ne veux pas faire de mal aux gens. Mais si je peux sauver des gens innocents grâce à mon alter, alors je n'hésiterai pas à blesser ceux qui les menacent. »

Cette fois-ci, Hanako ne dit plus rien d'autre.

« Très bien Hanako. J'ai une dernière question pour toi. Dis-moi, comment vas-tu ? »

Les lèvres de la jeune fille s'entrouvrirent mais aucun son ne sortit. Elle regarda le docteur Kawasaki, prise au dépourvue par cette question. C'était une question si franche dont la réponse était tellement évidente que cela suffit à détruire définitivement les défenses de la jeune fille.

« Docteur Kawasaki... s'étrangla-t-elle. J'ai déjà touché le fond une fois... Ça m'a pris des années à remonter la pente. J'y étais enfin arrivé... Et là... pleura-t-elle. Et là ! J'y suis de nouveau... Je suis triste, je suis terrifiée par ce qu'il pourrait se passer maintenant ! Je ne veux plus que des gens meurent par ma faute... Je ne veux plus voir Akira ! Je ne veux plus être mêlée à tout ça ! Mais plus que tout... Je veux l'arrêter... »

Prise de sanglot, Hanako ne dit plus rien alors que le psychologue la laissa se calmer doucement. Après plusieurs minutes, il lui tendit un mouchoir. Il se leva ensuite de sa chaise et contourna son bureau. Il s'agenouilla lentement près de la jeune fille.

« Hanako. Si tu le veux bien, je vais t'aider à remonter cette pente. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que tu reprennes ta vie en main. Que tu profites de la vie malgré ce que tu as vécu, et ce que tu vivras encore. Est-ce que tu acceptes mon aide ? »

*****

Les deux séances étaient désormais achevées. Aizawa et Kawasaki s'entretenaient maintenant dans le bureau au sujet du suivi psychologique de Hanako. Le kidnapping de Katsuki ne l'avait pas traumatisé. Il souffrait simplement d'un sentiment d'impuissance que le jeune homme arriverait sans aucun doute à surmonter.

Les deux camarades patientaient dans un lourd silence au sein de la salle d'attente. Les yeux brillants et la légère rougeur des yeux de la jeune fille ne pouvaient tromper personne. Elle avait clairement pleuré. Katsuki l'observait mais elle se refusait tout contact visuel. Hanako se trouvait encore plus fragile émotionnellement suite au rendez-vous, et elle n'avait pas envie de craquer devant lui. Ça serait trop embarrassant.

« Tu vas le revoir ? finit par demander le blond. »

La première chose à laquelle pensa Hanako était qu'il risquait de la trouver pathétique. Elle n'avait pas envie qu'il la juge pour sa faiblesse psychologique. Inconsciemment, elle tritura les pans de sa jupe en baissant encore une fois le regard.

« J-Je crois que oui... »

Quelques secondes passèrent sans qu'il ne réagisse. Hanako serra plus fort sa jupe.

« C'est bien. »

Elle releva le regard surpris. Cette fois-ci, ce fut Katsuki qui le détourna. Il ne semblait pas en colère mais plutôt... embarrassé.

« Cet enfoiré fait bien son job. Il a réussi à me faire parler sans que je le voie arriver. Sérieux... Fait chier. »

Cette révélation eut le mérite d'arracher un sourire à Hanako. Aizawa finit par revenir et après avoir salué le docteur Kawasaki, ils repartirent vers l'école. Sur le chemin, leur professeur engagea la conversation sur la suite des événements.

« Bakugo, tu n'as pas besoin de revoir le docteur Kawasaki si tu n'en ressens pas le besoin. Mais tu peux me prévenir quand tu veux si tu souhaites un rendez-vous.

- Ouais, ouais, souffla-t-il.

- Otsuka, il a été convenu d'un rendez-vous toutes les semaines. Le rythme changera peut-être au fur et à mesure des rendez-vous. Je t'y emmènerai donc chaque vendredi, après les cours. C'est d'accord ?

- Oui... Hum... Merci pour tout ce que vous faites... Depuis toujours. »

Aizawa comprit sans mal qu'elle la remerciait également d'avoir été présent lorsqu'elle était petite. Après le drame qui avait touché sa soeur, Aizawa s'était rendu chaque semaine chez elle, et ce pendant deux ans. Il s'assurait que sa mère tenait le coup, qu'elle arriverait à assumer ses deux enfants, dont l'un étant traumatisé. C'était aussi grâce à lui que Hanako n'avait pas abandonné son rêve.

Elle se souvient de la joie immense lorsqu'elle avait découvert qu'il serait son professeur principal. Encore aujourd'hui, elle sentait sa présence à ses côtés. Elle savait qu'il ne la lâcherait pas de sitôt.

*****

Le week-end fut long. Les camarades de Hanako avaient appris pour son suivi psychologique. Aucun n'avait fait de remarques, continuant d'agir comme s'il ne s'était rien passé. Ce que Hanako appréciait beaucoup. Mais cela ne suffisait pas.

La nuit, elle oscillait entre cauchemars et insomnies. La journée, elle restait cloîtrait dans sa chambre, n'ayant pas le courage d'affronter la bonne humeur de ses amis. Et personne ne savait comment agir. Elle était en deuil, elle allait mal. Était-ce vraiment une bonne idée de la forcer à quitter sa chambre ? La forcer à rigoler avec eux ? D'un autre côté, ils s'en voulaient de la laisser seule.

C'est pour cela qu'ils comptaient un peu tous sur Katsuki et Shoto. Le premier savait parfaitement ce qu'elle avait vécu ce soir-là, donc il était le plus à même de comprendre son état. Tandis que le second était le plus proche d'elle. Si Hanako devait avoir confiance en quelqu'un, ce serait Shoto. Pourtant, lui aussi ne savait pas quoi faire pour elle.

Le dimanche soir, vers 22 heures, tandis que la plupart des élèves de la Seconde A regardaient la télé, Shoto monta à l'étage. Il toqua deux coups à la porte de Hanako qui lui ouvrit quelques secondes plus tard.

« Salut, fit-il. Je peux entrer ? »

En guise de réponse, Hanako fit un pas de côté, le laissant entrer. Elle referma la porte derrière elle, et s'adossa à celle-ci. La chambre était sombre, éclairée par une petite lampe de chevet. Shoto était le seul qu'elle laissait entrer dans sa chambre. Elle aimait bien quand il était là, elle avait l'impression de mieux respirer.

Shoto s'assit sur la chaise de bureau.

« Comment vas-tu ? demanda-t-il.

- Ça va, haussa-t-elle les épaules. Je suis juste fatiguée, je dors mal.

- Tu as eu des visions dernièrement ? »

Hanako haussa négativement la tête en marchant vers son lit. Elle s'assit en face de son ami, et caressa son chat endormi sur son oreiller.

« Parfois, j'ai l'impression de l'entendre. Surtout la nuit. Dans ces cas-là, je mets mon casque et la musique à fond. »

Shoto sembla perplexe. Pour ses visions, il ne pouvait vraiment rien faire. Lui rappeler sans cesse qu'elle était en sécurité à l'internat ne servait à rien. Hanako en était pleinement consciente. La seule chose que Shoto espérait, c'était être présent si une nouvelle crise la submerger.

« Demain matin, c'est à nous de préparer le petit-déjeuner, déclara Shoto. Ça va aller ?

- Oh... j'avais oublié.

- C'est rien. Je voulais juste te le rappeler. Je vais te laisser te reposer. »

Il se leva et se dirigea vers la porte de sa chambre. Mais avant de sortir, il se tourna une nouvelle fois vers elle.

« J'aimerais t'aider Hanako... Mais je ne sais pas comment... Je ne veux pas te blesser encore plus. »

Hanako leva les yeux vers lui, avec un regard qu'il ne saurait déchiffrer.

« Tu sais... dit-elle la gorge douloureusement nouée. Je pense sincèrement que l'entourage ne peut pas guérir les gens. Ce rôle revient à la personne directement concernée. Mais... seule... je ne peux rien faire. Alors, la seule chose que je te demande...

Hanako se leva et marcha vers lui.

« S'il te plaît... Ne m'abandonne pas... Reste-là... »

Elle passa ses mains derrière le dos de Shoto et posa sa tête contre son torse. Elle le serra contre lui alors que Shoto en fit de même. Il posa son menton sur le sommet de son crâne et ferma un instant les yeux.

« Je ne t'abandonne pas. Jamais. C'est une promesse. »

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