Chapitre 41
On a frôlé le meurtre à la Elite
Amélie
- Mets ça, me conseille Charline en me tendant une robe blanche avec des fraises dessus.
- T'es sûre ? J'ai déjà pas envie d'y aller alors...
- Amélie. Mets. Ça.
Je soupire, attrape la robe quand elle me lance un grand sourire et je l'enfile, m'en foutant d'être en sous-vêtements devant elle. Lucas nous a envoyé un message tout à l'heure car il a prévu une petite fête, et Charline a directement accepté qu'on vienne. Évidemment, après l'entraînement que Lissandre nous a fait subir, je n'ai pas trop envie de sortir mais mon amie a été catégorique. Je dois penser à autre chose qu'à un mec qui ne me mérite pas.
Elle n'a pas tort. Mais ça n'empêche que je ne veux pas y aller.
J'enfile la robe et nous sommes assorties, avec son short rouge et son haut blanc avec une seule fraise dessus.
- T'as pris des seins ou quoi ? C'est peut-être le haut qui fait ça mais la vache...
Charline rougit, lève les yeux au ciel puis pose un regard sur sa poitrine.
- Je n'ai jamais eu tant de seins que ça. Tu dis ça mais tu as une poitrine énorme toi.
- Même pas vrai.
Elle me tire la langue puis passe une main dans ses cheveux pour démêler quelques nœuds. Dieu merci, je n'ai pas autant de masse qu'elle ! Un coup de brosse et c'est réglé.
Nous nous maquillons, coiffons et accessoirisons dans une bonne humeur globale, soutenue principalement par Charline. Personnellement, je ne veux juste pas gâcher sa soirée alors je fais un effort surhumain. En réalité, j'ai tout le temps le ventre noué, et je commence à avoir envie de pleurer. Plus je pense à la superbe semaine que nous avons passée ensemble, plus je me demande ce que j'ai fait de travers pour qu'il m'ignore comme ça. Je sais que je ne suis pas facile, que je suis tous les jours sur l'eau pour préparer les championnats et que le soir, je suis plutôt fatiguée. Cependant, je pensais que tout roulait. Je pensais que nous étions sur la même longueur d'onde. J'ai dû me tromper...
- Tu es prête ? Demande Charline en posant une dernière couche de gloss sur ses lèvres fournies.
- Oui, maman nous emmène de toute façon. Ils ont invité les voisins alors un texto et elle vient nous chercher.
- Je la remercierais alors.
J'acquiesce, attrape mon petit sac rose et dévale l'escalier, suivie de près par mon amie. Papa nous souhaite une bonne soirée puis on est directement dans la voiture avant maman. Elle porte une jolie robe jaune avec des bijoux verts, ce qui change un peu des couleurs qu'elle porte en général.
- Profite de ta soirée, elle dit finalement après avoir discuté avec Charline de qui était Lucas. Je sais que c'est compliqué en ce moment pour toi, ma chérie, mais ce n'est qu'un garçon. Tu as l'air... vide, depuis une semaine. Je n'aime pas te voir comme ça. C'est sympa d'être à fond dans ton sport, mais n'oublie pas ce qu'il y a autour.
J'acquiesce mais mon regard se perd rapidement sur les rues qui défilent à ma droite. Maman n'en rajoute pas, comprenant que la conversation n'ira pas pus loin, puis retourne discuter avé Charline qui est surexcitée. En voyant les arbres et les rues se succéder, je repense à toute cette semaine pleine de rancune et de douleur enfouie. Une larme dévale ma joue, la première. Je l'essuie discrètement pour n'inquiéter personne, mais c'est moi que j'inquiète. En fait, tout ça m'affecte. Si jusqu'ici j'étais persuadée d'être énervée, agacée et un peu vexée, je ne pensais pas être réellement triste. Je ne voulais pas être triste. Mais en fait, dès que je commençais à l'être, c'est là que mon cerveau me stoppait et me concentrait sur autre chose.
Je ne veux pas être triste pour un garçon. Je veux penser aux bons moments. Je ne veux pas avoir mal pour ça. Je veux juste vivre ma vie sans peine et sans douleur. C'est possible ?
***
- Vous êtes venues ! Je suis trop content, merci les filles.
Lucas nous fait la bise, réellement surpris et heureux de nous voir chez lui. J'avoue qu'on ne s'est pas vu depuis notre national à Bordeaux, alors les retrouvailles sont plutôt joyeuses. On se félicite chacun pour nos performances, et on se retrouve très vite à trinquer pour nos victoires. Il y a un peu de monde autour de nous, mais l'ambiance est plutôt tranquille, à l'image de Lucas en fait.
Je jette un coup d'œil autour de moi et reconnais quelques visages, des voileux pour la plupart et sûrement quelques personnes de la prépa, je suppose. Lucas et Charline discute en sautillant comme des enfants mais je ne les écoute déjà plus. En fait, je me retrouve à guetter pour voir si Baptiste est là ou arrive. Je ne sais absolument pas s'il a été invité, mais si c'est le cas et qu'il vient, il faudra que je le confronte.
Honnêtement, je ne veux pas rester dans cette situation. Après ma petite larme dans la voiture, je me dis que ça ne va qu'empirer et que je vais être malheureuse. Le but d'être en couple, c'est d'être joyeux, heureux et apaisé. Ce n'est pas le cas. C'est le moment de prendre ma vie en main, de faire des choix peu importe la douleur que ça me procure, je dois être égoïste.
Je soupire en imaginant ce que je pourrais lui dire, mais rien ne vient. Mon amie semble le remarquer car elle pose sa main sur mon épaule pour me ramener à la réalité. Ses yeux dorés me scrutent pour essayer de deviner à quoi je pense, mais il ne lui faut pas longtemps pour savoir. C'est logique, je ne pense qu'à lui depuis une semaine.
À quoi bon m'avoir attendu plusieurs jours pendant une compétition si c'est pour m'ignorer juste après ? Je ne comprendrais jamais les hommes.
- Lucas, tu as invité Baptiste ou pas ? Demande Charline à notre ami, comme si elle avait lu dans mes pensées.
Lucas passe de moi à elle, un peu surpris par la question, avant de hausser les épaules avec un petit air triste. Il a dû comprendre que quelque chose ne va pas, son expression n'est plus la même.
- Ouais mais il ne pouvait pas venir. En fait, il m'a dit qu'il avait une autre soirée. Je peux vous montrer son message si vous ne me croyez pas...
- Quoi comme soirée ? Je demande avec amertume.
- Je ne sais pas trop, il m'a dit que c'était sur une plage avec un feu de bois prévu et des amis italiens ou je ne sais quoi. Enfin, je n'en sais pas plus.
Des amis italiens. Il m'a abandonné pour des amis. Je ris seule en ouvrant grand les yeux, hallucinée de ce que je viens d'entendre. Mon mec préfère passer du temps avec ses amis plutôt que moi, sans même me prévenir qu'il veut passer du temps avec eux. S'il m'avait prévenu qu'il voulait passer du temps avec des amis venus de loin, j'aurais compris ! Je ne suis pas jalouse ou exclusive au point de l'empêcher de vivre quand même. Qu'est-ce qui a pu lui faire penser ça ? Je n'ai pas l'impression d'être si horrible...
- Oh la la, s'exclame Charline en attrapant mon bras, ça cogite trop, arrête de suite ! Tu te souviens de ce qu'a dit ta mère ? Profite de la soirée. Maintenant que tu sais qu'il est bel et bien vivant, on va s'amuser, boire et danser. Pas de négociation, on ne pense plus à ça.
Elle me lâche, se précipite dans la cuisine puis revient deux secondes plus tard avec deux gobelets peu remplis.
- Un shot pour toi, un pour moi. On ne pense plus à tout ça, et on sourit !
Je souris doucement face à sa connerie et Lucas se met à rire en nous voyant. Nous enlaçons nos bras l'un par-dessus l'autre, puis hop, on boit d'une traite. La vodka me brule la gorge et je la sens descendre dans mon estomac ce qui me tire une grimace. C'est dégueulasse ce truc.
- Maintenant, elle dit en récupérant le gobelet, jaeger-bomb et on danse !
Je n'ai même pas le temps de dire quelque chose qu'elle m'entraîne sur la piste, laissant Lucas aller nous servir notre boisson. Heureusement que ce mec est un amour et qu'il ne semble pas parti pour boire aujourd'hui, parce que l'enthousiasme de Charline pue la cuite. Et elle semble vouloir m'entraîner dans sa chute.
***
La terre tourne. Enfin, c'est normal. Autour du soleil. Mais aussi sous mes pas. En fait, j'ai l'impression de flotter, c'est drôle. Je ris seule et Charline se met à rire avec moi en posant sa tête sur mon épaule.
- Pourquoi vous riez ? Demande Lucas en arrivant de nulle part.
- Lucassss, s'exclame Charline en sautant dans ses bras.
Il la rattrape en écarquillant les yeux puis fronce le nez en voyant qu'elle mange ses cheveux.
- Cha', tu manges tes cheveux là.
- Miam, c'est bon.
On éclate de rire et je trébuche contre quelque chose. Je bénis la planche à voile de me donner un équilibre hors norme car je ne me rétame même pas sur les fesses, mais plutôt double les rires. Soudain, une idée lumineuse surgit dans mon esprit.
- On va aller à la plage !
Lucas fronce les sourcils, Charline s'éloigne de lui, puis son visage s'éclaire comme si elle avait la révélation de l'année.
- On va aller à la plage ! Elle répète en sautant et tapant dans ses mains.
- Les filles, vu ce que vous avez bu...
- Tu vas conduire ! On réplique en cœur à notre ami.
Il ne semble pas convaincu alors chacune attrape un de ces bras et nous voilà en mission yeux de chiot. Il rit doucement, gêné, puis comprend que nous sommes très sérieuses.
- Vous ne savez même pas à quelle plage il est...
- Si ! Je pense savoir, je dis fièrement en faisant la belle. Il ne connait pas beaucoup d'endroit et je lui en ai montré un !
Lucas nous scrute longuement avant de souffler bruyamment. Il exagère beaucoup. C'est un mauvais acteur.
- Si je dis non, vous irez quand même ?
On se regarde avec Cha', puis on reporte notre attention sur Lucas. Ses cheveux bouclés semblent un peu mouillés.
- Évidemment, on répond en cœur.
- Je vous y emmène alors... Aucune n'est en état de conduire.
Je glousse et Charline se met à en faire de même.
- On aurait pas conduit, on serait allé à pied voyons.
- Mais où ça ?
- À la pointe de l'Armorique, voyons.
Ses yeux s'arrondissent puis il cherche autour de lui rapidement.
- On y va dans deux minutes, laissez-moi prévenir mon grand-frère.
- Merci Lucas !!!
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top