Chapitre 90
Désolée pour le gros retard. J'ai un travail monstre à faire pour la fac en ce moment.
PDV Yuki
Y a-t-il pareille douleur que la perte d'un être qui nous est cher ? J'ai enduré mille tortures, dans ma vie. Frôlée la mort à tant de reprises que je ne puis toutes m'en souvenir. Mais jamais je n'ai eu aussi mal qu'en tenant le corps sans vie d'une personne que j'aimais profondément.
Jamais les larmes n'ont dévalé mes joues pour une autre raison. Jamais mon cœur n'a semblé si douloureux. Si vide.
Je caresse ses cheveux tout en continuant de la bercer. Et je me souviens de tous les moments que nous avons pu échanger.
Du jour de mon arrivée, où elle semblait plus qu'intimidée. A la veille du départ, où elle nous ouvrait son cœur, dans mon canapé.
Tala n'était pas le monstre qu'ils décrivent en parlant des loups. Elle était douce, gentille, attentionnée. Elle prenait soin des autres. Au fond, malgré ses siècles de vie, elle n'était qu'une enfant. Une toute jeune femme qui découvrait encore la vie. L'amitié, l'amour. Elle aurait dû avoir encore tant de temps devant elle. Pouvoir continuer à rire. A découvrir tant de choses.
Je n'arrive pas à imaginer ne pas la trouver dans mon canapé. Ne pas l'entendre pester sur Ramin tout en souriant en songeant à lui. Ne pas regarder ce petit bout de femme mener le fier loup à la baguette.
Je ressens ma douleur. Je ressens celle de l'ensemble de mes loups. Celle de Ramin. Sa colère sourde, aussi. Comment serait-ce possible de définir ce qu'il ressent ? Il vient de perdre sa compagne, avant même d'avoir pu se lier à elle. Juste après qu'elle ne commence à réellement le considérer.
Je n'ose pas imaginer comment je me sentirais, en perdant Cyrus. Je n'ose pas imaginer que cela puisse être plus douloureux que ce qui me traverse maintenant.
Je n'arrive pas à décoller mon front du sien. Pas à lâcher son corps, à imaginer la laisser ici. Non, jamais.
Je dois la ramener à la maison. Mais je suis incapable de bouger, pour l'instant. Je la serre contre moi comme si elle allait recommencer à respirer d'un instant à l'autre. Je sais que cela n'arrivera pas. Que je l'ai perdue pour de bon.
J'ai perdue ma première louve quelques mois seulement après les avoir trouvés. Ai-je un jour imaginé que cela puisse arriver ? Vraiment arriver ?
Je ne suis pas certaine d'avoir pensé avec conviction de l'avenir que je pourrais mener. Mais aucun de ces songes n'auraient jamais pu compter sur son absence.
Elle est ma famille. Ma meute, ma louve. Une extension de moi. Mais elle n'est plus là. C'est comme avoir un trou béant dans la poitrine. Et savoir que jamais rien ni personne ne pourra le combler.
Je n'ai même pas envie de hurler. Je crois que je n'en suis tout simplement pas capable. Comme je ne parviens pas à afficher dans mon esprit un avenir où elle ne sera plus là.
Mais parviens-je seulement à imaginer un avenir ?
Je ne veux pas me dire que tout est perdu. Je veux seulement avancer, et j'aurai voulu qu'elle soit à mes côtés.
Je le sens entrer dans la pièce avant même de le voir. Sa tension. Sa douleur. Sa tristesse, rapidement balayé par une rage folle. Ses yeux se posent sur le corps sans vie que je berce encore entre mes bras. Je ne lève pas les yeux vers lui. Je les garde fixés sur elle, et je suis simplement les actions de mon loup avec mes autres sens.
Il déboule comme un boulet de canon. Il empoigne le col de son frère, le plaque contre un mur. Nader grogne, mais ne tente pas de se dégager. Lui aussi est en colère. Contre lui-même. De ne pas avoir pu éviter qu'elle prenne ce coup. De ne pas avoir réussir à la sentir arriver et se mettre entre lui et l'assaillant. Il se sent coupable. Comme son jumeau l'accuse de l'être.
Mais si il l'est, alors moi aussi. Tout comme Arman, pour l'avoir laissée être là. La vérité, c'est qu'il n'y a que 2 personnes à haïr, pour sa mort. L'homme qui a tenu la lame. Et le Destin, qui a choisi de mettre un terme à sa vie.
Qu'avait-elle à voir dans ce jeu morbide qu'il répète depuis des années ? Elle n'était qu'une louve innocente qui a eut le malheur d'être liée aux deux êtres qu'il souhaite à tout prix tuer. Pour son putain d'égo de divinité.
- Qu'est-ce que tu as foutu putain !
Une question sans réponse. La douleur et la colère de Ramin se répercutent sur la pierre froide des murs autant que sur la toile.
Nader ne prononce pas un mot. Comme si il ne s'autorisait pas à se défendre. Qu'il ne pensait pas le mériter.
- C'est ça le grand guerrier qu'on décrit en parlant de toi ? Un loup qui laisse une femme se sacrifier à sa place !
Comment sait-il qu'elle s'est interposée entre le loup et la mort, je ne le sais pas. Peut-être le lien de jumeau lui offre-t-il certaines informations que je ne peux imaginer. Que je ne veux pas deviner, en cet instant.
Je glisse mes doigts dans les cheveux doux de Tala en le laissant hurler sur son frère. Je ne veux pas intervenir, pour l'instant. Je veux simplement rester là, avec elle. Continuer d'espérer qu'elle va ouvrir les yeux alors que je les sais fermés à jamais.
Ce n'est pas leurs cris, que je voudrais entendre. Mais son rire.
Pas ses yeux clos que je veux voir, mais ses joues rougissantes quand elle parle de Ramin.
Pas son corps froid entre mes bras, que je veux soutenir. Mais sa joie.
Il n'y aura plus tout cela.
- Tu aurais dû la protéger, merde ! Tu aurais dû se prendre cette lame, pas elle !
Le pense-t-il ? Aurait-il préféré que ce soit son frère, entre mes bras ? Non. Non, il aurait voulu que ce ne soit personne, en réalité. Comme chacun d'entre nous. Mais ses émotions font vriller sa raison, contrôlent ses mots. Peut-être le regrettera-t-il, un jour.
Mais pour l'instant, c'est juste trop difficile, de l'entendre dire à Nader qu'il aurait dû mourir. Je ne peux le supporter. Alors j'entends à peine ma voix porter. Je sens à peine ma raison prendre le dessus sur mon mal. La rage sourde, silencieuse mais dangereuse transplanter la tristesse.
- Stop.
Leurs regards se tournent vers moi, et pour la première fois, je détache les yeux du corps de ma louve pour les planter sur eux.
Nous n'avons pas le temps de nous chamailler. De nous blesser mutuellement. Nous devons emmener Tala loin de tout ça.
Et surtout, il est temps de trouver la reine des abeilles, pour éliminer toute la ruche.
Pas besoin de mots, entre nous. Nos yeux suffissent à nous mettre d'accord sur l'objectif.
Maintenant, c'est nous, la faucheuse.
PDV Cyrus
C'est un mal que je ne saurais décrire, qui m'a mis à genou et a bien failli me laisser à terre.
L'absence de Tala sur la toile me déchire de l'intérieur, et ma partie loup a envie de se terrer dans un coin pour ne plus jamais en sortir.
Ma partie homme en revanche, est dans une colère folle. Destructrice.
Je sais que mes pupilles vertes ont virées au noir. Je sais que mes crocs se sont aiguisés un peu plus.
Je n'ai plus de contrôle. Comme aucun de mes loups. Mes limites sautent, et mon côté animal prend le dessus. Je deviens le prédateur qu'ils redoutent, le monstre de leurs cauchemars.
Et tout n'est plus que violence.
Il n'y a plus aucune chance, pour eux. Leurs corps tombent en morceaux sur notre passage.
La douleur qui pulse en moi renforce chaque seconde qui passe ma rage, et augmente ma puissance. Nous dévastons tout.
Et je m'en délecte.
Je recouvre le sol sableux de leur sang, m'assurant que la trace du massacre que j'entreprends ne partira jamais. Témoin de ce que je peux faire, quand on touche à mes loups.
L'odeur de leurs souffrances est comme une drogue, et pour l'instant, je suis dans une sorte de transe. Je sais que la chute sera dure, quand tout mon esprit n'aura plus que le loisir de penser au corps sans vie de ma louve.
Mais pour l'instant, je tue.
En nombre, à tour de bras. Je laisse les corps de ces enflures s'écraser en sol sans aucune compassion.
Arman à ma droite. Jeiran et Emna à ma gauche.
Nous fondons la foule avec une force nouvelle. Plus aucune difficulté à venir à bout de ces ennemis. Mais à quel prix ? Nous n'aurions pas dû avoir à le payer. Tala, n'aurait pas dû le payer.
Je voudrais refaire le monde avec des Si, réécrire cette histoire dont je n'aime pas le dénouement. La vérité c'est que je n'en ai pas le temps. Et que mon esprit n'arrive même pas à y songer, enfoncé trop profondément dans cette envie de vengeance. Ce besoin, de vengeance.
Quand nous entrons enfin dans l'entrepôt, je glisse un regard vers Ramin qui remonte les escaliers du sous-sol, le corps de la jeune femme entre les bras. Sans le quitter des yeux, non, sans la quitter des yeux, je brise la nuque d'un homme qui a la folie de se placer devant moi.
Je regarde encore pendant quelques secondes le vide qu'il laisse lorsqu'il quitte l'endroit, et je distingue toujours dans ce néant l'âme éteinte de ma louve.
C'est le corps qui s'avance de ma compagne, qui rallume mon esprit. Elle ne dit rien quand elle se place à côté de moi. Elle n'en a pas besoin. Son regard me suffit. C'est le même que le mien. Noir, dangereux, reflet de tout ce qui peut la traverser en ce moment même. De ce qui nous traverse tous.
Les Sancœurs restent immobiles devant nous, comme si ils attendaient que nous lancions, ou reprenions l'attaque.
Je n'ai pas besoin d'être des leurs pour savoir que ceux qui restent sont la gamme supérieure. Ils ont mis tout ceux qu'ils se foutaient de liquider à l'extérieur. Et si ceux devant nous sont les plus forts, c'est qu'ils ont une chose à garder. Que je ne mets pas longtemps à trouver.
Mes yeux se posent sur les 5 silhouettes les plus éloignées de nous. Droites, fières, un rictus sur les lèvres, seule partie de leurs visages que je distingue sous leurs masques. C'est eux, les cerveaux. Et c'est celui du milieu, qui commande.
Sans avoir besoin de nous mettre d'accord, Yuki et moi avançons d'un même pas vers eux. Et la danse macabre reprend. Je ne touche pas un seul des hommes devant eux. Nos loups s'en chargent. Nous, nous avançons seulement. Lentement. Tels des lions tapis dans l'ombre qui s'approchent de leurs proies. Sauf qu'eux nous voient. Nous voulons leurs faire comprendre à chacun de nos pas ce qui les attend. Nos puissances se mélangent dans l'air, et c'est une sensation électrisante, que je n'ai pas le temps de savourer. C'est bien dommage.
Les deux silhouettes aux extrémités rompent les rangs et s'approchent de nous, souriant comme si ils avaient une chance. Je veux leurs faire ravaler leur fierté. Les taillader en pièce, éteindre leur vie comme ils ont osés prendre celle de ma louve. Je veux qu'ils paient.
Et pourtant, pour une raison qui m'échappe, mon cœur se met à battre à un rythme effréné. Mes poils se dressent sur ma peau quand des frissons que je camoufle la recouvre. Une sensation acre sous ma langue, qui ne correspond en rien au goût de leur sang. Un putain de mauvais pressentiment.
Je l'ignore. Parce que je n'ai pas le temps de m'en soucier. Parce que ma rage est au-dessus de cela. Parce que le doute n'est plus permis, pour nous. C'est le dernier acte de jeu, la dernière partie. On ne peut plus reculer, plus faire machine arrière. Alors peu importe les pressentiments, il nous faut avancer. Nous battre. Pour gagner, ou pour perdre, mais toujours, nous battre.
Jusqu'au dernier souffle.
Le leur, ou le notre.
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De base, je voulais intégrer la fin du combat à ce chapitre, mais cela fait 2 semaines que je n'arrive pas à trouver le temps de le faire. Du coup, je vous le mets sans et j'intégrrais ça au prochain.
Comme je disais je suis débordée en ce moment, je ne peux donc pas vous assurer que le prochain chapitre sera là dimanche prochain. Je le mettrais dès que je pourrais (et que j'aurai eu le temps de l'écrire). D'ici 5 semaines, c'est les vacances, et je pourrais enfin avancer normalement ! (le chapitre sera là avant 5 semaines, pas d'inquiétude)
On se revoit le plus vite possible,
Kiss :*
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