Chapitre 61

 PDV Cyrus

- Bordel mais qu'est-ce qu'elles sont longues !

Ramin râle, les bras croisés sur le torse en tapant dans un caillou. Son jumeau le regarde agir comme un enfant sans rien dire, alors que Jeiran rit avec Arman, se moquant de l'impatient.

- On est pressé ?

Le loup se retourne avec véhémence vers mon second, avant de le pointer du doigt.

- Évidemment qu'on est pressé ! On a qu'une soirée avant de devoir rentrer ! On va pas passer les trois quarts de celle-ci ici parce qu'elles ont besoin de 10 ans pour enfiler une robe.

- Tu ne penses pas que tu exagères ?

- Pas du tout !

Je lève les yeux au ciel mais ne peut retenir un sourire. Qu'est-ce qu'il est chiant. Mais c'est aussi pour cela qu'on l'adore autant qu'il nous emmerde. Il continu de râler dans sa barbe sans remarquer Emna qui passe la porte de l'hôtel, et l'écoute maugréer pendant un instant.

Je la vois se frotter les mains entre elles, pendant que son petit ami cache son hilarité derrière son poing. Quand elle décide qu'elle a suffisamment préparé sa paume, elle l'envoie frapper l'arrière du crâne du loup, qui se retourne dans un sursaut.

- T'es sérieuse Emn' !

- Il faut croire. Tu veux rajouter quelque chose ?

Elle lui montre sa main pour lui faire comprendre qu'elle est prête à recommencer, et si il râle encore, il n'ajoute rien. Et puis son attention se porte bien vite sur les deux silhouettes suivantes, en particulier sur celle de la plus jeune des louves.

- Tu vas te changer.

Tala vire au cramoisi, et je ne sais pas si c'est de gêne, ou de colère. Je pencherais pour un bon mélange des deux.

- Ça me fait mal de le dire, mais je suis d'accord avec lui. Allez vous changer.

Je me retiens de rire quand le regard de Maï se plante dans celui d'Arman, le mettant au défi de redire ça. Si le loup a l'intelligence de ne rien ajouter de plus, Ramin lui n'en démord pas.

- Tala, tu ne vas pas sortir comme ça !

- Tu n'as rien à me dire ! Idiot !

- Mais...

Elle n'écoute pas la suite, que déjà, elle le dépasse et s'enfonce dans une des voitures, lui faisant bien comprendre qu'il n'a pas intérêt à monter dans la même. Défait, il se tourne vers nous, semblant réellement ne pas comprendre ce qu'il a fait de mal. Emna lève les yeux au ciel et s'approche de la voiture en lui répondant.

- Il fallait lui dire qu'elle était jolie, plutôt.

- Oui, mais tous les gars vont la regarder comme ça !

- Peut-être qu'elle voulait que l'un d'eux en particulier la regarde.

Emna ne lui laisse pas le loisir de répondre qu'elle ferme la portière, après avoir emmené avec elle Jeiran, Nader et Maï.

Arman s'approche du déçu et place une main sur son épaule.

- J'aurai dû dire ça, moi aussi.

Je ne peux retenir un rire et les deux loups m'envoient un poing que j'esquive facilement. Ils ronchonnent ensemble tandis que je me concentre sur la présence que je sens arriver dans mon dos.

- Qu'est-ce que j'ai raté ?

- Une scène hilarante.

Je me tourne vers elle et la détaille de haut en bas, sans pouvoir m'en empêcher. Alors ça, je ne m'y attendais pas. Et je suppose qu'elle fait partie des raisons pour lesquelles elles ont mis tant de temps à descendre. Comment ont-elles réussit à la convaincre ?

En la voyant ainsi, je comprends très bien ce que ressentent mes deux idiots de loup, et je me trouve imbécile moi aussi. Pendant qu'ils débattent sur ce qu'ils auraient dû dire ou non, je me penche vers elle, m'assurant qu'elle soit la seule à entendre mes paroles.

- Je ne suis pas certain de vouloir te laisser aux yeux de tous dans cette tenue.

- Ça tombe bien parce que je me fiche de ton avis.

Le défi, dans ses yeux. Cette lueur que j'aime tant allumer. Elle me rend fou, et pas seulement à cause de la tenue qu'elle porte. C'est juste elle. Sa façon d'être, de parler, de se comporter avec moi. Elle déclenche en moi un panel d'émotions qui me transpercent de toutes parts. Pourtant ce n'est pas douloureux. Ou alors la douleur est une chose bien agréable.

Je voudrais l'entraîner dans cet hôtel et la garder pour moi. Laisser tous mes désirs s'assouvir. Me laisserait-elle faire ? Mon instinct me souffle qu'elle en a autant envie que moi. Mais elle est aussi têtue que moi, et rien que pour cela, elle ne me laissera pas gagner. N'est-ce pas justement pour cela, qu'elle me fait tant d'effet ?

Parce qu'elle ne cède pas à mes désirs. Elle les partage. Et lorsqu'elle décide qu'il en sera autrement, il en est autrement.

- Bon, c'est pas qu'on vous attend mais un peu quand même !

Nos regards se tournent vers la blonde, qui a passé sa tête par la fenêtre ouverte de la voiture. Je sens Shadow me murmurer à mon oreille avant de se diriger vers notre véhicule.

- Allons-y, j'ai particulièrement hâte de montrer à tous ma robe.

Je grogne mais cela ne fait que lui tirer un rire, alors qu'elle s'enfonce dans la voiture, rejoignant Arman et Ramin.

Je les rejoins en pestant, bien que je sache sa phrase fausse et uniquement dîtes pour me faire réagir. Cela a eut l'effet escompté.

Nous nous retrouvons vite dans l'obscurité de la salle, brisée par les faisceaux lumineux qui tournent au même rythme que les danseurs. La musique est presque assourdissante, mais plus supportable lorsque nous arrivons au niveau d'une table à l'écart.

Emna saisit bien vite la main de Tala et celle de Maï pour les emmener au milieu de la foule, que nous pouvons apercevoir, depuis la petite hauteur où nous nous trouvons.

- Alors lui...

Yuki secoue la tête sans masquer son sourire, alors qu'elle observe Ramin, immobile au milieu de la foule, juste derrière Tala. Les bras croisés, il défit chaque mec qui la regarde un peu trop d'avancer. La louve semble le remarquer mais ne dit rien, et si je n'avais pas une vision plus développée que celle d'un homme, je ne remarquerais sûrement pas la rougeur sur ses joues, et le petit sourire qu'elle affiche.

- Je suis presque étonné qu'Arman ne soit pas déjà derrière ta sœur.

- Il a visiblement un ou deux neurones de plus que Ramin.

- Ça dépend quand.

Elle me rend mon regard rieur avant de se tourner vers la table et d'attraper un verre. Elle m'en tend un autre et nous retournons dans notre contemplation, ou plutôt notre surveillance. Il faut toujours avoir un œil sur cette bande d'enfant. Qui sait ce qu'ils pourraient nous faire.

- Tiens, il vient de perdre ses neurones supplémentaires. Comment va-t-il utiliser le peu qui lui reste ?

Elle suit mon regard pour tomber sur mon second qui s'approche de la jeune vampire. Elle le remarque, et se détourne de lui. Je n'entends pas ce qu'elle lui dit, mais je suis prêt à parier qu'elle lui envoie une remarque bien placée sur son comportement de tout à l'heure. Elle n'a peut-être pas le caractère de sa sœur, mais cela ne signifie pas qu'elle n'en a pas.

Il se penche vers elle, lui murmurant quelque chose à l'oreille, et elle sourit, sans qu'il ne puisse le voir. J'écoute Shadow répliquer sans pour autant quitter des yeux nos deux tourtereaux.

- Il semble qu'il se débrouille pas trop mal. Elle ne va pas tarder à céder.

Et elle n'a pas faux car à peine quelques minutes plus tard, Maï se retourne et se laisse entraîner dans une danse avec le loup. Je décide qu'il est temps de détourner le regard et le pose sur une vampire qui m'intéresse bien plus.

- Tu ne danses pas ?

- Je te tiens compagnie loup.

- Et si j'allais danser ?

- Je tiendrais compagnie à Nader.

Je ne retiens pas un rire, qui fait monter son sourire. Nader semble comprendre qu'on parle de lui mais ne fait pas mine de s'en soucier, restant appuyé contre le mur un peu plus loin. Jeiran est descendu rejoindre sa belle, et je me retrouve pour ainsi dire seul avec elle, ce qui est loin de me déranger.

- Tu n'es pas vraiment dans ton élément n'est-ce pas ?

Elle ne cherche pas à le nier, au contraire.

- En effet. Mais je n'ai pas l'impression que ce soit ton cas non plus.

- C'est vrai. Ce n'est pas pour autant ma première expérience. Et cela ne veut pas dire non plus que je ne m'y suis jamais amusé.

- Je ne vois pas bien ce qu'il y a d'amusant.

Le coin de ma lèvre se relève, et je prends sa réplique comme un défi. Je glisse mon bras devant elle, sur la rambarde, pour me rapprocher de son corps.

- Alors laisse-moi te le montrer.

- Tu penses pouvoir réussir ?

Cette fois, cette malice dans son regard réapparaît, et me donne tout le courage nécessaire pour le faire.

Je me saisis de son verre et le pose avec le mien sur la table. Elle me laisse attraper sa main et l'emmener à l'étage inférieur, au milieu de la foule, dans laquelle je me fraye un passage. Je nous arrête un peu en retrait, pas seuls, mais pas en pleine lumière non plus. Juste ce qu'il faut.

Ma main quitte la sienne pour se glisser sur sa hanche, découverte par la robe qu'elle porte, et si elle fait mine de rien, je me délecte des frissons que je sens naître sous mes doigts. Je continue mon chemin pour la placer dans le bas de son dos et la rapprocher de moi. Elle entoure ses bras entoure de ma nuque, et je lui dis de fermer les yeux. Elle les garde plantés dans les miens pendant un moment avant d'accéder à ma requête, et je me penche ensuite vers elle pour poser ma bouche contre son oreille.

- Maintenant oublies où tu es. Il n'y a pas les cris et les rires. Pas de verres qui s'entrechoquent. Il y a juste de la musique. Et mon corps contre le tien.

- Facile à dire, loup.

Mon sourire s'agrandit et je serre un peu plus son corps contre le mien.

- Oublies.

En ondulant mon corps, je force le sien à suivre le rythme que j'impose. Ses hanches suivent les miennes, nos bassins se caressent, nos torses se frôlent. Je fais jouer mes doigts sur son dos et progressivement, je sens son être se détendre.

Elle se laisse aller contre moi, elle me laisse mener la danse.

Et puis il n'y a plus rien autour. Plus rien ne compte pour moi que son corps entre mes bras. Que sa peau qui chatouille la mienne, que son parfum dans mes narines. Je ne vois plus les lumières, je ne vois qu'elle. Je n'entends plus les centaines de personnes dans la salle, seulement les battements de son cœur. C'est comme une bulle qui nous entoure.

C'est agréable. Bien plus que tout ce que j'ai pu connaître. C'est un peu comme une drogue aussi. Je veux toujours plus. Je ne veux pas m'arrêter. Je ne peux pas m'arrêter.

C'est cet effet que la vampire a sur moi. Il me dépasse, il me contrôle.

Mais bordel, qu'est-ce que j'aime ça.  

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