Chapitre 6

Le début du chapitre contient de la violence qui pourrait choquer les plus sensibles. Une phrase surlignée en gras vous indiquera à partir de quand vous pouvez lire sans soucis, si vous souhaitez passer la violence plus importante. 

PDV Yuki

« Putain ».

Je le pense, mais je ne le dis pas. Cela ferai trop plaisir à l'homme qui vient de me briser le tibia, de l'intérieur, avec une espèce de pince géante. J'ai mal, oui, j'ai mal, après plus de 7 jours de tortures intensives. Ils ne se sont pas arrêté. Jamais. Ils se sont relayés afin de m'exposer à un maximum de douleur. Ils veulent que je crie, que je supplie, mais rien ne sort de ma bouche, à part quelques gémissements étouffés qui ne leurs suffisent pas. Je suis une guerrière. J'ai déjà connue la douleur, je suis Shadow, j'ai déjà supporté la torture. Je ne leur ferais pas ce plaisir, même si la vue de ma jambe complètement ouverte en deux n'est pas ce que je préfère voir.

Un sac en tissus vient se poser sur ma tête et je sais instantanément ce qui m'attend. Il ne faut pas longtemps pour que je sentes l'eau s'infiltrer sur mon visage. Rapidement, je commence à suffoquer. Je crois que c'est encore pire que de sentir sa peau se réduire en lambeau. La sensation de se noyer, de sentir l'eau froide qui emplit vos poumons est absolument abominable. Le pire, c'est de savoir qu'ils pourraient me le faire vivre encore et encore sans que cela ne me tue. Il peut pas reprendre ses couteaux et me lapider la peau ?

Le sac finit par être retiré et je respire de nouveau, mais pas pour longtemps, car mon bourreau me saisit à la gorge. Je crois qu'il est plus épuisé que moi.

- Tu vas parler putain !

Malgré l'air qui me manque, je parviens à lui sourire. Pensait-il pouvoir me briser ? Je ne suis pas suffisamment fragile pour que ce soit le cas. J'ai vécu tellement plus de vie que lui, que la douleur, il ne sait pas vraiment ce que c'est. La torture n'est réellement efficace que sur les gens qui ont peur de mourir. Je ne le pourrais pas, sauf si il décide de me couper la tête ou me transpercer le cœur. Et si il le faisait ? Quand aurai-je à faire ? J'ai été là pendant 400 ans, je me fiches bien que ça s'arrête maintenant.

Il lâche mon cou pour me planter une lame dans le ventre, avant de faire tournoyer celle-ci. Un poing en pleine tête en fait cracher du sang, avant que je ne relève la tête vers lui.

- C'est tout ce que tu as ?

Il enchaîne les coups de poings, à l'aide de ce qu'on appelle un poing américain. Mon nez craque et il lui faut quelques minutes avant de se remettre lui même en place. Contrairement à pas mal de mes blessures, celle-ci est assez superficielle pour guérir à grande vitesse. Pour les autres, elles sont bien trop nombreuses et importantes pour guérir rapidement. Ils leur faudrait quelques minutes de répit, ce qu'il ne me laisse pas.

Avec un espèce de maillet, il brise un à un mes doigts. A la place des cris, je lui offre des rires. Il n'y a rien de mieux pour leur ego.

- Espèce de folle !

- Merci, je prends le compliment.

Son pied fait voler mon corps et la chaise à l'autre bout de la pièce. Mon dos s'éclate contre le mur en pierre et ma tête avec. Pendant quelques secondes, le monde autour de moi devient flou, et mes oreilles bourdonnent. Péniblement vu la position dans laquelle je me trouve, je relève le visage vers lui.

- Aie, ça m'a légèrement chatouillé.

Il grogne avant de sortir de la pièce. Je suppose qu'il est loin d'avoir fini, mais je me demande avec quoi il va revenir cette fois. Va-t-il innover ou laisser un de ces comparses tenter de faire mieux ?

J'ai la réponse quand c'est le même type qui rentre dans la pièce, et je dois dire que je me décompose intérieurement. Il me l'avait pas encore fait celui-là. Le feu, c'est une des seules choses qui nous laisse des cicatrices, tout comme l'acier. Alors une barre d'acier en fusion, je vous laisse imaginer les dégâts que cela peut causer. Mais évidemment, je ne vais pas le supplier de me laisser. Je me prépare seulement à serrer des dents, parce que je sais que cette douleur là ne va pas être une partie de plaisir.

- On verra bien combien de temps tu tiendras ta langue.

Il s'approche rapidement de moi pour remettre la chaise d'aplomb, et me surplombe de toute sa hauteur.

- Alors, quelle partie de ton corps vais-je faire cramer ?

Son air sadique ressort bien à cet instant. Ces hommes ne sont pas des rebelles humains qui n'acceptent pas le changement. Ce sont seulement des terroristes psychopathes qui avaient besoin d'une excuse pour justifier leurs actes. Comme si la cruauté pouvait être justifiée.

J'ai envie de lui dire de se faire plaisir, ce ne seront pas mes premières cicatrices. Mon bras droit est presque entièrement brûlé. Mais peut-être que si j'évite de l'énerver plus, il ne me détruira pas entièrement le corps et passera à autre chose rapidement.

- Là.

Il pose l'acier sur le haut de ma cuisse, celle qui est encore à peu prêt entière. Quelques gémissements m'échappent au fur et à mesure que je sens ma peau fondre et brûler. Bordel cette douleur...

Un bruit sourd fait sursauter mon assaillant qui retire le métal en fusion de mon corps. Bon, au moins cela me laisse quelques instants de répit. Mais le bruit revient, vite suivit de cris, mais surtout, de grognements. Et de hurlements de loup.

Il fallait que ce soit eux, qui trouvent cet endroit en premier. Super, si ils viennent à bout du groupe humain, je pari qu'ils vont me laisser traîner dans ce cachot pour le seul plaisir de voir un vampire souffrir.

- Putain !

Le type en face de moi laisse tomber son arme et sort, allant sûrement rejoindre ses hommes. Je me concentre alors sur les bruits, faisant abstraction de la douleur qui prend part sur tout mon corps, pour tenter de suivre ce qui se passe un peu plus loin.

J'entends les griffes des loups sur le sol, tandis qu'ils courent à travers les couloirs de pierre. Je dirai qu'ils sont trois. Leurs mâchoires se referment sur les hommes qui se trouvent sur leur chemin, les faisant hurler. J'entends le sang qui s'échappe de leur corps gicler au sol, ou sur les murs. Le bruit caractéristique de la peau qui se déchire sous leurs griffes est une douce mélodie à mes oreilles. Bien que je ne les apprécie pas, je dois dire que de savoir mes bourreaux en train de souffrir sous leurs assauts est une idée fortement agréable.

Les cris de douleurs des rebelles m'arrivent et un sourire apparaît sur mon visage. Les plus sadiques sont les plus sensibles à la douleur, et c'est un juste retour d'ascenseur.

Un crâne qu'on éclate contre un mur, une jambe que l'on arrache, un cœur qui sort de la poitrine. Toutes ses choses que j'espère leur faire depuis que je suis arrivée ici sont entrain de se produire. Dommage qu'elles ne soient pas de mon fait.

Les grognements envahissent l'espace, puis je distingue des bruits de lutte humaine. Des combats au corps à corps s'engagent, et je comprends que des loups sous forme humaine les accompagnent et se chargent de finir le travail. Ils sont plutôt bien organisés je dois dire, même si cela m'arracherait la gorge de le dire à voix haute.

J'entends des os craquer sous leurs forces surhumaines, et petit à petit, de plus en plus de souffles se taisent et de cœurs s'arrêtent. Les bourreaux deviennent victimes, les tueurs deviennent les tués. C'est ce que l'on appelle karma, et c'est quelque chose que j'aime particulièrement.

Pendant que je me concentre sur ce qui se passe plus loin, je sens mes blessures se refermer peu à peu. Pas assez pour que je suis prétendre à me libérer et m'enfuir, mais au moins, ma jambe commence à se refermer un peu, ce qui est quand même plus agréable à regarder.

Petit à petit, les bruits de lutte se calment. J'entends les loups faire le tour à la recherche de rescapés, mais aucun ne passe devant moi. Il semble que je me trouve bien à l'écart des autres.

Deux autres personnes rentrent, et mon odorat me confirme qu'il s'agit cette fois de femmes. Les louves et les loups n'ont en effet pas la même odeur. L'une d'elle semble enfoncer une grille de son pied, et s'avancer à l'intérieur de ce qui doit être une cellule. Je l'entends parler à un prisonnier, avant qu'elle ne l'aide à sortir. La seconde louve fait de même, et une fois que les autres se sont assurés que plus aucun rebelle ne courre, ils vont les aider. Pendant de longues minutes, ils font des allers-retour entre l'intérieur et l'extérieur, afin de sortir les survivants, puis le calme revient. 

Plus personne ne semble se trouver ici, et ils ne semblent pas décidé à descendre de nouveau, alors je cesse de me concentrer sur les bruits qui m'entourent pour observer mon corps qui se remet bien trop lentement. Ils n'y ont pas été de main morte, et je suis cachée de la lune, qui accélérerait ma guérison.

Je relève la tête quand des bruits de pas se rapprochent de moi. L'odeur de l'arrivant ne laisse aucun doute sur sa nature lupine. Quand il apparaît dans mon champ de vision, il semble à la fois surpris de trouver une nouvelle personne, mais aussi soulagé, comme si il savait que quelqu'un manquait à l'appel.

Je le fixe dans les yeux après l'avoir détaillé rapidement. Il est beau. Oh oui, mais mon instinct me hurle qu'il est un loup, qu'il n'est pas dans mon camps. Je me demande combien de temps il va rester là, à m'observer, avant de me laisser croupir ici, au moins le temps que je régénère. Il me regarde de haut en bas, fixant mes blessures. Il semble hésiter et fais un pas en arrière, avant de replonger ses yeux dans les miens. D'une main, il tire fortement sur la grille qui nous sépare et la fait céder, avant de s'avancer doucement vers moi. Je le regarde sans rien dire, pendant qu'il défait les chaînes en acier qui me brûlent les chevilles et les poignets. Il s'éloigne ensuite, comme si il m'invitait silencieusement à le suivre.

Sauf que vu l'état de mon corps, je serais bien incapable de faire le moindre mètre. Il le comprend et s'approche de moi, et avant même que je n'ai pu anticiper son geste, il me soulève dans ses bras. La douleur dans tout mon corps s'intensifie mais je ne dis rien, et me laisse faire. M'emmène-t-il pour mieux me tuer ? Il n'a pas l'air du genre à ignorer que la loi lui interdit, mais je ne parierai pas non plus là-dessus.

Pendant qu'il s'avance vers la sortie, il ne me regarde pas et ne fait aucun commentaire. Moi, j'essaye d'éviter de trop me demander ce qui l'a poussé à m'aider, alors je préfère regarder partout autour de moi. Je vois les corps des hommes qui m'ont torturé pendant des jours, et les corps de certains kidnappés qui ne s'en sont pas sorti. Je sens mon sang dégouliner le long de mon corps, et tâcher ses vêtements. De toutes façons, ils étaient déjà recouverts de celui de ses victimes, alors je suppose que cela ne change pas grand-chose.

Nous arrivons à la surface et il me dépose dans l'herbe, près des autres rescapés. J'entends ses loups râler quand ils remarquent ma nature, mais je n'y fais pas attention. Mon attention se porte sur le dernier de mes bourreaux que je distingue enchaîné, inconscient. Un otage. Ils ne sont donc pas passé juste par là, mais sont des loups en mission. Je ne peux m'empêcher de me demander qui ils sont.

La lune commence à faire son effet, même très rapidement. Ma jambe et mon ventre se referme, et je me sens bientôt en capacité de me relever. En temps normal, aucun vampire n'aurait pu être soigné si vite, mais je ne suis pas n'importe qui. Mon sang est de première génération, totalement pur, donc, beaucoup plus réceptif aux effets réparateurs de l'astre. Mon corps n'est pas guérit complètement, la douleur l'habite encore, surtout au niveau de la brûlure sur ma cuisse, mais je me sens prête à me lever, et surtout, à me casser d'ici.

Je risque un dernier regard au loup qui est venu me chercher. Il semble en train de se prendre la tête avec les autres, puis rapidement, il tourne la tête vers moi. Nos yeux se trouvent, et se fixent pendant quelques instants. Puis je détourne la tête et grâce à ma grande vitesse, je quitte avec hâte leur petit groupe. Certains se mettent à râler, mais lui ne dis rien, comme si il avait comprit ce que j'allais faire alors que nous nous regardions.

Je m'avance suffisamment dans la forêt jusqu'à être sûre qu'ils ne me suivent pas. Je m'arrête pour reprendre mon souffle et m'appuie contre un arbre. Et je ne sais pas pourquoi, mais je repense à ce gars.

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Alors que pensez-vous de cette histoire jusqu'ici ? ;)

A mercredi pour la suite, 

Kiss :*

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