Chapitre 48

Pour rappel, ceci est le deuxième chapitre de la journée. Pensez à lire le 47 avant celui-ci. Republication pour cause de soucis de lecture 🙂

PDV Cyrus

Ce caractère, ce comportement provocateur... putain qu'est-ce que j'aime ça. C'est à peine si je pouvais me retenir de coller ma bouche à la sienne, voir plus, alors qu'elle défiait ouvertement ma mère. C'est exactement pour ça, que Sheila n'aura jamais mon intérêt. Et je commence même à me dire que personne ne pourrait l'avoir à part elle...

Elle la snobe, la fait enrager, avec une facilité déconcertante, et un plaisir malsain qui fait écho au mien. Ma mère mérite bien que se foute un peu d'elle, de temps en temps. Et mon hilarité aurait sûrement continué, si mon idiot de loup n'avait pas fait ce geste.

Je savais qu'il réagirait. Bien sûr qu'il le ferrait. Il est hyper protecteur avec elle sans que je ne le comprenne forcément. Sauf que cette fois-ci, il n'a pas juste cherché à protéger, mais à éliminer la menace. Cette menace, sa dominante, l'un des seuls loups qu'il ne peut pas toucher ici sans s'exposer à de très gros soucis. Peu importe la raison. Il l'a plaquée au sol. Il a enserré son cou. Il a mis son poing en place, prêt à l'abattre. Et il a menacé sa vie. Autant d'idioties qui risquent de le faire courir à sa perte. Et pourquoi ? Pour elle. Pourtant, il devrait savoir que ma mère ne risque pas de lui faire grand mal, même si moi aussi, j'ai eu envie de la mettre à terre. Je crois que j'ai pu me retenir uniquement car je savais qu'elle ne pourrait pas la toucher. Mais Ramin ne s'est pas retenu. Il n'a pas pensé aux conséquences. Il aurait juste pu se mettre en travers, comme il l'a déjà fait. Ça aurait été suffisant. Ça aurait déjà été beaucoup.

Et le visage grave qu'affiche mon père ne fait que prouver la gravité de la situation.

Le loup a fini par la lâcher. Pas sous mon ordre. Il y a résisté. Mais sous celui de Yuki. Il a lâché ma mère et s'est relevé. Puis il a attendu patiemment que l'Alpha arrive. Il n'a pas mis longtemps.

Il toise le loup avec un air contrit. Je vois qu'il ne sait pas quoi faire. C'est mon loup, et il sait très bien comment peut se conduire sa femme, quand elle le veut. Je crois que lui même rêve de la foutre au sol. Mais lui en aurait le droit. Enfin, le pouvoir. Ramin non. Ce dernier ne pipe pas mot. Il reste contre un arbre, les bras croisés, alors que l'on entraîne ma mère vers l'infirmerie quand elle joue les grandes blessées. Elle doit tout au plus avoir deux ou trois égratignures, mais elle en fait des caisses et en rajoute, ce qui a le don de m'énerver.

L'Alpha se pince les arrêtes du nez, avant de planter son regard dans celui du jumeau, puis dans le mien. Il me laisse parler le premier, et je sais qu'il veut me donner toutes les possibilités pour défendre mon loup. Malgré tout, c'est son rôle de démonter mes arguments. De prouver que ce geste n'aurait pas dû avoir lieu, et de le punir à sa juste mesure.

- Il n'a fait ça que pour défendre Shadow.

La concernée ne dit rien. Elle ne me regarde même pas. Est-ce qu'elle s'en veut ? Peut-être. Après tout, si elle n'avait pas cherché ma mère, elle n'aurait pas chargée. Mais en même temps, qui aurait pu prévoir le geste du loup ? Si même-moi je n'ai pas pu lire ses intentions grâce à la toile, elle ne risquait pas de s'en douter. Il nous a tous pris de court.

- Je pense qu'elle est suffisamment puissante pour se défendre seule.

Évidemment, qu'elle l'est. Je suis persuadé qu'elle ne ferait qu'une bouchée de ma mère si elle le voulait.

- C'était un instinct. Il ne voulait pas la blesser et il n'aurait pas pu lui faire réellement du mal. Il ne pensait pas la menace, non plus.

- Je la pensais.

J'écarquille les yeux et tourne mon regard vers le concerné, lui lançant un regard noir. Mais à quoi il joue, bon sang ? Il veut retrouver sa tête sur un pique ? Car c'est bien ce qu'il risque ! Même si je parierais que mon père préférerait l'exiler plutôt que de prendre sa vie, aucune de ces options ne me satisfait. Alors pourquoi cherche-t-il à s'enfoncer, bordel ?

Il s'avance vers nous, et je saisis autant dans ses mouvements que dans la voix que sa colère est toujours là. Il plonge son regard dans celui de mon géniteur et ne semble pas apeuré d'une moindre mesure de ce qu'il peut advenir de lui.

- Mon geste était réfléchi, la menace aussi. Et si la situation se représentait, j'agirais exactement de la même façon. Si je dois être punis, faîtes donc, je n'en ai rien à foutre.

- Tu as au moins le mérite d'être honnête.

Je sens que la situation déraille, alors je tente de reprendre le court de la conversation.

- Tu sais qu'elle l'a cherché. Tu sais comment elle est. Elle le méritait.

Il souffle un bon coup, avant de plonger son regard une nouvelle fois dans le mien.

- Je sais pertinemment tout ça. Mais peu importe à quel point elle peut-être insupportable, elle reste la dominante. Alors je n'ai qu'une seule question à poser. Pourquoi as-tu fait cela, Ramin ?

Il attend patiemment la réponse, et moi aussi, parce que j'ai le pressentiment qu'elle va tout changer. Et j'étais loin d'avoir tort.

- J'ai protégé MA dominante.

Mes yeux s'écarquillent, autant que ceux de Yuki, tandis qu'elle regarde pour la première fois le loup en face d'elle.

Et à partir de là, tout bascule. C'est comme une réaction en chaîne. Comme si sa parole se répercutait en chacun de mes loups. En moi. La toile m'apparaît, vivante et belle. Et je la sens. Pour de vrai. Elle apparaît sur la toile, reliée à tous mes loups, à moi. C'est encore faible. Mais c'est bien réel. Parce qu'à l'instant où Ramin a prononcé ces mots, chaque loup a réalisé ce qui jusque là paraissait impossible : Shadow est leur dominante. Et je n'en reviens pas.

Ce changement doit apparaître sur nos visages, car mon père fronce les sourcils en nous regardant tour à tour. Un éclair de compréhension passe dans ses yeux.

- Cyrus, Shadow, je dois vous parler. Ramin, en attendant que je statut sur ton sort, tu vas être emmené dans une cellule.

Le loup ne se débat pas, et se laisse emmener. Shadow a un mouvement en avant quand deux hommes lui attrapent les bras, mais elle se retient de faire quoi que ce soit. Je la vois serrer les poings. Le sent-elle aussi, ce lien qui existe maintenant pour de vrai ? Oui. J'en suis persuadé au moment où je croise son regard aussi perdu que le mien, alors que nous avançons tous les deux à la suite de mon père.

Il nous ouvre la porte de son bureau, et la referme derrière nous.

Il va s'asseoir et nous toise un moment, avant que je me décide à l'interroger sur ce qu'il veut nous dire.

- Il est temps que vous compreniez pourquoi vous vous sentez liés depuis si longtemps. Et pour cela, il va falloir faire un peu d'histoire.

- Je ne comprends pas bien où tu veux en venir.

- Si tu veux comprendre, écoute moi. Je sais que vous ne saisissez pas bien cette attraction entre vous, ni ce lien déjà présent qui vient de se révéler d'autant plus. Ce que je vais vous dire vous aidera à reconstituer le puzzle.

Je glisse un regard vers la jeune femme à côté de moi, qui fronce les sourcils, mais n'intervient pas pour autant. Elle se laisse tomber en arrière dans le fauteuil, et se concentre sur mon père, qui commence son histoire, bien que je ne trouve pas encore de lien logique entre ce qu'il raconte et ce qui nous concerne.

- Je suppose que vous connaissez Roméo et Juliette, nous avons eu l'occasion de les évoquer. Et bien voyez-vous, les célèbres personnages de Shakespeare n'étaient pas de simples imaginations. Ils ont réellement existé, et l'auteur a utilisé leur histoire pour écrire la sienne. Mais les deux amants... n'étaient pas les premiers. Et ils n'étaient pas ce que tout le monde pense.

Je ne saisis pas bien où il veut en venir, mais je le laisse dire. Mon cœur se met étrangement à battre, comme si il comprenait avant moi toute l'importance de ces révélations.

- C'est simple. Roméo était un loup. Juliette une vampire. Et tous les deux sont des âmes réincarnées.

Je me retiens de rire, tant cette histoire me paraît tirée par les cheveux, mais vu l'expression qu'affiche mon géniteur, je peux affirmer qu'il n'est pas en train de blaguer. Et je dois bien avouer que cela me fait peur, parce qu'au fond, je commence déjà à saisir où il veut en venir.

- Il existe deux entités magiques qui régissent tout notre monde. Le Destin. Et l'Amour. Le Destin est celui qui définit le chemin à suivre pour chacun d'entre nous. Il y a de cela des millénaires, il a dessiné la route de deux âmes, un loup, et une vampire. Mais l'Amour a bouleversé ses plans en liant leurs deux cœurs. Un affront à son pouvoir que le Destin n'a pas apprécié, et a donc tenté d'empêcher. Il a mis mille et un obstacles sur leur route, et a fini par obtenir ce qu'il souhaitait : ne pouvant être ensemble, les deux amants se sont donnés la mort. Avec ce geste, ils ont scellé le destin de nos deux peuples : une haine incommensurable. Car chaque peuple était persuadé de la culpabilité de l'autre, alors que le coupable se trouvait bien loin d'eux.

Je reste un instant pantois devant ses dires. Je pensais que personne ne connaissait l'origine de ce conflit. Mais au final, la cause paraît si logique... qu'est-ce qui peut faire faire de plus grande folie que l'amour et la douleur de le perdre ? Il ne me laisse pas le temps d'assimiler tout ça qu'il reprend déjà son récit.

- Mais si le Destin était coriace, l'Amour n'était pas en reste alors, persuadé de faire ce qu'il fallait, il lia ces âmes dans la vie comme dans la mort. Ainsi, à chaque millénaire, les deux amoureux renaissent, et se retrouvèrent. Et à chaque millénaire, ils doivent affronter le Destin qui cherche à les séparer. Roméo et Juliette étaient ces deux âmes. Il y en a eu beaucoup d'autres.

Le temps d'arrêt qu'il marque se jumelle avec l'arrêt de mon cœur. Parce qu'il n'a même pas parlé que j'ai déjà compris ce qu'il comptait dire. Mon regard se plonge dans celui de Yuki, et je sais qu'elle aussi, a tout saisi. Et qu'elle aussi a bien du mal à y croire.

- Vous êtes également ces deux âmes.

Je m'apprête à répliquer. A lui dire qu'il divague et que cette histoire ferait un bon film, mais certainement pas une réalité. Mais mon père lève la main, me sommant sans rien dire de me taire et de le laisser finir.

- Depuis des millénaires, l'un s'échine à empêcher les âmes liées de rester ensemble. Et l'autre s'affaire afin de leur donner une chance, encore et encore. Une chance d'aller Contre le Destin.

Il se penche en avant, et plonge son regard dans le mien, puis dans celui de la jeune femme.

- Aujourd'hui c'est à vous de saisir cette chance. Et j'espère de tout cœur que vous réussirez, mes enfants. Parce que durant tous ces millénaires, la finalité est restée inchangée : le Destin a toujours gagné.

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Alors comment vont-ils réagir ? Vont-ils réussir à aller contre le Destin, contrairement à tous les autres ? 

Et comment Ramin va-t-il s'en sortir ? 

A samedi, 

Kiss :*

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