Chapitre 25
PDV Cyrus
Bordel comme ça m'énerve. Je déteste la savoir ici, parmi nous. Elle ne fait pas grand-chose, pourtant, à part être à la traîne au niveau de tous les entraînements. Mais dans les faits, elle ne pose pas de problèmes. Sauf que j'ai l'impression de laisser ma mère gagner chaque fois qu'elle débarque pour nous rejoindre. Ce n'est pas une de mes louves. Elle n'a rien à faire là.
Je suis sûrement mauvais. Dans les faits, Shadow et Maï n'ont rien à faire ici non plus. Mais leurs présences ne me dérangent pas. Au contraire. Ce n'est pas forcément logique. Je préfère avoir deux vampires près de nous qu'une louve. Mais elles, elles ne sont pas ici pour tenter de me forcer à me marier. Ni parce que ma mère l'a décidé. Et elles sont fortes. Même la plus jeune a une certaine puissance, à l'instar de Tala. Mais Sheila... c'est comme si elle était une coquille vide. Une semaine qu'elle est là, et elle ne parvient toujours pas à assimiler les bases. Et sa condition physique, n'en parlons pas. Elle a été élevée dans le seul but d'être une épouse, une mère. La bonne femme qui reste à la maison et ne fait rien d'autre que d'être jolie. La preuve étant que son seul but dans la vie est d'écouter sa mère qui lui demande d'épouser un parfait inconnu, qui se comporte pourtant comme un connard, tout ça parce qu'il est le fils prodigue de la famille royale lupine.
Elle n'a pas envie d'être ici, de faire du sport pourtant, ça crève les yeux. Mais elle vient, seulement parce qu'on lui a dit de le faire. Son alpha n'a rien imposé. Elle le fait sur ordre de sa mère, et de la mienne. Elle ne cherche même pas à passer outre. Une soumisse. Je n'ai rien contre les soumis en général mais ce n'est pas ce que je veux. Ce n'est pas comme ça que je vois une femme, ma femme.
J'ai besoin d'une personne avec du caractère, une personne forte qui peut m'égaler, me tenir tête si elle le veut. Elle est loin de remplir ces conditions. Et puis au fond, je n'ai pas besoin de quelqu'un en particulier. La vie ne se résume pas à finir en couple et marié, pour moi. Je préfère passer mes journées à me battre et participer à l'éradication de tous les connards de ce pays. Et ça, il y en a pour toute une vie. Pourtant, ma vie est longue.
J'ai pris sur moi pendant toutes ces journées, là laissant nous rejoindre, s'entraîner avec les filles, en sachant pertinemment qu'elle leurs fait prendre du retard. Mais je n'ai rien dit. J'ai simplement fermé ma gueule, et bordel, comme ça a été dur ! Je déteste me soumettre à des ordres que je trouve inutiles et cons, disons-le. Alors quand ils viennent de ma mère, en plus de cela, et que ça a un rapport avec la notion de mariage, c'est pire. Si mon père n'avait pas insisté, il y a longtemps qu'elle serait retournée chez elle, et que je n'en entendrais plus parler. Mais non. Tout ça parce que ma génitrice est la plus grande briseuse de couilles de l'histoire, je dois me coltiner cette louveteau. Parce que disons-nous le bien, elle a le même niveau qu'un enfant. Et encore, je suis prêt à parier que certains sont déjà bien meilleurs qu'elle.
Mais alors quand j'ai vu cette lame voler, en direction de Tala, quand je l'ai vu se planter dans le bras de Shadow... j'ai vrillé. Complètement. Je ne comprends pas pourquoi je suis autant en colère. Je ne comprends pas pourquoi je m'énerve sur cette louve qui de toute façon n'osera pas me répondre. Je sais qu'elle n'a pas fait exprès. Elle vient seulement de nous prouver une nouvelle fois qu'elle n'a rien à faire là.
Et je ne suis pas seulement en colère. Je suis inquiet aussi. Ce qui est stupide en soi, puisqu'elle a beau avoir une putain de lame dans le bras, elle va guérir en quelques minutes. Mais c'est plus fort que moi. Je déteste cette vision, et je me déteste de la détester.
Cependant, plus que de ne pas comprendre ma réaction, je ne comprends pas celle de mes loups. Pourquoi sont-ils mauvais, de cette façon ? Ils n'apprécient pas sa présence, oui. Ils ressentent mes émotions, oui. Mais cela ne leur donne pas de raison d'être aussi en colère contre elle. Leurs yeux la fusillent. Jusqu'à ce qu'elle parle. Elle leur dit d'arrêter, et ils l'écoutent. Des loups en colère n'écoutent que leur dominant. Alors pourquoi l'écoute-t-il ?
Je vois la vampire relever son corps penché pour protéger ma louve. Elle s'est blessée pour protéger une de mes louves. J'avoue que ça aussi, ça m'interroge. Mais ce n'est pas le moment de me poser mille et une question.
Elle s'avance vers Sheila, qui semble complètement chamboulée. Encore heureux qu'elle n'est pas insensible à ce qu'elle vient de provoquer. Shadow retire alors le poignard de son bras sans faire la moindre grimace, à la différence de la louve. Elle le retourne, prenant la lame dans sa main, pour le tendre à la jeune femme. Cette dernière hésite quelques secondes avant de la prendre, et Shadow lui attrape la main, déplaçant ses doigts sur les manches.
– Tu dois le tenir de cette façon, tu vois ?
Elle n'attend pas de réponse qu'elle continue son enseignement.
– L'arme est le prolongement de ton bras.
Elle se place derrière la louve qui sursaute mais se laisse faire, alors que la vampire, lui prend le bras pour lui montrer la bonne position. Elle ne se soucie même pas de son sang qui s'échappe de la plaie encore ouverte.
– Tu ne dois même plus la sentir. Elle doit communier totalement avec toi. De cette façon, elle ne pourra pas t'échapper, car elle sera une extension de toi-même. Et tous tes mouvements te paraîtront naturels.
Tout le monde l'observe en silence, alors qu'elle fait bouger le bras de la louve pour lui montrer les mouvements. La vampire finit par la lâcher et Sheila se tourne vers elle. Elle veut la remercier, s'excuser encore, mais Shadow ne la laisse pas faire. J'ai l'impression qu'elle n'est pas férue de remerciements.
– Travaille ces mouvements, d'accord ?
La louve se contente de hocher la tête avant que son interlocutrice ne se dirige vers l'intérieur du village, et plus précisément vers son lieu de résidence. Je ne sais pas pourquoi, mais je la suis. Mes loups me regardent faire, mais personne ne dit rien, et c'est très bien comme ça. Je suis sûr qu'elle sent ma présence derrière elle, mais elle ne me renvoie pas d'où je viens. Elle me laisse simplement la suivre, observant le sang s'étaler au sol depuis son bras.
Quand elle ouvre la porte et que j'entre derrière elle, elle se retourne pour la première fois vers moi. Et je retrouve dans ses yeux cette étincelle rieuse, taquine, que j'apprécie tant.
– Je ne me rappelle pas t'avoir autorisé à entrer.
Je laisse le coin de ma lèvre se relever alors que je rentre dans son jeu.
– Je suis chez moi.
– Hum, j'ai souvenir que cette maison nous a été octroyée pour notre séjour. A nous seules. Et je suis persuadée que tu n'es pas ma sœur.
Je referme la porte derrière nous, avant de replonger mon regard dans le sien en la suivant côté cuisine.
– Pourtant on se ressemble tellement !
Elle laisse un petit rire lui échapper, et je ne peux qu'être fier de moi. Je dois avouer que j'apprécie de la voir ainsi. Et c'est encore une question qui se rajoute à ma liste.
– Tu as sauvée ma louve.
Elle ne dit rien pendant un moment. Se demande-t-elle elle aussi pourquoi elle l'a fait ? C'est sûrement le cas. Je suppose qu'elle a également remarqué le comportement étrange de mes loups. Et le mien.
– C'est un merci ?
– C'est ce que tu veux ?
Elle secoue la tête avant de se détourner vers sa blessure. La cicatrisation n'a pas commencé, et de petites gouttes tombent au sol. Je souffle un coup, pas franchement ravi de voir la plaie béante s'étendre sur son bras. J'attrape un torchon qui traîne et lui lance, et elle a beau avoir le regard ailleurs, elle n'a aucun mal à le rattraper.
– Fais une compression.
Elle hausse un sourcil, replongeant ses iris rouges dans les miens.
– Je n'ai pas besoin d'infirmier.
Je lui offre un petit sourire joueur. J'ai vraiment l'impression de redevenir un adolescent quand elle est dans les parages. C'est déstabilisant, mais j'aime la façon que nous avons de communiquer.
– C'est seulement pour que tu évites de tâcher le sol.
Elle me tire la langue, et je crois qu'elle même est étonnée de son geste. Elle place son bras au-dessus de l'évier avant de me provoquer.
– C'est mieux ? Puisque je ne peux pas passer la serpillière maintenant, tu devrais t'y mettre, avant que ça ne laisse des traces.
Je lève les yeux au ciel pendant qu'elle paraît fière d'elle. Je vois la blessure commencer à se refermer sur son bras, et je ne peux m'empêcher de l'interroger encore.
– Pourquoi avoir pris le couteau à sa place ?
Une vampire qui sauve une louve, ce n'est quand même pas commun. Elle hausse les épaules, sans détourner son regard de moi. Je n'ai jamais rien trouvé de particulier dans le regard des vampires. Pourtant le sien semble renfermer mille et une émotions. Et je ne peux m'empêcher de me demander tout ce qu'il cache.
– Entre mon bras et sa vie, le choix n'a pas été facile, c'est vrai.
Encore là, elle cherche à tourner la question à la dérision. Et j'ai bien compris pourquoi. Elle n'explique pas son geste, elle non plus. Certes, Tala n'aurait sûrement pas survécu à un couteau entre les deux yeux. Mais elle n'avait aucun raison de mettre son corps en barrière. Ce n'est pas sa sœur, qui allait être blessée. Mais une louve qu'elle connaît à peine.
Je voudrais comprendre, comme beaucoup d'autres choses d'ailleurs, et je crois qu'elle aussi.
– Je n'aurais jamais dû laisser Sheila faire ces entraînements.
Je me parle plus à moi-même qu'autre chose, mais cela ne l'empêche pas de me répondre.
– Ou tu n'aurais pas dû lui donner un couteau.
Oui, ça aussi, c'était stupide. Mais je reste persuadé qu'elle n'a rien à faire là. Elle devrait être chez elle, à faire une de ces nombreuses activités ennuyantes et pas du tout dangereuses qu'on lui enseigne depuis la naissance. Elle n'est pas faite pour le terrain. Ce n'est même pas vraiment de sa faute. En dehors du fait qu'elle a été élevée pour servir plus de décoration qu'autre chose, ce n'est pas dans sa nature. On ne peut pas aller contre ce qui nous définit. C'est une louve qui n'est pas faite pour le combat. Voilà tout.
– Pourquoi l'avoir laissée rester ?
– Ma mère l'a décidé.
Ou plutôt, mon père l'a décidé pour que ma mère lui foute la paix. Vous rendez-vous compte de ce qu'on doit faire pour qu'elle ne fasse pas saigner nos oreilles toute la journée ?
Elle me regarde en penchant la tête, et avant même qu'elle n'ait dit quoi que ce soit, je sais qu'elle a encore dû remarquer quelque chose.
– Elle n'est pas Luna. Tu pourrais aller outre, n'est-ce pas ?
Il était évidemment que ce détail ne lui échapperais pas. Après tout, mes ordres ont effacé les siens, et pas seulement parce que ce sont mes loups. Mais bien parce que je suis hiérarchiquement au-dessus d'elle dans la pyramide du pouvoir.
– Je pourrais. Mais l'Alpha a décidé de la laisser faire ce qu'elle voulait, pour avoir la paix.
Elle laisse échapper un petit sourire, comme si elle voyait exactement de quoi je parle.
– Pourquoi n'a-t-elle pas ce titre ?
Et alors qu'elle pose cette question, je me demande quoi faire. Je ne devrais pas lui dire. Ça ne regarde personne d'autre que notre meute. Ça ne regarde surtout pas une vampire.
Pourtant, c'est plus fort que moi. J'ai beau savoir qu'elle n'a pas à être au courant, je sens que je vais lui dire.
Et que n'importe laquelle de ses questions, trouverait une réponse de ma part.
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Aimez-vous la relation entre Cyrus et Yuki ?
L'influence de Yuki sur les loups... qu'est-ce que ça veut dire ?
A bientôt pour la suite,
Kiss :*
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