Chapitre 22
Sortez les mouchoirs pour les plus sensibles (faîtes pas genre, je vous connais x))
PDV Yuki
L'idiot en face de moi râle, et je retiens mon sourire. Il est tout de même un peu plus calme que les jours précédents, ou du moins il retient mieux sa colère. Mais quand il s'agit de Tala, évidemment, tout se corse. C'est pour ça que j'ai choisis de m'entraîner avec lui. Je veux qu'il maîtrise sa colère.
Et puis au fond, même si il m'agace énormément il y a... quelque chose qui m'attire chez lui. C'est étrange, et je ne sais pas encore ce que c'est, mais c'est là. Et si je veux pouvoir y mettre des mots, j'ai besoin de passer du temps avec lui, d'une manière ou d'une autre.
Il se met tout de suite à attaquer, de face. C'est totalement stupide, et je n'ai besoin que d'un geste pour le faire voler. Même pas besoin de bouger. Ça ne l'arrête pas. Il charge, encore et encore, sans jamais tenter une approche moins directe, plus réfléchie. Sa colère l'aveugle, et lui qui est pourtant puissant, ressemble à cet instant à un louveteau énervé. Même un humain serait capable de l'abattre, de cette façon. Mes pieds n'ont pas bougé une seule fois de leur emplacement. Je n'ai eu à utiliser qu'un bras pour le repousser.
Je suis un peu déçue de ce que je vois, mais je le comprends. Il faut qu'il se calme. Il faut qu'il pose son esprit pour redevenir le loup dangereux qu'il est.
- Tu fais n'importe quoi.
Il charge une nouvelle fois, et finit la bouche contre la terre.
- Tu ne réfléchis pas.
Il grogne en se relevant, et envoie son poing vers ma figure.
- La ferme !
Le mien l'arrête et l'autre lui en met un sévère dans l'abdomen.
- Un humain pourrait te battre.
Il n'aime pas les critiques, je le sais. Cela fait monter sa colère. Mais je veux le frustrer. Le frustrer pour le faire réfléchir à sa façon d'agir.
- T'es qu'une...
Je fauche ses pieds et il finit sur le dos dans un grognement sourd. Je me place au dessus de lui et m'agenouille, pour placer mon visage au dessus du sien. J'attrape celui-ci dans ma main et hausse un peu le ton.
- Au moins, utilise ta rage de la bonne façon, bordel !
Dans son regard, je vois une petite étincelle briller. Je relâche son visage et le laisse se relever. Il ne charge pas tout de suite et m'observe. Bien, ça rentre. Je décide d'attaquer, pour voir si il saura anticiper. Il évite mon crochet droit, et bloque mon genou. Mais mon coude vient lui casser le nez. Il jure, mais se re-concentre. Je préfère le voir ainsi.
Il sert ses poings, les mettant en position de défense. Ses appuis sont plus souples, plus équilibrés qu'il y a quelques minutes. Son potentiel commence à s'afficher, en même temps que son calme revient. Là, il ressemble à un loup puissant. Mais je veux en voir plus, car je suis sûre qu'il y en a encore à découvrir sous ses airs grognons.
Mon pied se dirige à toute vitesse vers son abdomen. Il parvient à le renvoyer, tandis que son poing cherche à atteindre mon ventre. Je bloque, recule de quelques pas. Il me suit rapidement, enchaînant un ensemble de coups que j'évite, mais qui sont bien coordonnés. Il parvient à m'atteindre au bras mais je lui renvoie un crochet dans la mâchoire qui le fait reculer un peu. Il ne s'énerve pas, cette fois. Il reste concentré, il semble même apprendre de ses erreurs. Il est plus calme, comme si il se faisait à l'idée de notre présence. Je sais bien que c'est encore loin d'être acquis. Mais... il a quelque chose qui se passe. Je ne saurais pas dire quoi.
- C'est pas mal, petit loup.
Mais cette phrase fait tout basculer. A l'instant même où je prononce les deux derniers mots, je vois son regard se voiler. Pas de colère. Plutôt... comme si des ténèbres l'envahissaient. J'ai touché quelque chose en lui. Et je crois savoir quoi. Sans un mot, alors qu'il semble totalement ébranlé, il disparaît à toute vitesse. Pas d'énervement, pas de colère. Je comprends que je suis proche de poser le doigt sur l'origine du problème. Celui qui le rend si amère à mon espèce.
Et je crois qu'il est maintenant temps d'accorder de l'importance à cet événement, pour comprendre et peut-être apaiser les choses.
Je vois Cyrus approcher, voulant se diriger à la suite de Ramin, sûrement pour tenter de le calmer. Mais je lève la main. Je ne dis rien, mais avec ce simple geste, je lui fais comprendre qu'il n'a pas à bouger. C'est mon problème. Je pense que c'est à moi d'y aller. Alors je me dirige au milieu des arbres, sans forcément me presser. Je sens son odeur qui est passée par ici, me permettant de le suivre à la trace. Il me faudra une bonne dizaine de minutes pour le retrouver, assis sur une pierre isolée.
Il a le visage fermé, la tête baissée, mais j'arrive à voir à quel point son regard est hanté. Je me pose en silence en face de lui, contre un arbre. Et j'attends. Je ne pense pas que ce soit à moi de poser des questions. C'est plutôt à lui de parler. On pourrait se dire qu'il n'y a absolument aucune raison valable pour qu'il se révèle à moi. Mais je suis persuadée qu'il va le faire.
Il ne dit rien pendant un long moment. Je me contente de l'observer, ce loup qui m'a tant énervé en quelques jours.
Je sais qu'il n'est pas mauvais. Je n'ai pas eu besoin que Tala me le dise pour m'en rendre compte. Mais en revanche, lui comme moi avons besoin qu'il révèle d'où vient cette haine. Pour avancer. Ramin... je ne suis pas capable de le détester, malgré tout ce qu'il a fait. Je ne déteste aucun des loups de Cyrus, d'ailleurs. C'est intrigant. Mais je dirais presque au contraire que... je les apprécie. Pourtant je n'en connais aucun. Pourtant nous n'avons aucune relation particulière. Mais au fond de moi, c'est comme ça que je ressens les choses.
Sans relever les yeux vers moi, après un long moment de silence, sa voix me parvient enfin. Et j'écoute attentivement tout ce qu'il a à me dire.
PDV Externe
Il y avait eu les moments de joie. Les éclats de rire. Les enfants qui courent, qui s'amusent, ensemble. Une vraie famille, en rien différente des autres. Une jolie petite maison, un jardin verdoyant. Un couple heureux, avec trois enfants. Des jumeaux, et une petite fille. Une petite louve. Personne ne savait, autour d'eux. Les humains ne devaient pas savoir. Ils n'étaient pas prêts à l'entendre, et les surnaturels n'étaient pas prêts à se montrer. Des années durant, ils ont été heureux, changeant de ville, de pays parfois, pour ne pas trahir leur genre. Après tout ils ne vieillissaient presque pas. Les enfants prenaient des décennies sans changer de visage. A 200 ans, les jumeaux en faisait 10. Et si l'un avait encore l'innocence d'un enfant, l'autre était déjà mûr et mature, froid même.
La petite n'avait que 2 ans. Ou 40, selon comment on voit les choses. Elle était pleine de vie, un rayon de soleil dans la vie de ses frères. Elle était jeune, destinée à une vie longue et belle.
Et puis il y a eu l'horreur.
Les parents sont sortis faire des courses. Ils sont rentrés tard, mais les enfants jouaient, ils n'avaient pas fait attention. C'est Nader, qui a comprit en premier. Il a attrapé son frère et sa sœur et les a fourré dans un placard. Ramin ne comprenait rien, et la petite s'agitait, sentant l'angoisse monter chez son frère. Et puis dans le faible trou entre les portes, il a vu. Les parents n'étaient pas vraiment rentré. Leur corps, oui. Mais leurs yeux étaient vides de toute vie. Et... Leur visage n'était plus accroché au reste de leur corps. Le sang tapissait le sol. Le parquet se teintait de rouge, alors que des pas lourds résonnaient. Qui ? Ramin ne savait pas. Il tremblait, et essayait tant bien que mal de calmer la petite. Il ne fallait pas qu'elle fasse de bruit. Parce qu'ils les cherchaient.
Et où était Nader ?
- Petit loup, où es-tu ?
Ses poils se dressèrent. Il ne quittait pas des yeux le corps de sa mère, juste là. Il lui semblait si froid, alors qu'il avait encore la sensation de ses bras chauds autour de lui. Il voulait s'avancer vers elle. La secouer pour qu'elle se réveille. Mais comment aurait-elle pu se relever ?
Les pas se rapprochaient. Il tentait de se concentrer. 1, 2... 3. Ils étaient trois. Mais qui étaient-ils ? Pourquoi avaient-ils fait ça ? Ils étaient gentils, pourtant ses parents... Tout le monde l'aimait sa maman, elle était belle et gentille. Et son papa, il riait toujours avec tous les voisins.
Il vit une jambe, devant le placard. Il arrêta de respirer. Il ne devait pas les entendre, pas les trouver. La jambe disparue, et il prit enfin de l'air. Il avait les larmes aux yeux, mais il n'osait pas pleurer.
Puis il hurla, quand le placard s'ouvrit.
- Tiens tiens, deux petits loups pour le prix d'un.
De grosses mains l'attrapèrent lui et sa sœur. Il essayait de se débattre, mais l'homme serait fort. Il avait enfin comprit qui ils étaient. Des yeux rouges. Pourtant, maman disait qu'ils n'étaient pas méchants, les vampires. Qu'ils étaient comme eux, qu'il ne fallait pas les détester. Alors pourquoi ils avaient fait ça à sa maman ? La petite se mit à pleurer, et l'homme excédée, la lança sur le côté.
Il vit le corps de sa sœur frapper contre le mur avant de tomber, comme si elle n'était qu'une poupée. Elle ne pleurait plus. Ramin arrêta de bouger. Il était tétaniser devant ses trois hommes. Leurs sourires lui faisaient peur.
Maintenant qu'il n'était plus dans le placard, il voyait tout ce qui lui était jusque là invisible. Maman et Papa avait dû avoir si mal... Il voulut pleurer mais il en était bien incapable. Sa sœur émis un petit couinement. Pourtant il avait prié pour qu'elle ne se réveille pas tout de suite. Peut-être aurait-elle pu s'en sortir.
Un autre homme s'approcha d'elle et la souleva par le poignet. Son corps semblait brisé de partout. Elle était si petite...
Ramin ne fût pas capable de détourner les yeux, même quand l'homme planta ses crocs dans son cou. Même quand il lui déchira les cervicales. Même quand sa petite tête roula au sol. Il sentit son cœur s'arrêter de battre. Il sentit son âme d'enfant mourir en même temps que sa petite sœur.
- On passe à toi petit loup ?
Il s'en fichait bien. Il ne voyait rien d'autre que ce petit corps sans vie qu'il aimait tant. Il ne vit même pas le crocs s'avancer à toute vitesse vers sa gorge.
Mais il se sentit tomber. Son corps rentra en collision avec le sol et il fut déboussolé quelques secondes avant de reprendre pied dans la réalité. Il vit un loup, tout noir, déchirer le corps d'un vampire entre ses griffes. Celui qui l'avait tenu il y a quelques secondes. Il le reconnu. Son frère. De quelques secondes son aîné. Il agissait. Alors que lui était incapable de bouger du sol.
Les deux vampires foncèrent sur lui. Mais il écarta le premier avec ses crocs et le second avec ses griffes. Le sang vola dans la pièce, et recouvrit le visage de Ramin.
Ils n'étaient pas morts. Mais ils ne se réveilleraient pas de sitôt.
Il resta là, sans rien faire. Tandis que le loup noir se coucha au sol, dans le sang de sa famille, et de leur bourreau.
Jamais Nader n'avait pleuré de sa vie. Jamais avant, et jamais après. Mais ce jour là, alors que ses poils se mouillaient de leur sang, il laissa ses larmes couler.
Ils venaient de tout perdre. Et Ramin se le jura par la suite... il fera payer à cette race le prix qu'ils lui devaient.
Yuki n'avait pas parlé une seule fois. Mais elle s'était sentie bouillir. Elle avait eu envie de vomir, de crier, de pleurer. Même de s'avancer vers lui pour le prendre dans ses bras. Elle le comprenait. Tellement.
Les vampires ne sont pas des meurtriers. Mais dans chaque espèce, des psychopathes existent. Elle comprenait que Ramin arrive difficilement à s'en rappeler, après ça. Elle ne fit aucun commentaire. Elle ne chercha pas à lui montrer de la compassion, ce n'est ni ce qu'il voulait, ni ce dont il avait besoin.
Elle se contenta de demander.
- Ont-ils été punis ?
Avec toute son amertume et sa rage, il lui répondit.
- Ils n'ont eu qu'un putain de rappel à l'ordre ! Le flic était une de ces merdes de vampire.
Elle ne se formicalisa pas de sa tirade. Au fond, elle ne la visait pas directement. La haine de Ramin pour elle passait, même si il ne pouvait pas encore s'en rendre compte.
- Tu connais leurs identités ? A eux, et au flic.
Oui, il les connaissait. Mais il ne voyait pas trop pourquoi elle demandait. Elle lui répondit sans qu'il n'est besoin de lui demander.
- Ils seront punis.
Il était étonné. Bien plus calme que quelques minutes avant, sans qu'il ne sache pourquoi.
- Comment ?
- Je suis une vampire, mais j'ai de l'honneur, loup. Les cons, je m'en occupe.
Il savait qu'elle disait vrai. Il sentit qu'elle allait réellement se charger d'eux. Cela lui fit du bien, sans qu'il n'en comprenne la raison.
- Ne t'attends pas à ce que je te remercie.
Elle se contenta de lui offrir un sourire. Au fond d'elle, elle sentait qu'elle commençait à l'apprivoiser.
Lui ne se comprenait pas. Il ne comprenait pas pourquoi il avait fini par s'entraîner avec elle. Pourquoi il s'était calmé. Pourquoi il lui avait parlé. Pourquoi est-ce qu'il parvenait à la regarder sans sentir la haine monter.
Au fond, il ne le savait pas encore, mais il la voyait déjà comme une leader. Au fond, il l'avait vu ainsi dès le début. Au fond, il ne la voyait pas seulement comme une leader, une femme puissante. Mais comme SA leader.
Et ça, même si il n'était pas prêt de se l'avouer, ça faisait toute la différence.
Ils ne dirent plus rien pendant un moment avant de se décider à rentrer, marchant à bonne distance l'un de l'autre. Ils arrivaient déjà à être dans le même périmètre sans s'étriper, il ne fallait pas en demander trop d'un coup.
Ils eurent à peine le temps de sortir de la forêt qu'une louve d'un certain âge les prit à partie. Ou plutôt la pris à partie, dès qu'elle l'aperçue.
Yuki ne rien pendant un moment, observant en tentant de comprendre. Mais une pensée traversa son esprit.
« Bordel, à peine un de géré, qu'il est déjà remplacé. »
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On comprend mieux Ramin tout de suite... Yuki et lui vont-ils s'entendre ?
Bon, alors qui est la louve qui pose à nouveau des problèmes ?
La suite mercredi,
Kiss :*
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