Chapitre 2

PDV Yuki

Mon corps vole dans les airs. Je me sens tourner sur moi-même, et il devient difficile de fixer mon regard quelque part. J'atterris lourdement contre le mur et tombe au sol. Je sens mon dos craquer et je serre les dents. Heureusement, il ne faut que quelques secondes à mon métabolisme particulier pour me rétablir. Je vois une silhouette rapide foncer sur moi, poing levé. Je roule au sol, évitant le coup, et en profite pour faucher ses jambes. Il ne se laisse pas déstabiliser par mon attaque et recule pour éviter mes jambes qui tentent de le faire chuter. Je profite de la petite distance qu'il me laisse pour me relever et me mettre en position de défense.

Ses yeux rouges, caractéristiques de mon espèce me scrutent, cherchant où est la faille. Je fais de même, analysant ses mouvements, chaque soubresaut de son corps. J'entends son pou. Il est calme, trop alors que nous sommes entrain de nous battre. Le mien bat bien plus vite, signe que je ne suis pas encore à son niveau. Mais cela ne m'empêche pas d'essayer.

Un coup puissant dans l'estomac me sort de mes pensées. J'encaisse, malgré l'envie de me plier en deux, et riposte en frappant également. Je me prends directement une droite dans la mâchoire, et je sens le sang couler le long de ma bouche. Heureusement que d'ici quelques secondes ce sera réparé. Et puis ce n'est pas comme si j'avais le temps de m'en soucier avant de m'en prendre un autre.

Je sens ma peau s'ouvrir après le contact avec la lame d'une lance. La blessure se referme bien vite, et je mets toute mon agilité pour éviter une nouvelle coupure, ou pire. Je parviens à l'éviter un bon moment, avant que la lame ne se plante dans ma hanche. Ça a beau être éphémère, bordel que ça fait mal. J'attrape l'arme encore plantée quand mon corps et la repousse violemment, envoyant en arrière son propriétaire. Je profite de l'avoir en main, me fichant bien de celle-ci qui s'ouvre en serrant la lame entre mes doigts, pour l'envoyer voler plus loin.

Cela ne l'arrête pas, et il revient à la charge au corps à corps, me mettant plusieurs coups puissants d'affilé un peu partout. J'essaye de les rendre et de les bloquer, mais je dois dire que c'est compliqué.

Je râle entre deux et balance mon pied en me penchant en avant pour éviter son nouveau poing. Je parviens à atteindre son genou, qui craque sous ma force, prenant un angle peu classique. Il lâche un râle de douleur et tombe à genou.

Malgré moi, je pense que j'ai enfin gagné, mais je déchante quand sa main attrape mon pieds et qu'il me balance à travers la pièce. Foutue force surhumaine. Je me prends de plein fouet l'une des grandes colonnes en marbre de la salle dans laquelle nous nous trouvons.

- T'es franchement un mauvais père.

Je l'entends ricaner et son visage apparaît au dessus du mien. Je décale la tête de quelques centimètres rapidement, évitant de peu la lance qui se plante à côté de moi. Psychopathe.

Bien sûr je ne pense pas une seconde ce que je dis. Je dirai même que mon père est le meilleur que l'on puisse avoir. Même quand il me fout des coups aussi puissants. Il y a une bonne raison, évidemment.

- Fille ingrate.

J'affiche un sourire en me relevant et en esquivant plusieurs attaques. Je parviens à lui rendre un coup dans le ventre, et il recule de deux pas.

- Tu verras quand je te mettrais au tapis.

J'ai à peine fini ma phrase que je me retrouve à plein ventre, mon nez tapant violemment contre le sol. Sa main m'appuie la tête contre le sol. Il est passé derrière moi si vite ! Ma joue s'écrase contre le sol et je peste intérieurement. Je me déconcentre trop vite.

- J'attends de voir.

Il reste ainsi, et mon cerveau tourne à toute vitesse pour trouver comment me sortir de cette situation. Mais je n'en aurais pas l'occasion, car des bruits de talons hauts résonnent alors dans la grande pièce. Et zut. Je sais qui c'est avant même de la voir, et ça ne me réjouit pas, mais alors pas du tout.

- Fubuki ! Yuki ! Ce n'est pas vrai que vous recommencez encore !

Mon père souffle en même temps de moi -du mieux que je peux- devant l'intervention de ma génitrice. Il ne me relâche pas pour autant.

- Que fais-tu ici femme ?

- Lâche-là !

Il la regarde sans pour autant me libérer.

- Je n'ai aucun ordre à recevoir. Nous n'avons pas fini.

- Ce petit jeu est stupide.

Excédée de sa femme, mon père finit par me lâcher et me tend la main.

- Fin de l'entraînement pour aujourd'hui.

Je râle, n'ayant pas eu le temps d'atteindre les objectifs que je m'étais fixés. Elle vient toujours tout gâcher, c'est incroyable.

- Cet entraînement n'a pas lieu d'être de toute façon.

Je tourne la tête, fatiguée de l'entendre.

- Est-ce que l'on t'a demandé ton avis ?

- Parle-moi mieux jeune fille.

Mon père nous interrompt avant que la situation ne dégénère.

- Nous avons déjà eu cette discussion.

- Peut-être, mais pourtant, vous continuez. L'art du combat ne convient pas à une jeune fille, encore moins à une jeune fille de bonne famille.

Je secoue la tête. Elle est si énervante avec toutes ces sornettes. Elle nous en rabat les oreilles à longueur de journée. « Une bonne fille doit faire ci, une bonne fille doit faire ça ». Elle n'a que ça à la bouche.

- Elle est celle qui prendra ma suite. Elle se doit d'être forte.

En effet, je suis ce que l'on appelle une héritière. Et si je suis de bonne famille, ce n'est pas seulement d'une grande fortune dont je vais hériter, mais d'un titre bien plus important. Mon père est actuellement le meneur de notre race. Il est celui, accompagné d'un loup, et d'un humain, qui régit notre nouveau monde. Ensemble, il forme le conseil. Déjà bien avant la Révélation, mon père était celui qui régnait sur notre peuple. Pour les loups et les vampires, la société est encore dirigée par une famille royale, contrairement au monde humain.

Je suis donc appelé à prendre le relais de mon père à un moment ou à un autre, et comme lui, je suis l'idée qu'il faut que je sache me battre. De toute façon, je n'ai jamais été du genre passive, comme ma mère. Je suis une guerrière dans l'âme, c'est ainsi que me nomme mon père.

Mais ma mère n'est pas de cet avis.

- Elle devrait plutôt se trouver un bon époux et avoir des enfants !

Je déteste l'entendre dire cela, et je sens la fureur monter en moi. Je m'empresse de quitter la pièce, trop agacée. Je risquerais d'aller trop loin si je répondais.

Je m'installe sur la fenêtre de ma chambre, m'essuyant le cou avec une serviette que je viens d'attraper. Mon regard se pose sur la lune, et je tombe dans mes pensées en la regardant.

Ma mère et moi ne sommes pas proche, bien au contraire. Notre relation est chaotique. Dès ma naissance, déjà, il y a 400 ans, elle ne s'est pas occupée de moi. Elle a laissé ma charge à des servantes, et c'est donc elles, et mon père, qui ont assurés mon éducation. Elle était trop occupée à jouer à la dame.

Je suis né dans ce que l'on appelait le Japon. J'avais environ 100 ans, donc environ 5 ans si nous comptons comme les humains, quand nous sommes venus ici, pour que mon père prenne la suite du sien. Nous baser là où la plus grande communauté de vampire résidait était bien plus simple pour lui. Ma mère est devenue encore pire au contact de cette nouvelle population, encore plus excentrique. Toute sa vie ne repose que sur l'apparence. Les seules fois où elle faisait attention à ma présence, c'est quand celle-ci lui était bénéfique au près de ses « amies ».

Cela la désole que je ne sois pas comme elle. Elle voudrait que je sois obnubilée par les robes, les bijoux, et les commérages. Mais moi j'aime le combat, les arts martiaux, et les lames. Être la soumise d'un homme n'est pas ce à quoi je me destine. Depuis mes 300 ans, je vous laisse faire le calcul, elle me rabâche les oreilles avec cette histoire de mari. Je m'estime heureuse que mon père ne la soutienne pas dans cette idée plus que folle.

Parfois, je me demande ce qu'il fait avec une femme comme elle. Il aime les personnes fortes, courageuses, et intéressantes. Tout son contraire donc. Je n'ai jamais osé lui poser la question, mais j'avoue que je ne peux m'empêcher de me questionner à propos de son bonheur. Est-il heureux avec une femme comme elle ?

J'ai toujours été proche de lui. Mon instinct de guerrière l'a enthousiasmé, et il est ravi d'être celui m'apprend tout. Combat, art martiaux, maniement des armes. Et des pouvoirs.

Rare sont les vampires possédant des dons, mais mon père, et moi, en faisant partie. Nous maîtrisons la neige. C'est sûrement logique, vu nos noms. Fubuki, soit tempête de neige, et Yuki, la neige. Mais ma magie est un secret absolument. Tant que je ne suis pas à sa place d'ailleurs, mon identité est bien gardée. Tous connaissent mon existence, mais pas mon visage, pour une sécurité maximale. Seul une poignée de personne de confiance m'ont déjà vu, depuis que je ressemble à une adulte tout du moins.

J'aime mon père. Mais je ne saurais en dire autant de ma mère. Je ne sais pas si je peux dire que je l'aime. Elle ne m'inspire que de l'agacement et de la colère. Quand j'étais plus jeune, elle me rebutait. Je pleurais chaque fois qu'elle s'approchait de moi, pour se servir de mon image. On dit que ce qui forme une famille, ce n'est pas le sang. Mais le cœur. Reste à savoir si je porte ma mère dans mon cœur.


PDV Externe

De l'autre côté de la demeure, les deux adultes se faisaient face. Dans sa tenue excentrique, les mains sur les hanches, la femme accusa son mari, qui rangeait les armes.

- Pourquoi tu continues de la faire combattre ? C'est totalement absurde. Écoute, c'était amusant quand elle avait 200 ans, mais ça ne l'est plus. Pense à son image. Comment veux-tu qu'elle trouve un homme si elle n'est qu'un tas de muscle sans classe.

Fubuki ne se retourna même pas vers son épouse pour lui répondre.

- C'est une guerrière, et mon héritière. Le plus important n'est pas qu'elle soit classe.

- Bien sûr que c'est important !

- Non. D'ailleurs, je ne me rappelle pas avoir dis qu'elle devait trouver un mari.

- Et comment pourrait-il en être autrement ?

Elle l'agaçait, lui aussi. Peut-être avait-il été trop patient avec elle par le passé, pour qu'elle devienne une telle emmerdeuse.

- Je ne forcerais pas ma fille à devenir une simple épouse soumise. Elle est destinée à plus que cela.

- Pourquoi tu la chouchoute autant ? Décidément, depuis qu'elle est enfant, tu lui passes tout et lui donne toujours raison. Il est temps qu'elle devienne une femme, et que tu ouvres les yeux sur son comportement irrespectueux. On va lui trouver un mari.

Elle ajouta tout bas, la phrase de trop. « Qu'elle le veuille ou non, cette petite importune. » L'homme laissa libre court à sa colère, qui se manifesta dans la pièce par de violent vents glaciaux. Il voulait la faire taire, et il avait réussi. D'une voix forte, il lui rappela son rang, et lui glaça le sang.

- Ça suffit. Celui qui décide ici, c'est moi.

Il sortit de la pièce, lui faisant comprendre que la discussion était close. Mais la femme était coriace, et si elle abandonnait pour cette fois, elle comptait bien revenir à la charge et avoir ce qu'elle voulait. Peu importe ce que les autres, et Yuki, en penseraient.  

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Le petit deuxième ! Alors qu'en pensez-vous de ce début ? 

A mercredi prochain pour la suite !

Kiss :*

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