Chapitre 16

PDV Yuki

Ce loup est une source d'ennui. Au final, même si les autres sont peu enclins à nous avoir ici, celui-ci est le plus virulent. Il nous haït, alors même qu'il ne nous connaît pas, pour le simple fait de notre espèce. Une haine viscérale, incroyablement forte, qui ne peut être le fruit de son éducation. Quand bien même un loup est élevé toute sa vie dans le dégoût de notre race, le cas de Ramin est particulier. C'est inscrit en lui. Et plus que de la colère, ou de la haine, je vois une envie de vengeance qui le consume.

Il s'est passé quelque chose dans sa vie qui l'a marqué au point de nous avoir en aversion. Étrangement, son frère ne semble pas impacté de la même manière que lui. Cela touche seulement Ramin, ou bien Nader a-t-il un recul plus grand sur la situation ?

Au final je m'en fiche, et je ne veux pas savoir ce qu'il a vécu. Il peut bien détester les vampires, je n'en ai rien à faire, je dois dire. Mais sa petite vengeance, il la garde pour lui, et il ne touche pas à ma sœur. Ou je l'égorge, c'est aussi simple que cela.

Après la discussion que je viens d'avoir avec Cyrus, qui a été à la fois étonnante et déconcertante, je ne compte pas me retenir de remettre à sa place cet idiot. De toute façon, je ne comptais pas attendre son aval pour le faire, même si cela me simplifie les choses.

Mais pour l'instant, je me retiens, et j'observe. Car je dois dire que si j'avais vu les petits regards d'Arman pour ma sœur, et son intérêt que je ne comprends pas bien, je ne m'attendais pas à le retrouver face à l'un des siens pour la protéger.

C'est bien de cela qu'il s'agit, de protection. Il n'essaye pas ici d'être un médiateur et d'apaiser la situation, il veut seulement s'assurer que Maï n'ait rien. Je vois bien que Cyrus a comprit autant que moi l'intention de son loup. Nous sommes visiblement les seuls.

C'est étonnant. Déjà, voir un loup qui n'est pas réfractaire à nous côtoyer et ce depuis le début, c'était tout une chose. Mais que l'un d'eux protège l'une de nous, c'est déstabilisant.

A le voir... il n'est pas n'importe qui. Je me doutais bien que c'était lui, le second, de part sa relation avec Cyrus. Mais maintenant, je n'ai plus aucun doute, après avoir vu l'influence qu'il a eu sur le loup. C'est dans la hiérarchie des loups. Quand un dominant ordonne, celui d'en dessous exécute, c'est tout. Jamais Ramin n'aurait reculé sans cela.

Le tout est maintenant de savoir pourquoi il a choisit de protéger. La raison m'échappe encore, et j'ai bien l'impression que lui-même n'en sait rien. Je ne vais pas me plaindre de la situation, au moins, il a empêché que ma sœur se fasse déchiqueter. Elle sait peut-être se défendre, mais face à un loup en colère, qui semble tout de même puissant, elle n'aurait pas fait long feu. Au moins, cela m'évite de le tuer aujourd'hui.

Cela ne n'empêche tout de même pas d'être en colère. Très en colère. Ses piques, sa rancune dont on ne comprend pas la cause, ses attaques envers moi, je peux supporter. Mais pas qu'il touche à ma sœur. Il vient de faire l'erreur de sa vie, et il va devoir le comprendre. Vite, très vite, je m'approche de lui et ma main saisit son col. Je n'en ai rien à faire qu'il fasse 10 centimètres de plus que moi, et pas mal de kilos en plus. Je le soulève comme si il ne pesait rien et l'envoie avec ma force surhumaine s'étaler sur la grande table de bois.

Elle avait l'air robuste. Pourtant, avec la puissance que j'y ai mis, elle cède quand son dos rentre en collision avec la surface. Il lâche un couinement et les personnes auparavant assisses autour du meuble écarquillent les yeux, ne disant rien, ne bougeant pas.

En quelques millisecondes, je suis au dessus de lui et j'agrippe à nouveau son col, alors qu'il grimace de douleur.

- Menace là encore une fois, et je ferai de ta fourrure un manteau petit loup.

Mon ton est sans appel, de même que mon regard. Qu'il ose répondre et je lui décroche les cordes vocales de la gorge sans attendre ni même y réfléchir.

Aucun de ses compagnons n'esquissent un mouvement pour lui venir en aide. Il faut dire que Cyrus ne bouge pas et n'intervient pas, ce qui les retient de faire quoi que ce soit.

Je le lâche et le laisse retomber contre les morceaux de la table sous lui, avant de saisir ma sœur par le poignet pour l'emmener vers notre résidence. Je n'ai que le temps d'entendre la voix de Cyrus avant de m'éloigner définitivement de la pièce.

- Tu l'as cherché.

Si ma colère n'était pas telle, j'aurai peut-être sourit. Mais elle est bien trop sourde, et je me contrôle encore pour ne pas y retourner et mettre en morceaux cet imbécile. Ce qui me retient, c'est aussi l'envie de connaître tous les tenants et aboutissants de cette histoire. Nous arrivons bien vite dans la maisonnette dont je claque la porte sans ménagement. Elle ne se brise pas, heureusement.

Je lâche pour la première fois la bras de ma sœur pour me mettre à faire les cents pas dans ce qui nous sert de salon. J'ai envie de tout détruire, il faut dire que je suis une personne ayant le sang chaud, comme on dit. Mais je ne peux pas faire ça, surtout pas devant Maï qui semble encore chamboulée. Elle a besoin que je me calme pour tout m'expliquer, mais je ne peux pas décolérer. Alors je me contente de simuler et de prendre sur moi le temps de la rassurer.

- Que s'est-il passé ?

Elle se frotte le bras et replonge visiblement dans ses souvenirs, pour me raconter avec exactitude la scène.

- Quand vous êtes sorti, je n'ai pas pu me retenir de souffler, tant je trouvais la situation absurde. Ramin l'a entendu, et ça ne lui a pas plu. Il a commencé à s'énerver contre moi. Mais je n'aime pas trop les conflits, tu le sais, alors j'ai préféré ne rien répondre. Je suppose que l'ignorer n'a fait que renforcer sa colère. J'ai fini par lui dire que tout ça était stupide. Je crois qu'il a comprit que je parlais de lui, alors que non, et ça a finit de l'énerver. Il m'a dit que je n'avais rien à faire ici, que notre espèce devrait être réduite à néant, et tout un tas d'autre chose.

Elle marque une courte pause pour reprendre son souffle avant d'enchaîner.

- Il était vraiment dans une colère noire, et même les autres n'ont pas comprit sa virulence, eux qui pourtant sont les premiers à le suivre dans sa haine. Mais là... ils le regardaient faire, sans comprendre pourquoi il montait crescendo, alors que je ne disais rien. Il a finit par vouloir en venir aux mains, mais Arman s'est interposé. Le reste, tu l'as vu.

- Ce n'est qu'un idiot.

La jeune femme en face de moi pince les lèvres, comme si elle parvenait à lui trouver des excuses. Ça ne m'étonne pas, ma sœur est une vraie enfant de cœur.

- Une telle haine... Il doit bien y avoir une raison.

Ça, je n'en doute pas. Mais honnêtement, là maintenant, je n'en ai rien à faire. Absolument rien. Je suis beaucoup trop énervée contre lui pour faire comme elle et lui chercher des excuses. Ça m'épatera toujours qu'elle y parvienne, alors que cette fois, si Arman n'avait pas été là, je ne donne pas cher de sa peau. Mais que voulez-vous, Maï est comme ça. Sûrement trop douce pour le monde dans lequel on vit, ce qui me fait m'inquiéter au quotidien.

- Tu vas bien ?

Elle hoche la tête.

- Il ne m'a pas touché... Arman s'est interposé avant.

J'observe son visage alors qu'elle parle du loup qui vient de la protéger. Elle n'a pas l'air de comprendre qu'il a fait ça pour elle et non par devoir, mais sa réaction... Elle a l'air gênée. Ses joues rougissent quelque peu, et elle baisse les yeux.

- Me dit pas que tu en pinces pour ce loup ?

- Quoi ?! N'importe quoi ! C'est juste que... il a l'air gentil, voilà.

Je lui dis maintenant que je ne suis absolument pas convaincue par son discours ou j'attends un peu ?

Après tout, je me fiches plutôt qu'elle en pince pour un loup, un humain, un vampire. Mais dans la situation actuelle... c'est un peu compliqué. Mais puisqu'elle me dit qu'il n'y a rien... on va dire que je vais la croire, au moins pour l'instant. Et surveiller de plus près ce jeu entre eux.

- Si tout va bien, je vais faire un tour alors.

Elle a l'air inquiète, peut-être parce qu'elle craint que je ne retourne démonter Ramin. Je ne vais pas le faire, je ne suis pas une idiote. Après, si il me cherche, je ne réponds plus de moi.

- Où vas-tu ?

- Je ne vais rien faire de stupide Maï. Je vais juste décompresser.

Elle hoche la tête et me regarde passer la porte sans rien dire. Moi, je m'avance dans le village en faisant fis des têtes qui se tournent sur mon passage. Je ne fais pas non plus de cas des regards mauvais des loups avec lesquels je suis censée travailler quand je les croise. Je me contente seulement de rendre celui sans méchanceté d'Arman, et de lui faire comprendre que je le remercie. Il capte le message, puisqu'il hoche la tête avant de se détourner de moi.

Je continue d'avancer, sachant très bien vers où je me dirige. Je m'enfonce dans la forêt, mon but étant de me retrouver loin des yeux et des oreilles de tout à chacun. J'ai besoin de solitude, d'extérioriser, et pour cela, je n'ai jamais trouvé meilleure solution que l'entraînement.

Quand je n'entends plus les bruits venant du village, je me mets enfin à apprécier les lieux. La verdure, la nature qui garde ici tous ses droits. Si il y a bien une chose que j'apprécie chez les loups au contraire des hommes, c'est que eux comme nous ont toujours eu à cœur l'intérêt de la nature. Ce monde est le sien, nous venons d'elle. Elle nous autorise à puiser en elle pour survivre, elle nous offre tout ce dont nous avons besoin. La détruire est un sacrilège que je ne saurais pardonner aux humains qui l'ont fait pendant trop longtemps.

Depuis la Révélation, elle reprend lentement ses droits. Mais les lieux tels que celui-ci qui n'ont jamais eu à subir toutes les atrocités dont ils ont été capables, ils sont rares. Ils sont rares et tout à fait splendides. La terre ne porte aucune stigmate, la flore pousse là où elle le souhaite, les oiseaux chantonnent et les lapins gambadent sans peur. L'air sent le frais et bon, bien loin de l'odeur infâme de pollution.

Cet endroit est beau et pur. C'est tout ce qu'il y a à dire.

J'arrive près d'un cours d'eau, et découvre une petite clairière d'environ 6 mètres de diamètre dégagée d'arbres. Je m'arrête ici, ayant trouvé le lieu que je cherche. Ici, le soleil perce doucement à travers les branchages sans pour autant que la chaleur ne soit insupportable. L'espace est suffisant pour s'entraîner, et suffisamment loin de la vie pour que je ne sois tranquille.

Je choisis un chêne énorme comme adversaire. Son écorce est magnifique.

Je me concentre et commence à donner des coups dans l'arbre. Ils ne sont pas suffisamment puissant pour l'abîmer. Comme l'aïkido, il s'agit plus ici de technique que de puissance. Je n'ai pas besoin de taper fort pour me calmer. Seulement de me concentrer sur autre chose que la source de ma colère.

Alors sous la douce brise que m'offre le vent, je me concentre un peu plus sur l'écorce en face de moi. Et petit à petit, j'oublie tout de ce qui me hantait jusque là.  

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Mais qu'est-ce qui peut bien pousser Ramin a agir ainsi ? Et pourquoi Arman et Maï réagissent-ils de cette façon quand il s'agit de l'autre ? (Vous me connaissez, impossible pour moi de me concentrer sur un seul duo x) Mais pas d'inquiétude, ils ne prendront pas plus de place que nos protagonistes, ils restent secondaires. Mais leurs attitudes influences les protagonistes, donc cela a une importance)

La suite arrive mercredi, 

Kiss :*

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