69- Épilogue

20 ans plus tard.

Comme chaque matin, la maison est terriblement calme et aucune tête brune traîne dans les couloirs. Et ce n'est pas plus mal...

Je sors de mon sport matinal en appréciant ce silence apaisant mais j'ai crié trop vite. Une fusée court dans ma direction et se cogne contre mon ventre. Je n'ai pas le temps de reprendre mon souffle qu'une de mes filles se cache derrière mon dos et me crie dans les oreilles.

— Maman, maman ! Dis à Lina de déposer son couteau ! hurle Samya près de mes tympans.

Je grimace d'irritation et une autre tête brune arrive à pas lourd dans notre direction en hissant un long couteau vers le haut.

— Samya, je vais te tuer ! hurle sa sœur en courant vers nous.

Je pousse un soupir désespéré et vivement je l'attrape par le col de son t-shirt et donne un coup dans sa main pour qu'elle lâche son arme qui tombe dans un bruit strident sur le carrelage.

Les deux sœurs commencent à se crier dessus, comme chaque jour. Normalement, j'ignore leur chamaillerie mais aujourd'hui, je n'ai plus la force de les supporter alors je me mets aussi à gueuler et ça les stoppe instantanément.

Je reprends mon souffle et me tourne vers elles, une veine tressautant sur ma tempe.

— Lina, Samya, il est à peine huit heures du matin et vous osez faire chier le monde avec vos conneries ?! Et si grand-mère vous a entendu ?! grondé-je avec les sourcils froncés.

Ta fille a piqué ma dague préférée et elle l'a cassé comme elle le fait avec ses poupées vaudous ! Heureusement qu'Isis me l'a répété ! se justifie Lina avec les sourcils froncés.

— Orr, c'est bon ! Tu ne vas pas me faire la gueule juste pour un stupide couteau, souffle Samya en roulant des yeux.

Mais elle a rajouté la goutte d'eau qui fait déborder le vase.

Lina s'apprête à sauter sur sa sœur jumelle et vivement, je la tiens entre mes bras. Elle se débat pendant de longues minutes et sa sœur en profite pour s'en fuir sans oublier de montrer son troisième doigt dans la direction de Lina.

Je sens Lina se calmer et je pousse un soupir soulagée.

Je n'en peux plus vivre avec ses filles. Vraiment, je n'en peux plus.

J'ai peur si un jour elles se détesteront réellement et je ne veux pas que cela arrive. Lina et Samya sont des jumelles que nous avons adopté au Pakistan. J'étais envoyée à une mission au Pakistan et mon objectif était de démanteler un réseau de prostitution. Il s'avérait que ces femmes sont toutes originaires de l'Égypte et ce sujet m'a tellement touché que je ne pouvais pas rester en Égypte sans rien faire. Avec Ruben, mon mari, nous sommes partis au Pakistan et nous avons réussi notre mission jusqu'à que nous arrivons dans un village ravagé par des conflits. Des corps jonchés au sol et des gens pleuraient la mort de leur proche.

C'est à partir de là que mes yeux se sont posés sur Lina et Samya. Elles ont vu leurs parents mourir sous leurs yeux, elles étaient effrayées par ce qu'il venait se passer. Mon instinct maternel s'est tout de suite déclenché et je suis venue les aider. Avec Ruben, on les a emmené avec nous en Égypte car elles seraient en sécurité, puis nous avons décidé de les adopter.

Avec elles, un lien s'est rapidement forgé avec moi mais pour le cas de Ruben, il avait le barrage de la langue. Au départ, les filles ne parlaient que l'arabe mais aujourd'hui, elles sont aussi proche avec Ruben.

— Lina, il va falloir que tu te calmes. Ne laisse pas ta colère t'envahir, surtout pas ça, lui dis-je avec douceur.

Je la lâche et la brunette grimace en touchant son épaule.

— Ouais, je suis désolée. C'était ma dague préférée. Papa me l'a offert et cette... Samya l'a brisé.

Je souris avec compassion et caresse ses épaules frêles. Elle lève ses yeux verts dans ma direction et elle force un sourire.

— Mais je m'en remettrai, souffle-t-elle tristement.

— T'auras une autre et crois-moi, je vais punir ta sœur qui doit sûrement raconter sa version auprès de votre père.

Ruben... comme un con, il va croire mot pour mot les conneries que va sortir Samya.

Avec ma fille, nous partons dans la direction de salle de sport et comme je l'avais prédit, Samya est cachée derrière le dos de son père et Ruben m'attend avec les bras croisés, le regard dur.

— Sorcha, laisse tomber. Tu ne vas pas punir Samya, annonce-t-il sérieusement.

En vingt ans, Ruben a pris un sacré coup de vieux. Je m'en rappelle encore la première fois quand je l'ai rencontré. Il avait ce petit air taquin et surtout il n'y aucun poil sur le visage. Aujourd'hui, il s'est laissé pousser une barbe et ses cheveux qui étaient autrefois bruns et soyeux commencent à blanchir.

Pas de chance pour lui, moi je fais toujours jeune.

— Ruben ne joue pas avec moi, tu sais que tu vas perdre. Tu sais que Samya est une menteuse, lui dis-je en m'approchant de lui.

Il sourit, visiblement heureux de me taquiner. Il me prend dans ses bras et me serre contre lui. Rapidement, je cède et le serre contre moi. Quant à notre relation, rien n'a changé. Ruben a toujours été le plus romantique entre nous deux et un jour il a finalement fait sa demande. Je m'en rappelle encore à quel point j'étais hésitante à accepter sa demande au mariage. Je l'aimais et je l'aime toujours et ça jusqu'à mon dernier souffle.

Mais ce qui me rendait hésitante à sa demande, c'était moi. Je ne pourrai pas lui donner un enfant, on n'aura pas de mini Ruben ou de mini Sorcha.

Mais il m'a accepté comme je suis et j'avoue, je suis toujours étonnée.

Cet homme a un grand cœur, un grand cœur qui déborde d'amour pour ses enfants et sa femme.

— Ce n'est pas ce câlin qui va me permettre à oublier la querelle des jumelles.

— Nos filles sont assez responsables pour se pardonner, madame Rodriguez. 

En même temps, nous nous retournons pour voir nos deux filles se chamailler sur le tatami. Je lance un regard amusé à Ruben.

— Responsable ? Laisse-moi m'en douter. D'ailleurs, où est Félicia ? Elle a tellement l'habitude à se lever tôt...

— Elle est chez son maudit copain Amir, peste Ruben, irrité. Sérieusement, qu'est-ce qu'elle trouve d'intéressant chez ce bouffon ?

Je frappe son torse en rigolant.

— Elle aime son Amir. Ne t'inquiète pas, ce soir elle sera à la maison et la famille sera à nouveau au complet pour l'anniversaire de maman.

Après notre mariage, ma mère a décidé de quitter à nouveau l'Égypte. Elle passe son temps à voyager et même si elle me répète sans cesse qu'il n'y a rien à s'inquiéter, je ne peux pas m'empêcher à l'appeler tous les jours.

Mais aujourd'hui, c'est un miracle qu'elle soit à la maison et comme c'est son anniversaire, j'ai invité tous nos proches pour qu'on fasse un petit quelque chose entre nous.

Les heures passent et la nuit est enfin tombée. Ma mère vient tout juste de souffler ses soixante-quatre bougies et sert à tous ses invités une part de gâteau. Avec un verre de champagne, je pars rejoindre mes amies et mon mari au jardin. Il pose un bras sur mes épaules et je me colle contre lui.

Toutes mes amies sont présentes. Sybella et Siofra.

Sybella fume une cigarette avant de la passer à Siofra qui observe avec confusion la cigarette.

— Sybella, c'est quoi encore cette connerie ? demande-t-elle, méfiante.

— T'inquiètes Siofra, c'est juste un relaxant. Bon j'avoue que j'ai rajouté un petit truc mais j'en ai besoin après cette foutue journée. J'en ai marre d'occuper ce gosse, soupire-t-elle avant de désigner son fils au fond du jardin.

— C'est la crise de quarantaine qui lui fait ça, moqué-je tandis que Ruben rigole.

Je reçois un regard noir de la part de mon amie.

Siofra pousse un soupir avant de fumer cette cigarette étrange et j'ouvre grande ma bouche, surprise. Elle ? Fumer une cigarette ? Siofra a toujours été la fille parfaite dans le groupe.

— J'en étais sûr que Sybella allait déteindre sur notre pauvre Siofra, ricane Ruben. Je reviens, je vais voir ce qu'il se passe là-bas.

Nous entendons encore des chamailleries et à contrecœur, Ruben nous laisse toutes les trois. Je m'approche d'elles et je fais exprès de m'asseoir entre elles. Nous restons silencieuse et j'en profite pour boire mon verre de champagne.

— Je m'en rappelle encore la première fois quand on s'est rencontrées, s'exclame Sybella, nostalgiquement. Je m'en rappelle encore aussi de notre première mission passée ensemble.

— On était tellement soudées. Même mes parents n'arrivaient pas à m'éloigner de vous, rigole Siofra.

Je rigole et pose ma tête sur son épaule.

Je pense comment j'ai rencontré mes amies. J'ai rencontré Siofra vers mes huit car ses parents étaient amis avec les miens. Quant à Sybella, elle venait de perdre sa grande sœur alors mes parents l'ont accueilli à la maison. Elle avait six ans à cette époque, c'est la plus jeune d'entre nous.

— N'empêche on était... c'est quoi le mot que les jeunes utilisent aujourd'hui ? Oui, baddass ! On était baddass et on s'est même fait la promesse qu'un jour on ira vivre en Tahiti et qu'on aura aucun enfant, dis-je avec sourire.

Des promesses qu'on a pas tenu d'ailleurs.

— Regardez-nous maintenant. On a pas perdu le temps pour pondre et adopter des gosses, glousse Sybella.

— Non mais surtout toi, Sybella ! J'avais perdu espoir en toi et je ne croyais pas qu'un jour, tu trouveras l'amour et que tu auras un fils. Encore Sorcha à la rigueur mais toi...

— Ne commence pas Siofra ! J'avais perdu espoir en toi, tu étais trop coincée du cul et maintenant t'as deux gosses et---

— Bon les filles, calmez-vous ! interviens-je. Nous sommes devenues toutes les trois des daronnes mais regardez, on est toujours là, ensemble. Et finalement, notre trio continuera à exister à travers nos enfants.

Je pose mes deux mains sur leur épaule et nous fixons le petit groupe au fond du jardin qui fait des messes basses. Lina, Isis et Aleksei sont toujours ensemble et ça depuis des années. Je nous vois à travers d'eux et une petite voix me dit que le petit groupe ira très loin en matière de connerie.

— On a risqué notre vie à cause du Serpent...

— Mais on est toujours là et vivantes. Vous êtes comme des sœurs pour moi et je suis contente que Dieu nous ait permis de rester encore longtemps ensemble, coupé-je Siofra.

Le Serpent... j'ai failli perdre ma vie à cause d'elle. Je suis contente que cette histoire ait pris fin.

Siofra nous prend dans ses bras, ce qui fait râler Sybella mais elle ne refuse pas l'étreinte.

Je croise le regard de Ruben et Félicia et je leur souris.

Il y a vingt ans, j'ai failli perdre ma vie. J'ai failli abandonner ma famille et l'homme que j'aime.

Mais vingt ans plus tard, je suis toujours vivante et je vis heureuse entourée de mes proches.

Mais une chose que j'ai retenu avec le temps, on ne peut pas fuir nos origines, nos racines. J'ai essayé et j'ai abandonné. J'ai grandi autour d'assassins et moi-même, j'en suis une.

Je resterai toujours cette Sorcha Hassan. Celle-ci qui fera tout pour le bonheur de sa famille. 

Je suis une mafieuse et ça depuis mes premiers pas.

FIN

**

Cette histoire est finalement bouclée mais je ferai quelques bonus, en particulier des flashbacks sur l'adoption des jumelles et sur comment Sorcha a mis fin au jeu du Serpent.

Je tiens à vous remercier pour votre temps à consacrer à mon histoire. Je vous remercie d'avoir commenté et voté ! J'ai conscience que cette histoire est bourrée de fautes, alors je vous remercie aussi d'avoir passer outre des fautes.

Durant vingt ans, plusieurs choses ont passé et j'ai l'intention d'éclairer une partie de ces vingt ans dans une autre histoire qui va sortir dans pas trop longtemps.

Le titre : Deux Identités pour Elle.

Nous serons dans le point de vue de la cousine de Sorcha, alors si cela vous intéresse, n'hésitez à lire cette histoire !

À une prochaine aventure !



Ps : non ce n'est pas moi 😂

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