68- pré-sentiment

PDV Ruben

Finalement, nous sommes repartis en Égypte plus tôt que nous avons pensé. Du moins, Sorcha est complètement incontrôlable et même si elle n'est pas dans son état normal, nous avons préféré d'obéir à ses ordres, peur de recevoir une balle ou un couteau dans l'épaule.

La voiture s'arrête en face de la propriété de la famille Hassan et vivement, Sorcha sort du véhicule avant de claquer la portière avec brutalité.

Avec les filles, nous nous regardons droit dans les yeux et nous nous demandons silencieusement qui va lui suivre. Sybella et Siofra se regardent entre elle et discutent avec des gestes.

Qu'est-ce qu'elles foutent encore...

Sybella se tourne vers moi et allume une clope.

— Ça sera pas moi, annonce soudainement Sybella. Sorcha est hors d'elle et la dernière fois quand je suis intervenue, elle m'a pété le bras.

Siofra opine et elle tourne ses yeux sur moi.

Je pense que c'est moi qui dois rejoindre Sorcha.

— Je vais y aller, dis-je avant de sortir de la voiture.

Le soleil de l'Égypte m'accueille et je suis obligé de plisser les yeux avant de m'élancer vers l'immense bâtisse.

Même si Sorcha me fait actuellement terriblement peur, elle peut prendre des décisions beaucoup trop rapidement et j'ai peur si elle va déconner.

Elle est aveuglée par la haine et la tristesse. Quelqu'un a kidnappé son enfant et je comprends parfaitement sa douleur. Félicia est une adorable petite fille et j'adorais jouer avec elle. Après cette terrible nouvelle, j'avoue que ça me fait quelque chose...

Félicia est innocente, pourquoi s'en prendre à elle ?

— Ruben ! me hèle Jayleen.

Je pivote ma tête dans sa direction et elle arrive à mon niveau, un peu essoufflée.

— Je viens avec toi.

Oui, elle me reparle enfin. Après, je me suis pris une balle pour elle, Jayleen avait intérêt de m'adresser à nouveau la parole !

— J'ai l'impression qu'on fait un remake de l'histoire de Catalina et de Théo. Théo s'est pris une balle pour Catalina et toi, tu t'es pris une balle pour moi et je t'en remercie, déclare-t-elle en posant une main sur mon épaule.

Elle dit vrai. Nos familles sont solidement liées et comme pour Jayleen et Sorcha, je suis capable de reprendre une balle pour elles. Jayleen est ma meilleure amie depuis que je me suis installé à Monterrey et notre amitié a une très grande importance pour moi.

Jayleen ouvre les portes et nous retrouvons face à une effervescence dans la villa. Des hommes et des femmes qui partent dans tous les sens avec des plateaux. Visiblement, tout le monde est inquiet et l'arrivée de Sorcha attise de plus en plus cette inquiétude.

Après tout, l'enfant de la patronne de la mafia Égyptienne s'est fait enlevée.

Nous entrons dans la maison et nous partons au salon où se trouve toute la famille réunit.

Sacha est présent ainsi que son maître, Mao. Je distingue enfin Sorcha qui est en train de gueuler sur sa mère et sur son demi-frère, Azrael. Rapidement, je les rejoins.

— Vous êtes des putains d'incapables ! Je pars pendant une semaine et j'entends qu'on a volé ma fille ! Azrael t'étais censé veiller sur la maison ! hurle-t-elle en prenant son demi-frère par le col.

Sa mère tente de les séparer mais Sorcha pousse sa génitrice sur le canapé et d'une force surprenante, elle plaque son frère contre le mur. Si ses yeux avaient le pouvoir de nous mitrailler, depuis longtemps on serait morts.

— Sorcha, tu n'es pas la seule dans cette histoire ! Ils ont kidnappé aussi Kelly, notre sœur !

Sorcha reste silencieuse, mais son regard parle pour elle. Elle s'éloigne, les mains dans les cheveux.

La voir comme ça me fait de la peine. Je m'en rappelle encore les premières semaines où elle a vécu chez moi et elle était toujours en colère. Elle voulait buter tout le monde.

J'ai l'impression de revoir cette ancienne version de Sorcha.

— Mais vous avez des indices ? Il faut qu'on les retrouve !

— Nous ne savons pas où elles se trouvent, intervient Mao avec une voix d'un calme olympien. Cependant, comment dire ? Le SSE est sur vous tous. De plus, elle a fait une alliance avec la DEA.

Je fronce les sourcils.

 Le SSE est le Service Secret Égyptien.

— Déjà, comment ça se fait que le SSE est sur les Hassan ? Et puis, pourquoi la DEA se mêle aux problèmes de la mafia égyptienne ? demandé-je, confus.

Le japonais pose son regard sur moi et esquisse un sourire froid.

— Il est sur les Hassan depuis très longtemps mais les Hassan nettoient toujours derrière eux après leur passage. Autrement dit, les Hassan sont clean, du moins, ils étaient clean il y a quelques heures. Une personne ayant des preuves solides contre Sorcha les a fourni au SSE.

Donc elle risque de se faire arrêter.

Donc si la DEA est inclus, ça veut dire que Rosalyn est aussi en Égypte et c'est elle qui a kidnappé Félicia.

L'histoire commence à corser, j'ai du mal à comprendre.

Sorcha s'adosse contre le mur et ferme les yeux. Je reste ici, impuissant. Malheureusement, je ne sais pas quoi faire. Nous ne savons pas comment récupérer les filles et nous savons pas où elles se trouvent. Elles ont sûrement quitter le pays.

— Maman, tu mets toujours la broche de Félicia sur ses vêtements ? questionne Sorcha après un long moment de silence.

— Celle en forme de poisson avec des petits saphirs rouge ? Je la mets toujours, comme tu me l'as exigé, affirme sa mère, soucieuse.

Cette broche.

Sorcha l'accroche toujours sur la tenue de sa fille. Je lui ai toujours demandé pourquoi lui accrocher une broche mais Sorcha est toujours restée silencieuse à ce sujet.

— Il y a une puce à l'intérieur et elle toujours activée. On peut la retrouver en espérant que Kelly soit avec elle, annonce-t-elle.

Tout le monde se met à pousser un soupir de soulagement et Sorcha écrit les cordonnées sur un morceau de papier avant de le tendre à un de ses soldats. Elle quitte les lieux et sans attendre, je la suis de près.

— Arrête de me suivre, veux-tu ?

Je lève les yeux au ciel et m'approche d'elle.

— Je ne veux pas que tu fasses une connerie, Sorcha. Tu es dans une merde bien profonde.

— Je le sais et merci de m'avoir rappelé mon triste sort, Ruben, dit-elle avec sarcasme. Je vais juste dans la chambre de Félicia et j'en ai besoin.

Je ne réplique rien et la suis. Une fois arrivés dans la chambre de la petite fille, je reste en retrait et observe Sorcha prendre la peluche préférée de la petite fille. Sorcha se retient à pleurer et elle serre fortement l'objet en coton entre ses doigts.

— C'est pour ça que j'ai quitté l'Égypte et mes racines. Ma vie est trop dangereuse et je mets constamment Félicia en danger. Je ne veux pas perdre un de mes proches... non, ça me tuerai trop.

Je m'approche de Sorcha et me poste en face d'elle avant de prendre ses mains dans les miennes.

— Mais tu as moi, Sorcha. Je t'aiderai à retrouver Félicia---

— Ruben tu as trop fait pour moi, me coupe-t-elle en plongeant son regard bleu dans le mien.

Cette nouvelle Sorcha me fait rire.

Auparavant, elle me disait jamais ça quand j'avais l'impression que je faisais trop.

— Mais pour moi, non. J'avoue que si je ne t'aurais pas retrouvé en Pologne, tu n'e serais pas ici, avoué-je avec un sourire en coin. Mais la mafia est ton monde et tu ne peux pas t'en séparer.

Malgré la tristesse sur son visage, elle rigole.

— Oui, je comprends. J'ai grandi dans cet environnement et la quitter va être dur...

— Mais es-tu sûre de vouloir quitter la mafia ? Parce que, quand je te vois donner des ordres, j'ai l'impression que cela ne te déplais pas.

Elle ouvre la bouche mais la referme vivement. Je pousse un soupir et pose un baiser sur son front.

Elle ne sait pas. Elle a essayé de fuir ses racines, mais c'était un échec à cause de moi et aujourd'hui, prendre la place de son père ne lui déplaît pas. Elle est presque intouchable mais ses proches sont sans cesse en danger.

— Sorcha, on a localisé Félicia ! intervient Sacha.

Sorcha m'envoie un regard et vivement elle suit son petit frère. Je les suis de près et nous arrivons au salon.

Sorcha se dirige vers l'ordinateur et se penche sur l'écran.

— Elle se trouve à El-Harra, souffle-t-elle. C'est à quatre heures de route, préparez les voitures et les hélicos.

— Mais Sorcha, tu ne penses pas que---

— Je m'en bats les reins de votre SSE ! Ce n'est pas eux qui vont m'empêcher à retrouver ma fille !

— Sorcha, calme-toi et nous allons trouver une autre option. le Serpent va payer pour ses actes mais on ne veut pas que le SSE t'arrête. Laisse-nous préparer un plan, m'exclamé-je en posant une main réconfortante sur son épaule.

Sorcha pousse un soupir et opine.

Maintenant que nous savons où se trouve la petite, il faudra créer un plan. Pour Sorcha, il est trop risqué qu'elle se casse là-bas, elle mettrait fin à sa vie.

Ses frères et ses soldats se retrouvent autour de la table pour élaborer un plan. Je reste auprès de la jeune femme et je la réconforte le mieux que je peux.

— Je vais aller prendre l'air dans le jardin, J'ai besoin d'être seule, m'annonce-t-elle.

Je fronce mes sourcils, suspicieux quand elle évite mon regard. Je fais un petit mouvement de la tête et elle part discrètement.

J'écoute avec concentration le plan que Sacha et son frère sont en train d'élaborer et pendant ce temps Jayleen a décidé de téléphoner son père pour lui fournir des informations sur notre crise actuelle.

— Maintenant que savons comment éloigner la DEA et le SSE, nous pouvons partir immédiatement. On va pas laisser les filles un jour de plus chez cette folle, siffle Sacha alors que tout le monde s'active.

— Je vais aller prévenir Sorcha, annoncé-je avant d'aller au jardin.

J'arrive dans le jardin et je reste un moment sur la terrasse, trouvant bizarrement silencieux le jardin. Je longe les allées de fleurs et m'arrête subitement quand je prends conscience qu'elle m'a menti.

Son comportement était bizarre tout à l'heure et n'en parlons pas le comportement suspicieux de ses amies.

Sans perdre une seconde de plus, je pars au parking et découvre malheureusement que la voiture de Sybella n'est plus ici. Je sens mon visage devenir blême et je passe une main dans mes cheveux, totalement angoissé de cette situation.

Elles ont planifié un plan depuis le début. Sorcha est partie avec Siofra et Sybella pour vaincre l'autre conne.

Je me suis pas posé assez de questions sur le comportement de ces deux dernières. Elles savent bien mentir et j'ai oublié à quel point que les trois femmes sont proches et liées jusqu'à la mort. Elles sont meilleures amies et elles ont toujours fait les quatre cents coups ensemble.

J'entends des pas venir dans ma direction et je fais face aux frères de Sorcha.

— Sorcha et les filles sont parties, leur déclaré-je, anxieux.

Ils s'échangent un regard.

— Comment ça ? Elle n'était pas au jardin ? 

— Je croyais qu'elle était au jardin mais elle m'a menti. Elle est partie rejoindre Siofra et Sybella.

Sacha peste des insultes, saturé par la situation. 

— On doit pas tarder ! s'exclame Azrael avant de donner des ordres à ses soldats.

Rapidement, nous nous dirigeons vers les SUV, mais le téléphone de Sacha se met à sonner. Je me penche sur son épaule et je lis le prénom de la personne qui essaie de le joindre. Avec les frères Hassan, on s'échangent un regard avant que Sacha décroche l'appel et le met sur haut-parleur.

— Sybella, sur la tête de mon père, je vais te tuer si je te vois ! hurle-t-il, hors de lui.

Nous entendons Félicia pleurer à l'arrière de l'appel et je me sens soulagé.

Elles ont réussi à les récupérer.

— Et... tu as raison de me tuer... Nous avons les filles mais...

La voix de Sybella se brise, pour une première fois. Pour la première fois, elle ne semble pas vouloir contrôler ses sentiments et j'avoue, j'appréhende.

— La DEA et le SSE ont arrêté Rosalyn et Sorcha, annonce-t-elle avec une voix aiguë.

Je sens mes jambes trembler et je commence à vaciller avant qu'Azrael passe unem bras derrière mon dos pour me rattraper. Non, c'est impossible...

Sorcha s'est fait arrêtée mais le pire dans tout ça, elle est quand même partie et elle savait qu'elle allait se faire arrêter. 

C'est égoïste de sa part ! Elle n'a pas pensé aux autres qui l'aiment. Elle n'a pas pensé à moi.

Après une année, on vient tout juste de se retrouver mais on dirait que Dieu veut nous enlever à nouveau notre bonheur.

J'ai l'impression que mon putain de cœur s'est explosé, non... je ne peux pas y croire. Si Sorcha s'est fait arrêtée, elle risque la peine de mort...

Sacha qui est dans le même état que moi, ne cherche pas à savoir plus. Azrael arrache son téléphone et demande plus d'explications mais tout à coup, on entend un bruit sourd dans l'appel. Je tourne ma tête vers Azrael, inquiet.

J'ai un pré-sentiment. Un mauvais pré-sentiment.

— Sybella, bordel ! c'était quoi ça ? demande Azrael peu certain.

Nous l'entendons respirer bruyamment et un silence religieux s'en suit. Nous attendons tous une réponse mais quand Sybella décide à parler, je crois voir mon monde s'écrouler :

— C'était... c'était le fourgon qui transportait Rosalyn et Sorcha... il... il vient de s'exploser...

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