PDV Sorcha

Nous voici le jour-j.

Ce fameux jour où tout prendra fin si rien ne passe à travers.

Le jour où on pourra enfin neutraliser cette Rosalyn.

Le bras droit d'Adrian nous explique encore quelques détails sur le déroulement du mariage qui va avoir lieu dans quelques heures.

— Le serpent viendra à l'église à cette heure précise. Vos snipers seront à l'étage de l'église et ils pourront tuer les gardes du corps de Rosalyn, nous explique Ivor. J'espère que vous n'avez pas oublier vos rôles.

Il appuie surtout son regard sur Sybella, qui elle, pousse un soupir insultant. Pauvre conne, elle voit pas qu'elle fait de l'effet sur ce Ivor ?

Siofra pouffe de rire tandis que j'essaie de garder mon sérieux. J'observe le plan de l'église et me remémore les rôles de mes alliés. Je serai parmi les invités, habillée d'une robe qu'Ivor a choisi. Je serai discrète lors de la cérémonie et lorsque le moment sera propice, je me lèverai et me cacherai derrière une des colonnes de l'église avant de tirer une balle.

Je sais que je n'ai pas tenu la promesse que j'ai fait à ma mère, mais c'est au-delà de mes forces. Rosalyn a fait trop de mal à mes proches et elle a commandité leur meurtre de mon père.

Dans la mafia, lorsque le père est mort entre les mains des ennemis, l'aîné doit traquer le meurtrier de son père. C'est une étape cruciale. Ne pas faire ça dans la mafia est comme une terrible faute, voire c'est un crime.

Je n'ai jamais voulu tuer une personne et je ne savais que les choses allaient tourner en vinaigre. Maintenant, je n'ai plus trop le choix.

— Sorcha, t'es sûre que le Parrain de la Bratva est un homme fiable ? me demande Sybella, soucieuse.

— J'espère que c'est un type fiable, réplique Jayleen en se joignant à nous. S'il ne tient pas sa promesse, mon père va entrer en guerre contre la Bratva et je prendrai un plaisir à traquer les russes.

— J'ai confiance en Adrian. Il n'est pas si con que cela, leur dis-je avant de ranger nos cartes.

Sybella fronce les sourcils et marmonne des choses incompréhensibles. Elle n'est pas favorable à notre plan mais le choix ne s'offre pas à elle. Et même si elle avait eu le choix, elle restera toujours à mes côtés.

Ivor revient vers nous et nous annonce qu'il est temps de partir. Je vérifie une dernière fois mes armes à feu ainsi que ma dague avant de suivre les autres. Je m'accoste près de Ruben qui est très silencieux depuis l'arrivée de sa meilleure amie, Jayleen.

Silencieux car il ne sait pas quoi faire pour retrouver son amie.

— Ne fais pas cette tête, elle va te pardonner Ruben, lui dis-je alors qu'il pousse un long soupir.

— Déjà que j'ai galéré pour toi, maintenant c'est au tour de Jayleen, se plaint-il tel un gosse.

Je lève les yeux au ciel.

— Tu as déconné.

— Et c'est à cause de toi, réplique-t-il vivement.

Je m'arrête et me tourne vers lui avant de hausser mes sourcils.

— Oui, c'est à cause de moi...

Nous nous fixons droit dans les yeux avant de rire. Sans attendre, il dépose un baiser sur ma joue et j'ouvre grands les yeux avant d'observer si les autres nous ont pas vu.

— Encore quelques heures et on pourra vivre tranquillement, me chuchote-t-il.

Je ne sais toujours pas ce que Ruben et moi sommes maintenant. On s'embrasse, on se taquine toujours, on s'enlace mais on s'est pas vraiment posé la question s'il y un « nous ».

Nous rejoignons les autres et quelques heures plus tard, nous sommes à l'église où la cérémonie va avoir lieu.

— Tout le monde est en place, m'informe Adrian habillé dans son beau costume bleu ciel. Faites attention, Sorcha.

— Vous devez plutôt vous préoccuper pour votre beau costume qui sera dans quelques instants tacheté de sang.

— J'espère pour vous qu'il ne m'y arrivera rien.

Je rigole ironiquement.

Ce gars est un peureux ou bien ? Lui qui montait sur son grand cheval blanc quand on s'est vu pour la première fois.

— Adrian, avant que ma balle se loge dans le cœur de Rosalyn vous serez déjà très loin, lui dis-je, agacée avant de remarquer de l'agitation. Je suppose que votre futur épouse arrive, préparez-vous.

Je tourne les talons et me dirige jusqu'à ma place attribuée. Je lance un regard à Ruben qui se trouve dans l'autre côté de l'église accompagné de Siofra et de sa meilleure amie.

Je prends place sur le banc à côté des autres invités. Mon téléphone vibre dans mon sac et discrètement je le prends avant de lire le message d'Ivor.

« Rosalyn est arrivée »

Je commence à appréhender. Je vais rencontrer enfin cette fille qui a pourri la vie de ma mère, la vie de mon père et ma vie. Elle est source de notre malheur, elle était une épine pour beaucoup de personne et j'ai hâte de mettre fin à son petit manège.

 À cause d'elle, j'avais perdu usage de mes jambes pendant deux semaines et... et mon père a perdu la vie.

Finalement ce début d'appréhension se transforme en haine. Je vais enfin la tuer après une longue année. Mes amis m'ont aidé et ils se sont sacrifiés, alors cette fois-ci, je ne vais pas rater mon coup.

Une musique retentit dans l'église et tout le monde se lève. Je fais de même et reste discrète, les yeux rivés vers la porche du bâtiment. Un voile dissimule le visage de la future mariée et celle-ci s'approche lentement jusqu'à Adrian qui a une mine neutre.

Voici le Serpent, la femme que je traquais depuis des mois.

Je plisse mes yeux en essayant de voir à travers le voile, mais bordel je vois rien. Mes yeux suivent attentivement cette femme s'approche progressivement et ma main tâtonne mon arme à feu. J'attends le moment lorsqu'elle va ôter son voile.

Mon cœur s'arrête lorsqu'elle s'arrête devant Adrian et celui-ci ôte son voile avec sourire. J'ai l'impression que les secondes coulent lentement. Mon visage se décompose quand je distingue enfin le vrai visage du serpent.

Elle ?

Ma respiration se coupe  et je commence à vaciller sur mes jambes avant de garder mon équilibre.

Elle.

Cette fille... cette fille qui a essayé de se sympathiser avec moi, il y a un an. Valentina.

Elle ?

Ses cheveux sont parfaitement coiffés en un chignon tandis qu'un sourire prend place sur ses lèvres.

J'ai l'impression que le monde s'est foutu de moi. Le serpent était près de moi, mais je n'ai rien remarqué... quelle conne, Sorcha !

Je me planque derrière une colonne tandis que plusieurs questions filent dans sa tête. Je comprends mieux pourquoi ses tentatives d'être amie avec moi étaient soupçonneuses et moi, je n'avais pas vu que c'était elle mon ennemie. Elle savait qui j'étais depuis longtemps, elle savait d'avance de mon arrivée au Mexique. Pendant tout ce temps, j'étais aveuglée.

Bordel, je suis vraiment très conne !

— Nous allons procéder aux échanges des vœux...

Mon téléphone vibre et me fait sortir de ma rêverie. Je penche ma tête en prenant finalement ma dague.

Maintenant, je dois le faire.

Lorsque Rosalyn commence à parler, sans hésitation, je lance ma dague dans un geste précis et celle-ci égratigne son épaule dénudée. Tout le monde se met à haleter et je sors de ma cachette pour que cette pétasse me voit. Son regard se pose sur moi et elle ouvre grands les yeux, horrifiés, tandis que j'esquisse un sourire froid.

Maintenant à nous deux.