57- discussion
Sybella ouvre la porte et me fait signe que tout est en place. Je lance un regard à Ruben afin qu'il comprenne qu'il reste ici sagement, derrière cette porte.
J'entre finalement dans la petite pièce où mon frère, Azrael et cette pétasse de Kelly sont présents.
Dès que la porte se ferme, Natalya lève mollement sa tête puis sourit diaboliquement quand elle me voit. Je m'installe sur la chaise en face d'elle, le visage neutre.
Mais au fond de moi, j'ai cette colère viscérale qui me ronge chaque organe.
Natalya fait des aller-retours entre moi et le reste de ma famille et son sourire s'agrandit encore plus.
— Vous êtes toujours en pleine forme, malgré la révélation que vous soyez frères et soeurs, ricane-t-elle avec un fort accent russe.
Je m'adosse nonchalant contre la chaise.
Elle commence à m'attaquer. Juste en me rappelant que j'ai un frère et une soeur caché m'irrite.
— Je constate aussi que malgré votre état et vos blessures infectées, vous êtes toujours d'humeur à rigoler, dis-je froidement. Cesse de plaisanterie, on va--
— Parler de Rosalyn ? me coupe ma blonde, mal en point. Je suis une fidèle, je ne vous dirai pas où elle est.
Je rigole à mon tour et fait signe à Azrael de me donner le dossier. Je le feuillette rapidement avant de trouver avec joie ce fameux papier. Avec un rictus, je montre ce morceau de papier à Natalya et dans son regard bleu malsain, une lueur étrange passe. Son visage laisse paraître ses sentiments, mais elle se reprend vite en rigolant faussement.
Pourtant, elle vient tout juste de me donner la réponse.
Droit dans la cible.
— Ris encore, si tu le souhaites. Je sais que Rosalyn est en Russie. On a retracé tes derniers vols et étrange soit-il, le mois dernier tu es partie cinq fois en Russie, depuis le Mexique.
— Et tu vas faire quoi ? me crache-t-elle, les yeux rouges de colère. La dernière fois que tu étais en face d'elle, Rosalyn t'as envoyé dans le coma. Tu es faible face à elle, Sorcha.
— Bon, allez on la tue, intervient Sybella, agacée.
Je me tourne vers elle et Sacha l'empêche de s'approcher de nous. Elle pousse un soupir et croise ses bras.
Je n'ai pas encore fini avec Natalya.
Cette fille n'est pas assez intelligente. Voyagez avec son vrai nom, c'est une erreur de débutant dans notre monde. Quand Azrael m'a reporté toutes ces informations, j'ai envoyé quelques espions en Russie afin d'affirmer ses investigations. Et c'est bien vrai. Petit bémol, avec la Bratva, nous avons quelques tensions, si je pars là-bas pour régler ce problème, je ne ressortirai pas vivante.
Comme si Natalya lisait dans mes pensées, elle rajoute d'une manière mesquine :
— La Bratva est très proche de Rosalyn, donc elle est toujours invincible, dommage.
Je lui souris et me penche près d'elle.
— Ce n'est pas un problème, Natalya. Mais au lieu de préoccuper de ton amie qui n'a rien à foutre de ta sentence, on va un peu parler de toi, lui chuchoté-je sèchement avant de me lever.
Je croise mes mains au bas de mon dos et fais les cent pas dans la minuscule petite pièce qui commence à me priver d'air. Être proche de cette fille m'empêche de bien respirer mais avoir tous ces regards sur moi, attendant la sentence que je vais attribuer à cette russe, m'empêche d'être maître de moi-même.
— Dis-moi ce que tu as fait, il y a maintenant quelques semaines, lui ordonné-je.
Je me pivote dans sa direction et ancre mon regard dans le sien. Elle garde le silence comme si elle hésitait.
— Je n'ai rien---
— Menteuse. Dis-moi ce que tu as fait il y a quelques semaines ! cris-je cette fois-ci, la colère commençant à prendre au-dessus de moi.
Natalya ainsi que les autres sursautent et je serre les poings afin de contenir cette haine qui ravage en moi.
— J'étais ici, en Égypte et j'ai tué ton père, le chef de la mafia Égyptienne, avoue-t-elle sans aucun scrupule.
Mon cœur prend une allure anormale à la suite de sa déclaration tandis que Natalya explose de rire. Sacha lui lance un regard méprisant et décide de partir, cela est trop pour lui.
Je voudrais aussi le suivre, mais j'ai une promesse à tenir. La Russe doit payer.
Le pire dans tout cela c'est que je le savais depuis quelques jours grâce à Azrael qui a fait un bon boulot. Depuis cette découverte, je n'arrivais plus à dormir, trop occupée à penser les pires souffrances que je peux affliger à Natalya.
— Mais en réalité, c'était pas vraiment lui que je voulais tuer, il n'était pas dans ma ligne de mire.
Je tourne lentement mon attention sur le bourreau de mon père. Malgré la peur qui vibre en elle, elle essaie toujours de nous montrer une fille qu'elle ne l'est pas.
— C'était ta bâtarde, Félicia, que je voulais tuer. Du moins, c'était le souhait de Rosalyn, ajoute-elle avec un rictus. Mais tu as réussi à nous piéger, tu n'étais pas en Égypte ce moment-là, alors j'ai tué ton père.
Mes mains tremblent violemment et ma tête tourne. Je fais effort de rester debout, affrontant toujours cette pétasse, mais je ne me sens pas bien. Des sueurs froides coulent le long de mon visage.
J'ai perdu désormais espoir en l'humanité. Comment se prendre contre un enfant innocent ?
Le Serpent est... Je ne sais pas comment l'appeler, comment la considérer. Elle n'est pas humaine, elle n'a pas de cœur.
— Et es-tu fière de toi ? lâché-je d'une voix grave. T'es contente d'ôter la vie d'un père qui a une famille ?
— Attends ! Et tu vois ces deux-là, ton nouveau frère et ta soeur, désigne-t-elle Azrael et Kelly. Dès la mort de Samuel, je suis partie modifier son testament. Ils ne paraissaient pas du tout, votre père n'avait à rien à cirer pour ces deux-là. En les rajoutant sur le testament, je savais que cela t'énerverait, Sorcha.
Elle analyse nos visages et éclate de rire une énième fois. Sybella lui fout une claque afin qu'elle se calme mais aucune pensées ne passent dans ma tête.
Le visage de Kelly devient livide tandis que son frère reste indifférent mais la petite veine qui tressaute sur son front me dit déjà qu'il va péter les plombs.
Je ne sais plus quoi penser... Entre Natalya qui voulait tuer ma fille mais elle a tué mon père. Et mon père qui n'est pas un vrai père, qui est mort sans nous informer qu'on avait encore de la famille. Si Natalya était pas là, je ne saurai pas que j'avais d'autres frère et soeur. Dois-je encore considérer mon père comme tel ?
Ce n'est pas un père. J'ai grandi avec un menteur.
D'un geste vif, je prends mon arme à feu calée dans mon jean et le pointe dans la direction de la Russe. Elle s'arrête de rire et arque un sourcil.
Sybella recule, surprise.
— Sorcha, baisse cette arme, soupire-t-elle.
— Tu n'es pas capable, ricane la Russe. Me tuer ne te servira à rien.
Je pose mon doigt tremblant sur la gâchette et maintient l'arme avec mes deux mains afin d'arrêter les tremblements.
— Sorcha, tire sur elle, me lance Kelly. C'est elle la cause de nos problèmes.
Sybella tente de me calmer mais mon arme est toujours pointée vers Natalya.
Ma respiration est saccadée tandis que mon cœur bat fortement me donnant l'impression qu'il va sortir de la cage thoracique.
Une petite voix m'interdit de faire cela et je m'apprête à baisser mon arme, mais Natalya lance une fois de plus :
— Me tuer te servira à rien, Sorcha. Tu es faible et Rosalyn te tuera en premier sans que tu le saches.
— Tu vas disparaître ici, comme si tu n'as jamais vécu, Natalya, sifflé-je colériquement. Je t'en fais la promesse que Rosalyn te rejoindra très prochainement.
Je lève mon arme et appuie sur la gâchette. La balle transperce au milieu de front de la russe et sa tête tombe mollement avant qu'un filet de sang ne coule. Un silence accablant plane dans la pièce. Seules nos respirations frénétiques résonnent.
— Oh putain, meuf ! s'affole Sybella en s'approchant de la morte.
Je l'ai fait.
Je l'ai fait.
Je l'ai fait.
Je lâche l'arme entre mes doigts et quitte cette pièce lugubre. J'ai besoin de m'éloigner d'ici.
Ruben me voit et once d'inquiétude dessine sur son visage.
Ma vue se brouille tandis que mon organe vital bat tellement vite jusqu'à me faire mal. Lorsque mes jambes me lâchent, Ruben me rattrape juste à temps et mes yeux se ferment automatiquement.
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