51- pas de place pour les sentiments
Je n'aurai jamais pensé que je le reverrai et surtout chez moi. Ruben n'a absolument pas changé physiquement, du moins il a désormais une petite cicatrice au niveau de sa pommette et je me pose sérieusement la question comment s'est-il fait ça.
Mais il y a un autre truc qui a changé. Son regard qui était autrefois pétillant de joie, cette lueur de moquerie est partie pour remplacer le vide, ou peut-être une haine mais c'est sûrement le fruit de mon imagination.
J'ai cette envie soudaine de le prendre dans mes bras mais c'est avec un effort surhumain que je reste sur place, un faux sourire plaqué sur mon visage.
— Ta as invité les jumeaux, mais pas moi, rit-il en vacillant un peu. Pourquoi tu es méchante avec moi, Sorcha ? Qu'est-ce que je t'ai fait ?
Je pince mon nez suite à cette forte odeur d'alcool qu'il dégage de son haleine. Bon il a bu et il est très, très en colère.
Je garde mon calme mais il se met à chanter une chanson pour nous faire remarquer. Vivement, je lui fous une claque pour lui faire calmer, mais il décide cette fois de dégueuler sur mes talons.
Oh. Mon. Dieu.
Je reste pétrifiée, les yeux virés sur mes pieds sous les rires du Mexicain. Du calme Sorcha... Du calme...
Putain, ces chaussures m'ont coûté une blinde !
J'envoie un regard meurtrier à Ruben et celui-ci s'arrête de rire subitement.
— La méchante Sorcha n'est pas---
Sans qu'il comprenne, je lui balance un poing à la mâchoire et il tombe K.O.
Quoi ? Je n'avais pas d'autres choix. S'il continuait à hurler comme une meuf en cloque, il va attirer l'attention des autres et je refuse que mes invités me voient avec du vomi sur les chaussures...
Maintenant il va falloir l'enlever d'ici et rapidement. Deux servantes s'engagent dans le couloir et vivement, je les interpelle.
— Ce gars est toujours vivant, alors emmenez-le toutes les deux dans une chambre libre, discrètement et je vous garantirai que j'augmenterai votre salaire, leur proposé-je avec un sourire en coin.
Les deux jeunes femmes s'échangent un regard et sans plus attendre elles prennent Ruben en le traînant par terre tel un vulgaire chiffon.
Bon, quelques choses de fait.
Je pars dans ma chambre et découvre Félicia dormir paisiblement dans son berceau. La gouvernante se lève mais je lui fais signe de rester assise.
— Je vous remercie énormément Léa, mais je dois vous demander de rester pour une heure de plus. Le gala ne risque pas terminer.
La gouvernante accepte et j'embrasse tendrement sur le front de la petite fille.
**
Le lendemain.
La propriété est propre, comme si rien ne s'était arrivé à la veille et un silence apaisant plane dans l'air. Ma famille, pour une fois, est calme et prend leur petit déjeuner silencieusement. Même cette pétasse de Kelly a décidé de la fermer et seule Félicia brise un peu ce silence avec ces gazouillements.
— Oh mon Dieu, j'ai une de ces maux de crâne, se plaint ma mère avec une main sur son front.
— Si tu arrêtais de picoler comme un trou, tu ne serais pas dans cet état, jacassé-je en levant les yeux au ciel.
— Tu veux un médicament ? demande Sacha, inquiet.
Ma mère hoche la tête et mon petit frère part sur le champ avant de revenir avec le médicament. J'essuie la bouche du bébé, jusqu'à Azrael me pose des questions sur mes plans :
— Alors hier soir, tu as pu faire des alliances ?
Je me retourne vers lui.
— Oui, on va dire que j'ai des amies qui adorent faire des affaires. J'ai décidé de peaufiner cette mafia et pour l'instant j'ai réussi.
— Maintenant, on va s'attaquer au meurtrier de notre père ?
Je prends un grand souffle avant de me lever de la table. Je croise le regard de chaque personne qui attendent impatiemment ma réponse.
— Oui, mais cela va être compliqué car je suis aussi sur une autre mission. Nous savons tous que le meurtrier était proche de nous, il savait où se trouvait notre père, où se trouve les passages entre les murs...
— Attend, donc l'autre mission est plus importante que notre père ? demande Kelly, irritée.
Je lui montre mon troisième doigt avant de prendre Félicia entre mes bras.
— Depuis que j'ai su que mon père, du moins notre père nous a menti droit dans les yeux, j'ai rien à foutre.
— Sorcha, ne sois pas trop dure, souffle ma mère avec un regard de chien battu.
Une des servantes de hier soir arrive et me fait des drôles de signe dont je comprends nettement.
Je reporte mon attention sur ma famille et je leur souris.
— Et d'ailleurs j'ai pensé à la proposition de maman et de Kelly. Félicitations Azrael, tu es désormais mon bras droit, ajouté-je calmement.
Le visage de Kelly se décompose et je rigole à l'intérieur de moi-même. J'ai eu ma victoire. Azrael me remercie et je lui informe de venir passer à mon bureau cette aprem.
Je prends ma fille avec moi et quitte rapidement les lieux avant d'aller à la chambre où le fou qui a dégueulé ses tripes sur mes talons.
Aller Sorcha, courage...
Je prends une grande inspiration avant de déverrouiller la porte et m'engouffrer à l'intérieur. Ruben se lève de son lit quand il me remarque et vivement j'ouvre les fenêtres pour aérer cette pièce qui renâcle l'alcool.
Je me retourne et croise son regard qui est dans la confusion la plus totale.
Visiblement il a tout oublié.
— Qu'est-ce que je fous ici ? me questionne-t-il, perdu.
— Bonjour, je vais très bien merci, lancé-je ironiquement. Sérieusement, c'est moi qui dois te poser cette stupide question.
Je m'installe à côté de lui en déposant Félicia sur le matelas et celle-ci s'empresse à ramper jusqu'à Ruben mais je la retiens. Le jeune l'homme la fixe d'un regard neutre.
— Je vois que tu as pas perdu à faire un gosse, tu es mariée depuis combien de temps ? C'est qui le gars ?
Je garde un air indéchiffrable quand son regard se pose sur la bague de mon annulaire.
— Ça fait cinq mois et je te dirai pas qui est l'homme, mens-je. Vraiment Ruben, pourquoi tu es ici ? On t'a pas invité et je ne vois pas quel intérêt de t'inviter.
Le Mexicain se lève et passe ses mains dans ses cheveux et fait les cent pas.
— Je... Je voulais te revoir, malgré ce que tu m'as fait ! crie-t-il.
— Eh bien maintenant, je suppose tu sais où se trouve la sortie. Je n'ai pas besoin de t'accompagner, dis-je en retour.
Il a l'air encore plus déçu.
Ça fait un an qu'on s'est pas vu. Un an après ce baiser dont j'oublierai jamais, mais Ruben voit trop grand. S'il croit avoir une chance avec moi, il se trompe. Je n'oserai pas faire cela. J'ai enterré mes sentiments, désormais il me fait plus aucun effet. J'ai essayé...
— Mais je voulais te dire un truc aussi. Je te déteste, crache-t-il sèchement. À cause de toi, j'ai changé, j'ai perdu ma famille, mes parents ne me parlent plus et je te ferai regretter pour ce que tu m'as fait, Sorcha. Finalement tu es pire que le Serpent !
J'esquisse un sourire en coin avant de reprendre mon air neutre. Je cligne des yeux et me lève lentement, Félicia entre mes bras.
— T'as fini ta crise pré-pubère ?
Il ouvre grand les yeux, outré et ouvre la bouche, mais je le devance en appelant les gardes. Deux gorilles arrivent et je leur exige de chasser Ruben en dehors de la propriété. Mais avant, je m'approche de lui, toujours avec mon sourire provocateur et lui susurre :
— Tu vois ? Les sentiments n'ont pas de place dans ce monde, tu t'espérais à quoi, hum ? Qu'on s'aime et qu'on s'embrasse ? Ruben, t'es pathétique.
Le Mexicain tente de s'échapper, en vain.
— T'es pire que le diable, Sorcha, m'insulte-il.
— Justement, je suis le diable, Ruben. Maintenant, hors de ma vue.
Les gorilles l'emmènent en dehors de la maison et quelques secondes plus tard, Siofra et Sybella arrivent. Je pousse un long soupir avec cette pression. J'ai le cœur qui bat d'une manière désordonné et me provoque des douleurs physiques et mentales.
— Ton jeu d'acteur est pas mal, tu pourrait voler la vedette à une comédienne d'une vaudeville, ricane Sybella.
— Et on a réussi à pister, Natalya, s'exclame sérieusement Siofra. On a pu la kidnapper.
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