30- Relations tendues
Les heures ont passées après les retrouvailles et j'attends toujours mon frère sous la véranda de cette maison dont j'aime pas. Je fais les cent pas en regardant sans cesse ma montre.
Sorcha, sois franche avec toi-même. Sacha ne viendra pas ici.
Il veut à tout prix éviter notre père et je commence à regretter de l'avoir l'emmené ici, il n'est d'aucune utilité s'il veut fuir mon père comme de la peste.
Je pousse un soupir et décide d'entrer à l'intérieur de la maison. Je rentre dans ma chambre d'office et découvre Jayleen sur son ordinateur.
Car oui, cette meuf va dormir dans ma chambre étant donné que toutes les chambres sont occupées.
— Tu n'as pas sommeil ? lui demandé-je.
Elle se concentre sur moi et me fait un sourire gêné.
— Je fais juste quelques petites recherches et je vais prendre ma douche.
Je hoche lentement la tête et me dirige vers mon armoire avant de prendre une pile de vêtement et de lui tendre. Elle m'observe, incrédule.
— Je te les prête. Tu as quasi perdu tous tes vêtements au Japon et je pense que nous faisons la même taille.
Lentement, elle les prend en me remerciant, totalement mal à l'aise.
Je tourne mon dos, mais une question m'empêche de me déplacer.
— Au fait, tu penses quoi de Ruben ?
De suite je tourne mes yeux dans la pièce en cherchant des idées. Pourquoi elle me pose cette question ? Et puis en quoi cela l'intéresse ? C'est une question piège ?
Bizarrement, je commence à être anxieuse et je ne sais quoi dire. Pourquoi je perds si vite le contrôle ? Après tout, c'est une simple question.
Jayleen se poste en face de moi avec un sourcil haussé et je me sens bien obliger de répondre à sa réponse.
— C'est juste un con qui est mégalo.
Elle ne s'attendait pas du tout à ma réponse car elle semble être déçue de ma réponse.
— Ruben le fait exprès, tu sais. Il n'est pas comme ça en vrai, défend-t-elle.
Je le sais.
C'est une personne très différente de ce que j'avais pensé auparavant.
Voulant à tout prix couper cette discussion avant que cela aille loin, je lui dis d'une voix neutre :
— Écoute, je ne suis pas venue au Mexique pour faire pote avec vous. Je fais juste mon taff et je n'ai jamais signé pour les amourettes et les amitiés durant cette mission. Vous êtes mes compagnons de guerre, mais pas mes potes, encore moins votre Jimenez. Sur-ceux, bonne soirée Jayleen.
Je ne lui laisse pas le temps de rétorquer quoi que ce soit et quitte la pièce avec un pas rapide. Mais une ombre apparaît devant moi avec un petit ricanement.
— Je t'ai dit plusieurs fois, Sybella, arrête d'écouter à la porte des autres, soupiré-je.
Elle fait claquer sa langue contre son palais et pose son bras sur mes épaules avant de nous faire diriger sur le balcon.
— Sache que je ne t'ai pas cru une seule seconde, dit-elle en me lançant un regard moqueur. Donc, ce petit Ruben... Ruben quoi encore ? Merguez ? Suez ? Bref peu importe.
Je lui donne une petite tape sur l'épaule avant d'arriver au balcon.
Nous nous installons sur le petit banc et contemplons le ciel étoilé. Sybella est le genre pote pas du tout sociable. Elle n'est pas surtout cette fille qui va faire des câlins durant les retrouvailles. Ce n'est pas cette fille qui croit en l'amour, aux coups de foudres, aux licornes, cette fille n'a aucune notion de la vie et s'en fiche complètement du monde. C'est le contraire de Siofra, qui elle, est la plus « sympa » parmi nous. Parfois, cela m'arrive de me poser des questions pourquoi le destin nous a réuni. C'est vrai, on est tellement contradictoire, on se ressemble pas du tout.
— J'attends toujours ta réponse, Hassan.
Ah oui, d'ailleurs c'est la seule amie qui a tendance de m'appeler par nom de famille.
— Il y a rien à dire, Sybella. Je disais la vérité, lui mens-je en regardant droit devant moi.
— Pas à moi, Sorcha, pas à moi, chantonne-t-elle avant de rigoler.
J'esquisse un petit sourire et je tourne ma tête, vaincue.
— Je ne sais pas. Au départ, il me faisait hyper chier mais avec le temps, il se passe des choses bizarres, du genre à chaque fois quand je croise son regard, je me sens gênée et à chaque fois quand il pose sa main sur moi, c'est bizarre, avoue-je en sentant mes joues devenir toutes rouges.
— Tu as pas vraiment répondu à ma question, tu as plutôt dit qu'il fait de l'effet sur toi, mais cela me suffit amplement.
Je n'ai aucune gêne avec mes amies. J'ai assez confiance en elles pour savoir qu'elles ne le répéteront pas cela aux autres.
— Hmm, laisse-moi réfléchir. Je vais me mettre dans la peau de Siofra et je vais te conseiller car je connais que dalle sur l'amour, ajoute-t-elle se levant.
Elle prend un grand souffle et fait un faux sourire avant de sauter sur place comme une fan qui a vu son chanteur préféré.
– Oh mon dieu, Sorcha ! C'est formidable !s'écrit-elle en arabe et imitant la voix de notre amie. Si j'étais toi, j'irai le voir et passerai plus de temps avec lui ! Imagine que c'est ton âme-sœur, vous vous marieriez et vous aurez pleins d'enfants--
– J'ai assez vu, c'est bon, Sybella, l'imterromps-je au bord du fou rire. Merci quand même pour ce conseil, mais j'ai pas dit que je kiffais sur lui.
Je prends une bouteille d'eau qui traînait sur une table et prends appui sur la balustrade.
– Pourtant ces signes-là ne sont pas insignifiants, continue Sybella en imitant grotesquement notre meilleure amie.
Je lui lance un regard noir pour qu'elle arrête.
Pauvre Siofra, elle a rien demandé.
– Sérieusement, reprend Sybelle en s'adossant à côté de moi. Je connais peut-être que dalle en amour mais ces signes veulent dire quelques choses. J'ai vu comment il t'a regardé tout à l'heure et le regard qu'il lançait veut dire plusieurs choses.
Oula, elle attire ma putain de curiosité.
— Il me regardait comment ? m'empressé-je à lui demander. Enfin, bref, finalement je m'en fiche.
Elle rigole.
— Tu sais, il ne faut pas t'en priver durant cette mission. Si tu veux le sauter, fais-toi plaisir. Tu ne pourras pas nier cette tension entre vous.
Je lui donne une tape sur l'épaule sous son regard moqueur.
— Contrairement à toi, je ne saute pas sur tout ce qui bouge. Ce n'est pas mon genre de faure ce genre de chose et oui, peut-être il fait de l'effet sur moi, avoué-je vivement. Mais c'est une mission et quand cette mission prendra fin, on s'oubliera et nous allons reprendre notre vie.
— Pardon ? Tu vas gâcher ta vie dans ce pays de merde ? La Pologne ? s'indigne-t-elle. Tu me déçois énormément, Sorcha.
Elle me vole ma bouteille d'eau et se hâte à boire le contenu. Quelques seconde plus tard, elle crache le contenu de sa bouche et je me contente de fermer mes yeux, totalement désespérée de son comportement.
— Putain, on dirait la pisse votre eau, grogne-t-elle avant qu'elle renverse le contenu en dehors de la terrasse.
Quelques minutes plus tard, nous entendons un cri, puis des insultes.
Oh non, qu'est-ce qu'elle a fait encore...
Nous nous penchons discrètement au dessus de la balustrade nous remarquons qu'Hayden s'est pris l'eau.
Finalement, bien fait.
*
Après m'avoir préparé pour cette nouvelle journée, je pars à la cuisine afin d'aller prendre mon petit-déj.
Avec surprise, je vois Sacha qui prend son petit déj. Je reste figée pendant quelques secondes avant de laisser tomber. J'ai hâte de voir la réaction de mon père et de celui de mon frère.
Je me sers juste un verre de jus de fruit et je m'assois sur une place libre.
— Tu prends juste ça comme petit déjeuner ? me demande Ruben.
Je hausse les épaules.
— Je n'ai pas très faim le matin.
— Tu n'auras pas assez de force pour le reste de la matinée, mange un morceau de pain au moins, ajoute-t-il en me tendant le pain.
Forcée, je me sers un morceau de pain et Sybella, pétasse comme elle est, se met à chanter une chanson d'amour en arabe. Plutôt une chanson sensuelle. Les mexicains ne comprennent absolument rien et ne cherchent pas non plus, mais Sacha et moi échangeons un regard avant de nous concentrer sur notre repas.
— Alala, l'amour et ses complexes. C'est... original, continue-t-elle.
— Sybella, tu continues encore et c'est ce putain de couteau de beurre qui se retrouvera au fond de ta gorge, lui menacé-je dans notre langue natale.
Elle se contente de ricaner et mon père fait son entrée. Je me tends quand mon père et mon frère se toisent longuement.
— Sacha, quel plaisir de te voir toujours vivant.
Putain, pourquoi il a dit ça.
J'ai juste envie de chialer.
— Moi de même, papa, dit mon frère en crachant le dernier mot.
Un silence électrique plane dans l'air et je n'ose pas intervenir dans leur conflit.
— Bon, je pense qu'il est temps qu'on parle de notre serpent, s'exclame Hayden sérieusement.
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