29- De retour à la maison

Escale : Égypte

Je franchis le portail de la villa de mon père, autrement dit la maison de mon enfance. Mes pas s'arrêtent quand je vois le carnage dans la cour.

Oh. Mon. Dieu.

Des corps jonchent sur le sol tandis qu'un brouillard plane dans l'air. Une odeur de sang mélangée avec de la poussière s'infiltre dans mes narines et je ne peux m'empêcher d'y aller à l'intérieur de la maison car j'ai peur de ce qu'il s'est arrivé à mon père.

— Sorcha, attend ! me hèle Ruben.

Il m'arrête et je lui montre mon agacement en poussant un long soupir.

— Tu veux quoi, le con ?

— Je viens avec toi, on ne sait pas si des gens---

— Pas la peine, Sacha viendra avec moi...

Quand je le cherche du regard mon frère, bizarrement il a disparu. A-t-il fait exprès ? Après tout, je lui ai forcé venir ici et il ne voulait pas. Il avait rien à foutre, d'ailleurs.

Je me pose la question comment et pourquoi il s'est mis à détester notre père à ce point. Bon, d'accord... mon père a le don de m'agacer et cela m'arrive que je veux couper les ponts avec mon père mais durant ces années passées seule avec lui, cela m'a beaucoup rapproché de lui... et malgré nos différends, il restera toujours mon daron et je ferai tout afin de le protéger.

— Donc je viens avec toi, conclut Ruben avec un grand sourire. Jayleen et Hayden sont partis vérifier s'il n'y a personne d'autre à part nous.

Je roule des yeux et lui fais signe de me suivre.

J'ai conscience que si je rentre à l'intérieur de cette maison, je serai peut-être attaquée mais cette maison a été construite sur mesure, il y a des passages entre les murs.

Quand nous franchissons la porte d'entrée, un silence pesant s'apaise sur nous. Les sens aux aguets, je m'aventure dans le hall en sortant au cas où ma dague de son étui.

Nous contournons un autre couloir qui nous emmène vers la salle de combat, c'est dans ce couloir qu'il y a un des passages qui va m'emmener jusqu'à la  pièce secrète.

Je me stoppe quand je distingue une caméra.

— Ruben, explose-moi cette caméra, lui dis-je lentement.

— T'es sûre ? Cela ne va pas attirer l'attention sur nous ?

— Ferme-la et tire.

Illico presto, il tire une balle dans cette caméra.

C'est le moment d'y aller rapidement.

Nous accentuons notre pas afin d'atteindre au passage mais la vue d'un homme affreusement moche muni d'une mitrailleuse nous fait figer sur place. Il aborde un sourire malsain et d'un coin de l'oeil, Ruben sort son flingue avant de le pointer sur lui.

— Tu crois vraiment que ton petit flingue va nous sauver la vie, Jimenez ? lui demandé-je avec sarcasme.

— Tu voulais que je tape la pose, aussi ? me dit-il sur le même ton.

Bon, pas d'autre choix. Je recule lentement avant de me retourner complètement mais un autre homme s'y retrouve.

Putain, nous sommes piégés.

— Sache que nous ne avons plus de solutions, Ruben. Nous sommes encerclés, articulé-je.

Je colle mon dos contre celle de Ruben quand je vois l'ennemi pointer son arme sur moi. Complètement terrifiée, mes yeux parcourent le couloir tandis que je cherche une solution afin de nous faire sortir de là.

J'en ai un mais, il très suicidaire.

— Quand tu entendras l'homme devant moi crier, tu tire dans l'épaule du gars en face de toi, chuchoté-je à Ruben, la respiration totalement coupée.

— Tu vas faire quoi ? Sorcha, ne nous fout pas dans une merde...

— Nous le sommes déjà, Ruben, dis-je avant de passer l'action.

Vivement et dans une vitesse éclair je lance ma dague dans un geste précis avant qu'elle se plante dans la cuisse de mon assaillant. Comme je l'avais prévu il pousse un cri pas très viril et laisse tomber son arme. Sans perdre un temps, je m'accoure vers lui avant de lui balancer mon pied dans son flanc. Il perd son équilibre et alors que je m'apprête à lui rendre K.O en lui foutant un coup dans la mâchoire, quelqu'un lui tire une balle dans la tête, me faisant, par ailleurs, sursautée.

Surprise, je relève mon regard avant de retrouver ce regard perçant qui déstabilise tant la gente masculine dans mes souvenirs.

— Sybella, lâché-je dans un soupir.

Elle enlève son foulard rouge qui lui couvrait la tête pour me dévoiler son sourire démuni de sentiment. Elle observe derrière moi et sans que je m'y attende elle tire une seconde fois une balle.

Ruben !

Rapidement, je pivote sur moi-même, totalement inquiète mais je découvre Ruben avec les yeux grands ouverts comme quand une biche qui rencontre les phares d'une voiture au plein milieu d'une autoroute.

— Eh ! Je gérais à la situation ! se plaint-il en se relavant sur ses pieds.

Mon amie d'enfance, Sybella, rigole ironiquement.

— Mais bien sûr ! J'avais plutôt l'impression que vous dansiez du salsa, raille-t-elle. Bon perdons pas de temps, la maison est toujours truffée de colombiens.

Sans perdre une seconde de plus, nous la suivons jusqu'au passage. Ruben m'accoste et toisant Sybella de la tête au pied.

— C'est qui elle ? me demande-t-il d'un air méfiant.

— T'as pas besoin d'être aussi méfiant, c'est Sybella une de mes meilleures amies, lui dis-je pour qu'il se détende.

Il reste silencieux et Sybella ouvre le passage et nous fait signe d'y entrer rapidement. Nous descendons les escaliers dans une obscurité la plus totale et arrivés devant cette fameuse porte, une lumière automatique s'allume au-dessus de nous. Je tape vite fait le code et la porte s'ouvre dans un bruit métallique.

J'échange un regard avec Ruben et Sybella avant que nous y engouffrons à l'intérieur.

Mon père y est présent avec quelques de ses gardes du corps. Un grand soulagement se fait ressentir en moi et je me dirige rapidement vers mon père.

— Papa, l'interpellé-je.

Mon père relève automatique sa tête à l'écoute de ma voix et ses yeux se mettent à pétiller. Il me prend dans ses bras et instinctivement, je m'accroche à lui, me sentant complètement légère.

– J'ai fait un sang d'encre pour toi, j'ai cru qu'ils t'ont tuées, lui confié-je en re-imaginant les scènes que je me suis faites.

– Ce n'est pas un misérable groupe colombien qui va me nuire, me chuchote-t-il. Tu n'étais censé être au Japon ?

Je me décale de lui et lui fait une grimace.

– Quand j'ai entendu qu'un groupe est venu t'attaquer et qu'ils ont pris possession de la maison, j'ai direct pris l'avion avec mes... compagnons. C'est très rare que je vais dire ceci, mais j'étais très inquiète pour toi.

Mon père me sourit et passe une main bienveillante dans mes cheveux. Mais Sybella, comme toujours, racle sa gorge pour interrompre ce moment intime.

– Putain, je comprendrais jamais votre relation père-fille. Un coup, vous voulez vous entre-tuer, un coup, vous vous aimez. J'en ai ma claque avec vous, soupire-t-elle avec une mine blasée.

– Tu n'es tout simplement pas humaine, Sybella, taquine mon père.

Du moins, elle est humaine car elle a un organe vital qui bat sous sa poitrine, mais pas humaine car elle ne ressent plus aucuns sentiments. Elle a le contrôle sur ses émotions et c'est son clan qui lui a appris cette maîtrise. Mais il y a certains moments, où elle laisse son visage paraître de ce qu'elle ressent comme par exemple tout à l'heure. Un simple petit sourire.

— Merci de me l'avoir fait rappeler monsieur Hassan, grogne-t-elle avant que son téléphone émet un bruit. C'est bon, votre maison est hors d'état de nuire. Nous devons rejoindre les autres danq votre salon.

Quelques secondes plus tard, tous réussis au salon, nous faisons vite fait le point de ce qu'il s'est passé mais mon père coupe rapidement cette réunion étant donné la fatigue se lit sur tous les visages.

— On va quitter cette maison pour un moment afin que nos traqueurs vérifient minutieusement si nos chers ennemis n'ont pas mis de mouchards dans chaque recoins de cette maison, annonce mon père.

Je fais une grimace. Super, nous allons dans cette maudite maison où je me sens pas du tout à l'aise. Cela nous a toujours arrivés d'être attaqué à notre domicile et pour cela, mon père nous envoyait à notre deuxième maison dans la ville voisine, à Licht.

Alors que le monde se dirige tout droit vers la sortie du manoir, je m'approche de mon père.

— Papa, je dois te dire un truc.

— Je suis fatiguée, ça ne peut pas s'attendre ? me demande-t-il avec un voix épuisée.

Quand il remarque mon visage sérieux, il soupire et me fait signe de parler.

— J'ai retrouvé Sacha et il est actuellement en Égypte.

La surprise se lit dans ses yeux, et j'ajoute :

— Il est grave remonté contre toi, donc un conseil ne fait pas le daron tout doux.

— Je n'ai pas revu mon fils depuis des années et tu me demandes de faire le méchant, Sorcha ? me demande-t-il outré.

Je lui esquisse un petit sourire.

— Je n'ai pas dit cela non plus. Sois juste professionnel.

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