Réveil difficile. J'ai essayé de dormir mais le sommeil n'y est pas. Cet appel m'a perturbé au point ou j'ai des poches visibles sous les yeux et je crois que ce n'est que le début.

Je sais que ce n'était qu'une question de temps avant qu'il s'en souvienne, mais au fond de moi, je voulais qu'il oublie cette promesse et qu'il me laisse vivre ma vie comme je l'entends, hors ce n'est pas le cas. Il tenait vraiment à me faire revenir sur ma décision d'avoir choisi le stylisme que faire la même voie que lui.

Être PDG d'une entreprise de lingerie n'est pas vraiment ce que je voulais. Certes, je travaille dans la création de lingerie féminine en fonction de plusieurs critères, mais ce n'était ce qui m'enchante le plus. Et puis, faire de l'économie, travailler avec des homme qui n'auront pas entièrement confiance en vous parce que vous êtes une femme et qui serait capable de vous pointer du doigt dès qu'une erreur se pointera, très peu pour moi.

En sortant de mon lit, je constate qu'il est déjà huit heures. Je tire les rideaux, range un peu mon lit, étire mon corps avant de me diriger vers la cuisine. La journée allait être très longue, entre les postes sur mes réseaux sociaux, l'appel de June ainsi que la visite de Judith et les commandes que je dois terminer d'ici ce soir.

De plus, je devais prévenir ma belle-mère que je serais présente le week-end prochain.

Parce que mon cher père a demandé à ce que nous soyons tous présents pour expliquer ce fameux contrat qui stipule, si je me souviens bien que c'était soit le mariage ou bien prendre la relève et entre nous, je suis loin d'être un as au calcul. En allant dans la cuisine, je passe dans le salon et tire les rideaux pour ramener de la lumière. Une fois que c'est fait, je range le canapé, ramasse mes affaires qui sont restés et lorsque c'est terminé, je prends enfin mon petit déjeuner.

Plus de deux ans que j'habite ici. Plus de deux ans que je suis indépendante et entrepreneuse. J'ai travaillé dure pour en arriver là et je ne veux pas du tout que mon père détruise cette réussite, jamais. J'ai emménagé après avoir eu mon diplôme et avec l'aide de Judith. Nous étions colocataire et elle m'aidait à poster mes photos et avoir des clients. De plus, j'avais un travail en tant que serveuse pour rentabiliser mes fins de mois et avoir de l'argent de côté. Et grâce à tous ça, j'ai enfin réussi à avoir mon propre appartement.

La séparation était difficile, puisque nous étions toujours ensemble pour chaque chose, que ce soit les courses le rangement, les soirées cinés et bien d'autres encore, mais nous nous sommes habitués à ce nouveau mode de vie. Bref pour vous dire que sans elle, je ne serais pas là où j'en suis.

Je récupère ma tasse, chauffe l'eau, mets le café dans le récipient et une fois que le liquide est chaud, le verse et attends un peu avant de boire.

Je profite du silence pour réfléchir encore à ce contrat et surtout à ce mariage. Je me rends compte que je n'ai pas vraiment fais attention à ce mot avant de partir. Je voulais tout simplement m'éloigner de lui au plus vite, surtout après le décès de maman, son mariage avec cette femme et mon acceptation à cette école. Pour moi, c'était une opportunité pour partir et ne plus revenir car je savais que si je restais, je n'aurais jamais eu la chance de voir les compétences que j'ai aujourd'hui pour créer des vêtements de toutes sortes.

Des robes vintages, des hauts, des bas, des jupes, des vestes pour des marques et plein d'autres encore. Ce monde m'inspire beaucoup et si je devais recommencer, je ferais le même parcours.

Quand j'ai terminé de boire, j'engloutis quelques biscuits et décide de prendre une douche avant que Judith arrive. Je vais à la douche, fais ce qu'il faut et en ressors propre. J'enfile un jogging noir et un débardeur beige puis file dans la pièce ou j'ai l'habitude de travailler pour regarder ce que je devais faire. Pour la première cliente, je devais terminer sa veste en jean bicolore, noir et bleu avec rajout d'une image de lion avec des strass au dos et pour la deuxième cliente, c'était une robe de soirée.

La veste était facile puisque je devais tout simplement utiliser le même tissu et faire la veste avec un même patron, mais la partie la plus difficile et qui mérite plus de concentration était le dessin du lion à l'aide de strass, c'était pas un jeu d'enfant.

Et pour la robe, je devais terminer le dessin et lui envoyait pour lui demander si cela lui correspond afin de passer à l'étape suivante.

Chaque jour, je m'occupe de deux commandes voire plus si je peux le faire, afin de les envoyer rapidement et de poster le rendu que lorsque la cliente a reçu son coli et qu'elle soit d'accord, sinon, je ne fais que poster le croquis pour donner une idée aux autres.

Le téléphone sonne m'extirpant de mes pensées et je le récupère dans le salon.

_ Hey Judith

_ Hey, ça va ?

_ Bien et toi ?

_ Super, je suis arrivé devant la porte principale, tu peux m'ouvrir s'il te plaît ?

_ D'accord.

Quand j'ai raccroché, je marche vers l'entrée et appuie sur le bouton qui permet à mon amie de rentrer puis retourne dans mon bureau pour sortir les tissus, les dépose sur le bureau pour plus tard, récupère mon carnet et un crayon ainsi qu'une gomme avant de retourner dans le salon. La sonnette retentit dans toute l'appartement, m'indiquant qu'elle est là et je vais l'ouvrir. Elle saute dans mes bras ravie de me revoir et je fais de même puis la laisse entrer, ferme la porte et la voit qui se dirige vers le canapé. À force de venir plus d'une fois ici, elle sait comment s'y prendre.

_ Donc ?

_ Tu peux au moins respirer et profiter de la vue avant de me bombarder de question ? Demandais-je en souriant.

_ Désolé, mais cette vue, je l'ai vue plus d'une dizaine de fois, donc ne te dégonfles pas, dit-elle en s'asseyant sur le canapé.

_ Ok, ok. Alors Brandon m'a appelé pour me dire que papa souhaite nous voir la semaine prochaine au sujet de mon mariage.

_ Tu ne m'as jamais raconté ça.

_ À vrai dire, ce n'était pas le sujet idéale et puis, je venais de perdre maman.

_ Ah, je vois, dit-elle en me caressant le bras.

_ Et tu sais qui est le futur mari ?

_ Aucune idée, il me le dira que lorsque je serais en face de lui, il ne supporte pas en parler par téléphone. Pour lui, c'est un sujet très sérieux et ma présence est requise.

_ On a l'impression que ton histoire sera comme ceux des livres que j'aime lire, réplique Judith en rigolant.

_ Ouais mais non, la seule chose qui sera identique c'est le mariage rapide, le contrat et sa durée, pas de sentiment, pas d'amour, rien, rajoutais-je en prenant le paquet de bonbon qu'elle venait de sortir de son sac.

_ Et pourquoi pas ?

_ Judith !! Tu t'entends ? Je ne le connais pas, alors lui faire confiance sera le cadet de mes soucis et même si je sais que papa fera en sorte que ce soit un homme correcte, je ne veux pas. J'ai pas envie de faire confiance à qui que ce soit hormis mon frère.

_ Ambre, arrêtes..

_ Je suis sérieuse!

_ Tu es bloqué depuis ton dernier petit ami.

_ Entre autre, mais s'il te plaît..non, je veux juste faire ce que j'aime le plus, créer et le reste passe en deuxième position.

_ Un jour ou l'autre il faudra que tu acceptes l'idée d'avoir quelqu'un dans ta vie.

Je soupire face à sa dernière remarque et secoue la tête de gauche à droite. Impossible, jamais. Pas depuis lui et je serais formelle sur ce sujet, la couture avant l'amour.

Judith décide de changer de sujet pour me remonter le moral et elle réussit haut la main. Nous parlons de ces clientes, des demandes de partenariat avec d'autres grands magasins de bijoux et des histoires assez spéciales qu'elle vit au quotidien. Elle ne s'ennuie jamais et je souhaites parfois être là pour les vivres. Pas que ma vie ne me convient pas mais rester à mon appartement toute la journée, est parfois épuisante et je voudrais un peu de surprise par jour. Oui je sors le soir pour aller en boîte avec les filles mais ce n'est pas suffisant. Et la réunion de famille qui approche, c'était sur que ma routine sera encore plus triste qu'elle ne l'ai déjà.

Vers midi, on commande des pizzas et nous nous installons devant un bon film romantique et action. On rigole la plupart du temps et cela me calme. Puis j'appelle ma belle-sœur June qui est au travail et lui donne de mes nouvelles ainsi que celle de ma meilleure amie et nous parlons aussi de la réunion de famille.

June s'est marié avec mon frère il y a deux ans. Même si je refusais de venir à la maison et d'habiter sous le même toit que mon père, il était hors de question que j'abandonne mon frère et surtout que je ne vois pas la magnifique femme qu'il allait épouser et pour être magnifique, elle l'est. Cheveux lisse, yeux verts, intellectuelle, drôle, indépendante et plein d'autres encore. J'ai trouvé en elle une alliée face à tous ce qui m'arrivait. Et j'ai réussi à me rapprocher d'avantage après son lune de miel. Elle est Wedding planner et fais un excellent travail. C'est elle qui a fait tout le boulot pour son mariage et m'avait donner le contrôle une fois que ça avait commencer. Je me souvenais que ma belle-mère n'était pas vraiment ravie que ce soit moi qui gère tout et penser haut et fort, que je n'avais pas les capacités pour diriger mais elle s'était trompé complètement.

Tout s'est bien passé et Brandon m'a remercié avec quelques cadeaux à mon retour, pour l'obtention de mon diplôme, pour avoir eu le courage de venir malgré la tension entre papa et moi et d'avoir accepter sa femme.

Mais maintenant, c'est à moi de faire face à mon problème. Et mon petit doigt me dit que les ennuis ne font que commencer.