Rendez-vous le Mardi 11
Attention: déjà publié en dehors du recueil. Bonne lecture.
Bonjour à tous, quand vous aurez fini de lire cette partie, et si vous avez apprécié le texte, l'auteur vous remerciera d'appuyer sur la petite étoile, ce qui lui permettra d'être mieux référencé et d'être lu par beaucoup d'autres. Merci beaucoup de votre attention, en espérant que ça vous plaira, RaconteurDesMondes.
C'était le Mardi. Il m'avait donné rendez-vous. Il se trouvait, comme la plupart du temps, dans une des deux tours. Il me parlait souvent de son bureau au 90ème étage. De la vue incroyable qu'il avait sur des kilomètres à la ronde. Il m'avait émerveillé en me comptant les impressions qu'il avait de voir l'autre tour par la fenêtre. L'impression qu'elle était encore plus grande vue d'en haut, le monde se perdant en contrebas.
Il avait toujours été question qu'un jour je vienne avec lui. Pour une journée au moins. Pour pouvoir admirer ensemble. Et pourtant. Ce jour-là était mal choisi. Le ciel était obstrué par un nuage de cendres que le soleil ne pouvait percer. L'idée qu'il puisse se trouver à l'origine de ce chaos me pétrifiait d'effrois. Malgré cela, j'avançais dans la foule paniquée qui, comme moi, courait. Cependant, celle-ci se dirigeait dans l'autre sens.
Dans cet enfer que tout le monde fuyait et que moi je percevais à peine, si ce n'était que comme une source de danger. Pas pour moi mais pour lui. Des nuages il pleuvait. Pourtant ce n'était pas de l'eau, les gens esquivaient tant bien que mal les débris qui chutaient. Parfois, c'était un corps. Malgré l'horreur, je restais impassible, vérifiant inconsciemment, quand c'était possible, que ce n'était pas lui.
Je ne savais pas dans laquelle des deux il était, mais ma logique était simple. Si il était en danger dans le brasier, je devais aller le sauver. Si il était dans celle qui n'avait pas été touchée, il était en sécurité.
Des hommes, équipés de tenues anti-feux et de casques tentèrent de m'arrêter. Malgré cet obstacle qui me bloquait le chemin vers mon unique objectif, je ne sais pas comment, mais ma détermination me permis de me retrouver dans les escaliers. Montant inlassablement les marches vers ce que la plupart nommeraient l'enfer. Pourtant, j'avais l'impression de déjà y être.
Le long trajet me permit de ressasser la détresse qui me prenait de plus en plus, et qui pourtant ne m'arrêterait jamais dans mes faits et geste. Surtout quand sa vie, et ma raison d'exister était en jeu. Une deuxième explosion qui retentit, mais qui ne me fit pas ralentir pour autant, ne me rassura guère plus.
90
Je poussai la porte et débouchai... dans le brouillard. Pas épais au point de rendre aveugle, non. Plutôt du genre à assécher les yeux et à faire couler des larmes. Je pouvais encore me diriger. J'avançai vers la façade où je pensais trouver son bureau. Face à l'autre tour. Je put cependant trouver une pièce moins enfumée. Je refermai la porte derrière moi et m'approchai de la fenêtre.
La deuxième explosion avait eu lieu plus bas, sur l'autre tour. En face de moi, dans celle-ci, au 90ème étage, juste au-dessus des flammes, à peine visible dans les trouées que présentait le mur de cendre, je l'apercevais. Lui aussi était figé devant la mince parois de ver le séparant du vide.
Nous aurions pu rester indéfiniment ainsi. Dans ce regard lourd de sens ayant un étrange et amer goût d'adieu. Lui coincé là où il était, moi réalisant que j'étais venu le chercher au mauvais endroit. Mais on pouvait aussi percevoir un échange. Comme si nous étions en train de nous dire tout ce nous nous étions jamais raconté. Qu'il aurait fallu confier plus tard.
À l'instant fatidique, il me sourit. Peut-être voulait-il dire... continue. Oui, ça devait être ça. Il voulait que je reprenne ma vie après... tout ça. Il tomba. Peut-être ne s'en est-il pas rendu compte car il ne sembla pas paniquer. Il ne se départit pas de son léger sourire. Comme un contentement. Comme si il partait en paix. Disparaissant dans l'écume de poussière sans un regret.
La tour s'affaissa libérant l'espace. On avait toujours pu voir la ville en se tordant le cou. À cet instant, tandis que la fumée se dissipait, je pouvais admirer les alentours, avisant l'ombre de la masse de cendre qui flottait et annonçait la catastrophe en cours à tous. Ce paysage, malgré quelques changements, j'aurais dû pouvoir l'apprécier avec lui.
Malgré tout le charme que dégageait cette vue, son absence me rendait amère. Finalement, je m'installai dans le coin près de la porte. Je disparaissais à mon tour dans la fumée qui s'épaississait lentement. Je n'aurais pas respecté sa dernière volonté. Je serais resté là. A attendre. Sans regret non plus pour ce et ceux que j'abandonne.
J'en étais à cette réflexion quand le grondement qui annonçais la fin retentit, me donnant l'impression de voler, d'être libre, avant que tout ne disparaisse sans prévenir, sans douleur.
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