Au Bord du Gouffre
C'était le genre de scène qui, dans les films, était accompagnée d'une musique triste à fendre le cœur. Ou ridicule. Ça dépend de la qualité du film. Je ne savais pas dans lequel de ces deux cas j'étais, mais cela m'importait peu.
Moi aucun, aucun air ne m'accompagnait dans mon malheur. Personne derrière son écran ne m'observait, les larmes aux yeux au vue de ma situation. J'allais faire seul cette chute menant à ma fin, dans le bruit ambiant rappelant la vie quotidienne de la grande ville.
Me proches ne sauraient que je suis partis qu'à la découverte de mon corps. Et ils se demanderaient, « Pourquoi ? ». Je n'avais pas laissé de lettre, pas même un mot d'adieu. J'étais le seul à en connaître la raison.
Mon cœur avait battu pour quelqu'un. Cette personne était désormais disparue. A l'image d'une rose, il se fanait, ses lourds pétales tombant tels des goûtes écarlates qui vont toujours plus bas.
Je fis un pas. Puis deux. Un pied en appuis sur le rebord. C'était généralement à cet instant que le héros de l'histoire surgissait, comme par magie, derrière le dépressif, et lui criait, le suppliait de na pas sauter. Invoquant pour argument que tout va s'arranger.
Mais personne ne vint. Peut-être était-ce ce que j'attendais ? Alors, toujours immobile, je m'imaginais un par un les gens qui auraient pu me « sauver ». Pour commencer, tout les membres de ma famille, mes amis, ou de simples connaissances. Sans oublier les parfaits inconnus qui voudraient faire preuve d'un acte courageux et m'aider.
Tout ce beau monde ne pouvait plus me retenir ici, dans mon chagrin. Je m'apprêtait donc à accomplir l'acte définitif que j'étais venu accomplir. C'est alors que mon imagination fit venir une personne. La dernière. Un fantôme.
- Ne fais pas ça. Tu crois que je te laisserait en finir comme ça ? C'est dur. Mais je te le promet, un jours, on sera de nouveau ensembles. Mais le moment n'est pas encore venu. La vie est un bien d'une grande valeur. Ne gâche pas la tienne. Tu as encore du temps devant toi.
Il se volatilisa. Sans que j'ai pu réagir. Sans laisser de traces. Dans un soupir. Mes yeux devinrent humides, puis laissèrent couler sur mes joues. Je fondit en larmes, m'écroulant au sol. Roulé sur moi-même, hésitant encore à me laisser tomber, en équilibre au bord du vide.
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