Chapitre 1 : Stop ! (partie 1)
« Ce n'est pas toi, c'est moi. Tu mérites le meilleur et moi je ne suis pas capable de te le donner. »
Je finis d'inscrire cette phrase de « rupture » de ma dernière relation non définie en date... Le petit post-it rejoint les autres, dans la « boîte du non-engagement » que j'ai commencé à constituer il y a quelques mois, et je soupire.
N'est-ce pas logique de saturer des « je ne suis pas prêt », des « je ne veux pas de sérieux », des « on n'est pas un couple », des « j'ai besoin de temps pour moi », des « je suis désolé mais il me faut de l'espace » ?
N'est-ce pas humain d'être outrée, quand toutes ces excuses nous sont balancées après des semaines voire des mois d'idylle amoureuse ?
Sérieux, pourquoi les gars font ça ? Établir des projets ensemble, pour deux jours plus tard soit disparaître sans explication soit couper court brutalement ?
Dire que je pensais qu'avec lui, ce serait différent... ma pauvre fille.
J'aimerais prendre ça avec légèreté, d'autant plus que ce n'est pas la première fois que ça m'arrive, mais c'est trop. Les larmes me montent et je me laisse tomber en arrière dans mon lit.
Encore un homme qui se défile.
Encore un homme qui fuit l'engagement.
Encore un homme qui ne me garde pas.
Encore un homme qui m'a tout apporté, m'a fait développer des sentiments, m'a traitée comme une princesse, pour m'abandonner comme une sdf.
Voyons le positif : eux, au moins, ont eu la décence de ne pas le faire après huit ans de relation, comme mon ex...
Non, c'est trop.
J'appelle immédiatement Sarah au renfort. Ma meilleure amie répond d'une voix endormie qu'elle se met en route. Huit minutes plus tard, elle est sur mon palier, et moi j'ai, entre temps, déjà perdu six litres d'eau en pleurant comme une madeleine.
Stratège, elle n'a pas pris la peine de s'apprêter. Ses courts cheveux blonds en bataille, sans maquillage sur son minois carré et des pantoufles licorne aux pieds, ma coquette confidente semble être en lendemain de soirée. La vérité, c'est qu'elle se remet à peine de son aménagement et de ses nuits d'astreinte. Et pourtant, la voilà. Prête à voler à mon secours, comme toujours.
Dans un gémissement profond, je la supplie :
— Ne me laisse plus jamais m'attacher à un homme.
Je plonge mon nez constellé de taches de rousseur dans le col de son pyjama et ses minces bras viennent ceinturer mon dos.
— Dis pas de bêtises, Cléo... C'est Thibault ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Tout allait pourtant bien avec lui...
Son étreinte, au lieu de m'apaiser, me fait relâcher toute ma tristesse. Elle ferme l'entrée d'un coup de pied puis nous boitillons jusqu'au lit, où elle me fait asseoir, et me garde contre elle tandis que j'essaie tant bien que mal de lui expliquer la situation avec le fameux Thibault.
Wave, ma chienne, se joint à nous pour me lécher le visage.
— Euuuurk Wave ! s'insurge Sarah en se protégeant des coups de langue de ses avant-bras.
La petite dose de rire ne dure malheureusement pas et se retransforme en torrents désespérés... qui ne se tarissent que de nombreuses minutes plus tard, quand l'épuisement prend le dessus sur la peine de cœur.
— Je suis vraiment heureuse que tu aies déménagé dans le village voisin..., murmuré-je, reconnaissante, dans son épaule.
— Moi aussi, ma biche, moi aussi..., me répond-elle en me serrant davantage contre son cœur. Il te faut du repos. Je dors ici, d'accord ?
Et il ne faut pas nous prier pour ça : elle comme moi sommes exténuées. Nous nous allongeons sous les draps et j'éteins les lumières.
— Dans une semaine, c'est du passé, m'assure-t-elle.
— Je suis épuisée... De passer d'une histoire à l'autre.
— Ce sont tous des cons, babille-t-elle entre deux bâillements.
— Non... et pas Thibault non plus. Il est perdu...
— Mais, que ça soit volontaire ou pas, il t'a blessée. Et qui te fait souffrir et est assez stupide pour passer à côté d'une nana aussi incroyable que toi... est un con fini.
Je lui serre la main, reconnaissante de l'estime de moi qu'elle a toujours en rab pour deux.
Sentant sa respiration devenir lourde, je lui souffle encore :
— Merci pour tout... ça m'a fait du bien de « décharger ».
— Mmh..., fait-elle, à moitié dans le coaltar. De rien.
Puis, fièrement, avant de me quitter pour Morphée, elle clame :
— Je suis là pour ça. Je suis un réceptacle !
Dans le silence de mes réflexions, ses légers ronflements se font vite entendre. J'aimerais bien dormir, car pour supporter les classes vertes estivales en prévision, ce serait judicieux... Mais mon cerveau me torture. Je déteste être dans de pareils états pour des hommes, encore plus de simples personnages secondaires et temporaires.
Je suis ainsi... à faire d'eux des chapitres de ma vie, là où dans la leur je ne suis pas même une ligne. Je donne de l'importance, j'essaie, j'espère, je rends réel... et on me laisse.
Où est-ce que ça capote ?
Je me mets à mentalement lister les raisons et je crois que la principale est ma disponibilité, qui me rend acquise et donc moins désirable. J'aspirais à une relation sans ce genre de faux semblants. Pourquoi est-ce mal d'être à fond ? Pourquoi faudrait-il mentir, se réfréner ?
Et que se passerait-il si on inversait les rôles ?
Si moi, l'hypersensible, l'amoureuse de l'amour, je me coupais de ça et agissais comme ceux qui s'en vont ?
Est-ce que ça m'aiderait à mieux les comprendre ?
Est-ce seulement possible, avec un cœur comme le mien ?
Sans doute... Sous de nombreuses conditions...
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