2 : Ma présence
Je cogne à la porte. Ce n'est qu'un souffle, un sinistre grincement. Ça te réveille. Il fait si sombre dans ta chambre. Ton regard balaye la pièce, mais le noir est total. Tu tends l'oreille, aucun bruit. As-tu rêvé ? Tu n'es pas sûr de mon existence. Je suis pourtant bien réel.
Je n'aime pas quand tu dors. Moi, je préfère quand ton cœur bat fort, quand tu tâtonnes frénétiquement autour de toi à la recherche d'une quelconque lumière. Je peux alors goûter à ta peur du bout de ma langue. Cela me fait sourire, me ravit.
Tu as soif. Tu hésites à sortir de tes couvertures si confortables, si protectrices. Sous le lit, je sens que tu t'agites. Veux-tu vraiment prendre ce verre de lait ? Finalement, tes pieds touchent avec précaution le sol. Tu déglutis, je frissonne. J'ai bien envie de grignoter tes petites chevilles. Tu le sais, n'est-ce pas ? C'est pour cela que tu te précipites. J'adore ça !
Mais je n'ai rien fait, je t'épargne pour cette fois.
Tu traverses alors le couloir, ta respiration un peu plus bruyante. Tu as cru voir une ombre du coin de l'œil. La porte de la cuisine n'est plus très loin. Le sol craque. Quelque chose tombe, bruit effroyable. Tu sursautes, te retournes. Cela provient de ta chambre. Tu transpires, je peux sentir l'odeur de la crainte sur ta peau. J'avoue, je suis coupable. J'aime lorsque ton attention est tournée vers moi.
Tu te figes pendant quelques secondes,petit animal pris en plein phare. Il n'y a rien. Tu te dis que c'est ton imagination. C'est sûrement ça.
NON ! C'EST MOI ET RIEN QUE MOI !
Mais j'ai beau crier, tu restes sourd.Tu me tournes alors le dos, m'ignores. Je déteste ça ! La porte s'ouvre, et tu t'engouffres dans cette fichue cuisine éclairée. Je suis seul dans les ténèbres maintenant. Je m'agite entre ta chambre et ce couloir rectiligne. Je suis coincé Alexandre.Ce n'est qu'une cage, tu comprends ? Je suis entouré de grilles qui m'empêchent de pouvoir t'atteindre.
Je tremble, parce que j'ai soudain peur que tu m'oublies.
Reviens Alexandre ! REVIENS MOI !Pourquoi prends-tu autant de temps ? Tu veux me torturer, c'est ça ? PERDU ALEXANDRE ! PERDU ! PARCE QUE JE N'AI PAS MAL ! Tu penses que je ne suis qu'un monstre boursouflé sorti tout droit de ton imagination ? ENCORE PERDU !
Mais je suis seul, sans aucune larme à verser. Parce que je ne sais pas comment m'y prendre. Impuissant, je ne sais pas quoi faire. Je n'ai rien, aucun aimant ou manivelle pour te forcer à revenir. Pardon. Pardonne-moi, Alexandre. Reviens, s'il te plaît. Je serais sage, promis.
Ce n'est qu'une éternité plus tard que j'entends enfin tes petits pas revenir vers moi. Cela me soulage.Frêle silhouette qui se découpe à travers la lumière, cette vision me réconforte. Tu fermes la porte derrière toi. La pénombre de nouveau. Tu cours. Je ne fais rien, trop content de te voir de retour dans mon monde.
Tu vois Alexandre, je peux être sage.
Je te laisse te glisser dans ta couette. Tu as un dernier frisson. Tu finis par te rendormir.
Un jour, tu m'oublieras Alexandre. Je le sais, et cela me fait peur.
Alors je cogne à la porte, mais ce n'est qu'un souffle, un sinistre grincement.
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