La Sorcière Jaune
C'est dans l'antique cité d'Uruk que commence le tragique destin de deux êtres. Un jeune homme fort beau dont le nom fut jadis oublié travaillait en qualité de serveur dans une auberge de la grande et majestueuse cité d'Uruk, noyau d'un puissant royaume et centre du savoir du monde. Un jour extrêmement chaud de multiples voyageurs se présentèrent à l'auberge recherchant désespérément de quoi s'abreuver, ils venaient de tous les horizons de la Mésopotamie, et même d'ailleurs, tous apportaient maints récits, chants et mythes.
Le jeune homme s'activait comme un diable lorsque de formes pénétrèrent dans l'obscurité sereine et fraîche de la bâtisse. L'une été avachie, et avancait lentement, il s'agissait d'une vieille dame fort laide à la face jaunâtre et striée de rides profondes, elle se tenait à une canne tout aussi vieille qu'elle et l'affreux chiffon qui lui tenait lieu d'habit était troué de partout.
L'autre forme entrante, éblouit le jeune homme, c'était une jeune femme d'une beauté somptueuse, aux grands yeux noirs en forme d'amande, au teint olivâtre et au nez droit. Elle avait une posture de reine, droite et gracile, délicatement enroulée dans une longue tunique ocre et rouge. Le jeune homme sentit son cœur s'envoler, trop envouté, il n'entendit pas les murmures horrifiés et effrayés de ses clients, face à l'arrivée de la vielle femme. Car, voyageurs qu'ils étaient, ils l'avaient tous reconnu et la craignaient à juste titre.
Les deux femmes s'assirent à deux tables différentes. La jeune femme réclama de l'eau et la vieille dame fit de même. Le jeune homme se précipita dans la cours afin de puiser de l'eau, une fois la cruche d'eau remplie, il se rappela la demande de la vieille femme. Il dénicha alors une cruche remplie d'eau, oubliée longtemps à la merci des rayons du Soleil. Il porta la cruche d'eau fraîche à la jeune beauté et donna l'autre à la vieille, qui haussa un sourcil.
Elles lui réclamèrent alors toute deux une galette de pain. Le jeune homme se précipita alors dans la cuisine, sortit la dernière galette toute chaude du four et en ramassa une, depuis longtemps rassie. Il porta ainsi la galette moelleuse à l'objet de son intention et donna l'ancienne à la vieille qui fronça la bouche en un rictus mauvais
La jeune femme réclama alors de quoi se distraire et la vieille femme aussi. Le jeune homme s'agenouilla alors aux pieds de la jeune femme et lui récita les plus beaux poèmes et chants qu'il-eut entendu, laissant la vieille seule. Celle-ci se leva brutalement, ne méritait-elle aucune attention ?
Dans un bruissement léger, la vieille femme se transforma subitement en une magnifique jeune femme, probablement la plus belle qu'il soit, surpassant largement la jeune femme dont était épris le jeune homme. La sorcière, car il s'agissait évidemment de la sorcière, se racla la gorge. Le jeune homme porta son attention sur elle une fraction de seconde puis se détourna pour retourner à la jeune fille, plongeant son regard dans le sien.
Celle-ci faisait jouer discrètement un bracelet qu'elle fit habilement tomber. Le jeune homme s'empressa de le ramasser et de l'attacher délicatement au poignet de la jeune fille. Leurs mains se frôlant, ils se murmurèrent des mots, inaudibles à autres qu'eux, à autre que leur amour.
Agacée par ces jérémiades, la sorcière murmura quelques phrases. 'Qu'à jamais, ces yeux se cherchent, qu'à jamais, ces mains se frôlent. Que pour toujours, leurs corps demeurent séparés et qu'au moment de leur bonheur, ma volonté intervienne.'
Elle esquissa un geste en direction du gobelet d'eau de la jeune fille, et elle disparut.
La jeune fille attrapa délicatement son gobelet afin de s'abreuver, laissant à son amant le temps de reprendre ses mots, elle porta l'eau à la bouche et but une gorgée. En une seconde, ses yeux se convulsèrent, la jeune fille s'agrippa au jeune homme, gémissant sous la douleur du poison.
Accablé le jeune homme ne put rien faire, elle était morte en quelques secondes seulement. Il pleura et pleura. Son corps sans vie, pendu dans l'auberge fut retrouvé quelques jours plus tard.
Les voyageurs venaient de tous les horizons de la Mésopotamie, et même d'ailleurs, tous apportaient maints récits, chants et mythes. Et l'un de ces chants était celui de la Sorcière Jaune dont la colère s'abattait sur les malheureux qui l'ignoraient.
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