Chapitre 1

Acte I : Une lueur dans la nuit

Chapitre 1

Les derniers clients s'attardaient encore, dans la boutique, tandis que je profitais de l'accalmie pour remettre quelques articles dans les rayons les plus dégarnis. L'habituelle cohue de l'heure de pointe avait cessé une demi-heure plus tôt et ne viendraient plus que les retardataires, les « mais, j'en ai juste pour cinq minutes ! » qui empêcheraient la descente du store et me feraient fermer en retard, comme toujours.

C'était le lot quotidien des petits bureaux de tabacs, de secourir les accros à la nicotine de leur pénurie tabatière.

Je lançais un regard du côté de Bénédicte. Elle était toujours avec le vieux couple, en train de leur expliquer la manière dont ils devaient s'y prendre pour envoyer des photos à leurs petits enfants. Les deux venaient d'acheter un de ces téléphones mobiles bon-marché mais, ne semblaient pas y comprendre grand-chose.

Je mentirais si je disais que j'étais moi-même un expert du domaine mais, ce fut plus la fatigue que l'incompétence qui me poussa à en charger mon employée.

La jeune fille avait tout de suite accepté et bondit vers le couple avec son enthousiasme habituel. Ses courtes couettes s'agitaient à chaque fois qu'elle répondait à une de leurs interrogations et elle semblait prendre beaucoup de plaisir à enseigner sa science de l'électronique.

Initialement, je l'avais engagée pour rendre service à son père, un client régulier.

Du piston quoi.

Je ne l'avais pas regretté néanmoins. Je cherchais quelqu'un pour m'assister en magasin, ne pouvant le gérer seul, et j'avais trouvé la perle rare. On pourra dire ce que l'on veut sur la jeunesse mais, ils ne sont pas si pénibles que l'on l'entend si souvent.

Quoique... Si l'on parlait de son prédécesseur...

Je soupirais en balayant du regard les étales chargées de journaux et de magazines divers. C'est à cet instant que je remarquais un jeune homme qui attendait, près du comptoir. Je ne l'avais pas vu entrer et il n'avait pas osé m'interpeller, sans doute, de peur de me déranger.

Depuis combien de temps patientait-il comme ça ?! J'vous jure !

– Bonsoir, m'excusais-je en m'installant derrière la caisse, Vous désirez quelque chose ?

La transaction concernait un paquet de cigarettes que le jeune homme commanda avec le même regard fuyant que s'il eut été question d'un magazine cochon. Il prit rapidement congé et s'éloigna vers la porte d'un pas tendu.

Je le suivais des yeux, circonspect.

Lorsqu'il arriva sur le seuil, il s'écarta brusquement et c'est alors qu'une voix que j'aurais reconnue entre mille résonna :

– Merci bien jeune homme !

Celui-ci répondit à la nouvelle venue par un hochement de tête silencieux et repris sa route aussitôt que Jessica fût entrée dans la place, un petit chien collé à ses basques.

– Bonsoir tout le monde ! S'exclama-t-elle.

– Bonsoir madame ! Répondit Bénédicte qui venait de terminer avec ses deux clients.

J'allais répondre à mon tour lorsque le cri désapprobateur de la fameuse madame me coupa dans mon élan :

– Allons ma petite ! Je ne suis pas encore en âge d'être appelée « madame » !

La « petite » gloussa avant de répondre, sans relever la contradiction :

– Pardon... mademoiselle !

Ce qui lui attira un rire complice de l'autre.

Jessica n'était pas vraiment une demoiselle. En effet, elle ne devait pas être beaucoup moins âgée que moi bien que son âge exact soit difficile à estimer.

Une bonne quarantaine, en somme.

Elle était mate de peau et son visage portait les traits d'une ascendance asiatique... ainsi que la rondeur joufflue qui s'accordait à sa silhouette. À proprement parler, elle n'était pas obèse, loin de là, cependant son chemisier ample laissait entrevoir des courbes qui, loin de dénoter, ajoutaient à la bonhommie de cette cliente. Elle avait des hanches larges et voluptueuses que couvraient un pantalon taille haute ajusté pour la serrer au niveau du nombril. Sa petite veste ouverte semblait lâche au niveau du ventre mais, se courbait au niveau de sa poitrine à cause du volume imposant de celle-ci.

L'ensemble était aussi élégant que cela était possible pour une commerciale finissant sa journée de travail. On aurait presque pu imaginer en elle une personne sérieuse, éloignée de tout comportement rocambolesque... Jusqu'à ce qu'elle ouvre la bouche et se mette à glousser tout du moins.

Régulièrement, elle venait pour acheter le journal et en profitait toujours pour plaisanter avec les clients et tourmenter les vendeurs.

Quoique... Bénédicte avait l'air de plutôt bien s'en accommoder.

Étais-je le seul qu'elle faisait tourner en bourrique ?

D'ailleurs, il était temps pour elle de commencer son show :

– Salut toi ! M'envoya-t-elle avec son plus grand sourire, Tu ne me dis plus bonjour Nathan ?

– Si ! Si ! Bien-sûr ! Répondis-je innocemment, Bonjour Jessica.

Sur ces mots, je fis le tour du comptoir afin d'aller la saluer mais, dès que j'approchais, elle baissa les yeux vers mes jambes et déclara :

– Hoooooo ! Mais, c'est que monsieur a sorti son plus joli pantalon ! Regardez-moi ça ! C'est qu'il est moulant en plus ! Tourne-toi pour voir !

– Mais, je... Bredouillais-je gêné.

– Allé ! Fais pas de chichis ! Et puis, Bénédicte en a profité toute la journée alors, il n'y a pas de raisons !

Je sentis le sang affluer vers mes joues.

Elle avait le chic pour lancer ses répliques sans une once de retenue et me plonger dans le désarroi.

Mon jean était un peu moulant, c'est vrai, et il était presque neuf, également, mais, il n'avait rien d'exeptionnellement saillant.

Et je n'avais pas non-plus un physique de Don Juan, il fallait l'admettre.

Mais cela n'arrêta pas la critique de mode autoproclamée qui se tourna vers Bénédicte et insista :

– Dis-moi tout ! Il a prévu de sortir ce soir et il ne m'a pas prévenu ! Monsieur a décidé d'aller faire chauffer la piste et de danser toute la nuit ! C'est ça ?

La jeune fille, elle, s'était accroupie pour caresser le chien de Jessica. Elle releva la tête pour répondre mais, je la devançais :

– Pas du tout ! C'est un pantalon normal ! Je voulais juste...

– Juste... ? Insista-t-elle, Ou bien tu t'es trouvée une poule et tu as décidé de lui sortir le grand jeu ?

Elle m'examina quelques secondes, scrutant mon visage à la recherche de la moindre réaction, du plus petit soupçon de micro-expression.

– Alors tu vas l'amener au restau ! Reprit-elle, Tu vas lui offrir un dîner aux chandelles, la raccompagner pour boire un dernier verre et ensuite... Bim ! Tu la passes à la casserole !

Elle continua son scénario en élaborant divers récits sur la manière dont j'aurais pu la rencontrer, cette petite-amie fictive, sur l'organisation du mariage à venir et alla même jusqu'à feindre quelques regards soupçonneux envers Bénédicte. Mon expression atterrée et mes objections répétées semblaient la satisfaire au plus haut point.

J'avais l'impression d'être en plein duel d'escrime : À chaque fois que je reculais, elle avançait, portant ses mots vers moi sans me laisser le moindre répit avec l'aisance d'une grande maîtresse d'armes. Mes parades rataient systématiquement et il n'était plus même question de riposter à ce stade.

C'est ce moment-là que Bénédicte choisit pour interrompre ma tortionnaire... Pour mieux se ranger de son côté :

– En tout cas, c'est vrai qu'il vous va bien ce look !

– Tu vois ! Elle s'y connaît cette petite, elle a l'œil !

Aïe ! Deux contre un ! Impossible de m'en sortir !

Mais, Bénédicte fit un faux pas :

– En plus, ça vous rajeuni ! Avec cette coupe et en noir, ça l'air plus jeune... C'est comme Jessica !

L'autre réagit immédiatement :

– Ho ? Parce que tu me crois vielle, jeune fille ?

– Mais, non... Je...

La pauvre employée était prise entre le marteau et l'enclume et n'osait plus parler chiffons. Son trouble était plus qu'amusant.

Chacun son tour !

– Je ne suis pas encore une femme « mûre », comme ils disent ! Se défendit Jessica en gloussant, Je suis sûre que je tiens mieux la forme que toi !

Bénédicte n'osa pas répondre tandis que Jessica se lançait dans une nouvelle tirade où elle exposait, avec l'éloquence d'une conférencière, le détail de tout ce que le temps avait épargné chez elle. Aucun détail anatomique n'échappa à sa description et, j'aurais sans doute pu décrire son corps, sous ses vêtements, d'une manière si poussée que j'aurais pu faire croire que je l'avais vue nue.

...

En réalité, je n'avais guère besoin de son discours du jour pour pouvoir accomplir cette « prouesse » : Ce n'était pas la première fois que Jessica se laissait aller ainsi et j'avais déjà eu un exposé complet sur le détail de ses cicatrices, de ses tatouages, de sa pilosité... entre-autre choses.

Cependant, il ne fallait pas se voiler.

Jessica n'était plus une jeune fille. Le comparatif avec Bénédicte était sans appel, à ce sujet.

Pas plus que je n'étais encore un jeune homme.

Le temps passe, inexorable. Nous sommes tous voués à vieillir et à voir nos corps s'alourdir et perdre en fermeté, nos souffles devenir plus courts et l'effort, plus pénible.

À chaque nouveau jour qui s'écoule, son lot de choix, porteurs d'autant de renonciations, de portes qui se ferment et de temps perdu à jamais.

Ainsi passent les années. Elles emportent, dans leur flot que l'on ne peut prendre vers l'amont, les choses qui furent et ne seront plus. L'eau à coulé sous les ponts et le monde est devenu bien différent de celui qu'il était, lorsque j'avais encore l'âge de Bénédicte.

Je pourrais être tenté, face à cela, de dire qu'il s'est appauvris et est devenu plus terne, de dire qu'il n'est plus assez ceci ou trop cela, mais, n'est-ce pas plutôt à moi que ces constats s'appliquent le mieux ?

Un jour, je serais démodé et perdu. En décalage dans un monde où je ne serais plus qu'un anachronisme de plus, comme ce couple de retraités qui essaie de se raccrocher au présent via un téléphone qu'ils n'arrivent pas à comprendre.

Et rien de ce que pourrait dire Jessica, ne pourrait y changer quoique ce soit. Elle ne pouvait que se rassurer avec ses illusions et ses frasques de jeunette alors que les ans pesaient sur elle comme sur moi.

Mais en attendant cette désillusion, elle continuait à plaisanter et à rire et je me surpris à penser, l'espace d'un instant, que je n'étais pas pressé qu'elle s'arrête.

Après cela, je décidais de fermer la boutique. Je servais un dernier client et fis redescendre le store métallique. Jessica nous retient quelque peu sur le trottoir, avec Bénédicte, mais, j'avais encore fort à faire. Je pris donc unilatéralement congé de la matrone et de sa disciple, flattant au passage la tête du caniche qui les accompagnait.

« Les chiens sont interdits dans le magasin » me dis-je.

Je n'avais jamais eu le cœur de le rappeler à sa propriétaire.

Je fus gratifié en retour d'une léchouille ainsi que d'un « À demain monsieur Loubec ! » de la part de mes deux compagnes. S'il fut respectueux et sincère de la part de mon employée, il fut pour autant ironique et taquin de la part de l'autre.

D'un pas vif, je me dirigeais vers ma voiture, garée sur le trottoir en face. Allant au coffre, je l'ouvris avec soin.

Au fond de la malle noire se trouvait l'objet que j'y avais placé. Malgré mes craintes, celui-ci ne semblait pas avoir trop souffert de la chaleur de l'après-midi. J'avais profité de la pause médiane afin d'aller me le procurer, plus bas dans l'avenue et il ne me restait plus qu'à le déposer à l'endroit qui convenait.

Rassuré, je le ramenais avec moi, dans l'habitacle, et l'installais sur le siège passager. J'avais pris quelques précautions afin que mon paquet ne soit pas aperçu par les deux femmes qui discutaient encore, à une vingtaine de mètres de moi.

Je n'avais pas envie de répondre à leurs questions.

Une fois derrière le volant, je décidais de me passer de radio, pour cette fois, et démarrais immédiatement le moteur.

Il ne me fallut qu'une dizaine de minutes pour rejoindre le petit parking goudronné et me garer face au mur de briques rougeâtres qui le délimitait.

Les gravillons craquèrent sous mes chaussures tandis que j'avançais. Les petits cailloux noirs, qui s'étaient échappés du bitume au cours des années, laissèrent bientôt place à du gravier blanc et épais. J'avais contourné le mur de brique et prenais désormais un chemin ornemental conduisant à l'entrée.

Après la grille, la route blanche se ramifiait en plusieurs branches qui elles-mêmes se dispersaient et se retrouvaient en un quadrillage fin et labyrinthique. Je connaissais néanmoins le chemin par-cœur.

Je finis par m'immobiliser, face à un bloc de marbre.

Celui-ci était couvert de quelques feuilles que je balayais sans me presser. Le vent avait déposé de la poussière, çà et là, que la pluie s'était empressée de coller et qu'il me faudrait nettoyer.

Je chassais une feuille, qui s'était collée sur l'inscription et la rendis à nouveau entièrement visible.

Danielle Loubec.

Cela faisait cinq ans, aujourd'hui.

Un jour moins mauvais qu'un autre pour venir porter les quelques fleurs que j'avais achetées en cachette.

Danielle avait été ma femme. Nous nous étions rencontrés lors de vacances, avec des amis. L'histoire était banale : elle était l'amie d'une amie et le courant était bien passé entre nous. Nous nous étions revus et, finalement, en étions venus à nous marier.

Je la revois encore, dans sa robe jaune, celle qu'elle portait le jour de notre rencontre. Elle avait de longs cheveux noirs de geai et harmonieusement ondulés, son regard brun était vif et plein de malice.

Si notre histoire était celle de milliers de couples, il fallait tout de même ajouter que vivre avec Danielle n'avait pas été de tout repos. La jeune femme était, en effet, une véritable tornade. Hyperactive, elle ne s'économisait ni dans son travail, ni sur ses loisirs et était assidûment sportive.

C'est elle qui m'avait traîné dans un club de karaté, d'ailleurs.

Pour le tir sportif, j'avais passé mon tour.

En un peu plus d'une décennie, nous avions voyagé et vécut nombre d'aventures. J'avais acquis la boutique et nous avions un temps envisagé, de la co-gérer. Cependant, Danielle préférait continuer sa carrière d'agent immobilière et cela me convenait. Nous n'avions pas non plus eu d'enfant ensemble, au grand dam de ma belle famille qui parlait sans cesse de cette prétendue « horloge biologique ». Cela mettait Danielle hors d'elle, elle qui ne parlait que d'aventures et de découvertes et méprisait cette attitude de « poule pondeuse ».

Je n'y avais pas vu d'inconvénient à l'époque mais, à la réflexion, peut-être qu'aujourd'hui, j'aurais voulu qu'il me reste quelque chose d'elle...

Ou pas...

Je ne me voyais vraiment pas en père célibataire et je n'aurais sûrement pas été capable de m'occuper décemment d'un enfant, tout seul.

Non, ce n'était pas ça : Plutôt que « tout seul », il faudrait mieux dire « sans elle ».

Je ne me voyais pas élever un enfant sans elle.

À vrai dire, je ne me voyais pas faire grand-chose sans elle.

C'était sans doute pour ça que ma vie était devenue plus routinière ces dernières années.

« Plus terne et banale » convient mieux.

Je m'étais laissé aller, sans elle, et n'étais plus que l'ombre de moi-même. J'avais arrêté le club de karaté quelques mois après son décès et je n'avais plus voyagé non plus.

Peut-être que cela serait arrivé avec l'âge, de toute façon ?

Ou pas...

Non, clairement, je n'aurais pas pu élever un enfant dans ces conditions.

Je soupirais au milieu des tombes.

Le caveau avait retrouvé sa propreté et mon pot de fleurs était déposé, près de la plaque portant son nom.

Je n'avais plus rien à faire ici, d'autant plus que les ombres s'étaient considérablement allongées annonçant que la nuit allait tomber.

Je laissais la forêt de marbre derrière moi et pris le chemin du retour. Comme à l'aller, je n'allumais pas la radio et préférais rester dans un silence relatif, seulement bercé par le ronronnement du moteur.

Le logement que j'occupais se trouvait à l'extrémité d'une impasse dont j'étais le seul occupant. Les maisons en amont avaient été achetées en vue d'être rasées pour laisser place à une résidence comme il en existait des centaines dans le quartier.

Face à elles, se trouvait un mur anti-bruit qui protégeait la rue des sons montant du périphérique en contrebas. À cette heure-ci, la plupart des voitures avaient déjà cessées d'y circuler et il ne protégeait plus de grand-chose. Il délimitait néanmoins le sud du quartier.

D'ailleurs, bien que le bureau de tabac soit à moins d'un kilomètre de chez-moi, il se trouvait techniquement dans un autre quartier. L'idée d'une frontière si nette et de la possibilité d'être dans un lieu différent en à peine quelques pas m'amusait.


À côté de ces maisons en attente de démolission, la mienne se trouvait être la seule dont le jardin – qui se réduisait à une mince bande herbeuse – était un tant soit peu entretenu.

L'intérieur se composait de quelques pièces disposées sur un seul étage. Entrée, pièce principale, cuisine et chambre ne devaient pas tenir sur plus de soixante mètres carrés.

Un vrai luxe pour un homme seul.

J'abandonnais mes clés sur un meuble de l'entrée avec un soupir. Je me sentais épuisé.

Après quelques instants de réflexion, je décidais d'un repas simple. La visite de la tombe ne m'avait pas donné envie de performer en cuisine...

À vrai dire, il y avait bien longtemps que je n'avais pas « performé » dans ce domaine.

Ainsi, je me contentais d'une assiette de pâtes au beurre accompagné d'une saucisse à la poêle, le tout saupoudré du son de la télévision que je n'écoutais que d'une oreille inattentive, enfoncé dans le canapé lui faisant face. Je mâchonnais mon plat longuement, l'esprit embrumé par un coup de barre montant.

Demain, il faudrait retourner à la boutique et régler le problème avec la livraison des recharges pour agrafeuses...

...

...

... !

Je me réveillais en sursaut, réalisant que je m'étais assoupis sur le canapé. Cela n'était pas rare et je passais souvent le début de ma nuit dans le salon avant de me traîner jusqu'à ma chambre mais, cette fois... Il y avait quelque chose de différent

J'avais eu la nette impression que quelque chose se passait.

C'était comme un instinct, une voix qui avait résonné en moi et commandé mon réveil.

...

Je devais avoir rêvé. C'était probablement ça.

Et pourtant...

Et pourtant la sensation restait, comme si le rêve se poursuivait, mon esprit tout entier s'affolait et une impression d'urgence agitait mon cœur.

Il fallait que je fasse quelque chose et vite...

Mais quoi ? Bon sang !

Je me redressais et quittais le canapé. J'allais à la cuisine et allumais la lumière.

Rien.

L'évier contenait la vaisselle du soir.

Quand l'y avais-je apporté, déjà ?

Plus loin, sur le plan de travail, était resté le sachet de pâtes que j'avais oublié de ranger.

Il n'y avait rien d'étrange ici.

Rien qui ne justifia mon agitation.

... ?

Que... ?

Je l'avais senti.

Clairement, je l'avais senti et m'étais retourné instinctivement vers la porte.

Ce n'était pas une voix et pourtant, ça appelait.

Ça m'appelait.

Moi.

Avec appréhension, j'allais vers l'entrée et récupérais au passage les clés. C'était derrière la porte, quoique ce soit, j'en étais sûr et certain.

J'aurais pu fuir ou simplement ne pas ouvrir mais une force plus grande que la peur me poussait à m'approcher de la porte, comme mus par une attraction irrésistible.

Le cliquetis des clés résonna dans le couloir et la porte fut déverrouillée.

Je l'avais déverrouillé.

Et j'abaissais alors la poignée.

Qui que ce soit, j'allais à sa rencontre et plus rien ne pourrait l'empêcher. Mon cœur resta suspendu alors que j'ouvrais lentement le battant.

C'est là que je la vis.

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