Chapitre 7
Elle avait souri,
Non, il serait plus juste de dire qu'elle m'avait souri. Ce n'était pas un retroussement de babines carnassières, ni même un étirement de zygomatiques moqueurs, non. C'était un sourire triste et fatigué mais, plein de sympathie.
Pourquoi ouvrir la malle déjà ?
Est-ce que par hasard...
Non ! C'est impossible !
Je fus coupée dans mes réflexions par une brusque secousse de mon cercueil. Nitrate avait poussé quelques jurons et semblait essayer de...
Woh !
Les mains de la jeune fille avaient glissées d'un coup et la caisse s'était renversée au sol, m'envoyant rouler dans l'herbe.
Je pus ainsi constater que nous nous trouvions toutes deux sur une hauteur qui surplombait la ville. Un saule faisait pendre ses feuilles à côté de nous, seulement éclairé par les lointaines lumières nocturnes qui nous parvenaient d'en bas.
- Pardon Pauline ! Glapit-elle.
Pourquoi elle prenait la peine de s'excuser ?
La réponse se formait dans mon esprit, de plus en plus nette, mais, je n'osais pas encore y croire tout à fait. Cela pouvait toujours être une autre de leurs expériences.
Et pourtant mon cœur s'embrasait d'espoir.
Elle m'étendit sur le sol et s'agenouilla à côté de moi.
Après s'être humecté les lèvres elle se pencha au-dessus de moi et passa sa main sous mon t-shirt.
... !!!
Elle fout quoi là ?!
D'accord. C'était définitivement une autre expérience bizarre.
Elle remonta jusqu'à mon cœur, sembla chercher maladroitement quelque chose qu'elle ne trouva pas et, finalement, battit en retraite.
Un regard circonspect suivit son échec et elle garda le silence. N'aurait-elle pas dû s'excuser, là aussi ?
- Où est-il ? Se contenta-t-elle de murmurer.
Je compris immédiatement.
Un pieu ! C'est un pieux qu'elle cherchait dans mon cœur !
La jeune fille eu un éclair dans le regard et se pencha à nouveau. Je hurlais intérieurement de joie lorsqu'elle passa ses doigts dans mes cheveux.
- Trouvé ! Fit-elle victorieusement quand elle buta contre la tête de fer, Attends-moi cinq minutes !
- ... !!!
Ce n'est pas comme si j'allais m'enfuir !
... Mais grouille-toi quand même ! S'il te plaît !
Elle s'agita dans sa voiture, fouillant la boite à gant et laissant dépasser ses jambes à l'extérieur. C'est une paire de tenailles qu'elle brandit fièrement au-dessus de sa tête en revenant au petit trot.
Plus de doutes possibles.
Elle venait pour me sauver.
Elle m'avait récupérée d'une façon ou d'une autre et voulait m'aider.
Et elle le fit.
Contre toute attente le cauchemar était terminé.
Sous la lueur des étoiles, je m'étais redressée, m'attendant à tout instant à un retournement de situation qui ne vint pas.
Elle me sourit simplement et commença à parler. Les mots coulaient sur moi comme de l'eau, passant sans que je ne puisse tout de suite réussir à m'en abreuver. Une somme d'émotions extrêmes et contradictoires s'agitaient à nouveau en moi mais, cette fois, ce n'étaient plus des anges noirs.
Je levais la main pour lui faire signe de ralentir mais cela ne lui tira qu'un « Ho ! » surpris.
Elle me saisit la main et l'examina. Entre ses doigts doux et chauds, la brûlure sur ma paume ne s'était pas encore refermée et laissait paraître une plaie rouge et béante. Lorsque j'essayais de me dégager en bredouillant quelques mots, elle objecta bruyamment :
- Comment ça, Ce n'est rien ? Laisse-moi te faire un bandage au lieu de faire la fière !
Et je la laissais entourer ma main du tissu blanc qu'elle avait ramené de sa voiture. Elle se permit même, une fois le sparadrap fixé, de déposer un bisou sur la blessure.
- Alors c'est fini ? Commençais-je avec confusion.
- De quoi ?
- Je suis sauvée ?
- Oui, pourquoi ?
- Non c'est que... C'est... Trop...
La jeune fille gloussa et s'assit dans le coffre ouvert de sa voiture.
- Tu t'attendais à quoi ? Reprit-elle, À une grande bataille finale ?
Je hochais la tête.
Comment s'en sortir si ce n'était en étant le plus fort ?
- La violence n'est qu'une solution parmi d'autres, expliqua-t-elle, Et pour ma part, je ne suis pas très douée pour taper sur les gens... Mais peut-être es-tu surtout frustrée pour une autre raison ? N'est-ce pas ?
Elle avait touché juste, je voyais tout à fait ce dont elle parlait.
- Je n'ai rien fait, avouais-je, Rien, pour être libre... J'ai été totalement impuissante.
- Dans la situation dans laquelle tu étais, il t'aurait été difficile de t'en sortir toute seule. Tu pensais y arriver ?
- Non, je pensais simplement que je ne m'en sortirais pas...
- Ça ! Clama-t-elle, c'est parce que tu ne crois pas assez en ceux qui t'entourent. C'est pour cette raison que j'ai dû enfiler ma plus belle tenue de déesse de la joie et te faire un beau deus ex machina en invoquant le pouvoir de l'amitié !
Elle sautilla et pirouetta quelques secondes comme une petite fille un jour de neige.
- Je n'ai pas été assez forte... Soufflais-je
- Holà ! Holà ! Tu ne m'as pas écouté on dirait !
- Bien sûr que si ! Dans cette histoire, je n'ai pas été assez forte pour pouvoir survivre par moi-même. C'est un coup de chance tout ça !
« Hmmm » fut la réponse qu'elle m'accorda en prenant un air pensif. Elle me regarda encore quelques secondes avant de conclure :
- Un coup de chance ? Je vois.
Elle continua de me scruter en souriant. Son regard avait quelque chose de pénétrant et je préférais détourner le mien en changeant de sujet :
- C'est qui ce troisième homme dont tu parlais ?
- Pas qui mais quoi ! s'exclama-t-elle, En fait il s'agit d'une technique d'informaticiens. Lorsque deux personnes, disons A et B, communiquent sur un réseau, il s'agit de se placer au milieu. Pour A, tu fais semblant d'être B et pour B tu fais semblant d'être A. Tu reçois toutes les informations en tant qu'intermédiaire caché et tu peux même les manipuler.
- Je n'ai pas tout compris. C'est comme ça que vous m'avez retrouvée ?
- C'est simple pourtant ! Avec BadApple on a fait un double troisième homme.
« Non, ce n'est pas un pratique érotique ! » ajouta-t-elle en gloussant devant mon air désorienté.
- Bad a piraté le portable de... Pierre Dumont... ou un nom qui y ressemble ! En tout cas, il a piraté le gars qui vouait planifier ton transfert. On a pu se placer en troisième homme dans son réseau. C'était pas simple et il a fallu un peu de chance. J'ai dû aller à proximité de son téléphone pour pouvoir me faire passer pour une antenne relais !
Elle gloussa à nouveau avant de poursuivre :
- Tu imagines ! Je sais que je suis une grande perche mais, tout de même ! De là à me qualifier de tour téléphonique ! Et puis ce n'est pas joli les tours téléphoniques !
- Ha ?
- Mais, je digresse ! ... Graisse ! Alors... BadApple a fait le troisième homme dans leur réseau et on a pu changer ta destination. Tu devais aller dans un village de la banlieue sud mais, BadApple t'a envoyé vers les hangars désaffectés, ceux qui sont près du cancéropole. C'est là que j'ai joué le troisième homme dans la réalité en me faisant passer pour l'intermédiaire.
D'où le double troisième homme.
Il restait un point que je ne comprenais pas du tout et cela n'avait rien à voir avec la méthode qu'elle et son ami avaient utilisé.
- Tu es venue me chercher ? l'interrogeais-je.
- Oui ! Poussa-t-elle avec fierté.
- Avec ces types armés et dangereux ?
- Oui !
- Mais... Pourquoi ?
- Parce que ! Fit-elle sans changer de ton, Il faut bien que quelqu'un le fasse.
Par bonté de cœur ? Tout simplement ? Je n'en revenais pas. C'était quoi ce Réseau qui aidait les gens juste pour les aider ?
- Arrête ton char ! Lançais-je, Tu veux quoi ?
- Comment ça ? Répondit-elle
- Soit ! Tu me le diras bien à un moment, maintenant que j'ai une dette envers toi.
- ...
Elle se gratta la tête avec une expression renfrognée.
Ces deux-là devaient avoir des intentions cachées, forcément. C'est comme ça. C'est toujours comme ça.
D'autant plus qu'il restait des trous dans le récit :
- Comment vous avez su que j'étais en danger ?
- Ho ! C'est simple ! En fait BadApple surveillait le quartier.
- Il est venu pour me... protéger ?
J'avais évité de justesse le mot « surveiller ».
- Hein ? Non ! Il n'a pas besoin de se déplacer... Enfin il ne le fait jamais en tout cas !
- Mais comment...
- Hé bien, coupa-t-elle ma question, Il a utilisé les antennes de la ville.
Elle s'approcha et me confia sur un ton secret :
- Elles sont de notre côté grâce à Bad ! Les messages qui circulent sont sécurisés par cryptographie et il faut utiliser un troisième homme pour les lire mais...
Nitrate laissa planer sa phrase quelques secondes :
- ...On peut quand même localiser les téléphones qui envoient des messages ! En fait, Bad a observé ce qui changeait dans le quartier et donc, le chantier. Une petite enquête suffit pour se rendre compte qu'il y avait anguille sous roche. Tu imagines ! Les statuts de l'entreprise de BTP ont été déposés il y a moins d'une semaine et aucun des ouvriers n'est un travailleur du bâtiment. On a même pu identifier un mercenaire russe que l'on a pu relier au cercle !
- Le cercle ?
- Le cercle de Walpurgis ! Ceux qui t'ont attaqué !
À ma mine hébétée, elle sembla déduire que mes adversaires prenaient trop rarement le temps de se présenter. Elle en savait plus long sur cette histoire que moi-même qui en étais pourtant le centre.
- Soit ! Acquiesça-t-elle, Eux en tout cas, ils te connaissent bien ! C'est parce qu'on les pirate dès qu'on peut qu'on a fini par apprendre ton existence.
- Donc tu sais...
- Tout ! Je sais tout mademoiselle Marinescu !
- ...
C'était pire encore que ce que je croyais.
- En tout cas, il ne leur manquait plus qu'un panneau à l'entrée, avec écrit ici sont les méchants !
Un nouvel éclat de rire ponctua sa réplique mais, n'y mit pas pour autant fin :
- Ils parlaient même sans prendre la peine de coder leurs messages. Dès qu'on a mit en place le troisième homme, on les a vus parler de pauvres types qui auraient eu la peur de leur vie en explorant les ruines !
« Tu as manqué de prudence ! » ajouta-t-elle en me jetant un regard appuyé.
Cela répondait au moins à la question que je m'étais posé plus tôt, celle de savoir comment Christian m'avait retrouvée.
...
J'aurais dû leur arracher la tête à ces quatre-là.
La jeune femme poursuivit son explication :
- Après ça, BadApple a vu que ton portable était dans un quartier près du canal, loin du bâtiment abandonné. Ça nous a beaucoup rassuré mais... Ça, c'était une erreur.
- Mon portable ?
- Celui que je t'ai donné ! Et que tu t'es empressée de perdre !
Elle ponctua sa phrase d'un ébouriffage de cheveux. Elle me prenait vraiment pour sa gosse !
J'écartais son bras en grognant tout en me rendant compte à son visage que sa blague était un peu plus forcée que les précédentes.
... !
Je réalisais d'un coup les toutes implications de ce qu'elle avait dit. Il n'y avait qu'un seul endroit où j'avais pu le perdre.
Je n'osais pas tout de suite poser la question.
Peut-être qu'avec un peu de chance...
- Vous... bafouillais-je, Vous avez vu Katalia ?
- C'était une de tes amies ?
- Oui mais, est-ce qu'elle va...
Je m'interrompis.
Encore une fois mon esprit avait démontré sa lenteur.
C'était...
Je n'eus pas besoin de la scruter longtemps pour voir qu'elle avait arrêté de plaisanter.
- Désolé Pauline, fit-elle d'un ton sincère.
Ma tête se mit à tourner aussitôt.
Elle était morte, MORTE ! Torturée par les hospitaliers pour obtenir l'adresse de ma planque. Un clerc avait dû remarquer les marques de brûlures sur sa peau, au contact des croix et comprendre.
C'était...
C'était de ma faute.
Et un voile d'eaux noires tomba sur mes yeux
Je me précipitais en hurlant vers le saule et le martelais de mes poings. Je frappais, frappais et frappais encore.
Mes mains ne pouvaient entamer le bois mais c'était mes mains que je voulais entamer.
Douleur. Douleur. Douleur.
L'écorce de mes mains s'arracha.
Poings sanglants et phalanges brisées.
Et je pleurais comme une petite fille.
Soudain, je sentis une main sur mon épaule et tombai à genoux.
Nitrate s'était approchée, le visage grave.
- Ça va aller, tenta-t-elle.
- NOON ! Criais-je en réponse, Regarde ! Regarde ! C'est parce que j'étais là ! C'est parce que je suis un monstre !
Je repris mon souffle une seconde avant de poursuivre, dans un sanglot :
- C'est de ma faute. Si je n'avais pas été là, elle n'aurait pas... Merde ! Regarde-moi !
Et sur ces mots, je levais vers elle ce qu'il restait de la bouillie au bout de mes bras, celle qui avait été des mains et qui, fumant déjà, le serait à nouveau sous peu.
- Quand ils m'ont attaqué, je m'en suis réjoui ! Tu comprends ? Je les ai tués les uns après les autres et j'ai aimé ça ! Je suis un monstre ! Je me suis amusée au point que je n'ai même pas entendu Christian s'approcher ! C'est moi qui aurais dû être punie ! C'est moi qui aurais dû mou...
Clac !
Fit la gifle sur ma joue.
- C'est bon ? Tu as fini tes bêtises ?
Je restais hébétée. Elle, elle chercha à retrouver son calme un instant puis, me lança avec une froideur qui me surprit :
- Regarde-toi toi-même et mets-toi un peu de plomb dans la cervelle, idiote.
Cloc !
Fit son doigt contre mon front pour souligner sa réplique.
- Je... commençais-je.
Je ne trouvais rien à dire.
- Tu n'as pas l'air d'avoir été attentive à tout ce qu'il s'est passé aujourd'hui. J'aurais cru que les acteurs de cette histoire avaient assez œuvré pour mériter ton attention. Mais puisque tu as besoin que je te l'explique alors, voilà : un certain nombre de personnes se sont démenés pour toi, Katalia comprise.
- ...
- Et toi, Tu voudrais mourir ? Tu voudrais réduire tous ces efforts à néant ? Quel égoïsme. Alors quoi ? Oui, tu es un monstre. Oui, tu n'as pas la vie qui t'aurait plu. Et oui, encore, tu n'es pas celle que tu aurais voulu être. Mais...
Je déglutis tandis qu'elle marquait sa pause, attendant en silence qu'elle ne reprenne.
- ...Mais, tu n'es pas la seule à être blessée lorsque tu te fais du mal comme ça ! Dit-elle d'une voix tremblante en saisissant mes moignons de ses mains.
Puis elle se détourna et se dirigea vers la voiture, me laissant agenouillée et les yeux grands ouverts et vides comme ceux d'un poisson mort.
« Katalia n'aimerait pas me voir ainsi » dit une petite voix au fond de mon être.
Sans se retourner elle ajouta encore :
- Ôte-moi un doute. Penses-tu mériter une punition ?
- Je suis un monstre... À la fin, le monstre fini toujours par être vaincu...
- Je vois... Tu sais, la plupart des gens ne crient à l'injustice que quand ils sont dans une situation qui leur est défavorable. C'est là qu'ils demandent à ce qu'on leur donne ce qu'ils pensent mériter.
- Sans doute. Les gens sont lâches.
- Peut-être bien, je ne sais pas. Cependant, ce qui me surprend c'est que toi, à l'instant, tu as fait exactement l'inverse. Tu étais prête à admettre que la mort de cette fille était une punition pour toi. La sentence d'un crime... Comme si la justice réclamait ton malheur. Alors dis-moi, Pauline, penses-tu vraiment que la mort de ton amie était juste ?
- Non ! C'est moi qui aurais dû...
Je ne terminais pas ma phrase. Son regard noir m'avait arrêté.
- Ne trouves-tu pas malsain d'espérer à ce point une justice qui te soit si défavorable ? N'aurait-il pas mieux valut crier à l'injustice comme ces lâches dont tu parles ou même réclamer vengeance plutôt que de demander d'autres malheurs ? Ce n'est pas du courage que tu as là !
« TU NE SAIS PAS CE QUE C'EST !! » m'insurgeais-je alors qu'elle s'asseyait dans le coffre de la voiture, toujours ouvert.
Elle me répondit par un regard encore plus hivernal et ces quelques mots énigmatiques :
- Tu crois ?
Nous fûmes coupés par BadApple. La sonnerie retentit en même temps sur les deux téléphones portables. Nitrate me fit signe d'approcher et m'en tendit un. C'était le mien. Elle l'avait récupéré chez Katalia... Elle décrocha le sien et le posa entre nous tandis que je m'évertuais à glisser l'autre dans ma poche, à l'aide des bouts de doigts qui repoussaient sur les paumes de mes mains.
- Bonsoir les filles, lança la voix automatique.
- Bonsoir Bad, répondit sobrement Nitrate.
- Ça va mieux ?
J'allais répondre quand Nitrate me devança.
- Oui, ça va. Pas de problème.
Elle se tourna vers moi avant de reprendre.
- Pour vampirette, elle a mauvaise mine mais, ça ira.
- Ça me rassure. N'en fais pas trop et ménage-toi.
De quoi ils parlaient ? Qu'elle se ménage ? Pourquoi ?
- Ne t'inquiète pas. Continua-t-elle sur un ton fatigué, Je ne me laisserais plus surprendre.
- Il se passe quoi ? Finis-je par demander.
- Rien ! Lança Nitrate sur un ton qui ne souffrait aucune réplique.
Et je n'en fournis aucune. C'est le pirate qui rompit le silence :
- Ne lui en veut pas, tu lui ressemblais à une époque.
- Je sais ! Râla-t-elle, Tu nous as écouté, évidement.
- Évidement, confirma la voix avant de s'enquérir de ma situation, Tu as un endroit où aller Pauline ?
- Je... Oui, je sais où aller mais... je ne sais pas où je suis maintenant.
- Tu es sur une colline qui surplombe le quartier étudiant, m'informa la jeune femme avec moins de raideur dans la voix, Je te déposerais si tu veux.
- C'est que...
Désormais, elle semblait plus fatiguée qu'en colère. Peut-être était-ce là sa façon de montrer qu'elle ne m'en voulait pas.
J'avais presque oublié que je lui devais ma liberté et bien plus encore. Nitrate avait sans doute pris de gros risques, plus grand que ce que j'avais supposé à en croire l'inquiétude de BadApple.
Et dire que j'avais d'abord cru qu'elle était leur complice...
J'avais même détruit le joli bandage qu'elle m'avait fait.
Elle avait de quoi m'en vouloir.
- Tu y seras plus vite en voiture.
- ...Merci, dis-je timidement, Pour tout.
J'avais posé ces derniers mots comme pour m'excuser.
- Dans ce cas, c'est réglé ! Conclu Nitrate, Et si tu as un souci, avant de tout casser, demande un coup de main !
Et elle me sourit.
Après cela, elle fit comme convenu et me déposa dans ce qui serait ma nouvelle demeure.
Un autre bâtiment abandonné, comme si rien n'avait changé.
Nitrate m'adressa un signe de la main en repartant. Appuyée contre le montant d'une fenêtre vide, je la raccompagnais du regard en direction du trou dans le grillage que nous avions traversé plus tôt. Je glissais une main dans ma poche et, à ma grande surprise, un craquement plastique retentit.
Était-ce un sourire triste sur mes lèvres ?
J'aurais à peine quelques semaines de tranquillité avant de recroiser la route de cet étrange duo. Ces deux-là m'avaient laissé avec de nombreuses questions sans réponses et j'avais comme un arrière-goût dans la bouche. C'était comme si de nombreux indices étaient passés sous mes yeux sans que je ne les remarque.
Et pourtant, quand elle me salua et que les rayons du soleil levant illuminèrent son visage, j'eus la sensation que quelque chose de nouveau commençait pour moi. Une histoire débutait, qui n'attendait que d'être comptée.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top