Chapitre 1

La jeune fille traversa l'ouverture en enjambant un meuble renversé, avant d'entrer dans la pièce. Cela faisait plus d'une demi-heure qu'elle bougeait et fouillait dans les ruines de ce qui avait été un bâtiment administratif. Son agitation avait créé divers bruits dérangeants qui se répercutaient en échos entre les pièces. Elle avait même juré après qu'un son de bois brisé se soit fait entendre.

Mais, maintenant, elle était là, dans la pièce du rez-de-chaussée au fond de l'aile gauche du bâtiment, celle dont les fenêtres étaient condamnées par des planches. Ou plutôt, il s'agissait de l'une des dernières pièces dans laquelle les planches tenaient encore sur les montants des fenêtres, ne laissant passer que quelques rayons de soleil par l'entremise des interstices qui séparaient montant et plaque de bois.

Tac !

Son pied avait touché une plaque métallique grisâtre lorsqu'elle était entrée, faisant résonner l'impact comme si elle avait frappé sur un tambour.

Dérangé par le bruit, le monstre qui vivait là prit son essor et fit résonner son vol dans un vrombissement qui me glaça le sang. La créature insectoïde atteignit en quelques coups d'ailes le centre de la pièce tout en faisant miroiter les reflets bleutés de sa carapace. Elle agita son corps dégoûtant à deux mètres du sol, en face de l'inconnue qui n'eut que le temps de pousser un petit cri aiguë. Son œuvre d'épandage de la terreur accompli, la chose retourna vers la fenêtre. Elle heurta bruyamment la planche et se fixa à sa surface, en silence et la tête vers le bas. Elle reprenait son embuscade, nettoyant ses yeux globuleux à facettes à l'aide de ses pattes.

Il s'agissait d'un diptère de la pire espèce : Calliphora vomitoria.

Une mouche à viande...

J'avais appris le nom dans un livre d'entomologie de la médiathèque. Les autres lecteurs m'avaient regardée de biais à cause de la crasse qui couvrait mon visage et de mes vêtements déchirés mais, personne n'avait eu le cœur de mettre dehors une fille qui avait l'air si jeune.

En lisant ce livre, je pensais pouvoir faire la paix avec... ces insectes mais, ce fut peine perdue. La simple vision des images de ces créatures grouillantes et dégueulasses m'avait tiré des sueurs froides et la lecture de leur cycle de reproduction m'avait... enfin...

Quoi qu'il en soit, la nouvelle venue ne lui avait pas prêté plus attention que cela.

J'étais bien consciente que la plupart des gens n'ont pas la phobie de ces choses mais, le simple fait de la voir entrer dans la pièce sans lui prêter plus d'attention que le petit cri de surprise qu'elle avait poussé me semblait impossible.

La bête était entrée dans ma « chambre » depuis trois jours.

Trois jours !

Trois jours durant lesquels je n'avais pas osé bouger du fond de la pièce où j'étais recroquevillé en position fœtale.

Trois jours au bout desquels était arrivé cette visiteuse importune qui avait dérangé le monstre dans sa garde.

Elle ne le regarda même plus, balayant la pièce du regard. Elle ne me remarqua pas tout de suite mais, je vis à ses yeux plissés qu'elle n'était pas là par hasard. Elle cherchait quelqu'un.

– Tu es là ?

Dans l'état dans lequel j'étais, elle aurait bien pu être une chasseuse, je n'étais pas en condition pour me défendre. Tsssss ! De toute façon, je préférerais me laisser mourir plutôt que de risquer de faire s'envoler l'autre à nouveau.

– Aide-moi ! Fis-je d'une voix piteuse et sanglotante qui acheva de tuer le peu d'amour propre que j'avais encore.

L'autre s'approcha et m'aperçut. Elle s'accroupit, à quelques mètres de moi.

– Mais ! Tu es une petite fille !

– J'ai vingt-deux ans !

L'autre me regarda, perplexe puis admit :

– Ha ! Oui ! Évidement que tu ne vas pas faire ton âge. Tu es coincée ?

– Oui !

– Qu'est-ce qui te bloque ?

Je levais lentement la main vers la chose qui était immobile sur sa planche.

– Tue-la, s'il te plaît... TUE-LA !

Elle regarda dans la direction que j'avais indiquée puis revint à moi.

– Heu... la mouche ?

Je hochais la tête.

– Tu veux que je l'écrase ?

Je répétais mon mouvement.

Elle me fixa d'un air apitoyé puis fit voler son regard d'un bout à l'autre de la pièce. Elle finit par trouver ce qu'elle cherchait et fit quelques pas dans la direction du meuble près de l'entrée.

Je manquais de me remettre à pleurer lorsqu'elle abattit son talon sur celui-ci d'un coup sec et bruyant. La mouche, contrairement à mes craintes, ne décolla pas. C'est à cet instant que je remarquais la couleur criarde des chaussures qu'elle portait : Jaune vif.

Elle extrait la planche que son coup avait détaché du meuble et alla vers la fenêtre. Elle la souleva au-dessus de sa tête, prête à l'abattre comme une épée sur un dragon.

Le monstre dut comprendre le sort qu'elle lui réservait car, dans son infinie malice, il choisit précisément ce moment pour bondir dans les airs. Il passa au-dessus d'elle et frôla le plafond avant de se diriger vers son centre.

Vers moi !

– Heeeeeeeeee ! Fis-je en me recroquevillant plus encore que je ne l'étais tout en plaquant mes mains sur ma bouche.

Mais, la fille fut la plus rapide. Elle sauta et frappa de sa planche.

Toc !

Elle avait visé juste et projeté la bête dans un coin de la pièce. Elle approcha alors tranquillement de celle-ci et posa son pied coloré dessus.

– Merciiiiiiiheu ! Fis-je en fondant en larmes.

Elle vit mon soulagement et revenant vers moi, reprit la position accroupie qu'elle avait quelques instants plus tôt.

– Ça va ? T'as l'air dans un triste état ! Tout ça pour une mouche...

– Idiote ! m'écriais-je, Les mouches bleues peuvent vivre trente-cinq jours seulement ! Ça en fait trois qu'elle est ici ! Elle à passé 8,57 % de la durée de sa vie à me tourmenter. Pour un humain cela reviendrait à passer six ans dix mois neuf heures et cinquante-sept minutes à emprisonner quelqu'un. Quel degré de sadisme il faut avoir pour s'investir à ce point !

Elle me regarda en penchant la tête de côté. Sa gestuelle me rappela celle d'un chien qui questionnerait son maître du regard.

– Tu as vraiment fait le calcul ?

– ...Oui !

– Et tu as vraiment passé trois jours ici ?

– ...Oui !

– Ça te fait si peur que ça ?

– Les mouches, c'est le quatrième fléau d'Égypte dans la bible, c'est considéré comme un monstre horrible venu punir les gens pour leurs péchés ! Tout le monde sait que c'est un démon apocalyptique !

– Si on m'avait dit que quelqu'un comme toi pouvait avoir peur de démons j'aurais été stupéfaite mais, les mouches... Tu as eu un problème avec ces petites bêtes ?

–  ...

Elle ne pourrait pas comprendre. Personne ne le pourrait.

– Je suis Nitrate ! Fit l'étrangère en souriant d'une manière qui se voulait rassurante.

– C'est quoi ce nom ?!

– C'est mon pseudo de super-héroïne, voyons ! Mon ami m'a dit que « Nitrate d'amonium » c'était trop long alors j'ai raccourci. Ça pète hein ?

Quoi ?! C'était quoi son délire ? Il y en a d'autres comme elle ?

– Si tu crois que ta blague sur le fait qu'il s'agisse d'un explosif composant la poudre noire est passée inaperçue, c'est raté !

– Hmm Tu t'y connais en explosifs !

– En chimie plutôt. J'ai du temps pour lire, ici.

Elle rit, visiblement satisfaite.

– Pourquoi tu es là ? Poursuivis-je, Tu as l'air de savoir ce que je suis ?

– Oui, je sais tout... Pauline !

– Comment tu sais ÇA ?

Elle en savait bien plus qu'une chasseuse. Beaucoup plus. La plupart du temps, ils ignoraient mon nom et ne s'en posaient pas la question. Ils se contentaient de m'attaquer et moi, de fuir.

Et elle semblait savoir qui j'étais, avant...

Qu'est-ce qu'elle me voulait, cette fille ? Et pourquoi elle ne me donnait pas son vrai nom ?

Elle dut voir mon inquiétude, car elle ne chercha pas à s'approcher, conservant une distance de deux mètres avec moi, et elle continua de sourire en reprenant :

– Ne t'inquiète pas, je ne te veux pas de mal ma petite !

– J'ai vingt-deux ans ! répétais-je

– Ha... Oui, c'est vrai... Ne pas se fier à ton âge apparent... C'est curieux, tu as l'air d'une ado en fugue. Je me suis même demandé si je ne m'étais pas trompé.

Elle fit faire à son regard, le tour de la pièce pour la troisième fois.

– Tu habites ici ? Demanda-t-elle.

– Je suis bien ici. C'est sombre et il y a personne.

– Hmmm... émit-elle, étonnée.

– Comment tu m'as trouvé ?

J'avais dû commettre une erreur. C'était forcément ça. Je devais apprendre et m'améliorer. C'était nécessaire pour pouvoir survivre.

– C'est un peu compliqué, ça... Disons que ce n'est pas moi qui t'aie découverte. C'est mon ami qui passe régulièrement au crible toutes les vidéos de surveillances de la ville.

– Ce n'est pas possible.

– Tu es sûre ?

À quoi jouait-elle ? Il fallait vraiment que je lui explique pourquoi elle mentait ?

– Oui, pour deux raisons : La première c'est qu'il y en a trop. Personne ne pourrait surveiller toute la ville tout le temps. La seconde c'est que les choses comme moi n'apparaissent pas sur les vidéos.

– Tu veux dire les vampires ?

Elle avait insisté sur le mot comme pour répondre à ma gêne.

– Oui, c'est ça. Si tu veux.

–  ... Bon, pour commencer, ce fameux « ami » est un informaticien assez doué, disons... Non, en fait, c'est un génie aux talents presque surnaturels et vraiment impressionnant ! Bref ! En fait... BadApple t'a trouvé en observant la foule.

– Comment ça ? m'impatientais-je

– Et bien... Tu vois, quand les gens se déplacent dans la rue, ils se croisent et s'évitent en gardant une certaine distance les uns des autres, légèrement inférieure à un mètre.

– C'est normal ! Il n'y a que les pervers pour se frotter aux gens dans la rue !

Cela ne sembla pas la perturber.

– Oui mais, vois-tu, poursuivit-elle, Cela fait que la foule, les gens, se déplacent selon certains schémas quasiment prévisibles. Qu'imagines-tu qu'il se passe lorsque, sur une vidéo, on voit des gens marcher et contourner une présence qui n'apparaît pas à l'écran ?

– C'est comme ça que vous m'avez eu ?

– Exactement, fit-elle non sans une pointe de fierté, Tu es passé près de la place de... Heu... je ne me souviens plus son nom mais... bref ! Tu y es passée alors qu'il y avait un rassemblement devant le bar, pour le match de foot de la semaine dernière et les gens t'ont laissé passer.

– Je ne m'en souviens pas mais, peu importe, je ne le ferais plus... dis-je avec autant de fermeté que je pus.

Elle s'assit sur le sol en face de moi et sortit un petit téléphone qu'elle garda en main.

– Tu aurais bien raison. D'autres que nous pourraient t'avoir trouvé. Je veux dire, le programme de détection donne un nombre de faux-positifs assez monstrueux mais, avec du temps et de la persévérance, d'autres que nous peuvent savoir que tu étais là. Après avoir déterminé que tu étais passée par la place, on a essayé de te trouver à partir des meurtres que tu aurais dû commettre. Notre projet c'était de te trouver et de... t'arrêter...

– Doux euphémisme ! N'est-ce pas ? T'es une chasseuse alors ? Tu bosses pour les hospitaliers ?

– Pas du tout ! Pas du tout ! Fit-elle en agitant les bras devant son visage, On voulait juste te proposer une alternative. En tout cas, étant donné que tu n'as pas tué dernièrement, on s'est dit que tu n'était peut-être pas hostile et qu'on pouvait peut-être essayer de... heu...

– Oui ? m'impatientais-je

Si elle voulait se battre, je n'avais pas que ça à faire. Je lui arracherais la tête et c'est tout. Alors pourquoi elle perdait son temps comme ça ?

– On voulait te recruter... finit-elle par dire

–  ... ?

Une voix s'éleva du téléphone dans sa main.

– Laisse moi t'expliquer.

Le son était mécanique. Un voix artificielle. Clairement, l'interlocuteur ne voulait pas que l'on reconnaisse sa voix.

– Nous sommes le réseau.

– Quoi ? Ça a un nom de secte votre truc !

– Critique pas le nom ! me coupa Nitrate, C'est moi qui l'ai choisi !

– Elle disait que c'était un nom cool, compléta la voix monocorde sur un rythme monotone.

– Perso, je trouve ça kitch ! Vous êtes quoi ? Une société secrète internationale ?

– À vrai dire... commença Nitrate d'une voix gênée.

– Nous ne sommes pas internationaux. Nous sommes seulement deux. Nitrate et moi, BadApple

–  ... Quoi ?!

Ils se la jouaient avec un nom prétentieux et en fait, c'était juste deux idiots qui refondaient le club des cinq !

Et à deux seulement !

– Vous vous foutez de moi ?

– Heu... Non ! Déclara la jeune femme en souriant de plus belle.

Au moins, ils n'avaient pas l'air hostiles, juste ridicules et stupides. Cependant ils m'avaient retrouvée...

Et ils avaient compris que je me procurais du sang par des moyens « invisibles ». J'avais mis toute mon astuce à faire en sorte que ça ne se remarque pas. J'avais enquêté soigneusement, crevant la faim pendant des mois pour pouvoir éviter de me faire repérer bêtement et finir par trouver une source viable sur le long terme.

Évidement, tuer des gens et laisser des cadavres exsangues était peu discret et donc dangereux. Les chasseurs auraient immédiatement accouru et suivis mes « miettes de pains » pour me retrouver. J'aurais été mise à mort... définitivement.

...

Comment avaient-ils trouvé ma planque, en fait ?

Katalia !

– Qu'est-ce que vous lui avez fait ?

– À qui ? Me répondit l'effrontée

– Tu sais bien de qui je parle ! Personne d'autre n'aurait pu vous dire que j'étais ici ! Savoir que je suis passée à un certain endroit en ville c'est une chose mais, remonter jusqu'à la ruine, s'en est une autre !

– Ha ça ? C'était fastidieux mais, pas très compliqué ! Il suffisait de fouiller tous les bâtiments abandonnés du quartier jusqu'à te trouver.

– J'aurais pu être logé chez quelqu'un...

– C'était une possibilité mais, il fallait bien tenter de fouiller les ruines avant d'essayer quoique ce soit d'autre.

– Et vous avez fouillé toutes les ruines ?!

– Non ! Six seulement ! Il n'y en a pas tant que ça dans le coin et je dirais même que j'ai manqué de chance. Je pensais te retrouver plus tôt. Ça m'a tout de même prit une semaine !

– Tu avais d'autres tâches à effectuer, sermonna la voix du téléphone, Tu en as toujours.

L'autre fit une mou gênée mais, se reprit rapidement :

– Au fait ! Tu semblais t'inquiéter pour quelqu'un... Tu connais un autre comme toi ?

– Non ! Foutez-moi la paix !

– Hey ! T'énerve pas ! On est de ton côté ! On peut t'aider, sûrement.

– J'ai une question, coupa la voix

– Tu veux quoi terminator ?

–  ... Je ne suis pas un terminator.

– ...

Il avait vraiment pensé que j'étais sérieuse ? Difficile de savoir s'il plaisantait ou pas avec une voix pareille.

– Ha. Ha. Ha., reprit la voix pour répondre à mon interrogation

Ok...

Au moins j'étais fixée avec ce... « rire ». Je préférais finalement quand il se taisait, ce BadApple. Mais, pourtant, il continuait :

– Ma question c'est : Comment fais-tu pour t'approvisionner en sang ?

– Ça ne vous regarde pas.

– Je comprends.

– Mais, Badounet ! s'écria la fille, Peut-être qu'elle est obligée de se mettre en danger pour en trouver ! On peut peut-être l'aider !

« Badounet » ?! Sérieusement ?

Elle me regarda à nouveau et expliqua :

– On peut te procurer des poches. Bad à trouvé un moyen pour détourner un peu des livraisons des hôpitaux et on pourrait t'en donner un peu.

– Et vous y gagnez quoi ?

Je n'étais pas naïve. Les gens qui s'intéressaient aux anomalies et avaient de tels moyens étaient plutôt du genre à avoir d'autres préoccupations que mon bien-être. J'en savais quelque chose. Ceux qui m'approchaient en connaissance de cause le faisaient soit pour me tuer, soit pour... Enfin... Bref !

L'autre, sous mon accusation, baissa les yeux et répondit, plus bas.

– On veut t'aider. On est pas très différent de toi.

– Quoi ? J'ai senti ton odeur et je vois bien que tu n'es pas comme moi.

– C'est vrai mais...

Elle s'humecta les lèvres, cherchant ses mots.

– Il n'y a pas que les anomalies comme toi...

Ça, c'était nouveau. J'avais fréquemment entendu des rumeurs au sujet de fantômes et autres légendes urbaines mais, rien de tangible. Il y avait bien eu cette rumeur, il y a quelques mois, sur des poupées creepy qui parcourraient la ville à la nuit tombée mais, je n'en avais jamais vu. À vrai dire, j'étais sceptique quant au fait qu'il y ait vraiment eu quelque chose de surnaturel là-dessous. Les rumeurs sont ce qu'elles sont après tout.

– T'es quoi ?

– C'est une longue histoire...

Ok...

Elle n'a pas envie de me le dire. Une raison de plus de me méfier.

– Nitrounette, interpela la voix, Je propose que nous lui laissions la possibilité de réfléchir et que nous lui fournissions un moyen de nous contacter ultérieurement.

« Nitrounette » ? C'était encore plus gênant avec la voix robotique !

...

– Tsssss ! Tout ce que vous voulez mais, fichez-moi la paix, et par pitié, ne m'appelez pas « Paulinette » !

– D'accord ! Ce sera donc Paupau !

– ...

Je la fusillais du regard, cherchant à l'envelopper sous le poids d'une désapprobation lourde propre à rompre son sourire et lui faire retrouver son sérieux.

– Ha. Ha. Ha., ponctua le téléphone en brisant le silence que j'avais imposé.

– D'ailleurs, relança la fille, Je me demandais...

Je m'attendais au pire... et j'avais raison.

–  ... Les vampires, ça fait « popo ».

– Mais ! MAIS ! Vous êtes sérieux ou quoi ?!

Je reçus pour toute réponse un gloussement amusé.

– Je suis un monstre ! Une tueuse ! Une suceuse de sang ! Je pourrais t'arracher la tête sans aucun effort ! Un peu de respect ! Merde !

Ma colère – ou peut-être le juron mal-choisi que j'avais utilisé – l'entraîna dans un fou-rire tandis que le téléphone se mit à l'accompagner de son « Ha. Ha. Ha. » malaisant, le tout sous mon regard furieux.

Quelle bande de clowns...

Lorsqu'elle put se contrôler à nouveau et, comme convenu, l'étrangère me fit cadeau d'un téléphone contenant son numéro pour seul contact. Ils avaient visiblement tout prévus ces deux-là. Elle finit par se décider à partir, non sans avoir encore lourdement insisté pour que j'accepte son recrutement.

Cependant, elle me réservait une dernière farce stupide... Alors que je la regardais s'éloigner dans la cour, entre les ailes du bâtiment, elle se retourna pour m'interpeller :

– À bientôt... Paupau !

Elle baissa la tête et évita de justesse la cannette qui vola.

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