Chapitre 4

- Non mais je te jure ! Elle me laisserait faire ! Et on se revoit bientôt ! Je te jure Harold, je lui rendrait l'esprit de noël, parole de Frost.

- Ouais bah si monsieur Jack Frost pouvait changer de disque ça m'arrangerait. Ca fait combien de temps que t'es coincé dans la même rayure ?

Jack l'ignorait complétement. Il avait le sourire aux lèvres et les yeux tournés vers les étoiles, ses mains suivaient le rythme de ses mots pour éclaircir ses propos. Ses pupilles brillaient d'imagination, d'espoir et d'un peu de magie aussi. Celle de noël et des flocons de neige.

Les deux garçons traversaient à présent la rue commerçante, éclairées par les guirlandes de noël installées sur chaque lampadaire. Harold butait dans les tas de neige en pestant contre tout et n'importe quoi. Il en voulait à Jack, à la ville, à Kristoff et même à Elsa ; Jack quant à lui, s'arrêta devant le cinéma pour observer les films à l'affiche. Enfin "les", il n'y en avait que deux. Horreur ou noël. Même s'il aimait cette fête, il ne savait pas s'il était prêt à supporter de payer pour ce film.

- Jack, si tu ne bouge pas ton cul, je rentre sans toi. Et je ferme la porte à clef ! le menaça Harold.

- Je passerai par la fenêtre, à moins qu'Elsa ne me laisse dormir chez elle... Tu imagines ? Je crois que je vais te laisser volontairement me claquer la porte au nez.

Harold grinça des dents, n'ajouta rien et accéléra l'allure. Jack continuait de rêver à voix haut, agaçant de plus en plus son ami brun, qui finit par lui en coller une à l'arrière de la tête. En réponse, le journaliste le taquina sur un amour fictif pour la blonde, ce à quoi Harold grogna sans répondre à ce pique.

- Allé vieux, je fais ça pour rendre l'esprit de noël à quelqu'un, tu n'as pas le droit de m'en vouloir !

- Le problème Jack, c'est que tu veux le rendre à une fille qui ne veut plus en entendre parler ! Et toi tu n'arrête pas d'en parler justement ! Si elle a accepté, c'est juste pour être polie avec toi, pas parce qu'elle t'apprécie et encore moins pour que tu sois dans cet état, mais je t'assure que le mieux serait que tu abandonnes. Pour elle, pour toi, pour tout le monde ! Tu ne crois pas qu'en tant qu'ami, j'ai pas déjà essayé de lui rendre cet esprit ? Qu'on a pas essayé dans notre groupe de pote ? De lui changer les idées et de la refaire sourire le jour de l'ouverture des cadeaux ? Mais toi t'en fais qu'à ta tête. C'est pas la première fois que je te dis d'arrêter et de la laisser tranquille, mais tu n'en a rien à faire. Tu n'es qu'une tête de mule Jack. Mais cette fois, s'il te plait, écoute moi et fais ce que je te dis. Juste une seule fois, même si c'est la dernière pour le reste de notre amitié. Elsa a autre chose à faire que penser à noël et ces guirlandes et à la joie au partage et tout le tralala que ça implique, ok ? Si elle a arrêté d'y croire, c'est pour une bonne raison et c'est pas toi qui va y changer quoi que ce soit.

- Et c'est quoi cette raison ? tenta Jack sur un ton léger.

- Tu vois, ça aussi c'est le problème, trancha Harold d'une voix calme. Pour toi, il n'y a pas de vrai problème. Tout ce qu'il t'intéresse, c'est toi et tes projets personnels, même si ça empiète sur la liberté d'autrui. Mais ce que t'as pas l'air de comprendre, c'est que t'es un étranger ici, Monsieur le journaliste, tu n'as et tu n'auras jamais ta place ici. Alors arrête d'essayer de comprendre des choses qui ne te concernent pas et que tu ne comprends pas.

Harold termina essoufflé, les yeux plongés dans ceux de Jack, le torse qui se soulevait au rythme de ses inspirations. Ça faisait trois jours qu'il retenait ces mots, c'était plaisant à présent de les laisser s'envoler, sauf pour son interlocuteur. Jack serra et desserra les points dans ses poches, contractant la mâchoire pour ne rien dire. Il regardait le brun sans rien dire, essayant de comprendre ce qu'il lui prenait, pourquoi il réagissait comme ça. Après tout, Jack n'avait rien fait ! C'est son ami qui se mettait à gueuler pour rien.

- Et toi Harold, tu sais ce que c'est ton problème ? Tu ne pense qu'as toi ! aider quelqu'un sans rien attendre en retour, ça te semble impossible. C'est peut-être pour ça qu'Elsa ne te laisse pas l'aider, parce que tu attends quelque chose en contrepartie ! Pauvre vieux, tu n'es peut être même pas vraiment ami avec elle, ni avec moi ou qui que ce soit. Alors dis moi, qu'est-ce que je te dois pour dormir chez toi ? De l'argent, ton nom dans le journal, que je devienne ta bonne ? Ou peut être que tu préférerai que ce soit El...

Jack n'eut pas le temps de finir, Harold lui mit une droite sans réfléchir avant de l'attraper par le col et de le plaquer contre un mur. Ses yeux brulaient d'un brasier qui donna des sueurs à Jack.

- Ne. Redis. Jamais. Ça. D'Elsa. C'est clair ?

Jack comprit immédiatement qu'il ne plaisantait pas, plus peut être ? Mais est-ce que Harold avait déjà plaisanté au sujet d'Elsa ? Le journaliste fronça les sourcils, mais se dégagea d'un coup avant de défroisser ses vêtement.

- Très clair.

Les deux garçons se jugèrent encore un moment, avant que Jack ne lui mette un petit coup dans l'épaule avec un sourire. Il lui proposa un chocolat chaud et le brun hocha la tête, ils avaient compris les limites à ne pas franchir, mais ils étaient amis. Enfin, Jack n'oubliait pas ; il y avait anguille sous roche, il en était certain. Ils se dirigèrent chez Harold, sous les blagues de Jack, les commentaires d'Harold et les flocons qui recommençaient à tomber. Le vent froid les emportait dans les cheveux, entre les bâtiments, dans les maisons aux fenêtres restées ouvertes.

Elsa vit doucement, un flocon s'installer sur sa feuille blanche. Elle souffla dessus, le regarda s'envoler à nouveau puis essaya de trouver l'inspiration, encore. Non, décidément, elle n'arrivait à rien. La blonde soupira et posa ses affaires avant d'attraper son téléphone. Peut être qu'en regardant ses files d'actualités, elle trouverait quelque chose qui lui donnerait l'étincelle. Mais avant d'accéder à ses applications, Elsa vit un message d'Astrid, sa meilleure amie. Elle lui demandait elle-même des nouvelles puisque la blonde ne lui en avait pas donné depuis son départ. Elle lui en donnait un peu, mais posait surtout beaucoup de questions à son amie. Astrid avait perdu de vue le groupe d'Arendelle, sauf Elsa avec qui elle était en collocation.

Ce sera plus simple de l'appeler, se dit Elsa avant d'appuyer sur le petit téléphone. L'écran afficha une photo d'Astrid faisant une grimace plutôt sympathique et les nombreux boutons. La blonde colla l'appareil à son oreille, ses yeux regardant à travers la fenêtre ouverte. Au bout de deux sonneries, son amie décrocha.

- Si c'est pour me vendre vos santons de merde ou m'initier aux messes de noël, vous pouvez raccrocher !

- J'aurais de jolie santon d'Arendelle à te proposer pourtant, rit Elsa.

Il y eut un léger silence, le temps qu'elle réalise qui elle avait au téléphone, puis une voix hurlante mais enthousiaste s'échappa du combiné.

- Elsa ! je te croyais morte ! tu ne regarde pas ton téléphone chez toi ? Enfin, tu es peut-être trop occupée avec Kristoff, ce que je comprendrais. Mais on n'oublie pas les amies bordel !

- Moi aussi je suis contente de te parler. Je viens de voir ton message et en effet, je ne suis pas vraiment sur mon téléphone en ce moment, inspiration tout ça tout ça...

- Mouais. Bon, comment ça se passe à Arendelle ?

Elsa se mit à lui décrire la ville, sans parler de toute la mise en place de noël. Elle parlait d'Arendelle sous la neige et de tous ceux qu'elle avait retrouvé, ajoutant que Harold était là aussi. Elle parla des discussions avec Kristoff, comment allait le café de son père, que le magasin de lavande existait toujours. Elle laissa entendre qu'un inconnu était arrivé sans en dire plus. Pourtant, Astrid s'invita dans la brèche.

- Tu lui as parlé ? commença-t-elle curieuse.

- Oui. La rivière va bientôt être gelée et...

- Il est dans quelle tranche d'âge ? et il est sympa ?

- Astrid, pourquoi tu veux le savoir ? tu es à des kilomètres d'ici, se moqua son amie.

- Le tremblement de ta voix. Il t'a dit quelque chose qui t'a touché, ou au moins qui t'a marqué.

Boum. Elsa s'en voulait d'avoir oublié les talents d'Astrid, elle avait pensé que le téléphone lui empêcherait de tout remarquer. Elle tenta tout de même de nier, ne voulant pas s'étaler sur le sujet qui la fachait.

- Pas spécialement... ou peut être parce qu'il fuyait les grandes villes. Moi qui m'y sens bien, c'est peut-être ça.

- Trouvé ! s'exclama son amie avant de lire : « Jack Frost, journaliste très important pour Le Journal, se trouve à Arendelle pour la période de noël, spécifiée comme sublime par l'un de ses amis. Il espère que les photos qu'il prendra seront à la hauteur de la beauté de la ville et de la période. ». Il n'est vraiment pas mal dis-moi !

- Je viens de te parler de quelqu'un qui habitait la ville !

- Et quel est son nom ?

Elsa savait que son amie avait croisé les jambes, installée au fond de son fauteuil et tapotait de sa main libre son ordinateur. Elsa s'était fait avoir et Astrid savait qu'elle la tenait. Elle allait dire quelque chose quand son ami reprit.

- Allé, arrête ce manège. Qu'est-ce qu'il t'a dit pour te perturber ET me mentir ?

Elsa ne voulait pas le lui dire, elle ne voulait pas y croire en fait et elle était certaine que ce Jack Frost attendait quelque chose en échange de sa « sympathie ». Elle se résolue pourtant, et aux premières syllabes, elle sentie son amie se pencher en avant sur un bloc note. Elle savait que maintenant, elle était en haut-parleur et quelque chose la prenait à la gorge.

- Il veut me redonner foie en noël...

Astrid ne répondit pas immédiatement.

- Et qu'est-ce que tu lui as dit ?

- Il a beaucoup insisté et c'est un ami de Harold alors je me suis dit...

- Elsa... la menaça Astrid ?

- On se voit demain.

Cette fois, ce ne fut pas un court silence. Elsa ne savait plus quoi dire et Astrid avait certainement coupé le micro de son téléphone pour, soit écouter la suite, soit réfléchir à voix haute. Dans les deux cas, Elsa resta muette, comme une adolescente avec son premier rancard. La voix d'Astrid résonna à nouveau après ce qu'il semblait une éternité.

- Décline. Il doit utiliser ce que lui a dit Harold parce qu'il te trouve à son goût.

- Tu penses ?

- C'est un journaliste, il sait repérer les petites infos et puis il vient d'une grande ville. Il doit avoir l'habitude de tout avoir à portée de main ! Elsa, je ne le sens pas. Son historique est beaucoup trop propre en plus...

- Tu crois ? Il avait quand même l'air sincère... Et puis pour une journée, ça peut aller, tu ne crois pas ?

Voilà qu'elle se mettait à le défendre. Astrid souriait, victorieuse. Elle connaissait Jack en fait, en étude de journalisme elle aussi, ils avaient déjà dû travailler ensemble et ça s'était plutôt bien passé. Elle connaissait assez Elsa pour guider ses pensées vers ce qu'elle voulait vraiment dire, même lorsque ce n'était pas claire.

- Comment ça, tu l'as trouvé sincère ? continua-t-elle.

- Bah... Il y a son sourire déjà, on ne peut pas sourire comme ça avec une idée derrière la tête. Sa spontanéité aussi, il ne peut pas la feindre, mais c'est surtout la lumière triste dans ses yeux. Il y a un truc qui m'a fait dire oui...

- Alors vas-y dans ce cas ! rit Astrid.

- Mais tu viens de me dire...

- Oublie. Retiens ce que toi tu as dit. Allé, faut que j'y aille. A la prochaine !

- Attends !

Elle venait de raccrocher et Elsa regarda son téléphone, l'écran affichant la durée de l'appel. Elle finit pas le jeter sur son lit, et entourer ses jambes de ses bras avant de fermer les yeux. C'était le 22 décembre, bientôt le jour de noël et même si elle ne voulait pas y pensée, elle ne pouvait pas l'empêcher d'arriver. Tournant légèrement la tête du côté de la fenêtre, pour que ses yeux voient au dehors, Elsa se laissa aller. Une larme coula tandis que ses doigts tremblaient et que les souvenirs remontaient à la surface. Elle revoyait leur groupe d'ami plus jeune, leurs activités pleines de neige, les sourires lumineux et l'insouciance. Mais très vite, les mauvais souvenirs refirent surface.

Elsa secoua la tête, quitta le rebord et ferma la fenêtre, puis plia sa couverture, replaça les coussins puis s'assit sur son lit. Restant les yeux dans le vide, sans vraiment penser, elle finit par décider d'aller se chercher quelque chose à manger. Elsa descendit silencieusement les marches, capta les rires dans le café de son père, dans la pièce voisine, en sourit puis se plaça devant le frigo avant d'en ouvrir la porte. Elle resta postée là, ses yeux parcourant les étages d'aliments.

- Et moi je le laisse faire...

Elle soupira, pris une boite de cookie, une brique de lait et retourna dans sa chambre lire un livre en pensant au lendemain, ou plutôt à comment elle lui dirait non, qu'elle ne peut pas ce jour-là. Ce serait... une bonne... idée...

Elsa s'endormit sur les pages ouvertes de son livre d'art.

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