"Votre Majesté ! Votre Majesté !"

  Une voix essoufflée s'élevait dans les longs couloirs du château.

"Tous les seigneurs sont arrivés, Votre Majesté !" expulsa un serviteur à bout de souffle.

  Debout, laissant Xiao le soin de nouer le pardessus de sa veste, les doigts ankylosés par l'inquiétude, Aether sursauta et tourna vivement la tête.

"J'arrive." dit-il, peut assuré, tout tremblant.

  Au même moment, le soldat posa ses mains sur ses épaules, attirant son attention. Il croisa alors les yeux perçants de ce dernier, d'une couleur ambrée profonde.

"Tout se passera bien." dit-il avec douceur, un discret sourire accompagnant ses paroles.

  Le serviteur ne dit rien, mais ses yeux s'écarquillèrent. Rares étaient ceux qui avaient pu apercevoir ne serait-ce que l'ombre d'un rictus sur le visage renfermé au naturel de leur supérieur. Il ne laissait en général transparaître aucune émotion.

  Simplement un homme droit et calme, aux coups de lance plutôt violents.

  Il crut d'abord à un effet d'optique, quoique impossible car la pièce clairement éclairée par la lumière naturelle empêchait tout ombre qui aurait pu prêter confusion.

  Il dut se résoudre à penser qu'en plus d'être juste et prodigieusement mature pour un âge si bas, son roi devait également être doué de pouvoirs insoupçonnés.

  L'adolescent lui déglutit avec peine et ses mains desserrèrent le haut qu'il n'avait pas remarqué avoir attrapé. Sa gorge se contracta légèrement.

  C'était vrai, il serait là.

  Tout ira bien.

  Il inspira profondément, expira longuement. Ses épaules se relâchèrent en même temps que ses poumons faisait sortir l'air emmagasiné.

"Merci, Xiao."

  Le doré sourit à peine et tourna les talons, leva la tête, déterminé, son ami lui emboîtant le pas.

"Sa Majesté est arrivée !" scanda un majordome d'une voix forte et le regard de chacun des invités se tourna vers lui.

  Il prit la place à la longue table rectangulaire drapée de rouge sombre après s'être incliné respectueusement.

"Mes salutations, pardonnez-moi l'attente."

  Il s'assit en silence tandis que les autres souverains le saluèrent en même temps. Dans son dos, le jeune roi pouvait sentir la présence rassurante de Xiao qui devait sûrement se tenir droit, impassible.

"Si j'ai fait le vœu de tous nous réunir aujourd'hui, c'est car cela était ma seule possibilité. Vous me voyez navré d'avoir dû vous demander un trajet si conséquent en ces temps durs.

- Si je ne m'abuse, commença une femme aux cheveux blancs de vert mêlés, vous avez indiqué dans la missive que vous nous avez fait parvenir la violation du pacte bénit."

  Le blond hocha la tête, un air grave sur le visage.

"En effet, dame Rukkhadevata.

- Pourrions-nous, si vous le voulez bien, obtenir plus d'informations à ce sujet ? réclama une femme aux yeux bleus perçants, les cheveux ondulés blancs encadrant son visage étrangement candide pour son âge.

- Bien évidemment. " acquiesça le plus jeune de la table.

  Son regard balaya l'assemblée et ses doigts s'étaient entremêlés sous la table par l'inquiétude qu'il ressentait, et le poids lourd qui pesait sur ses épaules encore frêles.

"Il n'y a pas moins d'une vingtaine de jours, un envoyé des contrées de Khaenri'ah m'est parvenu, couvert de boue et de sang."

  (La plupart avaient d'ailleurs été infectées. La vision des mains tailladées et suintantes de pu de l'homme effrayait encore Aether lorsqu'il y repensait.)

"Heureusement, elles ne sont pas très graves. Certaines demandent un soin plus long. À ce jour, il est toujours en compagnie du médecin en chef du château. À cause de diverses blessures et d'un assèchement de la gorge violent et trop long, il n'a pu tout m'expliquer que dans les grandes lignes.

- Et qu'en est-il ? demanda calmement Morax, assis près du roi d'Astrilles.

- Vindagnyr siègent la ville principale, et les assiégés n'auront assez de ressources pour survivre plus d'un an.

- Comment osent-ils ! s'écria soudain une femme au caractère aussi flamboyant que son apparence. Khaenri'ah est une terre sainte !

- Dame Murata, calmez-vous je vous prie." dit calmement le roi aux milles pierres.

  La femme de fer - surnom donné grâce à ses dons plus qu'évidents en tant que forgeronne, qui s'était levée bruyamment sous la colère, souffla et s'assit à nouveau.

"Mes excuses. déclara-t-elle humblement.

- Khaenri'ah est une terre neutre où le drapeau blanc flotte en permanence, pourquoi diable Vindagnyr voudraient récupérer ces terres ?" demanda un homme à l'apparence d'adolescent.

  Deux tresses encadraient son visage pétillant d'une intelligence sournoise.

  Il se tenait avachi sur un des bras de la chaise bordeaux, la tête penchée sur le côté. Sa main bougeait au rythme de ses paroles, comme pour dessiner une partition imaginaire dont il serait le seul chef d'orchestre.

"La raison me semble bien évidente pourtant, Barbatos." répondit une femme aux longues ondes de cheveux blanches.

  Ses yeux glacials scrutèrent le roi des plaines sauvages. Bien que la reine soit imposante de par son aura semblant créer un mur de glace entre elle et ses interlocuteurs, l'éternel enfant ne broncha pas, souriant d'un air détendu.

  En le voyant ainsi, Aether ne put s'empêcher de penser que la pomme de jeunesse éternelle dans laquelle il avait croqué lui avait également permis de devenir bien téméraire. À sa place, il aurait déjà baissé le regard, et se serait noyé dans des excuses sans fins quant à son audace mal placée.

  Le Monstadtois leva les yeux vers le plafond, pinçant son menton entre deux doigts, semblant en pleine réflexion.

"Voyons voir..."

  Il ferma les yeux, sourcils froncés.

"Mais c'est bien sûr ! s'exclama-t-il en claquant des doigts. Ils veulent s'octroyer les biens divins et nous forcer à nous plier.

- Je suis soulagée de voir que votre perspicacité est restée malgré votre âge.

- Je vous en prie... Je ne suis pas si vieux que ça. rétorqua Barbatos en riant.

- Vous devez être au moins aussi âgée que dame Focalors... souffla Rukkhadevata d'une voix douce. Mais là n'est pas la question."

  Au même moment, les yeux glacés de la Tsarine se tournèrent vers l'Élu des cieux, et celui-ci frissonna. Ses pupilles bleues taillées dans la glace semblaient le geler sur place.

"Pensez-vous, sire Viator, que l'armée de Vindagnyr se retirera avant un an de siège ?"

  Le blond réfléchit un instant, ses mains serrant fermement ses cuisses sous la table de bois massif.

"Le messager avait bien insisté sur ce point, au bout d'un an de siège, ils démoliront l'entrée de la forteresse où la famille royale s'est réfugiée."

  Une exclamation dédaigneuse se fit entendre.

"pourquoi attendre si longtemps s'ils ont la possibilité de détruire la fortification ? demanda Focalors en haussant un sourcil.

- Ils nous provoquent !" cria la reine de Natlan en frappant du poing sur la table.

  Cela fit sursauter Aether qui se figea dans ses explications.

"Dame Murata..." commença poliment Morax.

  Elle se stoppa, se renfonçant dans son siège.

"Ils attendent... tenta de commencer le plus jeune roi en essayant de reprendre contenance. Ils sont obligés d'attendre. L'acheminement des pierres est long, s'ils avaient voyagé avec leurs boulets dés le début, ils n'auraient jamais pu assiéger la ville en temps voulu. Ils auraient également été arrêté."

  En voyant la femme aux épées de justice rouvrir la bouche, il enchaîna.

"Les porteurs ne sont pas nombreux, aussi sont-ils obligés de faire plusieurs allers-retours. Selon les estimations, ils n'auront assez de pierres pour mettre la cité en danger avant un an.

- Et donc vous voudriez envoyer une armée regroupant des effectifs de chacun des pays présents à cette table pour aider le peuple de Khaenri'ah ?" supposa calmement le brun.

  L'Astrien hocha la tête, l'air grave.

"Ce ne sont que des estimations, donc les pierres nécessaires peuvent bien arriver au bout d'un an comme six mois. fit la reine d'Inazuma, prenant la parole pour la première fois depuis le début de la réunion. Vous m'en voyez navrée, mais je ne participerai pas."

  À cette remarque, le doré écarquilla les yeux. Derrière lui, Xiao risqua un pas en avant, pour finalement se remettre à sa place sans dire le moindre mot, le regard fixant le mur d'en face tel le soldat irréprochable qu'il était.

"Si je peux me permettre, pourquoi refuser si vite ?" demanda calmement le roi Liyuéen.

  Sa tête penchée fit cliqueter les pierres qui ornaient son col et ses boucles d'oreilles discrètes.

  La foudre punitive eut un rire sec, emplit de sarcasme.

"Tout le monde n'a pas la chance d'avoir un royaume en paix, sire Morax. Mon pays vient d'être secoué par une guerre civile, et mes soldats doivent déjà retourner sur le champ de bataille ?" répliqua la reine, impitoyable.

  Son ton tranchant ne put qu'intimider le jeune souverain d'Astrilles. Il était entouré de rois et reines à la réputation historique. Certains étaient presque décrits comme égaux aux dieux. Barbatos, celui qui avait mordu dans la pomme de la jeunesse éternelle par inadvertance, Baal - ou Shogun de son titre impérial, qui abattait sa lance telle la foudre, Focalors, au jugement pouvant tourner au bain de sang, et tant d'autres.

  (Cette dernière effrayait d'autant plus Aether, car les rumeurs ne semblaient absolument pas coller à l'image calme que dégageait la femme qui au delà de son apparence était plutôt âgée.)

  Que venait-il faire ici, parmi ces trentenaires - voir plus, avec la renommée saugrenue et totalement stupide d'être un Élu des cieux ? Si cela était vraiment le cas, le ciel devait adorer les blagues.

  L'anxiété palpable fut ressentie par son garde personnel, debout dans une posture droite, à quelques pas derrière son siège bordeaux.

  L'envie de le rassurer, de poser sa main gantée sur son épaule crispée le prit soudainement, de manière irrésistible. Mais il devait faire bonne figure.

  Pas pour lui. Il n'en avait que faire de son image. qu'il soit recouvert de honte, que son nom soit trainé dans la boue, qu'on lui crache à la figure et le méprise, il s'en fichait totalement. La seule chose importante à ses yeux était la personne qu'il protégeait, qu'il protégera jusqu'à la fin de ses jours.

  C'était pour lui, son roi, son ami, son ange, qu'il s'était promis de faire bonne figure.

  Quelques hochements approbateurs se firent dans la salle, et Aether se mit à paniquer.

"Bien évidemment, je conçois que tout n'est pas parfait pour vous comme pour d'autres. J'ai moi-même plusieurs problèmes miniers à régler au plus vite. Mais nous avons signé un traité au nom de la protection de notre Dieu. répondit calmement l'élégant blond.

- Pas besoin de me le répéter, j'étais présente lorsque nous l'avions signé Morax."

  La réponse fut acerbe, froide.

  Digne de la Shogun.

"Compte tenu de la promesse faite le jour où j'ai signé ce pacte..." commença l'homme aux milles pierres.

  Il tourna la tête vers le Viator pour lui sourire chaleureusement.

"Et pour respecter les dernières volontés de votre très regretté père, nous protègerons, moi et mes soldats, Khaenri'ah des troupes ennemies."

  Alatus se détendit légèrement, tout comme le roi qui s'accorda le droit de pousser un soupir de soulagement discret.

"Je vous remercie, sire Morax. dit-il doucement. Et je suis convaincu que mon père, doù il nous observe, vous est reconnaissant.

- Ce n'est rien. répondit-il en baissant le regard.

- Je me joindrai également aux troupes. annonça Barbatos en levant la main, un sourire enfantin sur le visage. Il en va de mon honneur de doyen de l'assemblée." rajouta-t-il avec un clin d'œil.

  Il fut accueilli par le plus jeune de l'assemblée avec le même enthousiasme poli que celui dont il avait fait preuve avec Zhongli.

  Les autres furent plus hésitants, et Aether comprenait très bien pourquoi.

  Monstadt, Liyue - et étonnamment aux yeux de ce dernier, Astrilles, avaient eu une année excellente et peu de problèmes climatiques ou politiques. Malheureusement, on ne pouvait pas en dire pareil des autres royaumes.

  Les contrées de l'Irminsul ont connu une invasion d'insectes d'une toute nouvelle espèce, qui remettait en cause tout le cycle de la jungle exotique. Shezhnaya connaissait des blizzards sans pareils, et la traversée devenait aussi dangereuse que qu'insensée. Rien que pour venir, la reine avait dû risquer sa vie.

  Fontaine n'était pas mieux, avec leurs tsunamis qui s'enchaînaient, détruisant les récoltes et les habitations. À l'heure qu'il était, la sœur jumelle de la détentrice du pouvoir devait sûrement toujours être en train de rechercher les disparus. Et enfin Inazuma était également dans une situation précaire, ressortant tout juste d'une guerre civile redoutablement violente qui avait mis à mal grand nombre de ses soldats.

  Le silence était lourd, pesant, le plus jeune étouffait sous la pression.

  Un soupir résonna dans la salle. Au début, le blond ne sut pas dire d'où il venait.

"Je ne pourrai pas me déplacer, c'est une certitude. Et je ne veux pas sacrifier des soldats inutilement. déclara la reine de glace. Néanmoins... rajouta-t-elle en sentant Aether se raidir. J'essaierai de vous faire parvenir des armes, munitions, rations alimentaires et quelques uns de mes meilleurs soldats qui eux seront sûrs de survivre au blizzard."

  Les yeux dorés de "l'ange du deuil" s'illuminèrent en entendant ces paroles. Il courba la tête vers l'avant, se sentant enlever un poids des épaules, bien que l'appréhension, elle, restait.

  Focalors jusqu'alors silencieuse, les bras croisés, finit par acquiescer.

"Si même dame Tsarine accepte de faire un effort malgré la longueur du voyage jusqu'à Khaenri'ah, je me dois d'accepter également."

  Elle glissa un regard vers Rukkhadevata.

"Et vous ?"

  Cette dernière souriait calmement.

"Ma décision est prise également."

  Elle baissa son regard vers le fin bracelet qui entourait son poignet, un simple bracelet tressé.

"J'ai une fille, voyez-vous. Elle n'est pas très grande, elle vient d'apprendre à parler. Je ne veux pas qu'elle ait à subir la stupidité des hommes."

  Son regard se posa sur le blond, brillant d'une lueur bienveillante.

"Aussi je compte bien participer à cette guerre. Je laisserai le pays aux mains de mon mari, je sais qu'il sera entre de bonnes mains."

  Aether se sentait libéré. Peut-être était-ce car la majorité de ces souverains si majestueux avaient acceptés, ou alors grâce à la gentillesse naturelle de la reine d'Irminsul. Dans tous les cas, lorsque son regard se tourna en silence vers Baal, son cœur ne battait presque plus aussi fort qu'avant.

  Elle était restée spectatrice depuis son refus, interdite.

"Avec tout le respect que je vous dois pour avoir réussi à faire tenir un pays malgré votre jeune âge, je ne suis pas un bon samaritain aussi naïf que vous, sire Viator. Ne le prenez pas mal."

  Le tressé hocha la tête lentement, les lèvres pincées.

"Je le conçois parfaitement. Ma demande est irréfléchie et enfantine j'y consens entièrement."

  Dans son dos, il entendit des vêtements se froisser, et compris sans peine que Xiao ne semblait pas du tout d'accord avec ses propos.

  Il lui lança un regard d'avertissement furtif, qui fit lâcher un souffle de nez réprobateur inaudible au garde.

"Cela me rassure que vous ne soyez pas entièrement inconscient, aussi comprenez-vous mon refus."

  Le doré hocha la tête, et le vert se raidit à nouveau.

  Après tout, son roi n'était pas en tord. Alors pourquoi employer des termes aussi décourageants ?

  La voix du plus jeune était presque inaudible lorsqu'il murmura un :

"En effet."

  Il voulait disparaître, s'enterrer six pieds sous terre pour ne remonter qu'une fois un siècle passé.

"Cependant ce serait déloyal de ma part de ne rien faire alors que tous es autres à cette table ont consenti à faire un sacrifice. Même la grand Tsarine a accepté envoyer des munitions. Je me permets donc une proposition."

  Les yeux d'or pales du jeune roi brillèrent d'un éclat nouveau, et sous la table, ses mains le serrèrent à nouveau, mais cette fois-ci d'espoir.

"J'accepte de vous envoyer mes gardes aptes aux combats le jour du départ à une condition.

- Je vous écoute. déclara-t-il, fébrile.

- Vous devrez les diriger en plus de vos propres troupes. et pour cela, vous devrez gagner leur respect."

  Les épaules d'Aether s'affaissèrent à nouveau. Sa joie intérieure s'était écroulée, ses mots ayant eut le même effet qu'une pluie de grêle.

  Les soldats Inazumiens vénéraient la Shogun, et répugnaient les autres rois. Alors quelle serait leur réaction, lorsqu'ils apprendront qu'ils allaient être sous les ordres d'un roi étranger, qui plus était, par dessus tout, un adolescent de treize ans ?

  Si le Viator était surtout déstabilisé par la nouvelle, Alatus lui, avait été envahi par la colère. Sans même se soucier de la hiérarchie, il frappa le table du plat de ses mains.

"Il n'a que treize ans ! cria-t-il, indigné - non, en colère contre la reine au tempérament impitoyable.

- Une fois assis sur le trône, l'âge n'importe plus." répondit calmement la foudre punitive.

  Elle lui lança un regard menaçant.

"Dois-je vous rappeler nos positions respectives ? Vous n'êtes pas autorisé à parler sans l'accord de votre roi.

- Au diable la-

- Alatus ! rugit une voix autoritaire. Ça suffit !"

  L'ancien Liyuéen se figea en reconnaissant la voix du plus jeune. Son ton avait été si froid qu'il avait été surpris .

  Ce qui l'avait choqué au delà de cela pourtant, n'avait pas été le fait qu'il se soit adressé à lui avec autant de sévérité.

  Non, loin de là.

  Ce qui l'avait arrêté en plein élan, était le fait qu'il n'avait pas utilisé son prénom comme à son habitude.

  Son cœur se serra inconfortablement, constatant l'erreur qu'il avait commise. En ignorant la hiérarchie, il avait désobéi à son roi, et l'avait ridiculisé.

"Cette affaire concerne dame Baal et moi. poursuivit-il en adoucissant son ton. S'il ne faut que cela pour que vous ne nous aidiez à nous battre, alors soit, je le ferai."

  Son ton était redevenu sec, sérieux.

  L'intervention de Xiao avait au moins permis au jeune roi d'oublier sa timidité, et sa peur de parler. Aussi, lorsqu'il s'exprima, ses mains ne tremblèrent même pas.

  Un large sourire sarcastique s'étala sur l'impératrice des quatre îles - encore un de ses nombreux surnoms.

"Nous verrons bien si ce n'est "que" cela."

  Le reste de la réunion ne fut que stratégie guerrière, moyens d'approvisionnements en armes et en vivres,  et planification de départ.

  L'assemblée avait duré toute une journée, si bien que lorsqu'elle se termina enfin, chaque souverain s'était dépêché de rejoindre leurs véhicules, pour rentrer à la hâte dans leur pays.

  Assis dans son fauteuil, silencieux, Aether et Xiao observaient le feu qui dansait dans la cheminée dans un crépitement irrégulier.

"Xiao..." souffla le doré, faisant tressaillir ce dernier.

  Pour la première fois de sa vie, il était inquiet.

  À onze ans, il avait terrassé son premier ennemi. À quinze ans, il montait en grade. Et la première fois qu'il fut inquiet, ce fut en se faisant interpeler par un jeune roi innocent âgé d'à peine treize années.

"Je ne m'excuserai pas pour avoir haussé le ton."

  Intérieurement, l'ex-général acquiesça.

  Il était tout à fait normal qu'il ne s'excuse pas, c'était plus à lui de le faire dans tous les cas.

"Sache que je ne t'en veux pas. Au contraire, je voudrais te remercier."

  Cette phrase fit hausser les sourcils du plus âgé, et il se risqua enfin à parler.

"Pourquoi ?

- Parce que tu m'as défendu." répondit-il promptement.

  Lorsqu'il vit son regard, ses yeux brillants d'une lueur innocente, Xiao compris.

  Il ne lui en avait jamais voulu. Pas à un seul moment.

  Dans ses pupilles, aucune once de rancœur. Juste de la gentillesse, de la bonté, de la miséricorde.

"Cela faisait longtemps qu'on n'avait pas pris ma défense. En tout cas pas directement."

  Il sourit en regardant les flammes rouges s'élever.

"Tu te rends compte ? La dernière fois que ça a été le cas, c'était Lumine qui m'avait défendu."

  Il le regarda à nouveau, ses yeux brillant d'une lueur de pure reconnaissance, son visage baigné par une clarté orangée

  Au plus profond de lui, Alatus savait qu'il y avait autre chose, mais il ne sut pas dire quoi.

"Donc merci, Xiao."

  Son cœur se serra douloureusement.

 "Pourquoi le remercier ?"  fut sa première question.

  Mais elle fut très vite balayée par une autre, qui résonna tel un reproche.

  Dieu, pourquoi lui ?

  De tous les être humains peuplant cette vaste planète, pourquoi lui ?

  Lui qui était si innocent ? Qui ne méritait rien d'autre qu'être heureux ?

  Pourquoi a-t-il fallu que ce soit lui qui subisse toutes ces horreurs ?

  Il n'avait que treize ans... Treize ans seulement bon sang !

  La douleur se mua en colère. La colère se mua en rage. La rage se mua en tristesse.

  Et enfin arriva les remords.

  Xiao se leva de son fauteuil, l'âme en peine, et tomba à genoux devant le siège de son roi, de son ange endeuillé aux ailes arrachées par son créateur ô combien cruel.

  Ses bras passèrent de chaque côté de son corps frêle et, brisant la barrière physique qu'il avait maintenu, attira son cadet dans une étreinte forte.

  Le plus jeune ne retint pas son hoquet de surprise lorsque le visage de l'ancien Liyuéen s'enfouit dans ses cheveux, pour murmurer contre son crâne un seul et unique mot :

"Désolé..."

  Le blond écarquilla les yeux, sans voix.

  Tout son être tentait de réaliser que le fier ex-général Alatus l'enserrait de ses bras toniques, et répétait des excuses injustifiées.

  Que ces contacts lui avaient manqués...

  Il en avait été privé si longtemps...

  Ses yeux le démangeaient, son nez lui piquait, mais aucune larme ne coula.

  Non. Aucune.

  Simplement un sourire illumina son visage qu'il répondit à son étreinte.

"Xiao."

  Un murmure étouffé lui répondit simplement, et le doré serra légèrement le haut de son soldat.

"Apprends-moi à me battre."

"Les rois ne savent pas se battre ?" demande brusquement un enfant, les sourcils froncés.

  Le barde arrête de jouer, les notes s'arrêtent brusquement, tirant les enfants de leurs rêveries.

"Si. Bien sûr que si. déclare-t-il. Chaque roi avait une arme de prédilection.

- Alors pourquoi est-ce qu'il demande à Alatus de lui apprendre ?"

  Des paires d'yeux curieux le scrutent, attendant une réponse.

"Parce qu'il est devenu roi alors qu'il n'était pas censé l'être, et ce beaucoup trop tôt.

- Beaucoup trop tôt ?" répéta un des enfants en penchant la tête sur le côté.

  Le conteur acquiesce.

"Oui. Beaucoup trop tôt. Son entraînement a dû être mis de côté; et il a dû se concentrer exclusivement sur l'art de gouverner, et la stratégie militaire.

- Il s'entraînait avec quelle arme ?"

  Il y a un silence, l'homme encapuchonné semble rêveur, et son doigts caresse la cicatrice sur sa joue gauche.

"C'était un as de l'épée.

- Comme un chevalier ? s'exclame une brunette, les yeux brillants.

- Comme un chevalier. confirme-t-il avec un sourire.

- Et toi, tu es fort avec une arme ? questionne brusquement un garçon.

- Je préfère me battre avec des mots désormais, mais il fut un temps où je fus très habile avec une arme entre les mains.

- Quelle arme ?" s'écrient à l'unisson la plupart des enfants.

  Le barde en est légèrement surpris.

"Ça aussi, je vous le dirai à la fin de mon histoire."

  Il prend son verre, remarque qu'il est vide.

  Il tourne son visage masqué par son épaisse capuche vers le responsable du lieu, jusqu'alors assis avec les autres adultes autour d'un verre.

"Tavernier, une autre s'il-vous-plaît."

...oOo...

Hey comrade ! Comment allez vous ?

Et au bout de 4 heures non-stop d'écriture, J'AI ENFIN TERMINÉ DE METTRE AU PROPRE CE CHAPIIIITRE !!

Sortez le champagne, j'ai plus de doigts et j'ai toujours pas commencé mes devoirs :D

Je veux pas les faiiiire T^T

Mais bon le devoir (le jeu de mot n'était pas voulu) m'appelle, donc autant aller à la rencontre de mon activité de SNT :')

(Je savais que j'aurais dû le faire pendant les vacances, je vais me taper...)

Bon sur ce ! J'espère que ce chapitre vous aura plu !

Je vous remercie d'avoir lu et vous dit à bientôt ^^

Bonne journée/soirée/nuit ^^

Zhongli_Xiansheng