Tout est bouleversé par une Rencontre

Un an était passé depuis la demande du roi du pays voisin - demande qui avait été acceptée.

   Les conseils éloquents, le guidage précis et et plus important encore, le soutien moral et psychologique de son aîné aida grandement le prince. Tout allait de mieux en mieux pour lui.

  Tout, à un détail près.

  Dans les tavernes et tout les lieux de partage et de discussion, les ragots sans fondement ainsi que les critiques acerbes étaient les discussions les plus intéressantes.

  Mais pouvaient-ils réellement en être blâmés ?

  Dans une taverne d'une ville voisine de la capitale, coincée entre deux rues étroites, des paysans réunis autour d'une boisson fumante discutaient bruyamment.

"Vous avez entendu ce qu'il se raconte en ce moment ?"

  Les autres secouèrent la tête.

"Le mari de mon amie, qui était allé à la capitale pour régler un problème de bœuf, avait vu le roi du pays voisin se tenir aux côtés du prince !"

  Quelques femmes étouffèrent un cri de surprise.

"Que fait-il là ?"

  Un homme secoua la tête en croisant les bras.

"Il serait là pour aider notre jeune roi. cracha-t-il. La bonne blague, il est juste là pour le manipuler et mettre notre royaume dans sa poche."

  Une femme hocha la tête.

"C'est vrai ça ! On ne peut pas lui faire confiance, qui sait quelles sont ses réelles intentions ?"

  Une paysanne, qui n'avait jusqu'alors rien dit, se contentant de siroter sa boisson, posa son verre sur la table et prit un ton confident, sûr.

"J'ai entendu dire que notre roi est tellement désespéré qu'il s'accrocherait au roi Morax comme un enfant à son jouet. Il ferait tout ce qu'il lui demanderait.

- Il n'a que douze ans après tout, personne n'est apte à gouverner à cet âge. On est trop naïf, on voit encore le monde d'un air enfantin."

  Un léger silence suivit cette remarque.

"Vous savez... une femme qui semblait un peu plus vieille que les autres s'exprima d'une voix hésitante, les mains tremblantes, mais le regard rempli de l'excitation de délivrer l'information la plus croustillante. Ce n'est pas la pire rumeur dont j'ai entendu parler..."

  Les autres la regardèrent avec intérêt.

"J'ai entendu dire... elle frissonna - d'horreur devant ce qu'elle s'apprêtait à dire, ou d'excitation devant l'impatience de voir leurs réactions ? Que..."

  Elle déglutit.

"Que sa Majesté et le roi entretenaient une..."

  Ses compagnons de table, la fixaient avec des yeux ronds comme des billes, avides de savoir.

"Une relation... Intime..."

  L'assemblée ne fit aucun bruit, trop surpris et horrifiés pour oser ouvrir la bouche.

  Le bruit d'un verre brisé retentit, à quelques mètres d'eux,les faisant sursauter de concert.

"Ne me dites pas que vous croyez ces inepties ?"

  La voix masculine qui s'était levée était calme, pourtant, elle semblait gronder, rugir aux oreilles de la bande de commères qui frissonnèrent.

  Un homme était assis près du bar, sur une des chaises hautes face au comptoir et regardait les éclats de verre présents sur la table, les yeux brillant d'une lueur complexe. Son poing serré dégoulinait de vin chaud, mélangé à son sang, qui s'écoulait sur la table en formant des gouttes pourpres.

"Qui êtes-vous pour espionner une conversation ? tonna un des villageois.

- Et vous qui êtes-vous pour oser balancer de telles sottises sur votre propre roi !?" vociféra l'homme aux yeux ambres en se retournant d'un coup sec en tapant du poing sur la table.

  Ses longs cheveux verts foncés attachés en une queue de cheval haute virevoltèrent à ce mouvement brusque, et la cape à peine posée sur ses épaules glissa au sol dans un frottement léger, dévoilant un épais manteau de fourrure.

"J'aurais honte à votre place." cracha-t-il en dévisageant lourdement le groupe, affichant une mine dégoûtée.

  Le paysan le regardait sans rien dire, ne sachant que rétorquer.

  L'homme aux longs cheveux verts se leva de son siège en déposant une pièce d'or sur le comptoir.

"Pour dédommager le verre cassé." dit-il en s'adressant au tavernier.

  Il se retourna à nouveau vers le groupe, les toisant de ses yeux d'ambre félins.

"Le roi n'a que douze ans et a été forcé à gouverner tout un royaume, mais l'avez-vous vu se plaindre devant son peuple ou même se comporter comme un enfant de son âge depuis son couronnement ?"

  En les voyant baisser les yeux, il laissa échapper une exclamation pleine de sarcasme.

"Je le savais..."

  Son visage se renferma en un instant, et un masque d'impassibilité remplaça son expression sarcastique.

"Vous avez raison... soupira-t-il. Sa Majesté est bien trop naïve."

  Il y eut une légère pose.

"Ou trop gentille."

 Il tourna le visage vers la cheminée, sa main collant de sa boisson séchée et du sang qui suintait encore légèrement de sa plaie.

"À sa place, j'aurais déjà fait taire tout ceux qui osent colporter de telles rumeurs insensées."

  Au même moment, une bûche craqua dans l'antre et des milliers d'éclats incandescents virevoltèrent dans les airs.

  Les yeux de l'homme s'étaient mis à briller d'un reflet rouge vibrant lorsque son regard se posa sur ce tas de campagnards, recroquevillés sur eux-mêmes, tels des animaux apeurés.

  Pathétique.

"Malgré que vous le méritez mille fois, je n'ai pas le droit de vous juger. Pas encore du moins."

  Une aura d'immensité émanait de tout son corps. Imposante. Intimidante.

  Écrasante.

  Alors qu'il se détournait du groupe de villageois, récupérant au passage sa cape de voyage tombée au sol, une des femmes osa ouvrir la bouche, pour demander d'une voix chevrotante :

"Qui êtes-vous ?"

  Le vert, qui avait remit son épais vêtement sur ses épaules, se préparant à affronter à nouveau le rude froid de l'extérieur, s'arrêta et lui jeta un bref coup d'œil taciturne.

"Je suis Alatus, le futur garde personnel de sa Majesté le roi Viator."

  Sur ses mots, il s'engouffra à l'extérieur de la taverne, et claqua la porte.

  Aether de son côté, était assis sur son trône, et regardait fixement le mur devant lui, avant de finalement tourner son regard vers Zhongli.

"Pourquoi me faire venir ici ? Nous avons encore une audience ?"

  Son ton était léger, il ne s'adressait plus à lui avec le même ton, passant de solennel et presque craintif à plus naturel, plus insouciant.

  Il lui parlait tel un prince de son âge le ferait.

  Et cela fit sourire le brun.

  Malheureusement, même après un an, le jeune roi n'arrivait toujours pas à passer au dessus de la mort de toute sa famille.

  Il s'habillait toujours de noir, et ne souriait que très rarement.

  En même temps... Il n'était pas à blâmer.

  Le monde est un terme subjectif, qui prenait un sens différend en fonction de la personne qui l'utilisait. Et si on avait demandé à Aether sa définition du monde, le Liyuéen ne doutait pas qu'il aurait répondu sa famille.

  Alors oui... Il n'était pas à blâmer.

  Pas alors qu'il avait perdu son univers, sa maison.

  Son monde.

"Il y a bien une chose dont je ne t'ai pas parlé." dit-il en le dévisageant d'un air sérieux.

  Le jeune garçon aux yeux d'un or pale assombris par le deuil le fixa d'un air préoccupé, et curieux.

"Tu as entendu les rumeurs qui courent n'est-ce pas ?"

  Il vit son jeune protégé frissonner.

  On dirait qu'il les a bien entendu...

"Mon aide ne semble pas très appréciée du peuple. Aussi-

- Tu vas me laisser ? Parce que les rumeurs sont trop crues ? s'écria le blond, les yeux écarquillés. Je suis désolé, je ne voulais pas nuire à ta réputation. Reste. S'il-te-plaît..."

  Un éclair de douleur traversa les yeux du brun.

  Il comprenait Aether.

  Il comprenait cet enfant perdu, qui tremblait à l'idée de perdre sa seule lumière.

  Morax n'était pas un roi mégalomane. Loin de là. Mais il avait aperçu cette lumière dans les yeux de son cadet. Cette admiration pure et sincère d'un enfant avait en regardant son modèle.

  Aussi, son cœur se serra légèrement.

"Ne t'en fais, je n'en ai que faire des rumeurs. lui dit-il avec douceur, comme pour l'amadouer. Mais avec tout ces ragots qui circulent, je me suis rendu compte qu'il était peut-être temps pour moi de rentrer à ma capitale."

  Aether détourna le regard un instant, en conflit. Ses mains serraient la fourrure de son manteau, son visage obstinément baissé, pour cacher la lueur terrifiée qui avait traversé ses yeux.

"Je..."

  Il se mordit la lèvre avec violence, se retenant de parler.

  Il voulait dire non. Qu'il devait rester, qu'il voulait qu'il reste.

  Mais la réalité le rattrapa bien vite, lorsqu'il cru entendre résonner dans sa tête les voix moqueuses de son peuple murmurant des propos outrageants.

"Je suis déjà reconnaissant de tout ce que tu as fais..." finit-il par dire.

  L'homme aux milles pierres eut un sourire contrit, ne comprenant que trop bien la position de son protégé.

"Ce n'est rien."

  Son regard d'un lapis pur dériva vers la cheminée, le feu se reflétant dans ses pupilles rougeoyantes.

"Cependant, tu n'as que douze ans. J'ai peur qu'en n'étant plus à tes côtés, tu ne sois la victime de coups d'états."

  Aether se décida enfin à relever la tête, pour le toiser, se rendant compte de la situation.

  C'est vrai. Aux yeux de son peuple, il n'était encore qu'un gamin imprudent et naïf.

  Au delà de servir de mentor, la présence d'un souverain tel que Morax à ses côtés avait découragé les rebelles, les intimidant et les empêchant de se liguer contre le doré.

"C'est pour cela que je souhaite t'aider une dernière fois."

  Au même moment, les portes de fer s'ouvrirent, faisant hurler les gonds peu huilés de protestation. Un homme s'engouffra dans la salle, sa cape marron épaisse de qualité passable volant derrière lui. Une main dépassa du tissu et, d'un mouvement vif, poussa la capuche qui recouvrait son visage vers l'arrière.

  Au même moment, il tomba à genoux. Ses cheveux verts attachés en une longue queue de cheval haute suivit son mouvement avec un léger retard, retombant sur son dos et ses épaules. Quelques mèches vinrent caresser son visage fin, mais il ne fit rien pour les pousser, stoïque.

"Je... Je ne suis pas sûr de comprendre..." commença à balbutier le roi Viator.

  Zhongli l'arrêta d'un geste de la main.

"Décline ton identité.

- Xiao Alatus, soldat de la première division de l'armée royale de sa Majesté le roi Morax." répondit docilement le nouveau venu, sans lever le regard, sans broncher.

  Aether fut parcouru d'un frisson. Dans tous les royaumes, le soldat Alatus avait la réputation d'être un loyal serviteur du souverain du royaume aux richesses éternelles. En plus de cela, il était réputé comme pour être un génie de l'art de la guerre, et se battait comme vingt.

  Alors pourquoi était-il ici ?

"Dans quel but es-tu venu ici ? demanda à nouveau le brun.

- Dans le but de demander à sa Majesté le roi Viator de me laisser acquérir la place de garde personnel."

  Le soldat mit une main sur son cœur.

"Je jure sur mon honneur de protéger sa Majesté au péril de ma vie. De ne jamais désobéir au moindre de ses ordres. Mourir pour sa Majesté serait le plus grand des honneurs."

  Le plus jeune, qui jusqu'alors semblait avoir été vidé de toute conscience, écarquilla les yeux et le fixa d'un air déchiré.

"C'est est assez... murmura-t-il d'une voix faible. S'il-vous-plaît... Relevez-vous..."

  Celui-ci obtempéra aussitôt, et ancra ses yeux dans les siens. Son air dur comme de la pierre se sentit se craqueler devant le regard perdu, désespéré, du jeune roi.

"Ne vous sentez pas obligé de faire tout cela car votre roi vous l'a ordonné... Je... Il semblait au bord de la panique. Je vais en parler avec lui de ce pas ! Je... Ne vous en faites pas tout sera arrangé d'ici ce soir !

- Si vous le permettez, votre Majesté. l'interrompit Xiao d'une voix douce, scrutant le jeune adolescent à la respiration de plus en plus rapide d'un air inquiet, le dos droit. Je me suis moi-même proposé pour ce rôle. J'aimerais rajouter que depuis lors, j'ai juré sur mon honneur de vous protéger. Depuis l'instant où je suis rentré dans ce royaume - vôtre royaume, mon roi n'était plus sa Majesté Morax mais vous.

- Tes paroles sont sages et justes, je serais rassuré de te savoir aux côtés d'Aether, général Alatus."

  Les deux échangèrent un salut poli de la tête.

"Mais d'après les dires... Vous n'êtes âgé que de seize ans... Vous n'êtes vous-même pas plus majeur que moi je le suis.

- Les lois à Liyue sont différentes des vôtres votre Majesté. On y devient majeur à seize ans, contrairement à ici où j'aurais encore dû attendre deux ans."

  Tandis que l'homme baissait le regard, triturant ses doigts, son esprit emprunt au doute, le soldat admirait ce dernier.

  Le roi méritait bien son surnom d'ange endeuillé.

  S'il n'avait jamais vu aucune représentation de sa personne, s'il n'avait pas connu son rang, Xiao aurait pu croire qu'un ange était descendu dans le commun des mortels.

  La lignée des Viator avait toujours été considérée comme bénie par les cieux pour leur beauté éclatante, mais aucun d'entre eux n'égalait la magnificence du dernier survivant de cette famille déchue.

  Ses longs cheveux légèrement ondulés étaient semblables à des fils d'or tissés, qui tombaient en cascade sur ses épaules fines. Sa peau semblait légèrement pâle, mais elle était satinée et douce. Ses yeux étaient comme deux soleils hivernaux, voilés par de fins nuages de regrets. Ils semblaient distants, mais dégageaient une étrange chaleur malgré tout.

  Tout de noir vêtu, son long manteau agrémenté de fourrure pendant sur le côté, il ressemblait vraiment à un ange en deuil.

  Lorsqu'il n'était encore qu'un prince insouciant et aimé de sa famille, Xiao avait appris auprès de Zhongli combien le blond aimait sourire.

  Désormais, il semblait presque avoir oublié comment faire.

  Ce fut alors ainsi, debout dans une posture irréprochable, les yeux rivés sur le visage du roi élu des cieux aux traits semblant tracés de la main de Dieu, qu'il se fit une promesse.

  Il jura, sur tout ce qu'il possédait, que peu importe le temps que cela prendrait.

  Peu importe la difficulté.

  Il fera tout pour rendre à ce roi endeuillé son sourire perdu.

  Pour lui faire goûter au bonheur à nouveau.


"Pourquoi ils disaient des choses aussi méchantes et dégoûtantes ?" demande soudain une fillette aux pieds du conteur.

  Ses yeux noisettes brillent de curiosité.

"Il est dans la nature de l'Homme de se complaire dans le malheur des autres.

- C'est stupide. crache un garçonnet révolté.

- L'humain est stupide. sourit le barde.

  Un soupir s'échappe de ses lèvres.

"Enfin."

  Il tapote la tête des deux enfants, sa lyre sur les cuisses.

"Vous êtes encore trop jeunes pour le comprendre pleinement."

  Il prend son verre, en boit une gorgée, avant de reprendre sa lyre.

"Devrions-nous continuer ?"

  Dans la cheminée, une bûche craque.

...oOo...

Hey comrade ! Comment allez-vous ?

DÉSOLÉE DU RETARDDDDDDDDDDDDDDDDDDDDD TT

Purée si j'avais su le temps que ça m'aurait pris j'aurais commencé deux semaines avant :')

J'étais tellement pressée que je n'ai pas pensé à me relire correctement, si vous voyez des fautes n'hésiter pas à me le signaler ! ^^

J'espère que vous ne m'en voulez pas trop pour l'attente ^^'

J'aurais adoré vous parler encore un peu (pour votre plus grand malheur), mais je dois me dépêcher pour ne pas être en retard pour l'entraînement de rugby que je vais aider à superviser pour les petits ! TT

Donc voilà, j'espère que ce chapitre vaut la semaine d'attente (peu probable cependant) :')

Je vous remercie d'avoir lu et vous dit à bientôt !

Bonne journée/soirée/nuit ^^


Zhongli_Xiansheng

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