« Depuis quand ça va mal, je ne suis pas sûr,

Depuis que je suis jeune, il y a un point d'interrogation bleu dans mon esprit.

Peut-être est-ce pour cela que je vis intensément

Mais, alors que je regarde en arrière, debout, là, absent

Cette ombre féroce m'avale

Le point d'interrogation bleu qui existe toujours

Serait-ce de l'anxiété ou de la déprime ?

Se pourrait-il que les humains soient vraiment les animaux du regret

Ou bien est-ce juste moi qui ait été créé par la solitude

Je ne sais toujours pas, ce bleu féroce

Espérant ne pas être dévoré, je trouverai la sortie. »

Des paroles si profondes, si touchantes, si incompréhensibles pour certains et pourtant si évidentes pour notre protagoniste qui eut les larmes aux yeux. Peut-être à cause du texte, peut-être à cause de la fatigue, il ne savait plus. Quoi qu'il en était que ce texte n'était pas écrit par n'importe qui dans n'importe quel contexte. Il s'agissait d'un psychologue, de son psychologue. Aucun mot ne sortit de sa bouche. Après tout, que dire ? Alors, il admira simplement son vis-à-vis qui faisait de même avec lui, sûrement dans l'espoir d'avoir une critique. D'ailleurs, ce fut lui qui prit la parole, quelque peu gêné.

« Hm... J'aurai dû écrire quelque chose de plus joyeux mais j'ai respecté les règles, voici ce qui me passait par la tête. Désolé si c'est mal écrit ou si ce sont des paroles peuvent vous offenser...

- C'est pas ça... C'est juste magnifique.

- Tout comme votre texte, il m'a sincèrement touché. Seriez-vous compositeur ?

- Oui, depuis quelques années déjà. Mais je vous retourne la question... Dit seulement le brun, chamboulé.

- Non c'est un passe-temps pour moi aussi. Je partage ce temps avec un ami. On a d'ailleurs écrit un début de chanson et j'ai trouvé sa suite. Je suis content. »

Trouvant son sourire très enfantin et partageur, Namjoon sourit à son tour, oubliant tous ses malheurs qui le rongeaient en permanence, qui le poussaient à se faire du mal constamment. Il oublia tout ça et se permit d'enfin profiter de ce qu'on lui offrait. Combien de temps cela allait-il durer ? Nul ne le savait. Par contre, Min Yoongi espérait que ce moment dure pour l'éternité. Il n'y avait qu'eux deux, dans cette pièce chaleureuse, et rien pour leur faire broyer du noir.

Pour l'un comme pour l'autre.

Dans cette pièce bleue et lumineuse, le psychologue et son client regardait le plafond dans un silence paisible, il n'y avait rien à dire après tout. Le plus âgé admirait ses guirlandes lumineuses tout en se sentant fier d'avoir pu faire une activité différente avec son patient tandis que ce dernier, figé, repensait à ces paroles datant de quelques jours. Avait-il vraiment le droit de passer du temps à profiter de ce qui lui plaisait ? Le méritait-il vraiment ? Il savait très bien la réponse, bien sûr que non. Il n'avait pas le droit de se permettre de voir quelqu'un pour se « soigner » d'une mort dont il est complètement responsable, il n'avait pas le droit de pratiquer de nouveau ses loisirs, il méritait de rester dans un coin, loin des autres. Il méritait de mourir, tout simplement.

Alors que son visage redevint fermé et triste, il se demanda ce que dirait sa fille dans un moment pareil. Tout d'abord, Jaein l'aurait prise dans ses bras, le serrant du mieux possible avant de tournoyer afin de reproduire une danse stupide mais apaisante pour son père. Elle serait ensuite partie chercher un de leur centaine de DVD afin de visionner un de leur film préféré, n'oubliant point de sortir des chips des tiroirs. Rien de meilleur que de se faire plaisir, disait-elle alors qu'elle était la première à perdre son temps à étudier durant des heures. 

Il répéta ces paroles à lui-même, oubliant la présence de son psychologue, comme s'il tentait de se convaincre, de se dire qu'il devait le faire. Seulement, impossible. Il était revenu à son humeur d'il y a quelques heures : perdu, triste, déprimé et rien ne semblait marcher, bien au contraire. Réunissant tous les efforts du monde pour avoir l'image de sa fille tout souriante, de Chanmi le rassurant, de ses amis lui faisant des blagues plus ou moins hilarantes, il se mit soudainement à pleurer, sous le regard surpris de son aîné. Cela était venu si rapidement, Namjoon n'a pas su gérer ses émotions. Il était persuadé que tous ces moments qu'il s'imaginait ne serait qu'un tas de cendres à présent. Il n'avait plus rien, il ne méritait plus rien et ne voulait plus rien.

Ses pensées étaient si contradictoires ces temps-ci... 

« Qu'est ce qui se passe ? Vous voulez un mouchoir ? »

D'un hochement de tête, l'être dépressif prit des mains le morceau de tissu que lui tentait son vis-à-vis et se mit à murmurer des choses impossible à entendre pour Yoongi qui était dépassé par la situation. Il souriait il y a quelques minutes et maintenant le voilà en train de pleurer toutes les larmes de son corps. Il attendit quelque temps, afin de permettre à son patient de se calmer ne serait-ce qu'un minimum avant de se préparer à le rassurer, malheureusement, il se fit interrompre.

« Monsieur, je ne comprends pas. Je ne me comprends pas. Je ne sais pas ce qui se passe dans ma tête, tout est flou. Je ne veux pas rompre cette promesse que j'ai moi-même faite et pourtant je sais que je ne pourrais pas remonter la pente, c'est bien trop difficile. Je ne sais pas comment tous ces parents font pour surmonter ça, je sais que je ne suis pas le seul dans cette situation mais la seule chose dont je suis sûr est que je suis bien le seul à être aussi faible et incapable. Mais j'ai réussi à sourire ? À penser à autre chose ? Pourquoi je ne pourrais pas continuer comme ça ?

- Tout d'abord Namjoon, enfin si vous permettez que je vous appelle par votre prénom. Celui-ci lui fit un regard approbatif. Il faut savoir que même si vous avez la conviction d'aller mieux, de faire le deuil et de faire des efforts, il y aura toujours des moments où ça n'ira pas. Mais c'est normal, ce n'est pas bizarre, loin de là. Votre humeur sera souvent en dent de scie. Dit-il en faisant des mouvements avec son stylo. C'est aussi normal. Cependant, il ne faut pas se laisser abattre pour autant, il faut se battre. Et vous avez réussi durant cette séance à faire cet effort. Vous avez réussi à écrire, cela n'en a pas l'air mais nous avons énormément avancé en une demi-heure. Vous pouvez être fier de vous. Plus les jours avanceront, plus les efforts se multiplieront, et cela, grâce à tous ces rendez-vous, même si vous n'y croyez pas, nous avancerons. »

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Holà, voilà un nouveau chapitre assez tardivement mais bon..

À très bientôt !