Chapitre 20

« Vous étiez son père à ses yeux, cela ne fait aucun doute. Le fait de ne pas avoir vu ce qu'elle camouflait ne fait pas de vous un père indigne. D'après ce que vous dites, vous avez été un énorme soutien pour votre fille. Alors, s'il vous plaît, ne vous dénigrez pas ainsi. »

Sous une absence de réponse, le psychologue ne savait plus quoi dire pour rassurer son client qui pleurait toutes les larmes de son corps. Tourner autour de cette discussion ne servait donc à rien, sauf à le faire culpabiliser encore plus sur son devoir de parent. Pensif, il tendit son bloc de mouchoirs à Namjoon afin qu'il puisse essuyer ses perles salées qui descendaient jusqu'à ses clavicules voyantes. À cette vue, Yoongi constata qu'il avait maigri depuis leur dernière rencontre et pourtant peu de jours s'étaient écoulés entre leurs deux rendez-vous.

Du côté du patient, ses pensées ne faisaient que de divaguer sur ce jour-là. Il n'avait pas plus insisté sur la conversation entre lui et Jaein concernant la meilleure amie de cette dernière. Il aurait dû insister un peu plus afin que sa fille comprenne réellement qu'il était à ses côtés pour la consoler, pour la rassurer, pour l'aider. Or, il n'avait tenu que des paroles succinctes et l'avait laissé aller dans sa chambre, là où tout bascula. Chaque jour passait sans que ce flash-back le laisse tranquille, il était sans arrêt poursuivit par ses démons qui ne faisaient que de l'enfoncer plus bas que terre. Seulement il ne bronchait pas, il le méritait amplement à ses yeux, il pouvait très bien finir torturé jusqu'à la mort sans qu'il puisse riposter tant il n'était guère digne de vivre.

Voyant qu'il n'était pas en état de dire quoi que ce soit, le professionnel se leva et s'approcha lentement en sa direction. Puis, délicatement, il posa sa grande et fine main sur l'épaule de l'être sensible à ses côtés, que pouvait-il bien faire d'autre ? Parler indéfiniment sans être écouté ? Il devait tenter une autre approche avant qu'il perde totalement le peu de confiance de son client. Sans s'arrêter de caresser son épaule, il s'abaissa à sa hauteur afin d'instaurer un contact visuel, aussi court soit-il. Ses yeux noirs rencontrèrent ceux humides du châtain, cette vision était inacceptable à voir, même pour un psychologue, il ne souhaitait qu'une chose : voir un sourire s'afficher sur son joli faciès, qu'il dure deux secondes, peu lui importait, mais il ne pouvait plus le voir ainsi, cela lui fendait le cœur.

« Monsieur Kim ? Venez avec moi, je vous prie. »

Tel un pantin dont on aurait coupé les ficelles, Namjoon se laissa traîner il ne sait où, le plus vieux l'aidant à se diriger grâce à ses mains sur ses épaules. Il regardait où il était, seulement impossible de reconnaître la salle d'attente, le secrétariat ou encore l'entrée, ce qui le fit prendre peur facilement. Ils traversaient une sorte de petite véranda seulement emplie de plantes vertes. Instinctivement, son corps s'arrêta de marcher, le laissant figé. Le psychothérapeute remarqua facilement sa méfiance, il s'avança alors, afin de le dépasser puis se présenta devant une porte.

« Venez avec moi, pour le reste de la séance nous allons le faire dans mon studio. Si vous avez peur, je peux laisser la porte ouverte, le secrétariat est relié à la porte juste à côté de la mienne. Dit-il d'un ton rassurant, en désignant la porte. »

Convaincu, le cadet s'approcha d'un pas très lent avant d'atteindre le seuil de la porte noire. Ses yeux qui brillaient auparavant de tristesse brillaient à présent d'émerveillement. Comment une pièce comme celle-ci pouvait se trouver dans un cabinet psychologique ? Le studio était assez petit mais pas assez pour contenir tous les outils dont avait besoin Yoongi, tout était relié à la musique dans une partie de la pièce : il avait un micro dernier cri au milieu de la salle ainsi qu'un grand bureau avec de multiples paperasses dessus, un synthétiseur juste à côté et une table basse autour de deux canapés confortables.

Il y avait également un espace où il y avait plusieurs tables: une remplie de dessins d'enfants, d'autres dignes d'un chef d'œuvre, une autre avec de multiples jouets, notamment des boules anti stress, sûrement pour les enfants anxieux pensa Namjoon, puis une autre avec des textes, tous aussi uniques les uns que les autres, le patient voulu les lire mais il n'osa point.

« Comment est-ce possible... Murmura le patient.

- Ce cabinet est un peu ma deuxième maison vous savez. C'était vide ici à mon arrivée et elle a continué à l'être pendant deux ans. Mais j'ai décidé d'en faire un petit studio afin de m'y reposer durant mes heures de pauses. J'emmène de temps en temps mes patients ici quand je vois qu'ils n'ont pas envie de parler. Souvent, ils ont besoin d'extérioriser et ils vont passer par le dessin, l'écriture, la musique tout comme moi ou encore plein d'autres moyens. Bien sûr j'évite que cela arrive souvent car je dois garder une relation professionnelle mais quand la situation m'y oblige, nous nous installons ici.

- Je pensais pas qu'un psychologue pouvait faire ça. Dit-il simplement, estomaqué.

- En réalité pas vraiment, mais j'essaye de faire ce qu'il y a de mieux pour mes patients. J'espère que vous aimez. »

Oui, et pas qu'un peu, voulut répondre aussitôt le châtain, rapidement rappelé par sa timidité. Sous les conseils de son aîné, il s'installa sur l'un des canapés noirs et se détendit enfin depuis un moment. Il fut rapidement suivit par son vis-à-vis qui exécuta les mêmes mouvements que lui, et soupira longuement, épuisé par le travail. Il se reprit et présenta une feuille vierge à l'homme en face de lui, le sourire aux lèvres.

« Je vous propose une activité monsieur Kim. Sur cette feuille, vous allez marquer tout ce qui vous vient à l'esprit. Vous pouvez très bien parler de votre repas préféré, de ce qui vous tracasse quand vous travaillez ou encore du fait que je vous énerve peut-être. Rigola t-il. Écrivez tout ce que vous souhaitez sous n'importe quelle forme. Un poème, une chanson, tout ce que vous voulez. Et pour vous accompagner, je vais en faire de même. »

Docile, Namjoon hocha la tête avant de prendre le stylo à plume que lui tendait son psychologue. Il resta un long moment sans rien faire, il voulait bien coopérer mais que pouvait-il bien écrire ? Il ne pouvait pas se permettre de retranscrire tout ce qu'il avait dit les minutes précédentes, le but principal était de penser à autre chose. Seulement... Il n'y avait que ça qui le travaillait, comment pouvait-il faire autrement ? D'un geste furtif, il leva la tête afin de regarder l'homme qui se trouvait en face de lui, il avait déjà écrit trois lignes, il se prêtait réellement au jeu.

Déterminé, et posant comme objectif de ne pas le décevoir, son poignet bougea de lui-même et se mit à écrire le plus de lignes qu'il le pouvait.

« Quand il pleut, j'ai un peu l'impression d'avoir un ami
Qui n'arrête pas de s'abattre contre ma fenêtre
Me demandant comment je vais
Alors je réponds
Je suis toujours prisonnier de la vie
Même si je ne vis pas seulement parce que je ne peux pas mourir
Je suis toujours enchaîné à quelque chose
Si seulement je pouvais cogner à une porte, comme toi
Si seulement je pouvais embrasser passionnément le monde
Quelqu'un m'accueillerait-il ?
Quelqu'un prendrait-il dans ses bras mon corps épuisé ?
S'il te plaît, ne me pose pas de questions
Mais continue de tomber du ciel pour toujours
Lorsque tu tombes, je ne me sens plus seul
S'il te plaît, reste à mes côtés
Je veux vivre dans un monde en cendres
Sachant que l'éternité n'existe pas. »

♠️♠️♠️

Les paroles ci-dessus proviennent d'une de ses chansons : Forever Rain, évidemment il ne la probablement pas écrite sous ce contexte mais je trouvais que cela collait bien avec son état d'esprit dans cette fanfiction. Je voulais écrire moi-même un poème ou une chanson mais je me suis dit que cela ne pouvait peut-être pas convenir au caractère de Namjoon.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top