♕ Chapitre 3 ♕

Hello Wattpad ! 


Ayant pris un peu d'avance sur Fyctia, je poste ici les chapitres, si jamais ça plaît à certains ;) Je les mettrais ici au fur et à mesure, mais n'hésitez pas, si vous voulez la suite, à vous rendre sur Fyctia où il y a un peu d'avance sur les chapitres (qui sont prédécoupés davantage qu'ici). 


La fin de ce chapitre correspond à la fin du chapitre 3.1 sur Fyctia, donc vous pouvez rattraper au 3.2 là bas (sans oublier de voter pour les chapitres en amont si pas déjà fait, évidemment, ça me soutiendra ;) )

Bonne lecture, j'espère que ce nouveau YA vous plaît :D 


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Je ne devrais pas regarder par-dessus mon épaule.

Je ne devrais pas. Vraiment, vraiment pas.

Mais je le fais.

Je le regrette aussitôt. Plutôt que les ralentir, la foule se déchire devant les cavaliers sans la moindre difficulté, même si certaines personnes se jettent littéralement hors de leur chemin.

Très vite, mon souffle se transforme en une lame enflammée dans mes poumons. Une enclume se loge dans mes côtes et je maudis toute ma fainéantise qui m'a fait haïr le sport au lycée.

Je percute un premier corps qui s'offusque. Je chancelle, trébuche, m'écorche la plante des pieds, déjà bien entamées par ma marche sans chaussures, mais me redresse et continue à foncer, slalomant entre les passants, les charrettes et même les crottins de cheval. Je bifurque dans une première ruelle, la gorge en lambeau à cause de la soif et maintenant de la course.

Je n'ai même pas vraiment peur, pas encore. Peut-être parce qu'une partie de moi se persuade encore que ce n'est qu'un rêve, malgré la douleur lancinante qui persiste dans mes membres.

Non, je ne suis pas vraiment entrain de chercher à échapper à un cavalier.

C'est juste un cauchemar. Un fichu cauchemar, et c'est pour ça que mon poursuivant n'a pas le visage visible : c'est pour le rendre plus terrifiant encore.

Tandis que je tourne à un nouveau croisement après avoir mis le pieds dans une flaque de boue particulièrement visqueuse que je ne préfère pas identifiée, je me plaque contre un mur de pierre et m'immobilise, l'oreille aux aguets, tentant de reprendre mon souffle. Je mets toute ma volonté pour apaiser mon cœur affolé et cesser d'entendre mon sang rugir dans mes oreilles. Mais tous mes efforts n'y changent rien : je n'arrive pas à rester assez calme pour entendre le bruit de sabot.

Seul le tumulte de la fête au loin qui bat son plein semble réussir à trouer le boucan émit par mon propre fichu organisme. L'allée où je me trouve est vide de passant, mais des portes cochères et des entrées de maisons sont encombrées par des caisses, et quelques attelages sans chevaux s'alignent contre les murs.

Pendant un instant, j'hésite entre me faufiler dans l'un d'eux ou continuer à courir. Finalement je choisis la seconde option, pour mettre le plus de distance possible avec les cavaliers. Après je me cacherai. Après...

Je regrette mon choix très vite, lorsque je comprends que mes pieds carbonisés ne m'emmèneront plus très loin. Je ralentis automatiquement, mais le bruit d'une cavalcade dans mon dos me balance une décharge d'adrénaline. Je puise au fond de mes trippes et continue à sprinter en tournant dans une nouvelle rue qui, j'espère, m'éloigne toujours plus du centre-ville.

L'air que j'inspire est du liquide en fusion. Je meurs de chaud et transpire à grosses gouttes. Mon cerveau, en mal d'oxygène, semble se demander ce qu'on fait, comme s'il trouvait ça parfaitement illogique de fuir un danger inconnu.

À l'instant où je décide qu'il a raison et que je dois m'arrêter, je glisse sur une dalle trop lisse et frappe violemment le sol du genou. Je serre les dents, mais la douleur remonte ma jambe et me paralyse l'esprit au point de rendre ma vision floue. Je manque de m'évanouir mais parviens à résister, je ne sais trop comment.

Je reste parfaitement immobile le temps que la souffrance reflue. Au moment où je m'apprête à me redresser pour me cacher, une silhouette se dessine dans l'ombre d'un coche.

Il tend la main vers moi, comme pour me stopper dans mon mouvement de fuite. Ce qui fonctionne.

— Je ne te veux aucun mal, dit-elle.

Mais sa voix est empreinte d'une telle douceur que je la crois.

Elle me sourit. Son expression est si tendre qu'elle parait tout jeune, alors que je suis certaine qu'elle approche la trentaine d'année. Son armure la rend plus solide qu'elle ne l'est, car je distingue une allure fine sous l'épaisseur de son plastron paré de rouge. Ses traits sont escarpés, presque délicats.

— Ne t'inquiètes pas, tout va bien.

Tout va bien.

Elle a raison, tout va bien se passer. Elle m'inspire confiance. Comment un sourire si sincère pourrait-il cacher de la malveillance ? Ma mère me disait toujours de croire aux gens. De leur offrir notre confiance, que c'est elle qui anime la bienveillance.

— N'ai pas peur, je vais t'aider.

Elle s'approche davantage et une forme de soulagement m'embrasse. Je me sens bien, je respire mieux, et la douleur me paraît si lointaine.

Un bruit retentit dans mon dos, me sortant de ma torpeur. Je me retourne. Lentement. Beaucoup trop lentement.

Le chevalier masqué me fonce dessus, au grand galop. Je devrais me dégager de son chemin. Paniquer. Hurler. Un peu tout ça en même temps.

Mais je reste là. Juste avant de me percuter, son destrier m'esquive et le cavalier se penche d'un surprenant mouvement fluide. Son bras me crochète brusquement le ventre, coupant mon souffle, et je suis projetée au travers de la selle.

Je cris, la stupeur laissant place à une forme de colère que j'ai rarement ressentie. Je suis quelqu'un de très détendue, sans doute parce que mes parents m'ont toujours offert un exemple irréprochable sur la manière de garder son calme. Mais cette émotion négative qui fait du bien, qui couve au fond de mon être à la manière d'un volcan, elle s'émancipe depuis la mort de maman. Elle bouillonne dangereusement et m'encourage à des accès de rage. Ceux responsables des trous dans le mur de ma chambre, ou des plaies partiellement guérie sur mes mains.

La selle du cheval me rentrant dans le ventre, je laisse libre court à cette froideur brulante naît au creux de mon être :

— FAIS MOI DESCENDRE, SALE CON !

Le gros mot s'arrachant de mes lèvres me surprend tellement que j'en reste pantoise l'espace d'un instant, avant de me mettre à gesticuler pour m'arracher à la poigne dans mon dos. Une main puissante me presse avec suffisamment de force pour que je garde bien le poids de mon corps du côté de ma tête, mais pas assez pour que ce soit douloureux.

Du coup, à force de m'agiter avec l'insistance d'un poisson visqueux, je finis par glisser vers l'avant, entrainé par les cahots provoqués par le cheval. Je pousse un cri, mais la poigne du chevalier me retient pour me réinstaller – pas plus confortablement, par contre. Le sol défile sous mes yeux à grande vitesse, me forçant à les fermer pour ne pas vomir.

— Je veux descendre ! Fais-moi descendre !

— Patience, je te relèverai quand on aura passé les portes.

La voix me clou le bec aussi efficacement que s'il m'avait frappé. Je ne sais pas à quoi je m'attendais, mais pas à une voix douce, a l'air si jeune, si posée. Compatissante. J'en perds ma férocité. Il est toujours plus simple de s'énerver sur quelqu'un qui nous rend la pareille. L'absence de réponse aurait aussi ravivé ma colère. Les rares fois où j'avais monté le ton face à ma mère, sa quiétude avait toujours eu raison de moi.

Le cheval ralentit, offrant une accalmie bienvenue dans les soubresauts. J'en profite pour me replacer dans une position plus commode, même si, à la manière d'un sac à patate, je ne parviens pas à rendre le tout plus moelleux. Je prie silencieusement pour qu'il ne m'ait pas menti et qu'il me mette autrement une fois les fortifications derrière nous.

— On y est presque, me dit le chevalier en se penchant sur moi.

La chaleur de son corps, transmise par sa main, devient presque agréable. Je prends alors conscience du froid qui m'engourdit les pieds, rendant la douleur sourde.

Nous passons les portes, et un soupir de soulagement m'échappe. Nous nous éloignons au pas, et bientôt, l'animation de l'entrée de la cité se trouve dans notre dos. En quelques mouvements parfaitement calculés, mon ravisseur s'allonge presque sur moi. Son bras s'enroule autour de mon épaule et il parvient à me redresser sans effort apparent.

Je me débats une seconde, dans l'espoir de parvenir à glisser du cheval et donc de son emprise, mais il ne laisse aucune ouverture.

Je suis vite immobilisée par sa stature imposante et plaquée contre son torse puissant.

Intimidée et la respiration rapide, une peur nouvelle prend naissance dans mon être. Je n'ose pas me retourner, n'ose plus parler.

Un second chevalier prend place sur notre droite. Je l'observe de biais et reconnaît le même homme à la peau chocolatée présent sur la place. Il me rend mon attention, le regard pétillant, puis m'offre un sourire d'un blanc éclatant.

Je déglutis et m'empresse de regarder devant moi.

Personne ne parle.

Le silence devient oppressant tandis que les minutes s'allongent et que nous poursuivons notre route sur la plaine où j'ai fait mon apparition. Je cherche des signes de l'endroit où j'ai atterris. Je ne trouve rien. Le soleil décline et avec lui les derniers rayons qui auraient pu me réchauffer ; ne demeure plus que la fournaise diffuse dans mon dos, sans laquelle je me mettrais sans doute à trembler.

La soif s'impose si fort que je déglutis ma propre salive pour l'épancher, mais c'est aussi efficace que d'espérer masquer la luminosité du soleil en gardant les yeux ouverts.

Sans avoir besoin de le demander toutefois, le chevalier bouge et brandit une gourde. Après un bref moment d'hésitation où je constate qu'elle est en fer cabossé et non en cuir comme je l'aurais imaginé, je retire le bouchon en liège et renverse le contenu du récipient dans ma bouche, sans modération. Le chevalier ne fait pas mine de m'interrompre. Ce n'est qu'un élan de prévenance qui me pousse à m'arrêter avant de boire toute l'eau jusqu'à sa dernière goutte.

Je le regretterais sans doute plus tard, mais dans l'instant, ma bonté l'emporte et je lui laisse sa part. Déjà bien réduite, de toute façon.

— Merci, fais-je d'une petite voix sans savoir quoi faire de la gourde.

Je la tend du côté et il la récupère en silence.

Quelques minutes plus tard, une forêt s'étend sur l'horizon, et nous l'atteignons avant que l'astre ne se fasse avaler par la terre.

Je déglutis. Rentrer dans une foret avec deux hommes à l'arrivée de la nuit n'a rien pour me rassurer. J'ignore tout de ce monde, mais dans le mien, la femme est vite une proie. J'en ai trop souvent fait l'expérience en rentrant seule chez moi, et il ne faisait pas forcément nuit.

Je regarde sans doute trop les informations télévisées...

— On arrive bientôt, dit le cavalier, et sa voix fait vibrer tout mon corps tant il est proche. Nous repartirons demain si...

Il ne termine pas sa phrase, mais à la manière dont le corps du second chevalier répond, je conclus qu'ils se connaissent assez pour ne pas avoir à tout dire. Ma présence est sans doute responsable de son intention suspendu.

L'angoisse, légèrement tarie, s'enflamme à nouveau pour se nourrir de mes tripes. Je suis exténuée, mais ma peur éloigne la fatigue aussi surement qu'un mal de ventre.

— Comment tu t'appelles ?

Est-ce une question piège ? Comme je ne sais pas quoi répondre, je lui rétorque :

— Et vous ?

J'aurais préféré lui demander pourquoi il kidnappe une jeune femme sans savoir qui elle est, mais mon instinct me souffle que je le sais. Et je n'ai aucune envie qu'il le dise à voix haute.

— J'ai beaucoup de noms, finit-il par dire.

Notre compagnon de route s'esclaffe, et je ne peux m'empêcher de lui lancer un regard. Je suppose que je dois avoir l'air offusqué, puisqu'il me fait un clin d'œil avant de fixer la forêt devant nous, dans laquelle se dessine une route en terre battue.

— Celui par lequel on vous appelle le plus ? tenté-je.

— Mysterio, répond l'autre dans une toux simulée en prenant garde à ne surtout pas nous regarder.

L'homme qui me tient gronde d'agacement et contracte son bras passé autour de mon ventre. Ce reflexe déclenche un étrange frisson le long de ma colonne vertébrale. Je me tends aussitôt, et retiens mon souffle.

Mysterio.

Je dois dire que je ne m'y attendais pas, à celle-là.

Ça lui convient tellement bien que je n'imagine pas une seconde que ce soit faux. Il ne le contredit pas non plus, et en vient même à oublier la question qu'il m'avait posé. Je m'enferme dans le silence et en profite pour détailler cette forêt, qui a tout de celles qu'on retrouve dans mon propre monde.

Mon propre monde, mais qu'est-ce que je raconte !

À nouveau, voilà que mon cœur martèle sa prison. Le chevalier sur ma droite parcourt à son tour les environnements, comme si mon comportement l'avait mis sur le qui-vive. Enfin, c'est ce que je crois, jusqu'à ce qu'il dise :

— On n'est pas seuls.

— Je sais, répond l'autre, et sa voix traverse mon corps à la manière d'un catalyseur, me mettant immédiatement mal à l'aise.

— Tu crois qu'ils vont nous attaquer ?

Nous attaquer ?!

— Non puisque je suis là, affirme celui dans mon dos.

— Et la troupe ?

— Attaquer une garde royale aussi nombreuse ? Qui plus est avec le carrosse princier ? Ils ne sont pas stupides, Jacme*, juste un peu suicidaire.

— Suicidaire rime avec stupide, réplique le brun en tournant son regard vers moi.

J'accuse le coup. Est-ce qu'il fait référence à moi ? Je n'ai pourtant pas l'impression d'avoir fait quoi que ce soit d'idiot. Enfin, à part d'atterrir ici, où que soit ce ici.

— J'aime bien votre ruban de front, dis-je brusquement, sans avoir pu me retenir.

Le dénommé Jacme porte la main à ce dernier, surpris. J'étais sincère. Le sien est doré au lieu de rouge, et la croix occitane est, au contraire, bien carmin. Sur sa peau sombre, le contraste est très beau. Ou peut-être que c'est juste le personnage que je trouve beau, avec ses lèvres épaisses, son visage doux et ses yeux... jaunes. Oui, des yeux jaunes, je ne vois que ce nom pour aller avec la couleur de ses iris.

— Merci, sourit-il avec un air renversant, et je suis sûre de me mettre à rougir.

— Ne t'emballe pas, Jacme, tous les autres portent le même.

Ça a le mérite d'annihiler immédiatement le sourire du concerné. Je me demande qui sont les "autres". Vu leur discussion précédente, peut-être qu'ils appartiennent à cette fameuse garde royale ? Ce serait logique, au vu de leur accoutrement.

— Tu dis ça parce que tu es jaloux de ne pas avoir ton banda, relance Jacme après une pause.

J'aimerais beaucoup me retourner pour voir ce que fait mon chevalier, mais avec son casque, je ne récolterait pas d'information, de toute façon.

Mon chevalier ? Je dérape.

— Ou peut-être que c'est toi qui aimerait te démarquer du groupe, réplique Mysterio.

Jacme fait un bruit étrange avec sa bouche, proche d'un ravalement de hoquet de surprise. J'en conclu que Mysterio a tapé dans le mile : d'ailleurs, son comparse se détourne et ne dit plus rien. Enfin, plus rien jusqu'à ce qu'il me dévisage discrètement. J'aimerais tellement qu'il oublie ma présence...

— Tu n'as pas donné ton nom, dit-il finalement, son regard me transperçant dès l'instant où je le croise avec le mien.

C'est à mon tour d'observer brusquement droit devant, bien droite, sensible à la crispation survenue dans la main de Mysterio. Je sens que la question est un piège, même si je n'en comprends pas vraiment les tenants et aboutissant.

La princesse sur l'affiche. C'était écris Princessa Rheane. Si c'est de l'occitan, on peut penser qu'il s'agit soit de "Princesse" suivi de son nom, "Rheane" ; soit d'un titre, d'un nom de lieu... Rheane pourrait être n'importe quoi. Dans mon monde, il n'y a personne avec ce prénom que je connaisse, mais ça ne veut pas dire qu'il n'existe pas.

Est-ce que, vu ma ressemblance avec la princesse, j'ai intérêt à me donner le même prénom ? Est-ce qu'au contraire, me faire passer pour elle risque de m'attirer des ennuis ? Bon sang, je ne sais pas, je ne sais rien ! Je ne sais même pas si je rêve, et je n'ai aucun moyen de le vérifié !

Pourquoi moi ? Pourquoi ça m'arrive ?

Ma pensée me fait niquer. Bon sang. C'est exactement ce que j'ai pensé dans le temple... et après... après j'ai souhaité...

... de changer de vie.

Et si j'avais été exaucé ?! Poké est peut-être un genre de génie qui exauce les voeux. Sous l'effet de cette soudaine prise de conscience, je commence à chercher la bête autour de moi, dans tous les sens.

— Tu cherches la réponse par terre ? s'amuse Jacme.

Très drôle, petit malin.

Cela dit, sa réflexion me donne une idée subite.

— Je ne sais pas, réponds-je enfin.

— Tu ne sais pas ? s'étonne-t-il.

— J'ai oublié, mentis-je.

— Mais tu...

— Ça suffit Jacme, tais-toi, fais sèchement Mysterio.

Son interlocuteur obtempère aussitôt et c'est un soulagement. Quelques instants plus tard, je perçois des nouveaux bruits au-devant de nous, ainsi qu'une odeur de charbon et de bois brulé. Mes yeux s'écarquillent quand, au bord de notre route, se dessinent peu à peu des installations représentatifs d'un camp. Des tentes s'étendent entre des arbres, des chevaux liés aux arbres paissent en paix et le carrosse rouge le plus massif qu'il m'a été donné de voir se tient, légèrement bancal, sur un terrain dégagé.

Des soldats en armures sont éparpillés dans le secteur, mais je n'ai d'yeux que pour l'ancêtre de nos véhicules.

J'en ai déjà vu, à des expositions ou dans des défilés d'époques, mais celui-ci n'a strictement rien à voir. Déjà, il est trop long, trop haut, avec huit roues, et aucun mécanisme d'attelage pour chevaux. En revanche, des escaliers permettent de monter à l'étage et l'avant - à moins que ce ne soit l'arrière ?! - est composé d'une petite cheminée, à la manière d'une locomotive.

Là, mon cerveau disjoncte. L'abattement s'écrase sur mes épaules et je prends enfin la pleine mesure de ce qui m'arrive.

Non, je n'ai pas un cerveau imaginatif à outrance.

Non, je n'ai pas fait un saut dans le passé.

Je suis définitivement, désespérément, dans un autre univers.

Cette constatation me vide de mon énergie. Mes membres deviennent lourds, le sang bourdonne dans mes oreilles et je me retrouve transit de froid. Je prends conscience que je tremble seulement au moment où une cape rouge se referme autour de moi.

— Tout va bien, murmure une voix que j'ai du mal à croire.

Le reste devient flou. Mon visage se retrouve enfouit dans du tissu et je sens qu'on me soulève, puis me transporte. Lorsque l'obscurité m'engloutit et que le son d'une porte claque, je devine qu'on vient de monter dans le véhicule écarlate.

Puis le son caractéristique d'un verrou tiré parvient enfin à me tirer de ma torpeur.

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Jacme : Prononcé "Jammé".

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