Le Soleil brillait haut dans le Ciel, de petits nuages blancs étaient éparpillés çà et là et une douce brise agitait les feuilles des arbres perchés au sommet d'une falaise. Des rires s'élevaient vers les cieux, des rires joyeux et insouciants. Ils venaient d'un groupe d'amis, composé de deux jeunes hommes et trois jeunes femmes, chacun portant un sac à dos et deux d'entre eux de gros paniers ainsi qu'une petite radio. Ils zigzaguaient entre les arbres, à la recherche d'un petit coin de fraîcheur. Lorsque enfin ils eurent trouvé un endroit qui leur convenait, ils déplièrent une large et grande nappe à carreaux blancs et rouges sur l'herbe et s'assirent en cercle. Ils posèrent la radio et l'allumèrent : aussitôt une chanson joyeuse emplit l'air. Ils se mirent à chanter ensemble en bougeant les épaules au rythme des percussions, déballant leur pique-nique ; sandwichs, paquets de chips, sucreries, pâtisseries et autres bonnes choses mauvaises pour la santé se mélangeaient aux pommes, bananes, kiwis, fraises, myrtilles et salades estivales dans une jolie harmonie de couleurs vives et joyeuses. Ils entamèrent leur repas en discutant de tout et de rien, dans les fous rires et la bonne humeur.

Puis l'une des jeunes femmes prit la main d'une autre et elles se blottirent dans les bras l'une de l'autre, tandis que les deux jeunes hommes et la troisième demoiselle s'embrassaient à tour de rôle, au comble du bonheur. Ils venaient de finir les dernières pâtisseries et les derniers fruits lorsqu'une chanson énergique se fit entendre. Il sautèrent sur leurs pieds en riant et se mirent à danser dans l'herbe, tournant et riant, sans se soucier de respecter un tant soit peu la chorégraphie originelle.

Le temps défilait, le Soleil entamait sa descente vers l'ouest, mais ils restaient là à danser, inlassablement, savourant la vie qui leur était offerte. C'était un mélange de couleurs magiques, des robes blanche, jaune et bleue qui se mélangeaient à des accoutrements tout aussi colorés, des chevelures aux nuances variées, et pourtant la même envie : celle que ce moment dure à jamais.

Une symphonie parfaite qui dansait au rythme des battements de leur cœur qui pulsait toujours plus vite, toujours plus fort. C'était une forêt de mains qui s'agitaient, une rivière de larmes de bonheur qui coulaient le long de leurs joues rougies par la joie, une danse entraînante de corps qui bougeaient, virevoltaient avec légèreté.

Ils chantaient en hurlant leur joie, leurs éclats de rire se répercutaient partout autour d'eux, les fleurs semblaient danser avec eux, les oiseaux semblaient chanter avec eux, le Soleil semblait sourire avec eux, tout paraissait plus vivant autour d'eux.

Ils joignirent leurs mains et dansèrent ensemble, sautillant toujours plus, riant toujours plus joyeusement.

Quiconque se serait aventuré dans leur petit coin de Paradis aurait eu l'impression d'être passé dans un autre monde, plus coloré, plus joyeux, plus beau. Ils illuminaient l'endroit bien plus que n'importe quelle Lumière ne saurait jamais éclairer les Ténèbres les plus épaisses.

Infatigables, ils continuaient de tournoyer, encore et encore ; ils avaient mal aux joues à force de rire et sourire, mais ils ne s'en plaignaient pas.

En les voyant ainsi, personne ne penserait qu'un jour ils s'effaceraient, tous, redevenant simple poussière.

Ils venaient de laisser leur empreinte indélébile dans ce petit coin de verdure.

Leur bonheur s'était ancré à jamais dans l'écorce rugueuse des arbres, et ni la pluie, ni la neige ne pourraient l'effacer.

Pas plus que les bûcherons ne pourraient couper le souffle de joie qui, le temps d'une après-midi et d'une soirée, s'était élevé dans l'air.

Pas plus que le Soleil caniculaire ne pourrait brûler la joie de vivre qui avait laissé ses empreintes dans l'herbe tendre.

Pas plus que les fleurs de pissenlit ne pourraient envoler les couleurs qui avaient régné ici avec leurs pétales.

Pas plus que le Ciel n'oublierait ces cinq sourires insouciants qui s'étaient gravés sur ses paupières bleues et éternelles.