Rêverie 🌨

Un matin d'hiver, alors que la Nuit tentait de régner toujours un peu plus longtemps au-dessus de nos têtes et que les souffles produisaient des panaches blancs qui s'élevaient vers le Ciel, comme un adieu murmuré qui partirait en fumée, je te vis. Tu portais pourtant de simples vêtements, sombres, te fondant presque dans l'obscurité, mais c'est toi que je vis, comme une lumière aveuglante dans une pièce obscure. Mes yeux étaient accrochés à toi comme un papillon de nuit est attiré par un lampadaire.

Tu tremblais, tu étais emmitouflée dans ton manteau et tu marchais vite. J'eus soudain envie de laisser tomber mes amies et me précipiter vers toi, te prendre dans mes bras pour stopper ces grelottements qui te prenaient au corps entier. Puis je me surpris à jalouser les vêtements que tu portais, ces foutus habits qui étaient en contact avec ta peau et qui te serraient dans leurs bras moelleux, tandis que moi je restais plantée là comme une imbécile, ayant toujours plus froid.

Tu avais soudain disparu. Sans plus de considération pour les autres, je me frayais un chemin à grands coups de coudes pour te rejoindre. Je me mis à courir, dans la peur de te perdre du regard. Mon regard accrocha alors ton sac noir, un sac banal, mais ton sac. Et cela changeait tout.

Tu rentrais dans le bâtiment. J'accélérai l'allure. J'arrivai à mon tour dans le bâtiment et te cherchai du regard. Lorsque je te vis attendre seule, au pied de l'escalier, avec ton téléphone, je m'immobilisai. Qu'avais-je espéré ? Pourquoi avais-je couru ainsi ? Je n'avais aucune idée de quoi te dire.

Puis tu relevas la tête et tes yeux accrochèrent les miens, sans plus les lâcher. Tu avais dû sentir mon regard... Les élèves passaient et repassaient autour de nous, mais je ne voyais que toi. Et, bizarrement, je n'avais plus froid. J'avais même l'impression qu'on était en pleine canicule.

Tu t'avanças vers moi et m'attrapas le bras. Sans réfléchir, j'abaissai mon masque, et le tien. Tu reculas comme si je t'avais brûlée, mais je te retins ; pas question de te laisser filer.

Ton visage était tout près maintenant. Tout près du mien. Qui de nous deux avait avancé, je ne sais pas. Tout ce que je sais, c'est qu'à ce moment, ton souffle réchauffait mes lèvres, et mes tremblements avaient cessé.

Puis j'ouvris les yeux. Ils ne rencontrèrent que du noir, rien que du noir. Mon cœur palpitant battait vite, j'étais immobile. Et seule. Désespérément seule.

Je me levai, me demandant une chose.

Seras-tu un jour aussi près de moi que tu l'étais dans ma tête ?

Et si cela arrive... est-ce que ce jour-là, j'aurai le courage de goûter tes lèvres ?

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