En média, musique à écouter même temps que votre lecture <3

Ça faisait maintenant une demi-heure que j'étais assise sur ce banc, à observer les gens et à regarder la l'horloge de la grande place au moins deux fois par minute. Je soupirais, dans une heure exactement j'allais avoir seize ans.

Pour une femme, l'année de ses seize ans était la plus dangereuse. C'était une période pendant laquelle tout pouvait arriver. Nous pouvions avoir à faire avec un mariage forcé, être vendue comme esclave dans dans les entreprises où on avait besoin de main d'oeuvre. Et après ils osaient dire qu'on habitait dans la «Ville Libérée»...

Bon, ça ne m'inquiétait pas vraiment tout ça car j'avais entièrement confiance en mes parents, ils n'auraient pas voulu nuire à mon bonheur. Non, ce qui me faisait peur, c'était le Choix. Si jamais une princesse mourrait ou disparaissait, le prince en choisirait une autre grâce au Choix. Il sélectionnait les dix plus belles filles de seize ans et elles devaient ensuite s'entretuer dans la cité engloutie. La survivante devenait finalement la nouvelle princesse. Charmant comme fonctionnement.

Je n'avait pas peur d'être nominée et de de devoir aller dans la cité engloutie. Je n'était pas jolie, mes yeux bleus se fondaient totalement dans le paysage et me donnaient un drôle d'air. Quant à mes cheveux, ils étaient d'un beau chocolat mais avec d'horribles ondulations. J'aurais aimé les avoir lisses, comme ma meilleure amie, Nella.

J'étais bien plus effrayée par l'avenir de Nella que par le mien. C'était une belle matte aux longs cheveux noirs et aux formes voluptueuses. Elle était parfaite et s'il y avait un Choix, elle avait toutes ses chances d'être sélectionnée... J'avais hâte que nous ayons dix-sept, ainsi nous serions majeures et nous pourrions être libres.

Je m'ennuyais mais comme c'est mon anniversaire aujourd'hui, j'avais un jour de congé. J'aurais voulu en profiter en me rendant au marché de la grande place, j'adorais y aller. Mais pour une raison que j'ignorais, il avait été annulé.

J'observai donc le paysage. Tout était bleu. Normal, nous étions dans la cité bleue. Cette couleur était pour moi synonyme de calme et de paix, c'était ma préférée. Au loin, on apercevait la tour blanche, là où vivait le prince.

Quand j'étais petite, je rêvais de devenir une princesse, leur vie au milieu des froufrous et des paillettes me donnait envie. Plus tard, je n'avait eu que du mépris pour elles quand j'avais appris que les critères pour être choisie résidaient en la beauté et la capacité à tuer. Mais maintenant, je ressentais surtout de la compassion pour ces pauvres filles que le destin avait écartées de leurs familles et de leurs amis.

Je ne voulais pas avoir seize ans, j'avais trop peur. Et puis, dans quelques minutes, à midi trente trois, heure de ma naissance, j'allais devenir une Bleue à part entière. Je ne savais pas trop ce que ça signifiait, mais je savais qu'après, mon sang ne serait plus pourpre mais bleu. Je sortis une aiguille de ma poche et me l'enfonçai dans le doigt, juste pour vérifier que mon sang était encore rouge.

-Talia! cria une voix masculine dans ma direction. Qu'est-ce que tu fais ici à cette heure ci?!

Je souris. J'adorais voir débouler comme ça, mon meilleur ami, Théo. Je ne savais pas comment il faisait mais il arrivait toujours à être là quand je me sentais trop seule. Je l'avais rencontré lorsque j'avais treize ans. Je venais de perdre ma grand-mère, et il m'avait trouvée sur un banc du parc public, en larmes. Il m'avait tout de suite consolée et je l'avait revu plusieurs fois pendant les jours suivants. On avait appris à bien ce connaître.

Théo était merveilleux, il était super gentil. Au début, j'avais été un peu intimidée par ce garçon qui avait deux ans de plus que moi. Nella m'avait souvent dit que nous finirions ensemble tous les deux. Mais je savais que ça ne serait jamais le cas. D'abord, je ne ressentais aucun sentiment amoureux pour lui, et puis Théo était gay. Le pauvre, plein de garçons l'avaient déjà rejeté à cause de ça. Lui ça lui était  égal, il préférait traîner ave moi. Il disait qu'il en avait rien à faire des moqueries, il avait bien réussi sa vie et ça lui suffisait.

-Salut Théo! Bah c'est mon jour de congé, alors je profite, je n'ai pas envie de rester enfermée chez moi! lui répondis-je.

-Au fait, me dit-il, bon anniversaire Talia!

Il sortit de sa poche un petit paquet enveloppé de kraft et me le tendit timidement. Je lui adressai un grand sourire.

-Merci Théo!

J'ouvris délicatement son cadeau, je détestais arracher le papier, et puis je préférais garder le suspens jusqu'au bout. Je finis par tomber sur une jolie boîte en bois.

-Ouvre la! me demanda Théo avec empressement.

-Vos désirs sont des ordres Monsieur, dis je pour le taquiner.

Je fis ce qu'il m'a demandé de faire. Je tombai des nues. C'était le plus beau cadeau qu'on ne m'avait jamais fait. C'était une boîte à trésor! Je découvris plein d'artéfacts de l'ancien temps avant que la Nature avait décidé de nous punir. Il y avait un vieux carnet, il était rempli de croquis d'instruments de musique comme on en faisait autrefois. A l'intérieur, il y avait aussi des pages toutes entières avec des signes bizarres. J'en avais déjà entendu parler, c'étaient des morceaux de musique! Je trouvai aussi un livre du nom de «Harry Potter». Il était super bien conservé, je me promis de le lire. Et dernière, chose, un coquillage et une photographie d'un endroit appelé la «mer». C'était beau, c'était si bleu...

Je sautai au cou de Théo et je m'écriai:

-Oh, mille mercis, tu es un ange! Où est-ce que t'as réussi à trouver ça?!

-Je suis ravi que ça te fasse plaisir ma belle. J'ai mes sources, ajouta-t-il avec un clin d'œil. Bon, je suis désolé de te dire ça, Talia, mais tu ferais mieux de rentrer chez toi maintenant. Avant que M. Drilou vienne pour ta transformation.

Monsieur Drilou? C'était lui qui allait faire ça? Jusqu'à mes douze ans c'était mon maître d'école. Théo avait raison, je ferais mieux de rentrer, Drilou n'était pas des plus... commodes.

Alors que je m'apprêtai à faire la bise à mon ami puis à partir, nous entendîmes la voix d'un émissaire retentir dans toute la cité. Les émissaires étaient les robots du prince, chargés de délivrer ses messages à la population. Celui ci cria:

-Peuple de Maooristilla, vous êtes tous priés, sans exception de venir, sur la grande place à seize heure précise, nous avons une annonce très particulière à vous faire.

Je fronçai les sourcils, qu'est ce qu'ils voulaient nous dire? Je n'en avais aucune idée mais je vis que Théo avait l'air troublé. Je lui demandai:

-Tu sais ce qui se passe?

-Euh... Non pas vraiment... Enfin, j'ai bien une petite idée... Mais nous en reparlerons plus tard. Salut Talia, on se revoie à seize heures donc!

Il s'en alla. J'ignorais ce qu'il avait mais je n'avais plus le temps de m'interroger, je devais rentrer chez moi au plus vite.

Coucou les lecteurs!
J'espère que ce chapitre vous a plus, j'ai eu un peu de mal à l'écrire ;) Les chapitres feront tous entre 1000 et 1500 mots, avez vous des idées par rapport à la fameuse annonce? Que pensez vous de Talia?
Bisous, Juliette <3