Une guerre... De feu, de sang et de cris. Tout est obscur, malgré le feu. Ils doivent se protéger, ils en ont la certitude. Mais ils ne savent pas s'ils vont tenir, peut-être un espoir, une lueur qui les guiderait. Ils se décident enfin. Juste avant que l'aube pointe son nez, ils partent, loin, au bout d'une longue marche ils arrivent au bord de la mer. Le soleil ne les a pas encore rattrapés. Une petite embarcation les attend, faite de bois de chêne elle est solide, elle donne l'impression qu'elle coulera au moindre petit choc, mais ils n'ont pas le choix, ils en ont conscience. Mourir ou survivre. Au moins qu'ils tentent leur chance. Ils s'engouffrent dans la barque, sauf lui. Il remonte le bas de son pantalon. Avance dans l'eau glacé, il sent sous ses pieds le monde marin qui l'entoure. Il sursaute, une algue vient de lui effleurer le mollet, il pousse vers la mer leur unique chance de survie. L'eau lui arrive maintenant aux genoux, il se hisse sur le bord de l'embarcation, celle-ci manque de chavirer. Une fois installé Il prend les rames au fond du bateau, les mets en place. Ils s'éloignent de la côte. Quand le soleil se reflète enfin sur l'eau elle gémit en douceur, leur petite fille, la prunelle de leurs yeux, ils ne la lâchent pas du regard de peur qu'il lui arrive quelque chose. Elle va bien. C'est le principal. Ils pensent à tout ce qu'ils vont endurer dans ce monde qu'ils ne connaissent pas, si, du moins ils arrivent à le rejoindre. La louve au pied de la mère grogne. Il n'y a pas d'autre solution pour elle, elle l'a compris. Elle se sacrifie, laissant tout de même le moyen à sa maitresse de la retrouver un jour si elle en a vraiment besoin. Une larme, ce qu'il y a de plus puissant. La mère est déchirée mais elle a compris, elle pleure en silence serrant d'une main la larme et de l'autre elle donne le sein à son enfant. La louve saute dans l'eau. La larme brille. Elles se retrouveront un jour, avant la mort elle le savait et le sait toujours. La mère regarde l'horizon, le soleil se lève déjà au-dessus des flots. Le continent n'est plus qu'une ligne. Il arrête de ramer, ils se laissent dériver. Il la réconforte car il sait que ça en vaut la peine. Mais il n'arrive pas à comprendre pourquoi... Pourquoi la guerre a commencé alors que tout le monde s'entendait à merveille. Ils se tournent tous vers la fine ligne de l'horizon, la mer rougeoyante sous le soleil levant et laissent échapper une larme, une seule, et se demandent ensemble pourquoi, pourquoi tout doit reposer sur les épaules de leur fille... Sur les épaules de la reine de la prophétie !

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