L'ennui, par définition, est une langueur temporaire provoquée par une occupation dépourvue d'intérêt. Par extension, c'est aussi un synonyme du terme souci. Mais pour moi, ça signifiait bien plus que cela. Une solitude morbide. La contemplation d'une vie qui se répétait sans cesse, sans esquisser la moindre amorce pour être un tant soit peu différente.

J'ai toujours détesté ça. Comme beaucoup de monde, je suppose, mais j'avais l'impression que les gens autour de moi arrivaient plus facilement à faire semblant. À donner le change. À trouver un but pour lequel se lever le matin.

De but, je n'en avais aucun. Le lycée n'était qu'une obligation, rien d'autre. Obtenir mon diplôme afin que mes parents me fichent la paix, c'était ça l'objectif.

Et tandis que tous mes camarades de classe prévoyaient déjà ce qu'ils allaient faire après tout ça, l'ennui me rongait, et ne me laissait même pas songer à un après.

Puis, quelque chose a changé. Le son de mon ordinateur. Un mail qui n'avait rien à faire là. Une discussion d'apparence anodine, et ensuite...

L'ennui avait disparu.