~3~ Yuga

Comme vous avez dus subir mon changement de ship, je vous offre un deuxième chapitre! De base, c'était un OS de mon calendrier que j'ai trop aimée et que je souhaite en faire une histoire.

PDV Yuga

9 mois plus tôt...

Dans ce monde, les gens souffrent continuellement sans jamais qu'on ne se soucie d'eux. Quand les humains marchent dans la rue, ils ne portent jamais attention à cette personne au profond mal-être, celui assis à l'arrête du métro qui regarde par la fenêtre en silence. Notre espèce est hypocrite, égocentrique. Jamais la tristesse derrière un sourire n'est perçue, comme s'il fallait absolument dire notre douleur à voix haute, comme si les larmes étaient l'unique signe de faiblesse. N'est-ce pas évident que celui qui souffre, s'il a bon cœur, cherchera à le dissimuler?

Moi, je souris toujours... je le fais parce que quand j'étais jeune, ma maman m'a dit que les chevaliers sourient continuellement. Contrairement aux autres élèves de l'école, moi, c'était eux mes idoles. Ça a toujours fait de moi une personne différente, exclue d'un groupe si commun avec un alter que je suis naturellement incapable de contrôler. Pourquoi est-ce mal de quitter le troupeau? Pourquoi les gens nous trouvent-ils bizarres dès qu'on a des goûts un peu différents?

J'ai passé ma vie derrière un masque à faire semblant d'aller bien malgré la solitude qui m'a toujours habité, malgré l'impression d'être une anomalie dans ce monde axé sur un intérêt commun. Je veux être normal... je veux avoir des amis qui se soucient de moi, être à leur niveau.

Assis sur mon lit chez mes parents, je fixe cette petite enveloppe entre mes mains. Le papier est d'un blanc immaculé, mais là n'est pas l'important. Malgré ses lettres à pattes de mouches un peu difficiles à déchiffrer, jamais je n'ai lu quelque chose d'aussi beau. C'est lui la cause de mon bonheur ces derniers temps. Lui, mon admirateur secret.

Lui et moi, nous nous sommes rencontrés sur un blog que je tiens lors de mes temps libres. Je porte le pseudonyme de Prince et lui, il se fait appeler le Justicier. Dans cet endroit, je raconte un peu ma vie pour me libérer d'un poids et lui, il a commencé à me parler. Le pauvre n'a vraiment pas eu une vie facile... Quand il a appris ma passion pour la vie médiévale, il a eu l'idée que nous cessions de nous parler par messages et que nous commençons à nous envoyer des lettres pour que ce soit plus romantique, plus personnel. Cette idée m'a tout de suite charmée.

Cela fait des mois que nous communiquons de la sorte, écrivant toujours des textes plus longs et personnels. Je lui parle de l'école, de mes sentiments parfois confus pour la vie de superhéros, de ma solitude... Sans jamais avoir vu nos visages, nous tombons amoureux l'un de l'autre à travers les mots, à travers nos personnalités. Je ne connais même pas son prénom et pourtant, c'est pour lui que mon cœur s'emballe. Le soir, j'aime m'imaginer à quoi peut bien ressembler mon prince charmant...

Je range soigneusement l'enveloppe dans un petit coffre qui est destiné aux lettres de mon amoureux, puis je me regarde une dernière fois dans le miroir avant de descendre au rez-de-chaussée, le cœur battant. Je répète encore les derniers mots que j'ai lus dans ma tête, n'y croyant pas. Il veut me rencontrer.

La maison est magnifiquement décorée pour le temps des fêtes, illuminée par les nombreuses guirlandes et lumières accrochées un peu partout. Une odeur de crêpes embaume agréablement la pièce alors que le sapin fraichement coupé remplit le salon de sa splendeur. Je me souviens que quand j'étais gamin, ma partie préférée était de faire la crèche. Ma mère possède un bac rempli de décoration à cette utilité et chaque année, je pouvais moi-même placer les personnages et les petites maisons sur un drap blanc déjà parsemé d'épines. J'aimais leur inventer une vie, une histoire.

-Coucou, mon chéri, tu as faim? Demande ma mère dans la cuisine.

Petite et frêle, elle me sourit tendrement sous ses épais cheveux blonds. J'ai l'impression qu'elle a pris quelques rides depuis que je suis partie vivre à Yuei, mais c'est aussi peut-être seulement une impression. Je m'en approche et embrasse tendrement sa joue avant de m'assoir à la table. J'ai le ventre noué sous l'angoisse, ce qui coupe ma faim. Mon père travaille aujourd'hui, comme presque toujours il l'a fait le jour de Noël.

-Pas vraiment, mais je veux bien manger un peu, répondis-je.

-Rassure-moi, tu ne fais pas encore l'un te tes régimes? Tu es mince comme un clou!

Elle me jette un regard noir que me fait rougir. Je suis satisfait de ma silhouette depuis un moment et même si je fais toujours attention à ma ligne, je ne fais plus de régime strict comme je me suis déjà imposé dans le passé.

-Non, ne t'en fais pas... en fait, je suis un peu stressé, car j'ai un rendez-vous cette après-midi.

-Oh, un rendez-vous? Elle est jolie la petite?

Je grimace faiblement sous sa question. Je lui ai pourtant déjà parlé de ce sujet compliqué pour moi. Je me sers une crêpe que j'assaisonne sans oser regarder la femme qui me sourit de toutes ses dents.

-Maman... tu te rappelles ce dont je t'ai parlé à ce sujet? Soufflai-je.

-Oui, pardon mon chéri. Alors, est-ce qu'il est beau, le chanceux? Ça me fait bizarre de me dire que mon petit garçon est à l'âge de l'amour.

-En fait, je ne le connais pas encore vraiment. Nous correspondons avec des lettres depuis quelques mois et apprenons à nous connaitre. Il est vraiment gentil, même si je ne l'ai pas encore vue en vrai. Il m'a dit qu'il va aussi à Yuei, mais on n'a pas voulu en savoir davantage sur le sujet pour ne pas se reconnaitre.

Ma mère m'écoute avec un petit sourire tendre. Une fois que j'ai terminé, elle pose sa main sur la mienne en me regardant dans les yeux. Quand elle fait cela, c'est toujours qu'elle a quelque chose d'important à me dire.

-Fait attention à toi, Yuga, déclare-t-elle, on ne sait jamais sur qui on peut tomber à ce genre de rencontre. Si c'est différent que ce que tu lis dans ses lettres n'hésite pas à partir. D'accord?

Je hoche positivement la tête, même si mon cœur espère ne pas me faire de faux espoirs.

***

J'ai mis plus d'une heure à choisir les bons vêtements et c'est finalement après avoir parlé par webcam avec Mina que j'ai réussis à prendre un choix. Avec des vêtements pas trop extravagants, j'ai opté pour une simple chemise pâle et un jeans serré comme le porterait Best Jeanist. Ça, c'est mon idole depuis longtemps et je compte écouter ses conseils.

Nous nous sommes donné rendez-vous à la boite aux lettres abandonnée qui nous sert de lieu pour échanger nos lettres. C'est toujours là-dedans que nous allons les déposer et que nous trouvons celle qui nous est destinée. L'idée de nous retrouver ici vient de lui et je l'adore!

J'ai le ventre que se tord sous l'angoisse, les mains moites. S'il ne venait pas? Je tortille mes doigts en avançant vers le lieu de rendez-vous, essayant de contrôler ma respiration pour ne pas perdre mon calme, ce qui est difficile. Chaque pas semble plus lourd que jamais. Dire que je n'ai jamais cru ceux qui me disaient qu'un rendez-vous c'est affreusement gênant.

Au point de rendez-vous, je vois une silhouette familière qui me fait grimacer. Qu'est-ce qu'il fait là? J'aurais préféré que personne de la classe ne soit témoin de ma rencontre... Tenya est debout devant la boite aux lettres dans un costar gris qui lui donne l'air d'un homme d'affaires et tient dans ses mains un bouquet de fleurs multicolore. Fixant le vide, il fait bouger sa main devant lui en parlant seul, comme s'il pratiquait un texte. Peut-être qu'il doit passer une entrevue? Si c'est le cas, je pense qu'il risque d'en faire un peu trop.

Comme mon Justicier n'est pas arrivé, je m'approche du délégué. J'espère qu'il ne lui a pas fait peur avec ses gestes étranges... je le salue de la main et quand il me voit, Tenya sursaute avant de cacher son bouquet derrière son dos. Croit-il vraiment que je ne l'ai pas remarqué? Ses joues sont rouges et il tourne la tête de tous les côtés à la recherche de quelque chose qui n'est visiblement pas là.

-Tu vas passer une entrevue pour un travail? M'enquis-je en le regardant, c'est pour ça que tu es accoutré de cette façon?

-Hein... Oh, euh, en quelque sorte!

Jamais je n'ai vu ce garçon si stressé, lui qui est habituellement si sérieux. Je n'insiste pas pour échanger davantage avec lui et commence à attendre de mon côté l'arrivée de mon mystérieux correspondant. Près de moi, Tenya ne fait plus ses gestes bizarres et se contente de fixer la route. Il replace ses lunettes, regarde l'heure. Le temps passe lentement, mais je n'ai toujours aucune nouvelle de celui qui fait battre mon cœur... il a surement oublié ou alors, il m'a vue de loin et s'est enfui? Ce serait bizarre puisque je suis magnifique...

-Tu attends quelque chose? Demande Tenya après près de dix minutes.

-Oui... j'ai un rendez-vous, mais je pense qu'on m'a posé un lapin.

Le délégué se fige en me fixant alors que je baisse les yeux. C'est si embarrassant d'avouer qu'on a été abandonné cruellement à notre lieu de rendez-vous. J'imaginais ce moment si magique que jamais je n'aurais pensé pouvoir me faire poser un lapin. C'est cruel et pourtant, voilà la triste réalité.

Après une minute de silence, Tenya fait une courte révérence en me tendant son bouquet, les joues plus rouges que la braise. Qu'est-ce qu'il fait? Je lui jette un regard interrogatif.

-Je... je ne suis désolé de ne pas avoir remarqué plus tôt que c'était toi, Prince!

Jecligne des yeux quelques fois en fixant le bouquet brandi devant mon visage.Quoi?

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