Chapitre 7

Et ils m'enfermèrent sans plus d'explications dans cette chambre sombre où il n'y avait même pas de luminaire. Seul un faible faisceau de lumière provenant de l'extérieur traversait le seuil de la porte, me permettant de discerner le profil de la pièce.

La pénombre m'effrayait moins que ce qui se trouvait de l'autre côté de ces murs. En réalité, j'étais en sécurité dans cette pièce confinée tant et aussi longtemps que ces énergumènes me ficheraient la paix.

Deux jours d'angoisse et de souffrance avant mon trépas. Je ne me leurrais pas ; mes allergies n'avaient jamais duré aussi longtemps. Et si j'avais vraiment attrapé ce maudit virus ? Dans ce cas, j'espérais que mon agonie ne serait pas trop longue.

J'étais assise dans mon lit et me questionnais à propos des dernières paroles de ces hommes des cavernes lorsque la porte s'entrouvrit. Le grincement épouvantable ne pouvait être que synonyme de milles tourments.

Pourrais-je me cacher sous le lit ? Ce serait le premier endroit où ils me chercheraient. Néanmoins, parfois j'étais vraiment stupide, surtout en période de stress comme celle-ci.

Je me laissai donc glisser jusqu'au sol

- Amy ? gronda une voix qui, à elle seule, me foutait la trouille.

Comment diable connaissait-il mon prénom ?

Il se rapprocha du lit. J'entendis ses pas lourds claquer sur le sol âpre. La froideur de celui-ci me faisait d'ailleurs grelotter. À moins que ce ne soit la terreur de devoir à nouveau faire face à l'homme-animal.

Il s'immobilisa à un pas du lit. Je ne voyais que ses pieds nus à travers le textile qui faisait office de rempart entre lui et moi.

Le sauvage poussa un long soupir.

- Ce n'est pas le temps de jouer à cache-cache, fit-il d'un ton agacé. Sors de là.

Je restai silencieuse. Ne voyait-il pas que je ne voulais pas lui parler, à lui et à ses semblables ? C'était des fous à lier qui avaient assassiné Dave et ses amis sans aucun remords. Et qui me gardaient prisonnière dans cette chambre en attendant de décider de mon sort.

- Je ne le répèterai pas, chaton, ajouta la voix de Ash.

Je restai immobile. Puis, alors que je croyais avoir gagné, une grosse paluche attrapa mon pied et le tira sans délicatesse. Je me retrouvai à plat ventre à ses pieds, dans une position humiliante.

- Je n'aime pas me répéter, se contenta-t-il de dire pendant que je me redressais, les joues rouges de honte.

- Comment connais-tu mon prénom ? questionné-je en me reculant.

- Tu me l'as dit lors de ta première visite, tu ne te souviens pas ?

Je m'étais effectivement présentée en croyant que ça l'aiderait à ne pas me dévorer.

- Tu t'en souviens ?

Il ricana, bien que ça ressemblait plus à un grondement.

- Comment l'oublier ? Lorsque tu es tombée, j'ai eu une vue inoubliable de ta petite culotte rouge en dentelle. D'ailleurs, merci pour la chaussure. Je suis un fétichiste des pieds.

Le voleur de chaussures étant en train de se moquer de moi. Si je n'avais pas craint qu'il m'écrase comme une mouche, je lui aurai balancé mon pied par la tête.

- Rends-moi ma sandale, espèce de voleur ! l'attaquai-je.

- Chaton, ce devrait être le dernier de tes soucis pour l'instant. Je venais vérifier si les symptômes avaient changés.

Il me montra un thermomètre qu'il tenait dans sa main. Je ne m'en étais même pas rendu compte.

- Ouvre la bouche, m'ordonna-t-il, mais je n'en fis rien.

Il poussa un long soupir.

- C'est seulement pour vérifier ta température, expliqua-t-il.

- Je ne laisserai pas un tueur poser ses pattes sur moi, le défiai-je.

Il se leva en lançant :

- D'accord, dans ce cas, je vais aller chercher Zed. Il se ferait un plaisir de te l'enfoncer dans un autre orifice.

J'écarquillai les yeux d'horreur. Il n'avait pas l'air de plaisanter.

Alors qu'il se dirigeait vers la porte, je finis par répondre avec résignation :

- D'accord, d'accord. Je vais le faire.

Il revint aussitôt vers le lit.

- Bonne fille, dit-il alors que j'ouvrais la bouche.

Je lui répondis par un regard noir. Monsieur muscle inséra doucement l'objet sous ma langue et attendit quelques secondes. Puis, il le reprit et vérifia le résultat.

- Pas de fièvre, annonça-t-il. C'est une bonne nouvelle.

Son regard descendit ensuite vers mon cou.

- Est-ce douloureux ? me demanda-t-il. J'ai peut-être de l'onguent quelque part.

Je balayai son commentaire d'un geste de la main.

- Ne te donne pas cette peine puisque tes potes et toi avez l'intention de me tuer. Allez-vous vous y prendre de la même façon ? Ou allez-vous me dévorer vivante ?

- Ce n'est pas drôle, gronda-t-il.

- Je ne blaguais pas, rétorquai-je. Je ne sais pas ce que vous êtes, mais vous n'êtes pas comme moi.

Il éclata de rire.

- Tiens ? Tu l'avais remarqué, railla-t-il.

Je levai les yeux au ciel.

- Allez-vous me laisser crever de faim ? questionnai-je.

Cela faisait presque une journée entière que je n'avais pas mangé. Je sentais un tiraillement dans mon estomac qui n'était pas agréable.

- Je te ramène quelque chose, me dit-il seulement en repartant.

Un quart d'heures plus tard, la porte s'ouvrit à nouveau mais, sur Zed, cette fois-ci. Il tenait un plateau qui contenait un sandwich au jambon et une bouteille d'eau.

- Tiens me dit-il en me tendant ce que j'avais réquisitionné. C'est tout ce qu'il y a. Ne laisse pas de détritus dans le lit de Ash. Il déteste ça et lorsqu'il se met en colère, ce n'est pas très beau à voir, crois-moi.

Je me trouvais donc dans la chambre de mon voleur de soulier. Je me demandai où il dormait puisque j'occupais son lit. Il était certes assez grand pour deux personnes de taille normale, mais l'homme-animal était si imposant que je me doutais qu'il prenait toute la place.

- Ne cherche plus à t'enfuir, rajouta Zed alors que je prenais le plateau.

Il ne le lâcha pas immédiatement et me fixa droit dans les yeux.

- Comme tu l'as sans doute deviné, nous sommes plus forts et plus rapides que toi. Ash t'a peut-être laissé la vie sauve la première et la seconde fois, mais je suis un peu moins patient que lui.

- Est-ce que tu...tu me menaces ?

Un sourire étira sa lèvre charnue. Ce mec possédait des yeux verts impressionnants. Combiné à ses cheveux châtains, sa mâchoire proéminente, son nez large et sa bouche pulpeuse, il était certes séduisant...jusqu'à ce qu'il ouvre la bouche. Ce type avait assurément un très mauvais caractère. Pire encore que ma traîtresse d'amie.

- Je te mets seulement en garde.

Sur ce, il se leva et me laissa déguster mon « festin ». Notez l'ironie. Après tout, pourquoi me nourrir s'ils finissaient par me trucider ?

J'entamai mon repas. Je n'avais pas réalisé à quel point je mourrais de faim. La terreur l'avait emporté sur mon appétit.

Désormais rassasiée, je m'allongeai sur le lit de mon ravisseur et décidai de me reposer malgré ma peur.

Je grelottais, bien que j'avais terriblement chaud. Je repoussai les draps, mais la fraicheur de la pièce me fit frissonner. Les méandres de mon sommeil m'empêchaient de tirer à nouveau les couvertures et mes tremblements s'accentuèrent.

Soudain, une main fraîche se posa sur mon front. Je sentis la callosité de ses doigts, qui m'apportaient un certain réconfort parmi cette obscurité où j'étais égarée, mais je fus surprise de constater que le toucher était agréable, presque tendre malgré la taille de cette main imposante.

J'ouvris les yeux et rencontrai deux billes ambrées qui me fixaient. Puis, je me rendormis alors que des voix lointaines me parvenaient.

Lorsque je me réveillai, la première chose que j'entendis fut une respiration profonde. J'ouvris les yeux et remarquai une tête appuyée sur la housse du lit, une tête à la longue chevelure couleur miel.

- Qu'est-ce que...m'exclamai-je à voix haute.

Il releva subitement la tête et se passa la main dans le visage.

- Tu es enfin réveillé, grogna-t-il.

Je haussai un sourcil, me demandant ce qu'il voulait dire par « enfin ».

- Tu as eu une très grosse fièvre. On a tous cru que tu allais y passer.

- Eh bien, je suis réveillée, maintenant, alors pousse-toi.

- Tu es dans mon lit, gronda Ash en soulevant sa lèvre inférieure d'un air mécontent.

Oh, mon Dieu ! Était-ce une canine que je voyais ? Elle était beaucoup plus pointue que la mienne.

Je me levai et m'éloigner de l'objet en question.

- Le voilà, ton maudit lit !

Son nez se plissa tout d'un coup...et le mien aussi. Pouah ! Quelque chose puait. Je réalisai ensuite que c'était moi.

- J'ai dormi combien de temps ? demandai-je à l'homme-animal.

- Tu es ici depuis presque trois jours, m'annonça-t-il.

Trois jours sans se laver ? Pas étonnant que je ne sentais pas la rose !

- Et je gage que vous n'avez pas de douche...

- Nous avons l'eau courante avec une grande cuve pour se débarbouiller.

- Et pour vos vêtements ?

Je jetai un regard à mon débardeur taché de sueur et à mon short poisseux.

- Pas de lave-linge, m'annonça-t-il, l'air amusé, mais tu pourras y faire tremper tes vêtements pour les laver.

J'ouvris la bouche, horrifiée.

- Vous vivez comme des vagabonds, lui fis-je remarquer.

- Plutôt comme des confinés, me reprit-il. Et bientôt, tout le reste de cet hôtel vivra ainsi. Alors, autant t'y habituer, chaton. Maintenant, veux-tu que je te montre où te laver ou préfères-tu empester ?

Je lui jetai un regard noir, mais il s'était déjà détourné, me laissant une vue imprenable de son dos nu.

- Vous ne portez jamais de tee-shirt ? questionnai-je, mal à l'aise.

- Je m'en sers comme torchon, m'informa-t-il.

Je jetai un regard sur son jean élimé. Ça lui faisait cependant très bien ce style troué digne des plus grandes marques. Et qu'en était-il du caleçon ? Portait-il un sous-vêtement en-dessous ? Je rougis à cette pensée alors qu'il se retournait vers moi.

- Tu devrais, toi aussi, prendre soin de tes vêtements si tu ne veux pas te promener en culotte.

Son regard s'attarda sur mes cuisses dénudées. Mon short était plutôt court, cachant ma culotte et mes fesses, c'est-à-dire l'essentiel. Toutefois, mes jambes bronzées étaient presqu'entièrement dévoilées.

- Quoique ça ne changera pas grand-chose, railla-t-il.

- Espèce de...de pervers, lâchai-je.

- Comme toi. Tu t'es mordue la lèvre en me détaillant. Ça t'a plus, avoue.

Quoi ? Ce mec avait des yeux derrière la tête ou quoi ?

- N'importe quoi, répliquai-je. Je ne suis pas attirée par les hommes aussi musclés...et aux cheveux plus longs que moi.

- Bien, répondit-il sèchement, puisque ce n'est pas le but de ta présence ici.

- Et quel est-il ?

- Tu le sauras bientôt.

Sur ce, il ouvrit la porte et m'invita à le suivre.

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