Chapitre 2

Le lendemain matin, je me réveillai de moins bonne humeur que la veille. Était-ce parce que ma copine m'avait empêchée de dormir une bonne partie de la nuit ? Probablement. Vers sept heures du matin, elle roupillait encore, la bouche grande ouverte, d'une façon pas très sexy.

     Je poussai un soupir, puis me levai en ne faisant pas trop de bruit. De toute façon, elle était tellement groggy que j'aurais pu mettre la musique à fond et elle n'aurait même pas réagi.

     Comme la veille, je me préparai afin d'aller faire du jogging sur la plage. Je descendis au rez-de-chaussée, m'assis dans un fauteuil moelleux et me connectai sur Internet.

     Bordel ! Qu'est-ce que c'était que tout cela ? J'avais au moins vingt nouveaux messages provenant de mes parents. Dans le premier, ils me demandaient d'aller voir les informations concernant un bateau de croisière placé en quarantaine dans les Caraïbes avec au moins trois milles passagers à bord. Dans le deuxième message, ils me parlaient d'un virus mortel.

     Plus je lisais leurs messages, et plus je devenais nerveuse. Pourquoi notre agence de voyage ne nous en avait pas parlée et pourquoi n'étais-je pas au courant de cette pandémie ?

     Je décidai de faire des recherches et appris que cette épidémie avait vu le jour dans un laboratoire chinois sept ans plus tôt. Le gouvernement avait pris soin de camoufler cette information, croyant que le virus ne se répandrait pas. Certes, des scientifiques l'avaient contractés et avaient été porteurs sans le savoir. L'un d'entre eux était embarqué sur le bateau de croisière et avaient infectés une grande majorité des passagers. Jusqu'à présent, le tiers d'entre eux avait succombé au virus.

     Les corps des victimes étaient jetés dans la mer. Les autres...

     Je plissai les yeux, croyant avoir mal lu. Les autres personnes infectées subissaient de drôles de symptômes. Ils perdaient complètement la tête et devenaient agressifs. Il y avait eu des agressions et des meurtres.

     Ce qui me fit le plus peur, c'est lorsque je lus que certains d'entre eux avaient des comportements se rapprochant de l'animal. Était-ce un gros canular ? J'étais peut-être tombée sur un site trompeur ? Mais non, je me trouvais sur le site du ministère de la santé.

     Bon...le bon côté des choses, c'était que puisque le bateau avait été mis en quarantaine, le virus ne pourrait plus se propager, non ?

     Je répondis à mes parents pour les rassurer que nous étions en sécurité au Mexique et que nous ne risquions pas de contracter le virus sur l'île où nous nous trouvions.

     Puis, j'allai finalement faire mon jogging et oubliai ce problème.

     Vanille et ses camarades de beuverie se levèrent à l'heure du midi. J'avais profité de la matinée pour étudier sur la plage.

     Je croisai ma copine alors que je me rendais au petit bistro sur le bord de la piscine. Elle était couchée sur une chaise longue en compagnie de Dave et des autres, qui levèrent d'ailleurs la tête en me voyant approcher, ce qui me fit presque souffler d'agacement.

—    Si ce n'est pas la lève-tôt ! s'exclama Pierre, l'ami de Dave, en m'apercevant. Nous t'avons cherchée durant une heure.

—    J'étudiais au bord de la mer.

     Grimacement collectif.

—    Ton amie n'est vraiment pas marrante, dit Dave à l'oreille de Vanille.

—    Je t'ai entendu, imbécile, lui répondis-je.

     Il éclata de rire, mais je n'étais pas amusée du tout. Vanille, non plus, d'ailleurs, mais c'était pour une autre raison.

—    Amy ! m'interpella-t-elle. Ne traite plus mon cousin d'imbécile, compris ?

     Elle était très sérieuse, ce qui me décontenança. Depuis quand défendait-elle cet idiot ? Avais-je sous-estimé leur solidarité familiale ?

—    Laisse tomber, Vanille, lui dit son cousin. Je suis capable de me défendre seul.

     J'en avais assez entendu, alors je maugréai : « Je vais manger » et m'éloignai de ce charmant groupe. J'aurais dû me douter que ça se passerait ainsi. Vanille et moi étions très différentes, toutefois, je croyais que nous allions tout de même passer de bons moments ensemble. C'était décevant. Elle préférait la compagnie de ces idiots.

     Je déjeunai donc seule, puis je retournai sur la plage. Cette fois-ci, l'endroit était bondé et j'eus du mal à me trouver une chaise où m'allonger. C'était en plein soleil et, malgré mes baignades fréquentes, je grillai comme une saucisse sur le barbecue. Ou plutôt, je rougis. Et dire que j'avais prévenu Vanille de se protéger pas plus tard que la veille !

     Vers seize heures, n'en pouvant plus, je retournai à l'hôtel, à l'abri, où j'en profitai pour me renseigner au sujet des dernières informations virales.

     Mon pouls s'accéléra lorsque j'aperçus que le nombre de personnes infectées avait considérablement augmenté, et pas que sur le navire de croisière. On avait répertorié des cas en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Afrique. C'était assez alarmant.

     Je retournai dans la chambre, où j'y trouvai Vanille en train de se préparer pour la soirée.

—    Je suppose que tu ne nous accompagneras pas ce soir, me dit-elle sèchement.

—    Je veux être en forme pour l'expédition en catamaran de demain, lui répondis-je

—    Ouais, c'est ça, maugréa-t-elle.

     Qu'avait-elle, bon sang ?

—    Pourquoi réagis-tu ainsi ? lui demandai-je.

—    Tu es vraiment ennuyeuse, Amy, se plaignit-elle. Je croyais que tu m'accompagnerais pendant les soirées.

—    Tu savais que je voulais me reposer, affirmai-je.

—    Tu peux le faire n'importe quand, rétorqua-t-elle.

     Eh voilà notre dispute qui reprenait de plus belle !

—    Demain soir, j'irai, promis, lui assurai-je.

—    D'accord.

     Elle sembla de meilleure humeur en partant un quart d'heure plus tard. Je profitai du calme pour boire un coca-cola et grignoter quelques croustilles tout en regardant la télévision. Mon intérêt se porta sur les informations télévisées. Il n'y avait aucune bonne nouvelle et je remarquai qu'on parlait presque uniquement du nouveau X virus.

     Je fermai la télé puisque je ne voulais pas angoisser plus que de raison.

     Après un peu de lecture en espagnol, je m'endormis et rêvai à des bêtes inhumaines avec d'énormes dents pointues.

     Le lendemain, ce fut Vanille qui me réveilla.

—    Debout ! Nous partons dans une demi-heure ! hurla-t-elle.

     Eh bien, dites donc ! Elle avait certainement moins bu d'alcool que la veille pour être aussi pimpante !

     Nous paquetâmes nos sacs et descendîmes prendre notre petit-déjeuner afin de ne pas être en retard. Nous croisâmes quelques femmes de chambres et toutes portaient un masque de protection. Elles nous firent un petit signe de la main, mais semblaient beaucoup moins amicales que la veille.

—    C'est bizarre, remarqua Vanille. Pourquoi portent-elles un masque ?

Je fis immédiatement le lien.

—    Ce doit être à cause de la pandémie, lui fis-je remarquer.

—    Quelle pandémie ?

     Et moi qui ne me trouvais pas beaucoup informée ! Mon amie vivait vraiment dans son propre monde. Quoique je ne pouvais pas lui en vouloir. Si mes parents ne m'en avaient pas parlé, jamais je n'aurais été au courant.

     Je lui fis un bref résumé des dernières nouvelles.

—    Bah, fit-elle à la fin, tu sais ce qu'on dit ?

—    Non, quoi ?

—    C'est du « made in china », alors ça ne devrait pas durer bien longtemps.

     J'esquissai un faible sourire, mais elle n'avait assurément pas regardé les nouvelles comme moi.

     Nous nous joignîmes à Dave et ses potes, qui nous attendaient au lobby avec impatience.

—    Dépêchez-vous, les filles ! nous dirent-ils, ou nous allons manquer le bus.

     Plusieurs vacanciers attendaient avec impatience, leur masque de plongée et leurs palmes dans les bras. J'avais vraiment l'air inexpérimenté à côté d'eux. Effectivement, c'était la première fois que j'essayais la plongée.

     Le maître d'hôtel arriva alors et annonça au groupe que l'activité était annulée.

     Nous restâmes bouche bée, mais lorsqu'il expliqua que c'était à cause de la pandémie, je compris que celle-ci était passée à un autre stade. Dave et ses amis n'étaient, sans grande surprise, pas encore au courant de son évolution. Je leur fis un résumé tout en visitant des sites d'actualités à l'aide de mon portable.

—    La mer des Caraïbes est-elle loin d'ici ? questionna Vanille.

—    Euh...je crois que oui, répondit son cousin.

     Je poussai un long soupir, découragée.

—    Où pensez-vous qu'est située l'île Cozumel, bande d'abrutis ? Dans la mer des Caraïbes.

     Ils pâlirent puisque c'était l'endroit où nous nous trouvions.

—    Ouais, ben il n'y a aucune crainte à avoir si les touristes restent sur le paquebot, dit Dave.

—    Et lorsque leur quarantaine sera terminée ? avançai-je.

—    Ils seront tous morts et ceux qui auront survécu seront envoyés dans les zoos. Et nous serons déjà de retour à la maison. Aucune crainte que la pandémie ne parvienne jusqu'à chez nous. Le gouvernement ne laissera pas des gens infectés rentrer en Amérique du Nord, c'est moi qui vous le dis.

     Je me retins de préciser que ce pourrait être nous, car je ne voulais pas me montrer trop pessimiste.

—    Que fait-on, dans ce cas, puisqu'on ne peut pas sortir de cette île ? questionna Vanille.

—    Nous buvons et nous profitons de la piscine, lança son cousin.

     J'avais envie de lever les yeux au ciel.

—    Nous devrions peut-être suivre le développement de la pandémie, leur proposai-je. Si jamais la situation empirait...

—    Alors, fais-le, me coupa Vanille, et arrête de nous rabattre les oreilles avec ça. Je ne veux pas que nos vacances soient gâchées à cause de ça.

     En m'éloignant, je crus l'entendre dire à voix haute :

—    C'est la dernière fois que je pars en voyage avec cette rabat-joie.

     Et moi donc ! Elle pouvait être une vraie peste lorsqu'elle le voulait. Je fis donc de mon mieux pour les éviter le reste de la journée. Je suivis les nouvelles du mieux que je pus et lorsqu'on annonça un cas du virus X en Amérique, mon sang se glaça dans mes veines.

     L'Organisation mondiale de la santé avait déjà répertorié dix milles cas dans plusieurs pays. Le tout premier cas en Amérique avait été découvert au Guatemala, voisin du Mexique.

     Mes parents m'envoyèrent d'autres messages pour me conseiller de rentrer au plus vite à la maison avant que la situation ne s'aggrave. Je leur assurai que je communiquerais avec l'agence de voyage afin de leur demander leur avis.

     Je fus hélas incapable de les joindre, la ligne étant toujours occupée.

     À l'heure du dîner, j'informai mes compagnons de voyage des dernières nouvelles.

—    Je crois que le mieux serait de retourner chez nous, leur annoncé-je.

—    T'es malade ! s'écria Vanille, catastrophée. Ce voyage nous a coûté une fortune.

—    Vaut-il plus que notre vie ? répliquai-je. Si nous poursuivons nos vacances, il y a des risques que nous contractions la maladie. Si tu veux mourir ou, pire, rester handicapée toute ta vie, alors vas-y. Moi, je cherche un vol qui partira le plus tôt possible.

—    D'accord, d'accord, tu as gagné, grogna-t-elle, mais restons encore une journée de plus. Ensuite, nous partirons.

     J'aurais dû écouter mon intuition et fuir immédiatement. Cependant, je fis la bêtise de suivre mon amie.


Voilà ! Comment trouvez-vous l'histoire jusqu'à présent ? Est-ce que ça vous rapele quelque chose ?

La suite très bientôt...

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