Chapitre 14


J'avais seulement envie de me précipiter dans ma chambre d'hôtel et de m'y enfermer pour toujours, toutefois je mourais de faim, alors je devais impérativement me nourrir. Je me dirigeai vers les immenses frigos, qui n'étaient miraculeusement pas vides. Les clients de l'hôtel ne s'étaient visiblement pas introduits dans les cuisines. En tout cas, pas encore. Le personnel, quant à lui, avait déserté les lieux en laissant tout au même endroit. De la viande contaminée avait même été abandonnée sur le plan de travail.

Quel gâchis ! Toutefois, je pouvais comprendre leur hâte de partir à cause de la pandémie.

Je parvins à trouver un énorme sac isotherme et y fourrai tout ce que je pus trouver : du pain, des légumes, des biscuits et de la viande séchée et même des berlingots de jus de fruits. Au passage, j'enfournai quelques pâtisseries. Bonjour les kilos ! J'en aurais probablement besoin si jamais on ne trouvait pas de nourriture en route.

Puis, je quittai les lieux, les bras chargés de provisions. Mes compagnons de fortunes avaient sans doute très faim, sinon plus que moi. Et étant donné leur corpulence, ils devaient manger énormément. Avec cela, ils pourraient se rassasier.

J'avançai en inspectant les environs, qui étaient déserts. Je montai l'escalier jusqu'au rez-de-chaussée et là, je manquai régurgiter tout ce que j'avais avalé. Des dizaines de cadavres jonchaient le sol. Ils étaient morts, si je me fiais à l'odeur répugnante qui y régnait, en plus du chaos. Tout avait été ravagé, les chaises détruites, le petit bar, démoli, les valises étaient répandues par terre, bref, la panique était sans égale.

J'espérais seulement qu'ils ne se réveilleraient pas comme des zombies, mais X m'avait bien informée ; une fois mort, c'était terminé. Je m'inquiétais plutôt de ceux qui ne l'étaient pas. Pourtant, tout semblait silencieux.... J'en avais des frissons d'inquiétude. On était loin de l'ambiance chaleureuse et festive lors de notre arrivée. L'endroit était devenu macabre...un vrai cauchemar.

J'avançai péniblement à travers les corps en essayant de ne pas les regarder. Je ne pus pourtant m'empêcher de remarquer la forme arquée de leur dos, comme s'il s'était cassé avant qu'ils ne meurent.

Mon cœur se mit à débattre dans ma poitrine, j'étais au bord des larmes. C'était tellement triste, ce qui était arrivé. Personne n'avait pu les aider. Je distinguai même plusieurs employés de l'hôtel, qui portaient encore leurs uniformes, qui étaient déchirés. Mon Dieu ! Les clients les avaient attaqués durant leur folie. Et eux avaient seulement essayé de les calmer.

Je pris une grande inspiration et me dépêchai à avancer jusqu'à l'ascenseur. Celui-ci semblait encore fonctionner et j'attendis avec impatience que les portes s'ouvrent, en jetant des coups d'œil épouvantés autour de moi. Au loin, je pouvais apercevoir d'autres corps à travers la baie vitrée. Certains flottaient même dans la piscine.

Je sentis poindre une crise de panique mais, au même moment, le Ding de l'ascenseur retentit et les portes s'ouvrirent. La cabine était heureusement vide. Je ne sais pas ce que j'aurais fait s'il y avait eu un mort à l'intérieur. J'aurais probablement crié au meurtre.

Je me dépêchai d'entrer et appuyai sur le chiffre 7. L'ascenseur bougea et je vis les étages défiler jusqu'au septième. J'avais encore ma carte magnétique au fond de ma poche et me dépêchai d'avancer dans le couloir mal éclairé. Plusieurs portes étaient ouvertes et je ne n'osai pas regarder dans les chambres, terrorisée par ce que j'y apercevrais. Je déverrouillai ma porte, la main tremblante, et mon cœur manqua sortir de ma poitrine en craignant que ma clé soit démagnétisée. Heureusement, la porte s'ouvrit, révélant une chambre parfaitement rangée. Ouf ! Personne ne s'y était introduit durant mon absence.

Je devais me dépêchai, alors je saisis ma valise, qui était prête, et fis demi-tour jusqu'à l'ascenseur, qui m'attendait encore. Personne ne l'avait appelé, signe que j'étais la seule personne encore vivante sur ces lieux.

J'aurais pu descendre dans le hall d'hôtel et partir loin d'ici, laisser les quatre scientifiques mourir de faim, et retourner chez moi, toutefois, je savais qu'ils étaient les seuls à pouvoir m'aider. Je les craignais toujours, mais je préférais les avoir à mes côtés plutôt que les infectés qui n'étaient pas morts. Au moins, ils pourraient m'aider à m'évader de cette prison qu'était devenu cet endroit. J'espérais seulement qu'ils ne se débarrasseraient pas de moi une fois que je ne leur servirais plus à rien. Pourtant, j'étais prête à prendre le risque de leur faire confiance. Ils étaient mon unique espoir de m'en sortir vivante. Et ils m'avaient injecté leur antidote. Même s'ils auraient pu me tuer. Je ne leur pardonnerai pas de sitôt, soit dit en passant.

J'appuyai sur le minuscule bouton pour monter au douzième étage. Néanmoins, alors que je ressentais la victoire d'avoir réussi ma mission, un bras s'introduisit à l'intérieur, empêchant les portes de se refermer. Je me tassai dans un coin de la cabine lorsque j'aperçus des griffes à la place des ongles. Et elles étaient vachement longues. Le bras, quant à lui, était fort poilu, encore plus que ceux des confinés du douzième étage.

J'eus l'impression que les secondes suivantes se déroulaient au ralenti. Un corps pénétra dans l'ascenseur et je dus me mordre la main afin de ne pas crier. Cette chose vivante ne ressemblait plus à un être humain, mais plutôt à un animal. Et encore ! Il était presqu'entièrement couvert des poils, et nu. Les vêtements n'étaient plus d'aucune utilité. Il était courbé et dans la même position que les cadavres que j'avais aperçus dans le hall d'entrée, toutefois, celui-ci était bien vivant. Et me fixait en grondant.

Il était trop tard pour fuir puisque les portes s'étaient refermées et l'élévateur s'était mis en marche, m'enfermant avec ce...monstre. J'osai jeter un coup d'œil à ses pieds et manquai m'étouffer en reconnaissant des escarpins à paillettes rouges. Puis, mon regard balaya l'animal qui se trouvait devant moi et je restai pétrifiée d'effroi en apercevant encore quelques touffes de cheveux sur son crâne...qui ressemblaient étrangement à ceux de mon amie.

¾ Vanille ! m'exclamai-je. C'est moi, Amy.

Elle rugit en guise de réponse. Ses yeux avaient changé, leur couleur s'était terni et leur blanc était devenu rouge.

¾ Rappelle-toi, lui murmurai-je afin de ne pas l'énerver. Nous sommes amies. Nous séjournons ensemble dans cet hôtel. La pandémie a ensuite frappé.

Je vis de l'écume s'écouler de sa mouche. C'était très mauvais signe.

¾ Amies, répétai-je en priant intérieurement pour arriver rapidement au douzième étage.

Hélas, toute humanité en elle avait apparemment disparu, surtout lorsqu'elle fit un pas dans ma direction.

¾ Vanille, tentai-je une dernière fois. Écoute-moi, je t'en supplie. Les gars vont nous aider. Ils ont un médicament et tu pourras guérir.

En réalité, j'ignorais si l'antidote pouvait guérir lorsque les gens étaient rendus à ce stade, mais je l'espérais. Sinon, la Terre ressemblerait à un zoo.

Malheureusement, elle ne m'entendit pas et c'est avec un hurlement à vous faire dresser les cheveux sur la tête qu'elle me sauta dessus. Je me décalai légèrement, mais elle me percuta quand même et nous tombâmes par terre, elle essayant de me mordre et moi de me soustraire de ses griffes. Elle était beaucoup plus forte que moi et je lâchai un cri lorsque ses crocs s'approchèrent de mon visage.

Les portes s'ouvrirent au même instant et je hurlai à nouveau. Au début, personne ne vint, alors je crus que les gars m'avaient abandonnée à mon sort. Je leur avais été utile, maintenant, je ne leur servais plus à rien.

J'attendis le coup ultime, celui où mon ancienne meilleure amie devenue un animal me déchiquèterait le cou, mais au moment où je croyais que tout était fini, une silhouette s'avança dans la cabine et empoigna mon agresseur. Celle-ci vola dans les airs et atterrit plus loin, au milieu des gravats. Elle ne bougea plus et je me demandai si elle était morte. En tout cas, moi j'étais toujours vivante et j'avais eu chaud, très chaud.

¾ Tu n'as rien ? me demanda Ash.

Ses yeux balayèrent rapidement mon corps alors qu'il m'aidait à me relever. J'avais peine à croire que je n'étais pas morte. Ça avait été moins une !

Cependant, mon bras me faisait atrocement mal et je réprimai un cri lorsque j'aperçus du sang s'en écouler. Quel péta$/%$/? ! Elle m'avait griffée ! En plus, ça semblait profond.

¾ Il faut se tirer d'ici, fit Zed en pénétrant dans l'ascenseur, suivi par ses congénères.

C'est alors que les portes se refermèrent sur ce lieu cauchemardesque, et sur mon ancienne amie, qui allait y mourir seule. À bien y songer, son cœur était déjà noir avant qu'elle ne se transforme en bête, extériorisant ce qu'elle essayait de cacher : sa personnalité abjecte. Et elle se retrouvait coincée au dernier étage de l'hôtel. Son mauvais comportement s'était retournée contre elle.

¾ On va la laisser là ? lancé-je tout de même, quelque peu désolée.

Je me sentais comme une meurtrière.

¾ Tu t'inquiètes d'elle après tout ce qu'elle t'a fait ? fit Ash.

¾ Je me sens...mal, répondis-je.

Et je me rendis compte que ce n'était pas que son cas qui me rendait mal...mais également ma blessure.

¾ As-tu un bout de tissu avec lequel on pourrait bander ta blessure ? me demanda X.

¾ Dans ma valise.

Ils la remarquèrent alors....ainsi que le sac isotherme.

¾ Tu es retournée dans ta chambre ? fit Ash d'un air outré. Pendant que nous t'attendions impatiemment.

¾ Oui, pour récupérer mon téléphone, répondis-je. Sans lui, on ne pourrait rien faire.

¾ Et tu as cambriolé la cuisine ? ajouta Y en ouvrant mon sac de provisions.

¾ Euh...je me suis dit que vous auriez faim.

Ash saisit un de mes t-shirts et en déchira un morceau.

¾ Aie, c'est mon t-shirt en souvenir de New York, m'écriai-je.

¾ Maintenant, ce sera ton bandage de fortune en attendant de trouver une trousse médicale, dit sèchement Zed.

Je lui jetai un regard noir et serrai les dents en attendant que Ash finissent de bander ma blessure.

¾ Vais-je me transformer en bête maintenant que je suis réellement infectée ? interrogeai-je, effrayée par cette idée.

¾ J'ignore comment le médicament va réagir, mais je ne crois pas que tu te rendes au stade de bête. À la limite, tu deviendras comme nous.

J'écarquillai les yeux d'horreur. Devenir comme eux ? Mi humains, mi-animal ?

¾ Ou au mieux, tu mourras, spécifia Zed d'un air mauvais.

Malgré l'aide que je leur avais apportée, il me détestait toujours autant.

¾ Zed, le réprimanda X, sans elle, nous serions encore coincés là-haut, tâche de ne pas l'oublier.

Celui-ci leva les yeux au ciel tandis qu'un sourire en coin apparaissait sur mon visage. J'aimais bien qu'on lui rabatte son caquet.

¾ Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? leur demandé-je, intriguée.

¾ On rejoint mon pote, et ensuite on quitte cette île, répondit X.

¾ Adieu Zombieland, ricané-je.

Ils me jetèrent tous les quatre un regard réprobateur.

¾ D'accord, d'accord, ma blague était de mauvais goût, maugréai-je.

¾ Surtout que l'on ignore comment ça se passe à l'extérieur de l'île, précisa Y. C'est peut-être pire.

Je déglutis. J'espérais que mes parents allaient bien. Je devais absolument les appeler.

Je me penchai sur ma valise et entrepris de récupérer mon téléphone. Une fois trouvé, je pianotai le numéro de mes parents. Malheureusement, je tombai sur leur messagerie vocale. Qu'est-ce qu'ils pouvaient bien faire en ce moment ? N'étaient-ils pas impatients d'avoir de mes nouvelles ? Je me mis à craindre le pire et commençai à ronger mes ongles, énervée.

¾ Tu joindras tes petits copains plus tard, me lança Zed. X doit appeler son ami avant que ta batterie soit à plat.

Il me prit mon téléphone des mains sous mon air outré et le tendis à X, qui me lança un regard désolé. Celui-ci composa un numéro, puis il donna seulement des coordonnées.

¾ C'est parti, dit-il en me tendant mon téléphone.

¾ C'est parti où ? demanda Ash.

¾ Il nous attend. On y va.

Nous sortîmes de l'ascenseur sur nos gardes. Les gars jetèrent à peine un coup d'œil aux cadavres, comme s'ils s'y étaient attendus.

Ash saisi mon coude et m'incita à le suivre. Je me sentais rassurée par sa présence à mes côtés même si notre dernière discussion n'avait pas été très amicale. J'espérai pouvoir bientôt lui livrer le fond de ma pensée, mais ça devrait attendre.

J'ignorais totalement où nous allions, mais j'étais prête à les suivre peu importe si nous nous rendions en Chine ou même au centre de la Terre. Tout ce que je voulais, c'était vivre. En tant qu'humaine, et non en tant que bête infectée, tins-je à préciser. 

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