Jour 22

Tic. Toc. Tic. Toc.

Ainsi passent les heures. Non pas au rythme entêtant des battements de son cœur, mais à celui bien plus énervant de son horloge.

Tic. Toc. Tic. Toc.

Elle tourne sans cesse, sonne, chante son affreuse mélodie. Angoissante et prenante musique. C'est comme une menace, celle du lendemain comme celle de l'instant présent. Chaque tic le laisse une seconde de plus en proie à ses démons. Chaque toc lui promet une journée difficile demain, quand la fatigue envahira chacun de ses pores.

Tic. Toc. Tic. Toc.

Il fixe le plafond. Il a déjà essayé vainement de compter les moutons, en désespoir de cause, sans résultat. Il ne sait plus quoi inventer. Nouveau coup d'œil à son horloge. Trois heures quarante. À cette heure, inutile de songer à écrire à son chéri, il ne répondrait pas. Lui, bien au chaud dans ses rêves, peut-être pense-t-il à lui sans même le savoir. Il l'aimerait bien.

Tic. Toc. Tic. Toc.

Pourquoi n'a-t-il pas insisté pour que son copain reste dormir à l'appart ? Pourquoi n'a-t-il pas supplié ? Parce qu'il sait. Il sait que lorsqu'ils dorment ensemble, les rôles s'inversent. Il devient celui qui, en sécurité, parvient à s'endormir, tandis que l'autre, hors de sa zone de confort, plonge dans l'insomnie. Et il ne veut pas être égoïste à son détriment. Ne peut pas. Alors il l'a regardé partir avec un sourire crispé alors qu'apparaissait au-dessus de sa tête l'épée de Damoclès de ses nuits presque blanches.

Tic. Toc. Tic. Toc.

Il essaye mille techniques inutiles, des conseils de grand-mère à ceux inutiles de ses potes. Il se concentre sur sa respiration, il chercher une capitale par lettre de l'alphabet, lit quelques chapitres de son roman, se prépare une tisane à la camomille, se recouche dans le noir, se relève, fait du sport, cherche à s'épuiser, se laisse aller à un plaisir solitaire...

Tic. Toc. Tic. Toc.

Rien n'y fait. Et cinq heure deux, indique désormais l'horloge. Et plus le temps passe, plus s'ajoute à ses angoisses celle de voir les minutes défiler et celles jusqu'à son réveil diminuer. Il faut qu'il dorme. Maintenant. Par pitié. Étonnamment, malgré les années, il ne s'y habitue pas. L'angoisse reste la même chaque nuit, elle ronge son ventre, enserre son cœur dans un étau étouffant. Il tremble de rage, d'impatience, d'impuissance.

Tic. Toc. Tic. Toc.

Il s'est enfin endormi. Il est près de six heures, dans une minuscule heure et demie son réveil sonnera.

Tic. Toc. Tic. Toc.

La journée passe, ses yeux le supplient, il les ignore, essaye de tenir, nourrit son corps de caféine pour lutter contre le sommeil.

Tic. Toc. Tic. Toc.

L'angoisse ne le quitte pas, mais son esprit fourmille, parvient à ne pas l'entendre. En journée, elle continue de murmurer, d'insinuer dans ses veines son poison, mais trop occupé, il ne le remarque pas. Ce n'est qu'à la nuit venue que plus rien ne peut lui faire office de bouclier.

Tic. Toc. Tic. Toc.

Il est livré à lui-même. Chaque nuit, dans ce noir qui est sa hantise depuis qu'il est devenu l'antre de ses démons. Ils guettent son retour et ne lui laissent aucune échappatoire.

Tic. Toc. Tic. Toc.

Il tombe de sommeil. Un collègue lui dit qu'il devrait dormir. Quelle bonne idée, merci Matthieu. Connard.

Tic. Toc. Tic. Toc.

Ses nerfs, à vif. Un rien l'énerve, tout lui fait frôler le saut dans le vide, il est au bord du précipice et lutte pour ne pas tomber. Ne pas craquer devant tout le monde.

Tic. Toc. Tic. Toc.

Une visite surprise, son copain, un sourire, la fatigue à son tour s'enfuit. Pour quelques minutes, pour quelques heures, peu importe, il se sent bien. Mais la peur gronde au fond de lui, il redoute le moment où il repartira, le laissant seul avec ses pensées. Mais c'est sans compter sur son petit ami, qui s'il n'a pas de cheval blanc, a une belle épée pour combattre les monstres.

« Ce soir je reste dormir avec toi. Quoi que tu en dises. C'est ma journée de repos demain, alors même si je dormais peu cette nuit, je me prélasserai dans ton lit au matin. »

Tic-

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